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DANS MA VILLE III
LA COMPLAINTE DE LA PENICHEPrès de moi, un bateau vient de passer
Enfilant les ombres humides des ponts
Chargé jusqu’à la gueule d’une foule ensoleillée
Les têtes tournantes à l’unisson
Ma carcasse balance à son passage
Mes chaînes cliquettent, attachées au quai
Je roule mais je reste à terre, bien sage
C’est pourtant pour naviguer que j’étais fait
On m’a garni de fanfreluches et de pots de fleurs
Je porte sur mon dos tables et chaises
Aucun marin à la barre, seulement des serveurs
Et des voyageurs factices racontant des fadaises
J’ai des fourmis dans ma quille engourdie
Ma proue oscille tourmentée par des impatiences
Ma coque se ronge de rester à l’écurie
Je rêve de naviguer, je rêve de partances
Ah ! Me détacher de ce quai où je suis prisonnier
Partir sur le fleuve, longer l’histoire pétrifiée de Paris
Aller plus loin, vers Rouen où fourmillent les clochers
Au Havre ! Où je me frotterai aux gros navires surpris
Sentir l’eau clapoter et caresser mes flancs
Voir la Lune dans le fleuve naviguer devant moi
Voir défiler les berges, aller la proue au vent
Avoir des marins pour amis, un capitaine pour roi
Et pourquoi pas la mer ? Pourquoi pas l’océan ?
Plus de berges, plus de limites, que le ciel et l’eau
Les vagues joueraient de moi comme d’un enfant
Et me briseraient enfin en mille morceaux
Paul Obraska
CONFUSIONDevant Notre-Dame, ses fleurs de pierre
Sa croupe magnifique parée de verdure
Les roues des rosaces teintant la lumière
Les lourdes tours aux longues ouvertures
Le peintre confus a peint le Sacré-Cœur
Peut-être a-t-il été poussé par la faim
Pour croquer ce gâteau de blancheur
Sur le tableau exilé du modèle lointain
Il est des modèles qui rendent confus
Beautés inimitables qu’il faut admirer
Les contrefaçons en sont défendues
L’artiste modeste pour ne pas imiter
Le charme sans pareil de la vue
Expose en regard une pièce montée
Paul Obraska
PONT SAINT-LOUISIl fait bon vivre sur le pont Saint-Louis
Sous les yeux ronds de la Dame de pierre
La Seine frôle les îles d’un baiser de cambouis
Les mouettes volettent la prenant pour la mer
Les passants s’arrêtent, nonchalants
Ils goûtent le délice de ne rien faire
Les musiciens laissent leurs instruments
Pour le plaisir de parler aux compères
Un amuseur s’époumone pour attirer le chaland
Si l’un d’eux s’arrête, il fera foule
Un piano mécanique joue à l’instrument
En égrainant les notes que la bande déroule
Il fait bon vivre sur le pont Saint-Louis
Le goût exotique d’un sorbet embouché
Les musiques s’emmêlent jusqu’au seuil de la nuit
Le soleil s’attarde avant de se coucher
Paul Obraska
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Commentaires
1lili-la-rebelleDimanche 16 Mars 2008 à 18:03J'aime beaucoup Paris, surtout certains quartiers, je suis née à la Salpétrière, j'y suis retournée il n'y a pas si longtemps pour consulter à l'hôpital Saint-Louis ; et aussi pour faire quelques expositions au PARC de la Villette ; en fait, j'ai vécu pas loin de ce Parc, avant qu'il ne soit, et quand c'était donc, les abattoirs, le canal de l'ourcq, puis saint martin, je connais très bien, car j'ai passé mon enfance dans la rue, le long de ces canaux, à pécher des écrevisses, à trainer, et aussi beaucoup au Buttes Chaumont, Parc magnifique créé par Haussman si je ne me trompe pas, sous les ordres de Napoléon III ; j'espère que vous me pardonnerez si je me trompe ! Malgré tout je préfère mon coin de verdure pour la vie de tous les jours ! Merci pour le compliment sur le choix de mes photos libres de droit (tout du moins je l'espère, dans cette jungle internétique); j'essaie de prendre celles qui me ressemblent le plus physiquement, et/ou ce que je veux faire ressortir de mes mots !Répondre
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