• ESCAPADES XVIII



    Gustav Klimt « Schubert au piano »

     

     SCHUBERT AU PIANO

     

    Les belles inaccessibles si proches de lui,

    Perdues dans leurs pensées,

    Suivent la partition à la lueur des bougies.

    Une autre regarde la danse des mains nues

    Sur les touches dociles du clavier

    Où les chants de l’impromptu

    Mêlent leurs cadences.

    Elles frémissent en écoutant les graves gronder,

    Alors que les notes hautes s’élèvent pudiques,

    Retenues par le poids des silences.

    Et la mélodie un instant suspendue

    Reprend mélancolique,

    Comme un amour perdu,

    Pour s’éteindre en douce nostalgie,

    Dans le regret des passions disparues,

    Quand le grondement au loin s’évanouit.

     

    Paul Obraska

     



    Gustave Klimt "Musique"


    LE CLUB DES CHANTS INACHEVES
     
    Il y a un club qui rassemble dans les cieux
    les musiciens morts avant de devenir vieux
    ceux qui disparaissent avant quarante ans
    et qui ont du génie ou beaucoup de talent
     
    Pergolese en est le benjamin
    Marie par son instinct de mère
    a un petit faible pour l'Italien
    Quand on joue son Stabat Mater
    elle l'écoute debout sous le charme
    sans pouvoir retenir ses larmes
     
    Quand Pergolese vint Purcell était déjà là
    en habit de cour après avoir quitté ses rois
    Entre composteurs lyriques ils se sont vite compris
    et les deux s'inclinèrent quand Mozart arriva
    Le grand Mozart déjà grand lorsqu'il était petit
    tiré d'une fosse commune après qu'on l'eùt trouvé
    là où les croquemorts sous la neige l'avaient égaré
     
    Schubert bohème et fidèle en amitié
    hésita à quitter le cimetière de Vienne
    où il était enterré près de son cher Beethoven
    Lui qui n'avait pu partager de grand amour
    lorsque le délicat Chopin arriva à son tour
    il lui fit raconter sa passion pour Maria
    dont la maternelle George Sand le consola
    Mendelssohn accepté au club peu avant
    en homme raffiné les écoutait poliment
     
    Le dernier arrivé parmi eux fut Bizet
    trois mois après la création de Carmen
    le temps que les critiques se déchaînent
    sur l'opéra qui allait triompher peu après
     
    Sur les portées des étoiles filantes
    les musiciens aux chants inachevés
    composent les musiques enivrantes
    qu'ils n'ont pas eu le temps de créer
     
    C'est pour ça que devant un ciel étoilé
    devant l'orange d'un coucher de soleil
    devant l'amour des amants
    dans le rire des enfants
    en tendant bien l'oreille
    on entend venues des nues
    des musiques inconnues

    Paul Obraska

     
         

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  • Commentaires

    1
    Samedi 7 Février 2009 à 10:50
    Un article selon mon coeur! Bravo!
    2
    Samedi 7 Février 2009 à 11:03

    Merci pour ce commentaire (pour Schubert, j'ai écrit le texte en écoutant l'impromptu Op. 90 D. 899 N° 3)
    Dr WO

    3
    Samedi 7 Février 2009 à 14:24
    Le poème est à la hauteur des tableaux; surtout du premier, mon préféré.
    4
    Samedi 7 Février 2009 à 16:35
    Le deuxième tableau du type allégorique est en effet plus froid, plus "ornemental", mais me semblait bien illustrer mon second texte.
    Dr WO
    5
    Samedi 7 Février 2009 à 21:15
    Je repasse, juste pour le plaisir. D'où tirez vous toutes ces oeuvres?
    6
    Samedi 7 Février 2009 à 21:51
    Comme vous le savez, vous êtes toujours le bienvenu. Je recherche ces oeuvres sur internet.
    Dr WO
    7
    Dimanche 8 Février 2009 à 10:14

    Merci pour ce commentaire qui me fait évidemment plaisir et m'encourage à commettre d'autres poèmes dans une forme qui ferait ricaner les tenants de la poésie moderne.
    Dr WO
    PS. J'espère que tu vas mieux.

    8
    Dimanche 8 Février 2009 à 12:11
    Je suis content d'avoir pu vous reconcilier avec Klimt dont l'oeuvre est très variée avec le risque d'être inégale.
    Dr WO
    9
    Dimanche 8 Février 2009 à 12:38
    C'est un des intérêts de la blogosphère de permettre cette libération
    Dr WO
    10
    Lundi 9 Février 2009 à 22:52
    J'ai mis du temps avant d'écrire un commentaite pour cette escapade. Il est des fois où il n'en est nul besoin. Celui-là, c'est juste pour que vous sachiez...
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    11
    Mardi 10 Février 2009 à 08:56
    Un commentaire est un petit message témoin d'une visite toujours appréciée.
    Dr WO
    12
    MARIE-HELENE
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:32
    Merci pour ces deux poémes;le premier me touche particulièrement,il est si beau que Schubert aurait,pour toi seul,rejoué son inpromptu! Merci également de m'avoir fait connaitre ce trés beau tableau de Klimt.
    13
    Jeffanne
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:32
    Ne riez pas, docteur Wo, mais avant même la fin de ma lecture, j'en avais les larmes aux yeux, bien sûr de bonheur devant les textes, ensuite les tableaux...Pourquoi dans cet ordre ? Les oeuvres de Klimt... je pense ne pas les avoir assez regardées et approfondies (je n'étais pas une fana et j'ose vous dire pourquoi, ne m'en veuillez pas, celles que j'avais vues présentaient plutôt une élancée verticale et cela me donnait le vertige -au sens figuré-)Par contre je raffole des couleurs...Eh bien un grand merci pour avoir rectifié mon point de vue... pour moi : un avis différent et après étude de cet avis - je regarde les choses autrement - (je ne sais pas si je me fais bien comprendre)... mais... mille mercis pour votre partage
    14
    Jeffanne
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:32
    Mais, docteur Wo, vos textes plus particulièrement, font éclater chez moi, une sensibilité que je n'ai jamais osé étaler au grand jour. Et surtout ne soyez pas surpris si je réitère mes mercis... je le répète j'aime votre partage.
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