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HISTOIRE NATURELLE
Par la fenêtre ouverte est entrée
Une odeur verte de varech,
Une senteur humide et salée.
Dehors les barques sont au sec.
Le cri dur des mouettes perce l’air.
Elles volent dans une ronde affamée,
Guettent les poissons qui digèrent,
Et qu’elles saisiront dans leur bec.
Par la fenêtre ouverte est entrée
Une méchante mouche verte,
Zigzaguant dans un vol alourdi,
Gorgée du suc des poissons pêchés.
Par la fenêtre ouverte est entré
Dans cette cage aux murs gris
Un petit oiseau noir égaré
Qui gobe la mouche épuisée.
Par la fenêtre ouverte est entré
Un chat jaune aux yeux fendus
Qui dans un saut d’acrobate
Happe en l’air l’oiseau perdu.
Par la porte le pêcheur est entré.
Il ne mange pas le chat,
Mais le prend dans ses bras
Pour le caresser de la main.
Le chat, le ventre rond, ronronne
Dans les bras de l’humain,
Et regrette de ne pouvoir
En faire un jour son festin.
Paul Obraska
Henri Matisse : « Fenêtre ouverte »
Tags : poésie, Matisse, mer, mouettes, oiseau, mouche, chat, poisson
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Commentaires
3Dominique LacrozeJeudi 29 Août 2013 à 16:44Superbe poème si bien illustré par Matisse! Bravo à tous les deux. Mon chat Nuage a beaucoup apprécié les caresses du pêcheur. Merci Paul.
C'est très beau Doc, et de ma fenêtre je ne peux qu'applaudir ! Le tableau d'Henri Matisse sied merveille à ce poème.
Je viens de rentrer du jardin dans le quel j'ai taillé les rosiers alors que ma petite aide ménagère tondait et désherbait. Une bonne chose de faite.
Bonne fin d'après midi Doc. ZAZA
Beau, cruel et réaliste et comme toujours écrit avec talent !
Merci Paul
(j'aime beaucoup les couleurs de Matisse)
@ Félix. Je n'ai pas de chat.
@ Nouratin. Merci et je transmettrai à mon collaborateur Matisse.
@ Dominique. J'espère que Nuage n'a pas de pensées cannibales
@ Zaza. Je vois que la fatigue est passée.
@ Nettoue. La vie nourrit la vie.
Le cycle de la vie... heureusement le pêcheur n'a pas mangé le chat... et toi le chat même pas en rêve .. l'homme serait indigeste pour ton délicat estomac... m'enfin !
Joli et judicieux poème qu'un tableau de Matisse inconnu de moi inspira pour notre plaisir.
Merci Dr WO
Joli poème et beau tableau. On a envie de s'asseoir derrière cette fenêtre pour se redire vos vers.
@ Fanfan. Le plus fort mange le plus faible.
@ Pangloss. Bien que les vers soient un peu cruels.
10Marie_HélèneSamedi 31 Août 2013 à 22:37Tres beau poème. A ma connaissance aucun chat n'a mangé d'homme mais de pauvres chats se sont retrouvés dans nos assiettes.
La chaîne des prédateurs s'est arrêtée au pêcheur, mais sous d'autres climats elle n'aurait pas été interrompue. Les hommes ne se mangent plus entre eux, mais ils se tuent.
Il doit bien y avoir dans quelques contrées asiatiques des pêcheurs qui mangeraient le chat. J'aime beaucoup votre nouvelle bannière.
Bonne soirée.
Il parait que son goût est proche de celui du lapin. Pourquoi faire simple puisque l'on peut faire compliqué : je navigue entre les deux plateformes OB et EB.
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Histoire si naturelle qu'elle semble vécue !
Jean-Claude