• Quand vous entrez dans une chambre d’hôtel correct, tout est propre, quelques fleurs et parfois quelques fruits, ne vous y fiez pas. Une étude de l’équipe de Katie Kirsch de l’université de Houston révèle la présence quasi générale de bactéries d’origine fécale sur les objets présents dans les chambres d’hôtel. Les objets les plus à risque étant à cet égard la télécommande de télévision et l’interrupteur principal de la chambre, c'est-à-dire les objets les plus manipulés.  

    Rien d’étonnant : les gens se lavent peu les mains (40% des Français admettent ne pas se laver les mains systématiquement avant de faire la cuisine selon  une enquête menée par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) et les matières fécales, sources de bactéries parfois dangereuses comme E. coli, traînent un peu partout.    

    Sur les téléphones portables (1 sur 6 en Grande-Bretagne est contaminé par E.coli, alors que leurs propriétaires prétendaient se laver les mains dès que possible). Sur les tablettes tactiles, les claviers, les couvertures plastifiées de certaines revues (par contre, la durée de vie des bactéries sur le papier journal n’est que de quelques minutes), probablement sur les rampes et les barres des transports en commun…Et parfois sur les mains amicales que vous serrez si chaleureusement.  

    L’argent est sale au propre comme au figuré. Dans une étude faite en Egypte en 2010 sur 202 pièces et billets en circulation, il est apparu que 60,2 % des 103 billets et 56,6 % des 99 pièces récupérés chez les commerçants étaient contaminés par un ou plusieurs parasites et il a été montré que la contamination parasitaire est encore plus riche au Niger.

    Ce qui prouve que l’être humain se défend plutôt bien contre ces envahisseurs invisibles et d’ailleurs nous sommes tous porteurs de milliards de bactéries dans le tube digestif et sur la peau avec lesquelles nous avons presque toujours de bonnes relations et beaucoup nous sont indispensables (un auteur a même avancé que les Américains prenaient trop de douches au détriment de la flore cutanée). Aussi, après cet article, éviter d’acquérir le TOC qui consiste à se laver sans cesse les mains (choisissez de le faire à bon "échiant") et ne vivez pas reclus comme le fit le talentueux milliardaire Howard Hugues les dernières années de sa vie, la phobie des microbes faisant partie de sa folie.


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  • « La France est en Europe au premier rang des consommateurs de cannabis (1 700 000 usagers réguliers); 300 000 de nos collégiens l’ont déjà expérimenté ». Le tétrahydrocannabinol (THC), principe actif du chanvre indien, a vu sa consommation augmenter et son taux s’accroître dans les produits en circulation, par sélection, manipulations génétiques, et « culture en chambre ». Il se trouve que la maturation du cerveau de l'adolescent mobilise des récepteurs endocannabinoïdes cérébraux dont le THC caricature la fonction. En outre, le THC a une grande rémanence dans l’organisme et on peut considérer « qu’un joint  [résine - haschich ou shit -  égrenée dans du tabac, la plante elle-même – marijuana – étant moins consommée] c’est du THC pour une semaine dans la tête et de nombreux joints ce sont des mois de THC dans le cerveau et dans les panicules adipeux » (cette longue rémanence explique la moindre dépendance à cette drogue).

    Si vous faites un tour sur les sites, vous en verrez de nombreux qui affirment que le cannabis n’a aucun inconvénient et ne présente aucun risque. Ce n’est pas l’avis de la plupart des pharmacologues et des médecins qui s’occupent de la question.

     

    - Il provoque une ivresse  qui peut être à l’origine d’accidents sur la route et au travail comme l’alcool (l’association étant fréquente, ce qui n’arrange pas les choses).

    - Il est psycholeptique, presque hypnogène et analgésique, antiémétique d’où l’utilisation médicale éventuelle.

     - Il perturbe gravement la mémoire opérationnelle et son effet désinhibiteur peut inciter à des prises de risque, et à des actes délictueux.

    - S’il se comporte d’abord comme un anxiolytique, cette anxiolyse se mue par la suite en une anxiété vive ; tout comme ses effets antidépresseurs font place à une dépression sévère, avec ses risques suicidaires.

    - Il serait sept fois plus cancérigène que le tabac pour la sphère ORL et broncho-pulmonaire et comme lui il a une toxicité cardiovasculaire (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux…). S’y ajoute un effet défavorable sur les défenses immunitaires.

     

    Comme on le voit dans l’encadré, le cannabis joint (si j’ose dire) les effets délétères immédiats de l’alcool aux méfaits retardés du tabac. Permettre la consommation de cannabis, c’est faire d’une pierre deux coups tout en augmentant le nombre de drogués en circulation. Bien sûr, ceux qui veulent dépénaliser la consommation minimisent les risques et avancent le possible intérêt médical (utilisé dans d’autres pays, mais il me semble que jusqu’à présent des études sérieuses n’ont pas été faites sur son intérêt médical [posologie, rapport risque/bénéfice])  et  ceux qui s’y opposent ont peut-être tendance à les amplifier car ils considèrent que c’est « une vraie drogue, un faux médicament et un danger public ». Reste que si le cannabis est incontestablement nocif, la prohibition n’a pas empêché l’augmentation du nombre de ses adeptes (mais c’est aussi le cas des drogues dites dures)

    La dépénalisation de la consommation du cannabis (et non l’autorisation de sa production et du trafic dont il n’est pas question) ne diminuera en rien le marché illégale, et pourrait au contraire l’accroitre en lui amenant de nouveaux clients, jusque-là retenus par le risque pénal. Il faudrait, en bonne logique, si l’on veut faire cesser le trafic et ses conséquences, que l’Etat fournisse lui-même le poison à la place des trafiquants comme il l’a longtemps fait pour le tabac et comme cela se fait aux Pays-Bas pour le cannabis.

    La législation contre le consommateur varie avec les pays entre la sanction administrative (une amende) et l’infraction pénale. La question est débattue en France où la législation est sévère comme en Suède et en Finlande. Dans l’UE, le pays le plus libéral est le Portugal qui depuis 2000 a dépénalisé la consommation et l’acquisition de stupéfiants pour usage personnel et en 10 ans cet usage aurait diminué, le drogué étant considéré comme un malade et non comme un délinquant. Avez-vous une opinion ?

     

    Source pour les méfaits du cannabis : Editorial dans le Journal International de Médecine du Professeur de pharmacologie Jean Costentin.


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  • Lorsque vous prenez un médicament vous pensez peut-être que celui-ci a été intégralement fabriqué et conditionné par le laboratoire qui le délivre et le vend. C’était en effet le cas autrefois où la fabrication était locale et totale (principes actifs, excipients, produits de conditionnement) et réalisée par un petit nombre d’acteurs connus et bien surveillés par les autorités sanitaires. Ce n’est plus le cas. Le médicament est devenu un produit de consommation comme un autre, soumis aux mêmes règles commerciales, où domine la rentabilité financière. Cette vision ultralibérale a abouti à une mondialisation où chaînes de production et de distribution se sont dissociées. Les principes actifs sont fabriqués là où la fabrication est la moins chère. C’est ainsi que pas un gramme de paracétamol (antalgique courant) n’est produit en Europe ! La Chine produit 40 à 50% des principes actifs des génériques destinés au marché européen. Heureusement, il existe pour l’Europe des inspections des sites mondiaux de production qui peuvent aboutir au retrait ou à la suspension des certificats de conformité à la pharmacopée européenne. Il est à noter que 75% de ces retraits ou suspensions ont concernés des sites chinois ou indiens. Toujours par un souci de rentabilité des médicaments anciens mais efficaces ne sont plus fabriqués car leur prix de vente est peu élevé et les bénéfices jugés insuffisants, surtout s’ils sont destinés à des maladies peu fréquentes.

    Cette mondialisation de la fabrication des médicaments et la concentration des lieux de fabrication ont une autre conséquence : la fréquence de plus en plus grande des « ruptures de stock ». En France, sur les 5 dernières années, ces pénuries de médicaments ont été multipliées par 10 et au premier semestre 2011, 31 bulletins d’alerte ont été lancé par l’Afssaps contre 4 en 2010 et 2 en 2009. Aux USA leur nombre est passé de 60 en 2006 à 220 en 2011. Ces ruptures ou arrêts d’approvisionnement concernent souvent des médicaments anciens et d’un coût faible et peu importe s’ils sont nécessaires ou au moins d’efficacité égale aux médicaments plus récents mais plus chers.

    A cela, il faut ajouter le commerce croissant des faux médicaments qui en 2010 a représenté 10% du marché pharmaceutique mondial, et 75 milliards de bénéfice pour les fraudeurs. Selon l’OMS, " 60% des cas de contrefaçon sont détectés dans des pays pauvres [où elle tue des milliers de personnes chaque année] et 40% dans des pays industrialisés" (50% des médicaments vendus sur internet seraient contrefaits : placebo ou produit toxique). En Europe, près de 3 millions de faux médicaments ont été saisis par les douanes en 2010 », 65000 boîtes ont été saisies en France en 2011 alors qu’auparavant la fraude était marginale. La fabrication de ces contrefaçons se fait de plus en plus à l’échelle industrielle, et un peu partout (Suisse, Inde, Chine…), alors qu’elle ne concernait que les produits dits « de confort », elle porte de plus en plus sur des médicaments destinés à des pathologies lourdes comme les cancers ou les maladies cardiovasculaires qui, elles, sont bien réelles. Un danger sanitaire en perspective surtout si les faux réussissent à s’infiltrer dans les réseaux officiels de distribution.

     

    Sources : « les cahiers du médicament, la revue du praticien de mai 2012 », Egora et AFP 


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  • L’Argentine vient de voter une loi permettant aux transsexuels et travestis de choisir librement leur genre, de déclarer leur sexe auxquels ils désirent appartenir et de changer d’état civil en ne tenant compte que de leur vécu intérieur « tel que la personne le perçoit elle-même », sans nécessiter l’accord d’un médecin ou d’un juge et sans aucun changement physique préalable par un traitement chirurgical ou hormonal, mais en faisant simplement la demande au « Registre national des personnes ». A noter que le Conseil de l’Europe par sa résolution 1728 va dans le même sens en demandant aux Etats-membres de garantir aux transsexuels des papiers adaptés « sans obligation préalable de subir une stérilisation ou d’autres procédures médicales… » En France, le changement d’état civil nécessite la preuve d’une « réassignation sexuelle irréversible » constatée par des experts médicaux et judiciaires, mais le 29 décembre 2011, 73 députés socialistes ont déposé une proposition de loi allant dans le sens de la résolution du Conseil de l’Europe. (Source Le Monde.fr du 10/05/12).

    Ces informations m’amènent à faire quelques remarques.

    1° La théorie du genre, qui vise à séparer l’identité sexuelle vécue de la détermination biologique, progresse à la satisfaction des  LGBT, non, ce n’est pas un parti politique (quoique…) mais les groupes « lesbien, gay, bi et trans ». En France elle fait partie de l’enseignement et dans nombre de pays on tente de ne pas influencer les bambins avant qu’ils aient eux-mêmes choisi le sexe auquel ils veulent appartenir. En Suède, par ex. dans un livre pour enfants paru au début de l’année, le héros Kivi est neutre, ni fille, ni garçon et le pronom sexuellement trop marqué (han ou hon) est remplacé par un mot neutre : hen (utilisé dans les milieux féministes et gays depuis les années 1960 et privilégié aujourd’hui dans certaines crèches).

    2° La théorie du genre tente de sortir le transsexualisme de la pathologie par le libre choix de son sexe pour chacun, en dépit du marquage biologique. C’est une tentative de normalisation. Par  contre, les transsexuels revendiquent le maintien de leur cas dans le cadre pathologique afin que les transformations corporelles désirées soient prises en charge par la collectivité. C’est ainsi que, si le gouvernement français a supprimé le transsexualité de la liste des maladies mentales, il l’a maintenue comme affection de longue durée « hors liste ».

    3° La faculté de choisir son identité sexuelle en affirmant que l’on se sent du sexe opposé contre toute réalité (à moins d’admettre que cette sensation invérifiable qui ressort d’un autodiagnostic est plus réelle que son corps) et sans la moindre transformation vers le sexe que l’on désire adopter, brouille un des repères les plus importants de l’humanité. Si une personne poilue, à la voix grave et pourvue d’un appareil sexuel masculin se déclare être une femme, qu’est-ce qu’un homme ? Si une personne susceptible d’enfanter dit être un homme, qu’est-ce qu’une femme ? Doit-on reconnaître l’un et l’autre aux habits portés ? Il est vrai aussi que ce changement d’identité devrait en toute logique conduire à des changements corporels qui constituent, en principe, le traitement du mal-être, le seul état civil étant insuffisant.

    4° La théorie du genre a des implications, disons philosophiques. D’abord la libération du moi, le corps fourni par la nature cessant d’être un obstacle à son épanouissement, elle devient une revendication libertaire. La liberté est un choix fondateur, rejoignant ainsi des philosophes comme Alain ou Sartre (j’espère qu’ils ne se retourneront pas dans leur tombe). Ensuite elle met en exergue la séparation de l’esprit (certains diraient l’âme) et du corps comme deux entités indépendantes, avec la primauté de l’esprit sur le corps, dans une forme inattendue de cartésianisme.


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  • talons-aiguilles.jpgLes hauts-talons donnent à la femme une silhouette attirante et met bien en évidence la beauté de la jambe féminine en ajoutant à son mouvement un effet sonore du meilleur aloi. Auparavant, ils permettaient également de grandir les femmes dont la plupart étaient de petite taille. Ce n’est plus cas, la gent féminine grandit à vue d’œil au point de dépasser fréquemment les hommes, ce qui leur donne un côté dominatrice qui conduira peut-être un jour la gent masculine à porter des hauts-talons pour se mettre à la hauteur. Mais beaucoup de femmes grandes ne renoncent pas aux talons aiguilles ce qui rendra les talonnettes masculines ridiculement insuffisantes.

    Pourtant, porter des talons aiguilles n’est pas une sinécure. D’après une étude australienne récente la biomécanique du pied en est modifiée (on s’en serait douté) et l’auteur de l’étude recommande d’éviter le port prolongé de ces talons vertigineux en le limitant à une ou deux fois par semaine et encourage les femmes à enlever leurs chaussures le plus souvent possible, ce qui risque de nuire à leur charme.

    Des médecins se sont emparés de l’affaire pour tenter de soulager les élégantes. Il y a quelques années le Botox était utilisé pour remédier aux douleurs plantaires. L'amincissement chirurgical du petit orteil pour faire entrer le pied dans les chaussures pointues connait une recrudescence aux États-Unis et en Grande-Bretagne, de même qu’est également en vogue la méthode Cendrillon, processus préventif destiné à réduire la taille du pied ( ce qui évoque le bandage des pieds effectué jadis chez les petites chinoises avec des résultats assez horribles).

    Plus modernes sont les injections de collagène dans le pied (orteils, talons et voûte plantaire) pour créer un effet de coussinet (Loub job), dont le résultat dure 6 mois et coûtent 320 livres sterling. Les demandes d’injections ont augmenté de 21% en 1 an au Royaume-Uni.

    On ne dira plus chaussure à son pied mais pied à sa chaussure. Est-ce bien raisonnable et est-ce bien le rôle de membres du corps médical de déformer des pieds sains pour les adapter à des chaussures d’une hauteur vertigineuse ?


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  • Au Pérou dans les années 1990 sous l’impulsion de son dirigeant Alberto Fugimori, qui comptait augmenter le PIB en diminuant le nombre de naissances, la ligature des trompes a été prônée et largement utilisée. Elle était proposée aux femmes plutôt que la contraception orale, avec des arguments douteux : persuasion, menaces ou mensonges (comme : la procréation restera possible après la ligature, il est préférable de ne pas avoir d’enfant puisque la fin du monde surviendra au changement de millénaire…). Les interventions étaient pratiquées à la chaîne, sous tente, entourées de festivités. Médecins et infirmières étaient récompensés des bons résultats et licenciés dans le cas contraire[1]

    dali-cygnes-refletant-des-elephants

    Aujourd’hui, l’Ouzbékistan suit une démarche semblable. Ce pays «… semble obsédé par le nombre et les classements internationaux » d’après Steve Swerdlow, directeur de Human Rights Watch pour la région Asie centrale. L’Ouzbékistan encourage ainsi officiellement l’avortement (en pays musulman) et la stérilisation de milliers de parturientes, ce qui aura pour conséquence la baisse (par l’absurde) de la mortalité infantile, un des critères pour juger du niveau d’un pays. Le nombre de césariennes, qui permettent la stérilisation, est particulièrement élevé. Les médecins avancent des arguments plus ou moins mensongers concernant la santé de leurs patientes pour justifier leur acte car ils seraient menacés de ne plus pouvoir exercer s’ils n’atteignent pas un certain quota.

    « Le gouvernement nie ces accusations et l’existence d’un tel plan et accuse les femmes qui témoignent de mensonges ».

    La discordance entre la carte et le territoire est chose banale. Combien de rapports volontairement inexacts, combien de statistiques tronquées ou manipulées pour donner de la réalité une fausse image ? Dans ce dernier cas la carte est modifiée pour donner une idée le plus souvent flatteuse du territoire. Dans les deux exemples précédents la démarche est inverse : modifier de façon absurde la réalité, uniquement pour améliorer les statistiques et montrer au monde une jolie carte de visite.

     

    Dali : « Cygnes reflétant des éléphants »



    [1]Rapporté par le Journal International de Médecine du 09/02/05


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  • Buffet militaire clownL’IRM fonctionnelle permet de mettre en évidence les zones du cerveau impliquées dans la réalisation de tâches ou lors d’un sentiment ou d’une émotion. Si le cerveau perd ainsi un peu de son mystère, certains veulent voir dans cet outil d’investigation médicale, un instrument capable de décrypter nos pensées.

    « Le 7 juillet 2011, la nouvelle loi de bioéthique a élargi l’usage des méthodes d’imagerie cérébrale à l’expertise judiciaire, en sus de leur utilisation à des fins médicales ou pour la recherche » (les décrets d’application ne sont pas encore parus).  Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a fait cependant remarquer que « …Ce n’est pas parce qu’une pensée évoquée par une tâche proposée au sujet est indiquée par une image que la mise en évidence de cette image indique la pensée et donc le comportement » et recommande un encadrement strict de cet usage à des fins judiciaires dans l’appréciation d’un éventuel comportement délictuel chez un individu, alors qu’il est sorti de son environnement et de son influence sur ses actes. Les signaux de l’imagerie ne donnent qu’un reflet indirect de l’activité cérébrale en renvoyant les images de modifications métaboliques liées à l’activité neuronale. Ce n’est pas une lecture de la pensée et il est hasardeux de passer de la matière, le cerveau, à l’immatériel de la pensée dont on ne sait pas, en fait, ce qu’elle est. Mais si la pensée, les désirs, les convictions, les intentions sont insaisissables, l’image est bien réelle, visible par tout le monde, et notamment par des juges et risque ainsi d’être privilégiée.

    Aux USA, l’IRM est déjà utilisée par la justice dans le but d’étayer une preuve ou d’analyser le comportement d’un prévenu. Plus de 600 cas auraient été répertoriés où les résultats de l’imagerie ont été utilisés comme « preuve ». En Inde, cet usage se banalise également et avec des dérives notoires. L’IRM servira probablement de détecteur de mensonge. Espérons que les données recueillies ne seront pas un jour utilisées par les assurances ou à l’embauche.

    J’ai entendu dire sur les ondes que de précédents candidats à la présidentielle américaine auraient subi une exploration par IRM lors de leur prestation et que ce sont surtout les zones impliquées dans l’émotion qui étaient mises en jeu et non pas les aires de l’intelligence. J’ignore si cette information est exacte et je suis dubitatif compte tenu de la procédure nécessaire pour réaliser cette imagerie, mais j’avoue être séduit par le principe. Imaginez un débat entre deux politiciens avec pour le public la vision de leur cerveau mis à nu et la détection en direct de leurs mensonges ! Des chercheurs de l’université de Barcelone ayant récemment découvert le moyen de rendre un objet invisible à un champ magnétique, les hommes politiques préfèreraient sans doute débattre coiffés d’un casque protecteur, aussi inesthétique soit-il, plutôt que de révéler les circonvolutions de leur cerveau.


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    Des champs bien labourés

    Nous baignons dans les champs électromagnétiques (CEM) d’origine multiple : radio, micro-ondes, téléphones portables, wi-fi… dont nous ignorons la nocivité réelle, mais jusqu’à présent elle n’a jamais été mise en évidence. Cependant, des gens se plaignent (et c’est une souffrance réelle) d’être « électro-sensibles » et de ressentir des troubles difficiles à cerner en raison même de leur profusion puisque 55 symptômes différents ont été recensés dans une étude en 2005, mais également de leur nature subjective, allant des sensations de picotements aux vertiges en passant, bien sûr, par la lassitude. 46 études portant sur 1175 volontaires n’ont pas permis d’établir un lien entre ces symptômes et les CEM, et dans certaines d’entre elles, les mêmes troubles ont été provoqués par des expositions simulées (effet nocebo).

    Une croyance ne peut être niée

    Le 14 février dernier un séminaire (le chiffres précédents sont tirés de son compte-rendu dans le Journal International de Médecine) a été organisé par trois facultés de médecine parisiennes où l’on a présenté le protocole d’une nouvelle étude hospitalière multicentrique avec mise sur pied de consultations pour les « électro-sensibles ». Ceux-ci se sentent manifestement incompris puisque certains vont même jusqu’à traiter les spécialistes qui concluent à l’absence de nocivité des champs électromagnétiques de « négationnistes » !

    Des représentants des « électro-sensibles » étaient présents lors de ce séminaire et alors même que l’étude n’est qu’à l’état de projet, ils ont suggéré qu’ils remettraient en doute ses résultats futurs, arguant que tous les champs magnétiques ne seront pas testés avec un seul dosimètre et déniant toute dimension psychologique à leur maladie. L’un a même soulevé le soupçon d’un conflit d’intérêt qui lierait l’Assistance publique des hôpitaux de Paris à EDF.

    Exorcisme scientifique ?

    A l’inverse des médecins se sont demandé si l’organisation de consultations spécifiques ne va pas conforter les patients dans l’idée qu’il existe bien un lien entre leurs troubles et les CEMet l’un d’eux l’a exprimé de cette façon : « Pour utiliser une comparaison historique (et audacieuse), l'électro-sensibilité n'est-elle pas un avatar moderne de la possession démoniaque et l'ouverture de consultations spécifiques au cours desquelles on tente de mesurer les ondes néfastes n'est-elle pas une réponse à cette pathologie mentale du même ordre que l'utilisation de l'exorcisme pour combattre les possessions démoniaques ».

    Quoi qu’il en soit, toute la population est soumise aux CEM et ne ressent aucun symptôme pour sa très grande majorité. Une petite minorité est-elle particulièrement et physiquement sensible à ces ondes ou les personnes qui la composent ont-elles un terrain psychologique susceptible d’expliquer leurs troubles et qu’elles préfèrent attribuer à l’environnement plutôt qu’à elles-mêmes ? Attribuer à autrui ses propres faiblesses étant une tendance humaine que l’on retrouve dans tous les domaines.


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  • Tribunal.jpgLe projet de décret sur le contrôle de l’insuffisance professionnelle, c'est-à-dire de la compétence, pour les libéraux de santé (médecins, chirurgiens, dentistes, sages-femmes, pharmaciens, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, et pédicures-podologues) est toujours prévu. Approuvé par le conseil d’Etat en juin 2010, il était attendu pour la fin de l’année, il n’est pas encore sorti (élections obligent ?).

    Jusqu’à présent ces libéraux étaient éventuellement sanctionnés pour leur incapacité à exercer ou pour leurs fautes par les conseils de l’Ordre et/ou la Justice. Aux notions de moralité, d’indépendance ou de faute professionnelle vient s’ajouter la notion de compétence qui pourrait être jugée par un tribunal d’exception de trois experts qui procèderont à l’examen des connaissances à la fois théoriques et pratiques du soignant et avant de pouvoir de nouveau exercer, le professionnel devra apporter la preuve qu’il a complété sa formation. Or je sais, par expérience personnelle, que les médecins ont le souci permanent de mettre à jour leurs connaissances.

    On voit qu’après avoir accusé les libéraux de frauder, de détourner l’argent public, de prescrire des médicaments dangereux pourtant autorisés par les organismes officiels, ils sont à présent soupçonnés d’incompétence, et devront éventuellement passés devant un tribunal d’exception qui pourra être saisi par les Ordres ou le directeur général de l’ARS et dont les connaissances en matière médicale sont des plus discutables.

    Voilà une excellente façon d’encourager les professionnels de santé à exercer en libéral, mode d’exercice qui ne signifie plus grand-chose et de plus en plus déserté comme le sont des territoires entiers.

    Néanmoins ces tribunaux d’exception de la compétence ouvrent des horizons.

    On reproche aux Français de bouder les langues étrangères, les pressions administratives exercées sur leurs médecins, cette propension à les infantiliser, vont leur permettre de pratiquer avec des confrères étrangers les langues de l’Europe de l’Est ou l’arabe, ce qui n’est pas sans intérêt[1].

    Ces tribunaux devraient logiquement s’étendre aux autres domaines professionnels, en commençant par les administrations, et d’abord à celles qui exercent un contrôle sur les produits de santé et qui n’ont guère été sanctionnées récemment pour leurs incompétences. Un tribunal qui permettrait d’interdire d’exercer des fonctions plutôt que de donner une promotion à un fonctionnaire dont les décisions se seraient avérées préjudiciables pour le public.

    Et, bien sûr, à tous les politiques exerçant une responsabilité, en cessant de leur donner un autre poste s’ils sont été défaillants dans le précédent ou en ne leur offrant plus un pantouflage doré lorsque leur incompétence est trop manifeste.

    On voit que ces tribunaux d’exception jugeant de la compétence d’autrui ont un grand avenir devant eux, mais il serait souhaitable de les coiffer d’un tribunal d’exception pour permettre de juger de leur propre compétence, structure soviétique que l’on pourrait étendre à l’infini à la manière des poupées russes.  



    [1] « Au 1er juin 2011, 41% des médecins nouvellement inscrits à l’Ordre avaient obtenu leur diplôme hors de France. C’est une moyenne. Ainsi, dans certaines zones, ce chiffre est largement plus élevé. C’est le cas par exemple de l’Aube, en Champagne-Ardenne, où trois quarts des nouveaux inscrits viennent de l’étranger et seulement 19% ont obtenu leur diplôme à la faculté de Reims. En Picardie, ces jeunes médecins qui constituent 44% des nouveaux effectifs proviennent pour un tiers du Maghreb et pour un autre tiers de la Roumanie. Dans l’Aisne notamment, ils sont un sur deux à arriver de Roumanie »

     


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    L’article précédent pourrait faire croire que je regrette l’intervention omniprésente de la technique dans la pratique médicale, ce n’est pas le cas. J’ai assisté à l’avant et à l’après et je peux vous dire que ce n’est pas une évolution mais une révolution, et que je suis en admiration devant les cadeaux offerts par les biologistes et les physiciens à la médecine : marqueurs biologiques de maladies, imagerie du corps par rayons X (scanner), par ultra sons (échographie), par isotopes à courte durée de vie se fixant sur certaines parties du corps (scintigraphies) ou par résonnance des noyaux d’hydrogène sous l’effet d’un champ magnétique donnant une image quasi anatomique du corps  (IRM). Revenir à un examen purement clinique serait stupide et d’une bien moins grande efficacité, quelle que soit la qualité du médecin.

    La question est banale, c’est celle de la relation de l’homme avec la machine : qui doit dominer l’autre ? Si, par exemple, un médecin, après son interrogatoire et son examen clinique, soupçonne une anomalie du foie et qu’il demande à la machine de confirmer ce soupçon, il domine la machine. Mais s’il n’a aucune idée préalable et s’il demande à la machine de lui en donner une en faisant systématiquement l’examen, c’est la machine qui le domine. De la même façon si vous rechercher sur internet un renseignement, vous utilisez la machine selon votre idée, mais si, au contraire, vous errer sur internet sans idée préconçue, c’est la machine qui vous domine en vous révélant ce que vous n’avez pas recherché, même si cette errance peut vous distraire.

     

    Ce n’est pas parce que nous sommes capables de faire une chose que nous devons obligatoirement la faire (c’est en particulier le cas pour les examens et les traitements « agressifs »). Il faut d’abord réfléchir et savoir pourquoi on la fait et si, selon le résultat, le malade en tirera ou non un bénéfice et avec le moindre risque.

    L’efficacité des machines peut très bien conduire à une paresse d’esprit et à une véritable démission de la pensée médicale en les faisant intervenir systématiquement. On peut très bien faire un « scanner corps entier » (avec une irradiation non négligeable) sans signe d’orientation et trouver, par exemple, un cancer dont il n’existait aucun  signe apparent, alors qu’il est possible que ce cancer n’aurait jamais évolué.

     

    Mais on pourrait me répondre : pourquoi pas ? En effet, la discussion est ouverte. Pourtant, il n’est pas certain que l’on rende service au patient en découvrant par hasard une pathologie dont il ne souffre pas et dont nous n’avons peut-être aucun traitement. Il faut ajouter que, tôt ou tard, nous n’aurons plus les moyens d’avoir une telle attitude, surtout si l’examen le plus performant a été fait en dernier après une avalanche d’examens préalables.


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