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Faut-il supprimer le Mondial de football ?
Certes, les jeux du cirque sont la meilleure façon de distraire le bon peuple de ses préoccupations, et de détourner son regard des jeux du pouvoir ou de ses incapacités, mais cette manifestation comme d’autres manifestations sportives planétaires n’est-elle pas globalement négative ?
La question se pose, car ces spectacles mondialisés coûtent souvent plus cher qu’ils ne rapportent, et ils servent d’abord à gonfler le prestige d’une classe dirigeante, surtout lorsque celle-ci a beaucoup à se faire pardonner.
La question se pose lorsque les statistiques montrent que l’on observe chez les supporters pendant le Mondial une recrudescence de la consommation excessive d’alcool, des accidents de la route, des accidents cardiaques, des suicides et des dépressions. Une équipe qui perd entraîne chez ceux qui la soutiennent un stress émotionnel, cumulatif au fil des matchs, qui peut avoir davantage de conséquences délétères que lorsqu’elle gagne.
« Selon une enquête réalisée dans la ville allemande de Munich, les admissions hospitalières pendant le Mondial 2006 ont augmenté de 266 % les jours où la Mannschaft jouait… Des chercheurs de l'Université de Birmingham au Royaume-Uni ont même préconisé que les séances de tirs au but soient bannies "pour des raisons de santé publique", après avoir découvert que les accidents cardiaques avaient bondi de 25 % le jour où l'Angleterre avait perdu contre l'Argentine lors de cet exercice au Mondial 1998. Les défaites de l'équipe anglaise lors de la Coupe du monde en 2002, 2006 et 2010 ont de même fait bondir de 38 % les violences conjugales dans le comté de Lancashire (Liverpool), selon des chiffres de la police. » (Weka.fr et AFP 2014). Certes, on peut considérer le football comme un dérivatif bénéfique à la violence, mais elle s’exprime très bien dans et hors du stade et parfois à la maison. Inversement un but vainqueur peut provoquer une recrudescence copulatoire (voir « D’un ballon à l’autre »).
La question se pose lorsqu’au Brésil, organisateur du Mondial 2014 et une des patries du football, les pauvres, que le football semble de moins en moins amuser, protestent contre les énormes dépenses nécessaires pour construire les infrastructures qui seront consacrées à jouer à la baballe avec les pieds, alors qu’ils dorment dans la rue et demandent à la FIFA, que l’argent semble toujours amuser, d’aller ailleurs.
La question se pose lorsque la FIFA désigne le four du Qatar pour organiser le Mondial de 2022. Choix suspect et discuté d’un pays dont l’activité principale est de vendre du pétrole et du gaz, et d’acheter les œuvres des autres pays, les hommes et les consciences, tout en jouant un double jeu en armant des groupes terroristes contre l’Occident, ce que chacun sait, mais qui semble laisser le monde indifférent, intérêts obligent. Choix révoltant lorsque pour construire les infrastructures dans la perspective du Mondial de 2022, les Qataris utilisent, comme pour tous leurs travaux du BTP, des migrants (80% de la population de la péninsule qui s’élève à environ 2 millions) entassés dans des conditions misérables, par une chaleur torride, esclaves modernes dont on interdit le départ (les entrepreneurs conservant leurs passeports). La préparation de la « fête » du football aurait déjà ainsi fait plusieurs centaines de morts, et quelques milliers sont prévisibles pour satisfaire la vanité d’une grenouille gonflée au gaz et qui veut se faire plus grosse qu’un bœuf.
Tags : Football, mondial, supporters, Brésil, Qatar, FIFA
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Commentaires
Non seulement on ne proteste pas contre les agissements du Qatar mais on le récompense, en quelque sorte, en lui confiant l'organisation - et à quel prix ! - de spectacles sportifs. On dit que Platini a voté pour le Qatar après une entrevue avec Sarkozy en présence de l'émir du Qatar...
J'ai le même problème dans mes réunions de copropriétaires, Doc.
J'ai beau trouver que la crémaillère du Brésilien du 3ème étage va coûter trop cher pour ce que je connais de ses revenus et que l'arabe du 4ème qui a gagné au loto n'a aucun mérite et devrait faire profil bas, il faut bien que je me rende à l'évidence : je ne suis propriétaire que du 2ème étage, et je ne peux pas décider tout seul pour tout l'immeuble que les réunions de copros et les soirées poker se feront uniquement chez moi !
Ceci dit, ça ne m'empêche pas de critiquer, comme vous, mes copropriétaires, bien au contraire !
Ce ne sont pas les copropriétaires que je critique, mais le syndic, c'est à dire la FIFA. Mais aussi les dirigeants qui font passer leur prestige avant leur peuple, bien que celui-ci soit le plus souvent assez bête pour y être sensible.
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Cette coupe au Brésil va mettre un peu plus en évidence le fossé entre les riches et les pauvres dans ce pays. Il va aussi montrer l'impudence de ces riches qui dépensent des sommes considérables sous les yeux des miséreux. Tout ça pour ce qui n'est qu'un jeu, un spectacle et un support publicitaire. On en arrive à souhaiter que des émeutes de la faim empêchent cette fête indécente de se dérouler normalement.
Et au Qatar, c'est pire encore. Les centaines de morts que l'on déplore déjà et celles qui se produiront encore dans l'indifférence générale sont un scandale absolu comme est un scandale le fait que vous soulignez: l'argent du gaz finance l'expansion de l'islamisme radical; cet argent devant lequel se prosternent sans honte nos gouvernants. Les faveurs dont a joui Khadafi en son temps ne sont rien à côté de ce qu'on réserve aux Qataris.
Que personne dans cette "communauté internationale" dont on nous rebat les oreilles n'ose lever le petit doigt m'enlève beaucoup d'illusions sur les protestations de droit-de-l'hommisme et sur la noblesse du sport professionnel.