• Si l’on se tourne vers le passé de la médecine, nous pourrions considérer que tout est insolite, car différent de nos conceptions. Ce qui est le plus déroutant dans le passé médical est la découverte de maladies sorties de l’imagination des médecins et assorties de traitements fantaisistes ou qui se rapprochaient plus de la torture que de la thérapeutique. Mais je ne serais plus là pour connaître l’avis effaré de nos successeurs sur nos conceptions actuelles.

    Cependant, beaucoup de grands esprits, même dans un passé lointain, avaient découvert les germes de la médecine moderne. Parfois ces découvertes mirent longtemps à être utilisées ou développées.

    Hippocrate, quatre siècles avant notre ère, avait déjà eu l’idée de la circulation sanguine : « les vaisseaux qui s’étendent à travers tout le corps […] ne sont que les ramifications d’un seul vaisseau original. […] Je reconnais ne pas savoir où commence ni où finit ce vaisseau, car dans un cercle il n’y a ni commencement ni fin »[1]. Il s’agit en fait d’un double cercle qui sera décrit mille ans après par Harvey.

    La ligature des vaisseaux  prônée par Ambroise Paré au XVIème siècle était utilisée pour contrôler les hémorragies dès le XIème à l’école de Salerne, et il a donc fallu longtemps pour qu’elle remplace définitivement la douloureuse cautérisation des plaies. Celle-ci est d’ailleurs réapparue avec le bistouri électrique (mais sous anesthésie)

    Paracelse, au XVIème siècle également, avait remarqué que l’éther, appelé eau blanche, pouvait endormir des poulets. Ses vertus anesthésiques n’ont été utilisées que trois siècles plus tard.

    L’époque récente n’a pas échappé à cette lenteur : La pénicilline n’a été utilisée que cinquante ans après sa découverte.

    Aujourd’hui, les découvertes trouvent rapidement leurs applications et parfois avec trop de précipitation, surtout lorsqu’elles risquent de bouleverser la société. La réflexion sur leurs conséquences éventuelles est toujours en retard sur leur expansion et serait de toute façon impuissante à la freiner.

    Traiter un malade c’est traiter un individu, mais le traitement choisi dépend aujourd’hui de ce qu’on l’on observe sur le plus grand nombre. Avec les découvertes statistiques l’individu se plie désormais à la majorité.

    Il n’y a pas de science plus humaine que la médecine mais il n’y a pas de science humaine qui fasse appel à autant de machines pour fonctionner. La médecine repose sur le « colloque singulier » entre un médecin et son malade mais c’est une singularité où l’industrie et le commerce sont omniprésents, mais aussi sources de découvertes.

    L’intrusion du corps humain par une imagerie de plus en plus performante, les découvertes en biologie et en génétique, les grandes études statistiques ont conduit à une médicalisation généralisée de la société. La médecine ne s’applique plus seulement à l’Homme malade mais de plus en plus à l’Homme sain.  On traite des maladies à venir et l’on vous rend coupable de ne pas le faire. On va même jusqu’à susciter des maladies dont on a trouvé le médicament, rejoignant ainsi les maladies imaginaires du passé dont il serait prudent de ne pas se gausser.

     


    [1] Cité par Kenneth Walker Histoire de la médecine


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  • 132. La solitude de l'hommeLes chromosomes porteurs des gènes qui programment les caractères d’un être humain forment 22 couples de chromosomes semblables quel que soit le sexe, l’un des membres du couple provenant de la mère et l’autre du père.

    Le 23ème couple (de même provenance) est formé par les chromosomes sexuels. Ils sont semblables chez la femme : XX, couple que l’on pourrait appeler  « lesbien » (et richement pourvu en gènes), et différents chez l’homme : XY, couple que l’on pourrait appeler « hétéro » (je souligne que ces dénominations personnelles n’ont aucune investiture scientifique).

    Il faut noter qu’un Y n’est qu’un X qui a perdu une de ses branches et Jenny Graves de l’université de Canberra pense que le mâle n’est qu’un accident de l’évolution (que je trouve pour ma part assez réussi bien qu’un peu agressif, mais je ne suis pas objectif). Beaucoup pensent même que le mâle est destiné à disparaître car ce pauvre Y serait fragile : il perdrait progressivement ses gènes n’ayant pas les moyens de se réparer (et donc vulnérable aux mutations) en utilisant son voisin semblable, X et Y faisant chambre à part.

    C’est ce qu’affirmait en 2005 Bryan Sykes de l’université d’Oxford (« La malédiction d’Adam : un futur sans hommes ») qui estime que ce pauvre Y disparaîtra dans une dizaine de millions d’années. Jenny Graves pense, elle, que sa durée de vie ne serait que de 5 millions d’années. Ce qui laisse tout de même du temps pour pérenniser le sexisme. Que les féministes intégristes ne se réjouissent pas trop, car il n’est pas impossible que le gène de la détermination sexuelle puisse être porté dans un avenir lointain par un autre chromosome que cet Y évanescent.

    D’autres doutent d’une perte linéaire de gènes car en 25 millions d’années l’Y n’aurait laissé aucune plume si l’on compare l’Y du macaque mâle (dont nous nous sommes séparés au cours de l’évolution à cette lointaine époque) à celui de l’homme d’aujourd’hui. Je ne peux que remercier notre ancêtre le macaque de faire son possible pour nous rassurer sur notre avenir, mais je crains la disparition de l’humanité avant celle du chromosome Y.

    Source : Aurélie Haroche, Journal international de Médecine.

    Illustration : Macaque de Barbarie.


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  • Pour réaliser des économies, les autorités tentent depuis des années de réduire le nombre de lits dans les hôpitaux, l’économie venant essentiellement de la réduction correspondante du personnel (car un lit vide ne coûte rien). C’est ainsi que l’on a poussé des hôpitaux d’une même région à fusionner, que des hôpitaux de taille modeste ont du fermer ou se transformer en établissements de long séjour, que des services pourtant performants ont été supprimés ou même que l’on envisage « sérieusement » de supprimer plus ou moins un hôpital central de l’importance de l’Hôtel-Dieu de Paris quitte à surcharger les autres hôpitaux parisiens déjà pleins. On se demande d’ailleurs ce qui se passerait en cas de catastrophe exigeant l’hospitalisation urgente d’un nombre important de victimes (une planification sur le papier est sûrement prévue, mais qui, dans l’état actuel, exigerait peut-être de faire sortir les malades en chemise).

    Le mieux serait de toujours d'avoir des lits disponibles. La première possibilité est d’éviter de les remplir, soit en éloignant les hôpitaux, ce qui peut engendrer quelques difficultés à les rejoindre à temps, soit de dire que l’hospitalisation n’est pas nécessaire et de renvoyer le patient chez lui au risque qu’il soit en désaccord avec ce diagnostic, et manifeste sa mauvaise humeur en décédant à domicile. C’est ce qu’un bébé in utero a eu le mauvais goût de faire récemment lorsque voulant sortir à la maternité de Port-Royal, on lui répondit que ce n’était pas l’heure. L’Assistance publique de Paris a diligenté une enquête effectuée par l’Assistance Publique de Paris et qui a conclu que ce n’était pas de chance mais qu’il n’y avait eu aucun dysfonctionnement dont l’Assistance Publique de Paris pouvait être accusée et notamment d’un manque de lits disponibles.

    La seconde possibilité est de libérer rapidement des lits. Les patients ne sont d’ailleurs pas contre cette alternative, il est rare qu’ils prennent plaisir à rester longtemps à l’hôpital. Mais il faut espérer qu’une sortie prématurée ne conduise pas à une  nouvelle hospitalisation rapide, toujours déprimante pour le malade, mais aussi pour le médecin, non pas que celui-ci préfère la nouveauté, mais parce qu’un malade qui revient vite est un constat d’échec.

    Il existe une façon plus radicale de libérer des lits. D’après l’agence Reuters : « Selon le parquet, le docteur Virginia Soares de Souza et son équipe médicale au sein de l’unité de soins intensifs de l’hôpital évangélique de Curitiba, dans le sud du Brésil, ont administré à des patients des médicaments myorelaxants avant de réduire l’assistance respiratoire au point de provoquer un décès par asphyxie ». La femme médecin en question a été ainsi inculpée du meurtre de sept patients et on parle de 300 décès dont elle serait responsable avec des membres de son équipe. Elle agissait miséricordieusement pour libérer des lits pour d’autres patients qui, s’ils l’avaient su, se seraient probablement montrés réticents à les occuper.


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  • Jour après jour, les médias relayés par internet se font l’écho de toutes les menaces apportées par le monde moderne. Chaque jour amène sa peur, peur de l’air saturé de miasmes que nous respirons, peur des poisons que l’on introduit sans vergogne dans les aliments, peur des médicaments dont les laboratoires cherchent systématiquement à cacher la nocivité. Les dangers sont tels que l’on peut s’estimer heureux d’être encore en vie et rendre grâce à notre résistance devant ces attaques multiples, croissantes et répétés.

    Le  13 mars 2013, l’Organisation mondiale de la Santé a rendu public un rapport relatif à l’état de santé en Europe qui inclut 53 pays et 900 millions de personnes. Et ce rapport, dans un but sans doute de désinformation et d’intoxication, se permet d’affirmer que nous allons plutôt bien ! L’espérance de vie serait en constante augmentation en Europe en progressant de cinq ans au cours des trente dernières années. Un nouveau-né européen (qui meurt de moins en moins à la naissance : 7,9 décès pour 1000 naissances) peut espérer vivre jusqu’à 76 ans et s’il nait en Suisse jusqu’à 82,2 ans, mais il a intérêt à éviter de naître au Kazakhstan où il risque de ne pas atteindre les 70 ans (la France est à la dixième place). Malgré l’augmentation du nombre de véhicules, on meurt nettement moins sur les routes et malgré l’état dépressif des peuples, on se suicide moins, un comble !

    Mais pas d’illusion, nous allons tout de même mourir : une fois sur deux d’une maladie cardio-vasculaire et une fois sur cinq d’un cancer.

    J’espère que je vous ai remonté le moral.


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  • Le pape émérite, ci-devant Benoit XVI, avait déclaré en mettant le pied sur le    continent africain, particulièrement touché par la pandémie du sida, que l’usage du préservatif contribuerait plutôt à aggraver et non pas à prévenir la diffusion de la maladie (il est revenu par    la suite sur cette déclaration). Il avait au passage fustigé la contraception (on n’en attendait pas moins du chef de l’église catholique) en faisant remarquer que la machine à laver avait plus    fait pour libérer la femme que la contraception. Voyons ce qu’il en est.  

    La plupart des foyers en occident disposent en effet d’appareils qui    allègent de façon importante les tâches ménagères effectuées le plus souvent par les femmes. La diminution de l’activité physique quotidienne qui en découle est évidemment un avantage mais aussi    peut-être un inconvénient si l’on en croit des auteurs américains (1)qui se sont    penchés sur la question par une étude longitudinale sur 55000 femmes (19-64 ans) suivies de 1965 à 2010. Ils ont quantifié(séparément    chez les femmes qui exercent un emploi et celles sans emploi) le temps passé à des travaux ménagers et la quantité d’énergie dépensée pour les effectuer.  

    Cette étude  montre que par rapport à 1965, les femmes consacrent aujourd’hui  environ moitié moins de temps aux    tâches ménagères (13,3 h/semaine versus 25,7 h/semaine) en doublant par contre le temps passé devant les écrans (16,5 h/semaine versus 8,3/semaine). Ceci a  conduit à une diminution nette    des dépenses énergétiques (de 42% pour les femmes sans emploi et de 30% pour celles qui en ont un). Cette redistribution de l’emploi du temps en faveur des occupations sédentaires n`a pas été    compensée par une augmentation  modeste de l`activité physique de loisir (2,3 h/semaine versus 1,1 h/semaine) et pourrait avoir contribué à l’augmentation de l’obésité chez les femmes durant    les 5 dernières décennies.  

    Cependant,    il faut souligner que  cette étude n’a concerné que des Américaines qui, d’après ses résultats, ont acquis la liberté de regarder la télévision au    prix, pour nombre d’entre elles, d’un pannicule adipeux confortable. Espérons qu’elles ont également pensé au pape émérite en réservant une partie du temps libéré à procréer.  

                         

    (1) Archrer        E : "45-Year trends in women's use of time and household management energy expenditure" PLoS One 2013; 8: e56620.      


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  •  

    Coucou ! Philippe Even est revenu. Après avoir déclaré en 1985 (avec l’aval de la ministre de la    Santé de l’époque, Georgina Dufoix) qu’il détenait le traitement du sida, les quatre malades traités ne pouvant pas le contredire puisqu’ils en sont morts, après avoir déclaré à la presse en 2006    que le tabagisme passif n’était aucunement nocif, déclaration que l’on aurait pu prendre au sérieux, le Pr Even étant primitivement pneumologue, après avoir publié avec son compère Pr Debré,    député urologue, un livre sur les médicaments, alors que ni l’un ni l’autre ait prouvé auparavant leurs connaissances en pharmacologie, voilà qu’il semble mettre en doute dans son dernier    opuscule qui vient de paraître (que je n’ai pas lu) la nocivité d’un taux excessif de cholestérol et de l’opportunité de l’abaisser par une statine, médicament trop largement prescrit et qui    ferait plus de mal que de bien. L’affaire ayant apparemment une odeur de complot.  

    Cependant cette remise en question, très critiquée par les cardiologues mais aussi par les associations    de malades (dont l’expertise peut se discuter) me semble moins farfelue que celle de traiter une immunodéficience (le sida) par un immunosuppresseur (la ciclosporine) ou de considérer qu’inhaler    une fumée ne présente aucun danger si elle ne vous appartient pas.  

    Depuis de nombreuses années, il y a et il y a eu dans le monde médical des réfractaires à l’importance    donnée à l’abaissement du taux sanguin du cholestérol dans la prévention de l’athérosclérose qui, en remaniant la paroi des artères par une infiltration fibro-graisseuse, peut conduire à leur    obstruction et notamment à celle des artères coronaires du cœur.  

    Comment l’affaire a-t-elle débuté ?     Il y a plusieurs décennies, à partir d’études sur de larges populations (notamment l’étude de    Framingham), il a été établi le théorème suivant : plus le taux sanguin de cholestérol est élevé plus le    risque d’avoir une maladie coronarienne est grand et ce risque s’accroît de plus en plus à partir de 2,50 gr par litre. Ce théorème a eu rapidement un corollaire établi sur les    essais thérapeutiques visant à abaisser le cholestérol sanguin : toute diminution de 1 pour 100 du    cholestérol entraîne une diminution de 2 pour 100 du risque coronarien. De là date le début de la croisade contre le cholestérol, l’expansion de l’industrie alimentaire des    produits « allégés » et l’offensive des laboratoires pharmaceutiques.  

    Mais le cholestérol ne semble pas avoir la même implication    selon les pays. Le théorème et son corollaire sont basés sur des études surtout    nord-américaines et nord européennes, zones géographiques particulièrement touchées par les maladies coronariennes. Il existe de nombreuses exceptions géographiques, sans doute par le biais des    habitudes alimentaires : le Japon est peu touché par les maladies coronaires, mais les japonais le deviennent lorsqu’ils vivent aux USA, à cholestérolémie égale la morbidité et la mortalité    d’origine coronarienne se sont avérées 3 fois plus faibles en France qu’aux USA et la mortalité 20 fois plus faible en Crète que dans les 6 autres pays étudiés simultanément en 1970.  

    La question peut aussi se poser  de savoir s’il n’est pas dangereux de trop abaisser le cholestérol, celui-ci étant un élément nécessaire à de nombreuses synthèses dans    l’organisme. En 1992 est paru un rapport (1) (publié par les Américains) sur la relation entre le    taux de cholestérol et la mortalité. La mortalité a été déterminée plus de 5 ans après le début de l’étude, laissant le temps à une maladie mortelle pour se déclarer. L’étude a porté sur 524000    hommes, 125000 femmes et 68406 décès ! Les populations étudiées ont été américaines, japonaises et européennes donnant un caractère quasi universel aux conclusions. Quelles ont été les    résultats de cette étude impressionnante ? En prenant comme référence la mortalité des sujets dont le taux de cholestérol est compris entre 1,60 g/l et 1,99 g/l, que l’on soit homme ou femme un    cholestérol inférieur à 1,60 g/l s’accompagne d’une surmortalité relative de 17 pour 100 pour les hommes et 10 pour 100 pour les femmes, cette surmortalité n’étant pas liée à une affection    cardio-vasculaire (le contraire aurait été déprimant). Entre 2 et 2,39 g/l la surmortalité cardio-vasculaire apparaît chez les hommes (sans augmenter la mortalité globale) mais pas chez les    femmes. Au delà de 2,40 la surmortalité cardio-vasculaire augmente encore chez les hommes élevant de ce fait la mortalité globale (car la mortalité liée aux autres causes ne s’élève pas)…Et    toujours aucune surmortalité chez les femmes. Que conclure ? Chez les hommes il y a bien une corrélation (du type exponentiel, c’est à dire en    s’accélérant) entre le taux de cholestérol et la mortalité cardio-vasculaire à partir de 2g/l, mais pas chez la femme (dont le taux du « bon » cholestérol est élevé, au moins    jusqu’à la ménopause). Dans les deux sexes un taux de cholestérol bas s’accompagne d’une surmortalité liée à des causes non    cardio-vasculaires.  

    Les statines sont efficaces pour abaisser le     « mauvais » cholestérol (celui des LDL). La question est de savoir si cet    abaissement est bénéfique. Dès 1994 il a été montré qu’une statine en prévention secondaire (après la survenue d’un accident cardiaque) était    capable de réduire le taux de cholestérol, de réduire nettement le nombre d’évènements coronariens et de façon plus discrète la mortalité globale (autrement dit, on meurt moins du cœur, mais le    nombre de morts à l’arrivée a peu diminué, ce qui permet de suggérer que le traitement a surtout  changé la façon de mourir). En prévention primaire (avant la survenue d’un accident cardiaque, surtout s’il n’y a pas d’autres facteurs prédisposant aux maladies cardiovasculaires) l’action    bénéfique des statines n’est peut-être pas aussi évidente que l’on veut bien le dire et elle n’a pas été démontrée pour toutes les statines et dans tous les pays, alors que les effets    délétères possibles de l’abaissement du taux du cholestérol n’ont guère été étudiés.  

    On ne peut que constater que la focalisation  sur le rôle du cholestérol pendant de nombreuses années a permis d’ouvrir des perspectives dorées à l’industrie agro-alimentaire et aux laboratoires, alors que    d’autres facteurs de risque aussi significatifs, sinon plus, n’ont pas eu pendant longtemps sa notoriété et ont été de ce fait un peu négligés comme l’hypertension artérielle, le tabagisme, le    diabète ou l’obésité.  

    Reste que le Pr Even a une fâcheuse tendance à jeter le bébé avec l’eau du bain et que si    le doute est source de progrès, la radicalité risque de faire plus de mal que de bien.  

                   

    (1) Report of the Conference on Low Blood Cholesterol : Mortality Associations,        Circulation 1992 ; 86, 3 ; 1046-60.


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    C’est parti ! Une salle de « shoot » plus pudiquement appelée « de consommation contrôlée de drogues » et qui sera peut-être un jour appelée : « salle dédiée    aux usagers toxicomanes », va voir le jour à titre expérimental (j’ai rarement vu un politique à l’origine d’une expérience dire par la suite qu’elle a foiré et que son idée n’était pas    bonne). Cette salle doit être aménagée aux environs de la gare du Nord.  

        Mme Touraine est donc passée outre l’avis négatif de l’Académie de Médecine de janvier 2011,  et qu’elle vient de réitérer. Cette position avait été    arrêtée après de nombreuses auditions d’experts et analyse des résultats des expériences à l’étranger. Pour ces sages (dans l’hypothèse non démontrée que l’âge est source de sagesse) l’état de    maladie caractérisant l’addiction aux substances psycho-actives devait être traité et non entretenu. La docte assemblée a insisté sur le fait que notre pays est doté de soins aux toxicomanes    facilement accessibles, susceptibles de délivrer des produits de substitution à l’héroïne, et que des seringues stériles sont à leur disposition. Cette politique s’étant avérée  efficace  avec une réduction des risques puisqu’on compte moins de 2 % de nouvelles contaminations de toxicomanes    par le virus HIV en France. Or l’argument du risque de contamination est l’argument principal pour l’installation de ces salles, le second étant le désir de faire disparaître du décor les    seringues qui peuvent y traîner après usage. Je suppose que les toxicomanes préfèrent se shooter à domicile et si l’on trouve des seringues dans la rue, c’est qu’ils y vivent    également.  

        Il me semble par ailleurs que la responsabilité du personnel et de l’Etat pourrait être engagée en cas de pépin (le drogué doit arriver avec sa drogue – qui pourra difficilement être analysée -     et se l’injecter lui-même). Déjà l’Etat (c'est-à-dire nous) devra dépenser de 300000 à 1 million par salle d’après les estimations (de quoi loger nombre de toxicomanes SDF).  

        Reste évidemment la contradiction entre l’illégalité de la vente et de la consommation de drogue et la permission officielle d’en consommer qu’implique cette décision, l’aménagement de points    d’attraction pour les dealers sous le nez de la police qui aura sans doute l’obligation de ne pas intervenir dans le périmètre dédié, sinon ces salles coûteuses seront vides alors que l’on    envisage d’y accueillir, 7 jours sur 7, de 200 à 250 drogués à la satisfaction des habitants du quartier.


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  • L’accident vasculaire cérébral survenu chez une jeune femme suivant une contraception orale par une pilule de 3ème génération a donné lieu à une plainte en justice, suivie par d’autres plaintes de la part de jeunes femmes ayant été victimes d’accidents thrombotiques liés à une contraception du même ordre.

    Médiatisation extrême, discrédit jeté sur la pilule contraceptive, laboratoires montrés du doigt (car les pilules de 3ème [G3] et 4ème génération [G4] sont, certes, mieux tolérées au quotidien, mais plus onéreuses), médecins généralistes jugés incompétents pour les prescrire, abandon de la contraception par les femmes inquiètes dont la moitié prenaient ces G3 ou G4.

    Panique à bord pour la ministre de la Santé qui entrevoit le spectre des scandales du sang contaminé et du médiator (qui ont été le fait des défaillances des autorités de contrôle) et prend comme décision d’avancer la date de déremboursement des G3 et G4. Il n’y a pas de petites économies, d’autant plus que le coût des avortements vient d’être pris totalement en charge et que leur nombre augmente déjà depuis ce vent de panique. Décision curieuse, car de deux choses l’une : ou les G3 et G4 sont dangereuses par rapport à leur intérêt et il faut les retirer du marché, ou ce n’est pas le cas et il faut continuer à les prendre en charge, au besoin en encadrant leur prescription.

    Or, on sait depuis toujours que la contraception orale comporte un risque de thrombose surtout veineux mais aussi artériel. Ce risque est plus élevé chez certaines, en particulier lorsqu’il existe une anomalie de la coagulation comme ce fut le cas chez cette jeune femme dont l’accident a déclenché l’affaire (anomalie plus ou moins passée sous silence par les médias). Mais pour dépister une telle anomalie, il faudrait réaliser des examens sanguins approfondis, ce qui n’est guère possible pour chaque candidate à la contraception orale et on est obligé en pratique de se contenter de l’interrogatoire (antécédents personnels et familiaux) et de quelques examens de base.

    Toutes les méthodes de contraception comportent des risques, mais les complications possibles sont inférieures à celles des avortements (225000 en France) ou à celles des grossesses (où le risque de phlébites est plus élevé).

    En 27 ans et pour des millions de femmes, il a été déclaré 567 cas d’effets indésirables pour les pilules contraceptives et malheureusement 13 décès survenus presque tous chez des femmes atteint d’une anomalie de la coagulation de détection difficile, 7 utilisaient une pilule G1 ou G2 et 6 une pilule G2 ou G4.

    Le risque serait doublé avec les G3 et G4 par rapport aux G2, c’est impressionnant, mais le risque absolu est faible passant de 2/10000 à 4/10000 (dont 2% d’accidents graves), estimation peut-être même discutable car faite à partir de registres (qui introduisent de nombreuses causes d’erreurs). A noter que l’on déplore 12 décès pour 100000 femmes enceintes.

    Avec cette médiatisation d’un accident iatrogène chez une femme qui n’aurait pas du être mise à une contraception orale et la réaction un peu affolée de la ministre de la Santé (se tournant même, mais en vain, vers la commission européenne), les médecins se voient déjà accusés d’avoir prescrit un poison, avec la permission sûrement achetée des autorités de contrôle, et conséquence funeste, les avortements augmentent après abandon de la pilule contraceptive par des femmes terrorisées.

    A quand le prochain scandale et la prochaine plainte en justice à l’occasion d’une complication iatrogène ? Le Vidal et les notices qui accompagnent les médicaments regorgent de possibilités. Pour la contraception, on peut toujours essayer de l’homéopathie.


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  • LeNain Repas de paysans

    Les anglo-saxons comprennent mal pourquoi les Français, dont les habitudes alimentaires privilégient les bons repas souvent riches en graisses comme dans le sud-ouest de l’hexagone connu pour ses confits et ses foies gras, sont proportionnellement moins frappés par les affections cardiovasculaires qu’eux. On sent de leur part non seulement de l’agacement mais une pointe de jalousie : comment peut-on manger avec plaisir des aliments savoureux à si bon compte ? Aussi recherchent-ils le secret de ce « french paradox ». Quelles sont les bonnes habitudes alimentaires suivies par les Français qui leur seraient spécifiques et qui viendraient contrebalancer les mauvaises ?

    La France étant le pays du vin et sa consommation restant élevée dans le pays, c’est à lui que l’on attribuait jusqu’à présent l’origine du paradoxe, aidé en cela par des médecins bordelais. D’où le conseil de boire un ou deux verres de vin par jour, l’effet bénéfique étant attribué aux antioxydants naturels qu’il contient et à l’élévation du « bon » cholestérol qu’il favorise.

    Il semble que les anglo-saxons ne se contentent pas de cette explication qui encourage à boire de l’alcool en même temps que des antioxydants. La France étant aussi le pays des fromages et les Français des amateurs comblés par leur diversité, le fromage n’aurait-il pas aussi un effet favorable ?

    Or, la revue Medical hypotheses a révélé, en cette fin d’année propice aux agapes, les résultats d’une étude menée par deux britanniques (de Cambridge), constatant que le roquefort serait très efficace contre les maladies cardiovasculaires et serait même un des facteurs de longévité des Français. Etonnant, n’est-il pas ? Ce fromage possèderait des propriétés anti-inflammatoires qui seraient d’autant plus élevées qu’il est mûr. Autrement dit, plus il est « à  cœur », plus il protègerait le vôtre.

    Même si ces propriétés anti-inflammatoires existent, comme semble le démontrer cette étude, il y a encore là un paradoxe dans le paradoxe car le fromage est particulièrement gras (le roquefort contient 33,2 gr de lipides – dont 0,135 gr de cholestérol - pour 100gr).

    Par ailleurs, les deux chercheurs britanniques s’imaginent peut-être que tous les Français et surtout les Françaises mangent quotidiennement du roquefort ou un autre fromage « moisi » pour expliquer leur longévité (avec en moyenne 84,80 ans, les Françaises sont les européennes ayant la longévité la plus élevée, elle est de 81,30 ans pour les femmes britanniques). Il est vrai que les Français mangent plus souvent du fromage que des cuisses de grenouille.

    Quoi qu’il en soit, il est certain que fromage et vin sont complémentaires : un Français qui sait vivre ne dégusterait pas un bon fromage sans l’accompagner d’un verre de vin rouge.

     

    Les frères Le Nain : « Repas de paysans »


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  • Le 14 juin dernier, Marisol Touraine, lors de la journée mondiale du don du sang, estimait que pouvait (et même devait) être mis fin à l'interdiction qui pèse sur les homosexuels de donner leur sang, et on vit fleurir des affiches sur la toile aux alentours du 14 juin, se réclamant des 25 000 donneurs potentiels laissés à la porte des centres de don.

    La ministre de la Santé vient de faire marche arrière en se remettant dans le bon sens, et a finalement maintenue l’interdiction (suivant ainsi les précédents ministres). Ce qui a amené la déclaration suivante de Sergio Coronado, député d'Europe Ecologie-Les Verts : "Alors même que le gouvernement avance vers l'égalité des droits avec l'ouverture du mariage pour tous les couples, c'est une véritable discrimination d'Etat que vient d'entériner la ministre de la Santé"… Il est temps de cesser ces discriminations nocives pour la santé publique et le vivre-ensemble", en soulignant qu'il s'agissait d'une promesse de campagne de François Hollande.

    Ce monsieur a le toupet de parler de santé publique, alors que la levée de l’interdiction, selon des estimations récentes, multiplierait le risque de transmission du virus du sida par 4 lors d’une transfusion (voir « Bonnes nouvelles »). En outre, parler de discrimination (« nocive » !) est parfaitement ridicule : le don du sang n’est pas un droit mais une offre généreuse et seul le corps médical devrait pouvoir juger de  son opportunité, n’est-il pas ahurissant que les politiques et les groupes de pression ne cessent de s’en mêler ? L’interdiction est  largement étayée par les constatations actuelles (voir l'encadré, mais elles peuvent changer dans l’avenir) et ne cherche aucunement à nuire aux personnes visées. Il s’agit avant tout d’un problème médical : protéger la population contre une infection. Isoler un malade contagieux n’est pas une discrimination du malade en tant qu’être humain, mais une protection des autres. Un navire que l’on met en quarantaine n’est pas une discrimination des passagers, mais un isolement des porteurs possibles d’une maladie contagieuse, parmi ces passagers certains ne sont pas atteints mais ils risquent de l’être  ou de transmettre la maladie, d’où leur isolement obligatoire. La situation est semblable pour les homosexuels masculins, environ 60% d’entre eux n’ont pas ou n’ont plus de comportements à risque, mais la difficulté est d’en être certain, et la prudence s’impose, n’en déplaise à ce député écologiste aux déclarations farfelues.

    D’ailleurs, nombre d’homosexuels se révèlent plus sensés que des politiques comme Mr Coronado. C’est ainsi que l'association Aides a déclaré en juin dernier : «le don du sang n’est pas fait pour démontrer l’égalité des droits». Christian Saout ancien président d'Aides a souligné pour sa part : « Ne mélangeons pas tout. Vous verriez l’effet dévastateur si quelqu’un se révélait contaminé après un don du sang positif donné par un gay ».

     

    En France, en 2011 :

    - Environ 6 100 personnes ont découvert leur séropositivité au VIH. Pas de diminution par rapport aux années précédentes.

    - L’infection au VIH touche 3 fois plus les hommes que les femmes.

    - Les deux groupes les plus concernés sont les homosexuels masculins (40%), les découvertes étant pour eux en progression depuis 10 ans, et les hétérosexuel(le)s né(e)s à l’étranger (40%), dans 75 % des cas en Afrique Sub-Saharienne. Il faut y ajouter les utilisateurs de drogues IV.

    - Pour les homosexuels masculins les comportements à risque ont augmenté de 32% en 2004 à 38% en 2011, et l’incidence (nouveaux cas) de l’infection à VIH est chez eux 200 fois plus élevée que chez les hétérosexuels. La prévalence (nombre de cas dans la population) est 65 fois plus élevée. 19% des transgenres seraient séropositifs (Lancet 2012) 

    - Pour la syphilis (comme pour les autres maladies sexuellement transmissibles), le nombre de cas récents est en augmentation chez les homo-bisexuels masculins, qui représentent toujours la grande majorité des cas rapportés.


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