Gustave Klimt "Bouleau dans une forêt"
LA HACHE ET LE FEU
Et les arbres se mirent à marcher
Avec leurs grosses pattes d’éléphant
Leurs bras noueux emmêlés
Leur chevelure verte au vent
Muraille de troncs mouvants
Vêtus d’une écorce craquelée
Pachydermes au cuir ligneux
Ne craignant ni la hache ni le feu
Ils cherchaient leurs racines perdues
Dans les prés et les champs
Autrefois forêts à perte de vue
Les hommes sur leurs pattes d’oiseau
Les avaient chassés de chez eux
Par la hache et le feu
Ils sautaient haies et ruisseaux
Avec leurs grosses pattes d’éléphant
Rien n’arrêtait leur marche folle
Hêtres, chênes et bouleaux
Faisaient trembler le sol
Avec d’horribles craquements
Dans les prés et les champs
Et les hommes aux abois
Sur leurs pattes d’oiseau
S’enfuirent devant la horde de bois
Emportant avec eux
La hache et le feu
Mais en retournant la terre
Pour rechercher leurs racines
Les arbres déçus ne trouvèrent
Dans les plaines et les collines
Dans les entrailles de la terre
Que des racines d’homme
Des morceaux de soldats
Abattus au combat
Sur les champs de bataille
Par la hache et le
feu
Paul Obraska