• De Peter à Dilbert

    Michael_Willmann-echelle-de-Jacob.jpgLe principe de Peter : « Tout employé tend à s'élever à son niveau d'incompétence » est bien connu. Il part du postulat que ceux qui sont incompétents restent à leur poste et que ceux qui sont promus en raison de leur compétence risquent de devenir incompétents à un niveau supérieur, pour aboutir à la conclusion que la plupart des postes dans une organisation sont occupés par des incompétents.

    Le principe de Peter est plus satirique que réel, car ce qui compte c’est l’adéquation entre une personne et son poste. Dans une usine, par exemple, celui qui fut un mauvais ouvrier peut devenir un bon directeur. Cependant, il se révèle parfois exact, non seulement dans le sens vertical, mais également dans le sens horizontal.

    Prenons, par exemple, les ministres d’un gouvernement. Le plus souvent ils sont désignés à un ministère pour des raisons politiques et non pour leurs compétences à ce poste, d’où l’armée de conseillers et de consultants dont ils s’entourent. Avec le temps le ministre, s’il n’est pas idiot, finira par devenir compétent dans ses attributions. Pour le récompenser de cette compétence acquise, au prochain remaniement, il sera promu à un ministère plus important ou plus délicat où il risque de montrer toute son incompétence.

     

    Le principe de Dilbert, décrit pas Scott Adams, est peut-être plus proche de la réalité : « Les gens les moins compétents sont systématiquement affectés aux postes où ils risquent de causer le moins de dégâts : ceux de managers. ». Les dirigeants n’ont même plus la compétence de leurs subordonnés (c’est sûrement vrai pour la technologie) et ceux-ci deviennent irremplaçables à leurs postes, seuls les incompétents sont promus.

    Prenons un exemple récent. Jean-Amédée Lathoud est devenu directeur de l’administration pénitentiaire, or c’est lui qui en tant que procureur général de Douai avait validé l’instruction du juge Burgaud sur l’affaire d’Outreau de triste mémoire. André Ride est devenu directeur de l’inspection générale des services judiciaires (IGSJ), or c’était le procureur général d’Auxerre au moment de l’affaire des disparues de l’Yonne où certains dossiers de victimes avaient été classés ou avaient disparus. L’un et l’autre  furent entendus par des commissions d’enquête (et Ride par l’IGSJ dont il est aujourd’hui le directeur) et c’est à ces brillants magistrats qu’a été confié l’établissement du rapport sur d’éventuels dysfonctionnements dans l’affaire du meurtre de Laëticia et par lequel les juges ont été blanchis.

     

    Illustration : Michaël Willman « Montée des anges le long de l’échelle de Jacob » (1691)

    « Les aléas du septième cielJapon pas assez »

  • Commentaires

    1
    Samedi 19 Février 2011 à 20:06
    Mon petit coucou de retour d'abord...
    Pour le reste, ma foi, vaut mieux ne pas trop réflécher sur compétence et incompétence...
    Votre façon un peu satirique de décrire tout cela me redonne le sourire...
    2
    Samedi 19 Février 2011 à 20:29

    Bon retour parmi nous.

    Dr WO

    3
    Dimanche 20 Février 2011 à 09:21
    Un ministre est un politique: il doit donc avoir une politique et la faire appliquer par les techniciens de son administration. Comme un maître d'ouvrage qui définit le bâtiment qu'il veut faire construire et qui demande à un maître d'oeuvre d'utiliser ses compétences techniques pour le réaliser.
    4
    Dimanche 20 Février 2011 à 11:27

    Le maître d'ouvrage connait le travail du maître d'oeuvre. Lorsqu'un ministre devient compétent, il connaît et domine le travail de son administration et anticipe les conséquences sur le "terrain"  de ses décisions, donc il doit le connaître. Il arrive trop souvent que ni le ministre, ni l'administration ne connait le "terrain". J'ai rencontré un cadre du ministère de la santé qui avait un projet de réforme des hôpitaux mais qui n'était - de son propre aveu - jamais entré dans un hôpital et n'en connaissait aucunement le fonctionnement réel.

    Dr WO

    5
    Dimanche 20 Février 2011 à 16:24
    Très intéressant, et dans le second cas, désolant de devoir subir les incompétences de de certains rouages du système qui n'ont jamais mis les pieds sur le terrain....!!!!
    6
    Dimanche 20 Février 2011 à 17:47

    L'incompétence est la chose au monde la mieux partagée.

    Dr WO

    7
    Dimanche 20 Février 2011 à 19:05
    C'est un vieux principe de nos démocraties, Doc ! sauf cas particuliers, les hommes politiques ne doivent pas être des techniciens ou même des spécialistes dans les domaines qui leur sont confiés.

    Imaginez-vous ministre de la santé tentant d'expliquer au ministre du budget (qui serait forcément un comptable) que les dépenses de santé n'ont pas à être maîtrisées ! vous en viendriez rapidement aux mains ! :-)
    8
    Dimanche 20 Février 2011 à 19:12

    Les démocraties respectent donc le principe de Dilbert : moins on en sait plus on monte haut.

    Dr WO

    9
    Dimanche 20 Février 2011 à 23:38
    Triste realité du principe de Dilbert que l'on rencontre de plus en plus dans les entreprises ou la rentabilité financiére l'emporte sur la compétence .
    10
    Lundi 21 Février 2011 à 10:56

    Ce qui m'étonne un peu, c'est que les commentaires n'ont pas relevé jusqu'à présent le cas de ces deux magistrats qui font une belle carrière après avoir montré leur incompétence et dont les erreurs commises par l'un d'entre eux ont eu des conséquences dramatiques.

    Dr WO

    11
    Lundi 21 Février 2011 à 16:33
    J'ai toujours entendu dire que lorsqu'on veut se débarrasser de quelqu'un on lui donne une promotion ! Il est vrai que dans ce cas précis on espère très fortement qu'il se contentera de quelques ronds de jambe.
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    12
    Lundi 21 Février 2011 à 16:49

    Il me semblait bien que le principe de Dilbert était plus proche de la réalité que celui de Peter.

    Dr WO

    13
    Mardi 22 Février 2011 à 17:40

    Le principe de Dilbert est très largement appliqué. C'est de cette façon que les médiocres peuvent faire une belle carrière.

    Dr WO

    14
    Mardi 22 Février 2011 à 18:28

    Tout dépend du domaine. Pour la justice, il est préférable que les mauvais n'aient pas de responsabilités réelles. Pour la politique, c'est différent, c'est plus le principe de Peter qui peut s'appliquer.

    Dr WO

    15
    Leonie
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:09
    Le principe est de promouvoir les incapables pour ne laisser sur le terrain que le capables où de déplacer pour éloigner tout scandale ceux qui commettent des bévues grossières vers les régions ensoleillés de préférence.
    16
    Leonie
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:09
    Patience il y a toujours un retour de manivelle, ça ne saurait tarder, parcque quand il n'y aura plus que des médiocres dans les hautes sphères ça va craquer.
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