-
Commémorations
L’histoire de France est si riche en catastrophes et en triomphes que les commémorations représentent une activité en expansion, le passé étant complété par le présent ensanglanté par le délire islamiste. Il faut reconnaître que les gouvernements français, quels qu’ils soient, ont un savoir-faire qui pourrait s’exporter. Les dirigeants étrangers, régulièrement invités, ne cachent pas leur admiration pour la maîtrise dont nous faisons preuve pour magnifier un évènement historique ou s’incliner avec émotion devant des tombes.
Cette fois encore nous n’avons pas été déçus par les cérémonies et les discours marquant le centenaire de la fin de la Première Guerre Mondiale. Les majuscules s’imposent en honneur de l’ampleur du carnage et du degré de stupidité des causes à l’origine de son déclenchement.
J’ai cependant ressenti une impression d’irréalité, de déphasage devant ces manifestations marquant le retour de la paix, complété, pour faire bonne mesure, par un « forum de la paix » comme s’il s’agissait de fêter la fin des guerres. Or si l’armistice de 1918 a heureusement marqué la fin d’un carnage, on ne peut que constater l’absurdité de la chose puisque vingt après la der des ders, vingt ans ! Même pas une génération, la Seconde Guerre Mondiale allait provoquer trois fois plus de morts que la première.
MEMORIAL
Les hommes sèment pour leur pardon
Des pierres gravées de noms disparus,
Des noms sans tombe ou des tombes sans nom
De morts inconnus.
Les hommes sèment dans le temps
Des plaques sur les murs des rues,
Sur les façades des places publiques,
Des listes de tués sur des monuments
Appelés à la mort par ordre alphabétique,
Des mémoriaux où les noms tournent par milliers,
Sans corps, dans le néant,
Jusqu’à donner la nausée.
Les hommes sèment dans les champs
Des noms dans les cimetières militaires,
Alignés en ordre par les survivants
Sur des tombes uniformes à l’infini.
Une armée en rangs serrés dans la terre,
Corps disciplinés dans la mort comme dans la vie.
Vaines semailles sans moisson.
La mémoire des massacres passés
N’empêche pas les massacres à venir,
La mémoire en pierre des assassinés
N’empêche pas les hommes de mourir,
Pour des causes inutiles,
Pour des causes futiles,
Ou d’être exterminés sans raison
Paul Obraska
-
Commentaires
Beau Poème auquel j'ai envie d'ajouter une dédicace spéciale :
si vis (vraiment) pacem, para (sérieusement) bellum
-
Mercredi 14 Novembre 2018 à 09:00
-
4Souris doncMercredi 14 Novembre 2018 à 10:19Impression d'irréalité et de déphasage : pauvre Macron, c'est son premier centenaire de la guerre de 14-18. Au moins pas de rappeur ni de lâcher d'ados à travers les tombes.
Votre poème, plus émouvant que tout l'errance mémorielle.
Ajouter :
Bien sûr celle de l'an quarante ne m'a pas tout à fait déçu, elle fut longue et massacrante, et je ne crache pas dessus. Mais à mon sens elle ne vaut guère, guère plus qu'un premier accessit. Moi, mon colon, celle que je préfère, c'est la guerre de 14-18 !
-
Mercredi 14 Novembre 2018 à 10:49
-
Souris doncMercredi 14 Novembre 2018 à 17:23
Impertinent, anar revendiqué et antimilitariste.
-
Mercredi 14 Novembre 2018 à 17:47
-
Ajouter un commentaire
Beau poème! Je me rappelle ces mots de Boris Vian dans "Le Déserteur": "S'il faut donner son sang, allez donner le vôtre, Messieurs les bons apôtres ..."
Merci. Belle chanson qui fut censurée en son temps.