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Copeaux, seau n°3
« Je ne peux pas vous laisser dire ça ». Et le politique, apparemment outré par les propos de son opposant, montre ainsi qu’il est prêt à combattre pour ses idées, qu’il va rétablir la vérité sans se laisser circonvenir par des manœuvres mensongères. C’est donc un copeau à double détente : on gonfle le torse de l’honnête homme et on rabaisse l’adversaire. Le huron qui a reçu un jour ce copeau en pleine figure a eu cette réponse : « Et comment comptez-vous m’en empêcher ? » (Pas mal, non ?).
« C’est intolérable ». Par cette expression le politique se dédouane. Il montre son émotion et sa révolte alors qu’il est le plus souvent responsable de l’intolérable par son incapacité à prévenir ou à résoudre l’évènement qui le scandalise. L’expérience montre qu’il continuera à tolérer l’intolérable montrant ainsi sa résistance aux épreuves.
« Nous avons fait le nécessaire » : jamais avant, parfois après. Quant au contenu du nécessaire, ce n’est en général pas suffisant. Ce copeau de la langue de bois est destiné à clore un débat embarrassant, sachant que sur le moment le nécessaire ne peut pas être vérifié.
« Il faut être responsable ». Les premiers responsables sont les politiques. Combien d’entre eux ont eu à pâtir de leurs échecs à l’échelon national ? Car ils sont réélus pour leur efficacité à l’échelon local grandement facilitée par leur position nationale.
« Je suis un homme (une femme) de conviction ». On ne sait pas laquelle, ce qui permet d’en changer. D’ailleurs il est préférable que le politique n’ait pas de convictions car si elles sont mauvaises et s’il cherche vraiment à les appliquer envers et contre tous, le pays risque d’aller au désastre. Il vaut mieux qu’il résolve les problèmes avec conviction que par conviction
« Je serai candidat si on me le demande ». Le « on » étant indéterminé on peut s’y mettre soi-même
« Nous n’avons aucun différent ». C’est le plus souvent le contraire, car comment deux personnes peuvent-elles être d’accord sur tout, à moins de n’avoir aucune idée personnelle (ce qui n’est pas exclu).
« Il (elle) a tout mon soutien » est un copeau semblable. Les politiques réussissent l’exploit de soutenir quelqu’un en le poussant pour qu’il tombe.
« Je fais confiance à la justice de mon pays ». Le politique prend ainsi la posture du bon citoyen respectueux des lois alors qu’il n’a pas cessé auparavant de les transgresser. D’ailleurs il va continuer à le faire en mettant tout en œuvre pour influencer la justice dans un sens favorable à ses intérêts, c’est en cela qu’il lui accorde sa confiance.
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Commentaires
1Le huronMardi 16 Décembre 2008 à 17:43Si vous continuez comme ça, ça va faire un gros volume dans la PléïadeRépondreEt à venir nous voir: il y aura toujours un peu de chaleur pour vous!Petit précis de rhétorique à l'usau les as pêchées dans la bouche de Frédéric Lefèvre ?Il vaudrait peut-être mieux lui mettre un des 3 seaux sur la tête pour l'empêcher de parler.
Dr WOMerci pour ce (ces)billets de haut vol !9JeffanneLundi 7 Janvier 2013 à 16:34Ah, ah, je ne viens pas pour vider les seaux... Il fait froid ce matin, suis un peu triste ... alors je venais prendre un peu de chaleur chez vous.
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