• Coronaires, angine de poitrine, infarctus du myocarde.XX

    29. QUEL TRAITEMENT DOIT-ON SUIVRE APRES UN INFARCTUS DU MYOCARDE ?

     

    La survenue d’un infarctus du myocarde vient ajouter une maladie du muscle cardiaque à la maladie artérielle. Le traitement comporte donc deux objectifs : le premier est la lutte contre l’athérosclérose des coronaires afin d’éviter une récidive et préserver le myocarde sain restant. Le second est la lutte contre les conséquences de son atteinte.

    La lutte contre l’athérosclérose utilise toujours les mêmes armes (elles ne sont pas spécifiques aux coronaires), mais ici cette lutte doit être livrée avec vigilance et opiniâtreté. D’abord sur les facteurs de risque contrôlables : arrêter le tabagisme, réduire le taux de cholestérol (LDL) et de triglycérides dans le sang, abaisser la tension artérielle lorsqu’elle est trop élevée, équilibrer un éventuel diabète, éviter la sédentarité…Ensuite par la prise de médicaments dont l’efficacité a été démontrée : une statine (qui abaisse le taux de cholestérol), une petite dose d’aspirine (une forte dose est plutôt délétère) ou un autre médicament agissant sur l’agrégation des plaquettes (à l’origine de la formation d’un caillot) s’il existe une allergie à l’aspirine.

    Après un infarctus du myocarde le cœur comporte deux zones : l’une est nécrosée puis fibreuse et inerte, l’autre vivante, musculaire et contractile. La part relative de ces deux zones et la qualité de la circulation au niveau de la zone saine conditionnent l’état du patient et son avenir.

    Beaucoup de médecins jugent nécessaire une réadaptation physique contrôlée dans la période qui suit l’accident. Elle est toujours bénéfique, ne serait-ce que sur le plan psychologique. L’accident coronarien est un choc souvent difficile à surmonter, les patients se sentent brutalement diminués, la réadaptation en leur faisant prendre conscience qu’ils conservent dans la plupart des cas une bonne capacité physique leur rend une confiance qu’ils avaient perdue.

    Les médicaments, eux, tentent de s’opposer aux conséquences d’une contraction asymétrique du cœur, la contraction de la zone saine devenant plus énergique pour compenser l’inertie de la zone fibreuse [remodelage ventriculaire]. C’est un des buts des bétabloquants et des médicaments qui bloquent le système rénine-angiotensine, ils s’opposent aux systèmes neuro-hormonaux qui sollicitent le cœur et les vaisseaux de façon excessive, systèmes de défense dont l’effet est finalement délétère. Ces médicaments n’empêchent pas toujours la dilatation de la zone fibreuse qui peut former une poche se gonflant lorsque le reste du cœur se contracte [ectasie ou anévrisme]. Des caillots risquent de se former dans cette poche, un traitement anticoagulant par une antivitamine K devient nécessaire et remplace alors l’aspirine (l’association est possible mais augmente le danger hémorragique).

    L’existence de cicatrices fibreuses et/ou de zones mal vascularisées (notamment autour de l’infarctus) peuvent être à l’origine de troubles du rythme cardiaque lorsque des foyers d’excitation échappent au schéma ordonné et périodique de la contraction du cœur. Certains de ces troubles sont sévères [tachycardie ventriculaire], ils sont mis en évidence par un enregistrement de l’électrocardiogramme pendant 24 heures (Holter) et exigent des traitements spécifiques [antiarythmiques ou défribillateur implantable].

    Il faut cependant insister sur le fait que passée la période initiale, la plupart des patients ayant eu un infarctus du myocarde ont peu de séquelles et mènent une vie normale.

     

    MINI LEXIQUE

    - Coronaires : artères disposées en couronne autour du cœur lui amenant le sang riche en oxygène à partir de l’aorte. Leur atteinte, le plus souvent par l’athérome, est à l’origine de l’angor, de l’infarctus du myocarde et de leurs conséquences.

    - Athérome ou athérosclérose : plaques fibro-graisseuses, parfois calcifiées, infiltrant la paroi artérielle au contact du courant sanguin. Elles rétrécissent la lumière artérielle et peuvent se rompre, rupture ou ulcération à l’origine de la formation d’un caillot.

    - Angine de poitrine ou angor ou douleur angineuse : serrement douloureux et souvent angoissant du thorax et parfois d’un ou des deux bras et/ou de la mâchoire. Cette douleur est le plus souvent liée à une atteinte  des coronaires, mais pas toujours.

    - Infarctus du myocarde : destruction par privation prolongée d’oxygène liée à un défaut d’irrigation sanguine (par occlusion d’une coronaire, le plus souvent par un caillot) d’une partie du muscle cardiaque (myocarde) remplacée ultérieurement par un tissu cicatriciel dépourvu de la propriété de se contracter.

    - Embolie : caillot sanguin (thrombose) emporté par le courant sanguin (veineux ou artérielle) et venant occlure un vaisseau à distance de son point de formation.

    - Arrêt cardiaque : absence de contraction coordonnée du muscle cardiaque (fibrillation ventriculaire) ou pause (absence de l’activité électrique à l’origine des contractions).

    - Thrombolyse ou fibrinolyse : introduction par voie veineuse d’une substance capable de dissoudre un caillot récent.

    - Angioplastie : dilatation d’un rétrécissement artériel par gonflage d’un ballonnet porté par une sonde introduite par voie transcutanée au niveau d’une artère périphérique.

    - Stent : tube grillagé serti sur le ballonnet dégonflé et que le gonflage du ballonnet permet de déployer. Au dégonflage, le stent est largué contre les parois de l’artère pour empêcher leur rétraction. Il est actif lorsqu’il est imprégné d’une substance capable de lutter contre une éventuelle exubérance cicatricielle de l’artère.

    - Pontage : conduit vasculaire ou prothétique apportant du sang en aval d’un rétrécissement à partir de la même artère ou d’une autre.

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  • Commentaires

    1
    Samedi 15 Janvier 2011 à 20:27
    La rubrique de mon Doc préféré... Toujours instructif. Merci pour ce partage l'ami.
    Bonne soirée
    ZAZA
    2
    Samedi 15 Janvier 2011 à 20:32

    Fidèle lectrice cette rubrique, je vous remercie !

    DR WO

    3
    Dimanche 16 Janvier 2011 à 08:51
    La lecture de cette rubrique a-t-elle un effet placebo? Je me sens mieux.
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    4
    Dimanche 16 Janvier 2011 à 16:43

    Le discours est la forme la plus élaborée du placebo.

    Dr WO

    5
    Dimanche 16 Janvier 2011 à 21:05
    Toujours bien écrit et bien expliqué... Quant à l'angoisse que peuvent provoquer certaines déficiences que l'on préfèrerait ignorer...
    je me rassure à la manière de Pangloss (j'espère qu'il ne m'en voudra pas)...
    6
    Dimanche 16 Janvier 2011 à 22:33

    Si cela vous angoisse, ne lisez pas cette rubrique.

    Dr WO

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