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    Des études aux USA et en France ont montré que la prescription de Truvada (association d'antirétroviraux) diminuait nettement (mais pas absolument) le risque d'une contamination par le virus du SIDA chez les homosexuels séronégatifs, aux multiple partenaires, notamment occasionnels, lorsqu'elle encadrait un rapport sexuel anal susceptible d'être contaminant, et non protégé par un préservatif.

    A la fin de mon article sur le sujet : 165. Convenance inconvenante, je me posais les questions suivantes :

    Doit-on appliquer un traitement, certes bien toléré mais qui n’est pas dénué d’effets secondaires, à des gens en bonne santé (séronégatifs) ?

    Doit-on le prescrire uniquement pour permettre à ceux qui sont le plus exposés à la contamination par le VIH de prendre des risques et de ne pas utiliser le préservatif ?

    Le bien-fondé du remboursement par la sécurité sociale se posera. Le prix du Truvada est de l’ordre de 500 euros pour 30 comprimés ! Faut-il pour satisfaire des convenances très personnelles (multiplicité des partenaires, rapports anaux) que le contribuable débourse 50 euros (3 comprimés) à chaque fois que le bénéficiaire éprouve l’envie de s’envoyer en l’air à son goût ?

    Il me semblait que poser la question, c’était déjà avoir la réponse. Mais je concluais que la polémique était à venir, car l’argument sérieux probablement avancé serait celui de l’intérêt de cette prophylaxie pour réduire le nombre de contaminations (ce que l’usage régulier du préservatif serait également capable de faire).

    La réponse de Marisol Touraine ne s'est pas fait attendre : et elle n'est pas celle que j'avais suggérée. Pour ma part, il me semblait aller de soi qu'il était préférable d'avoir un minimum de prudence et de se protéger par un préservatif, plutôt que de demander à la société de prendre en charge les frais de ses frasques sexuelles. Mais faire appel au sens des responsabilités (pour une fraction des homosexuels) c'est faire preuve d'une grande naïveté.

    Marisol qui ne semble pas supporter que les homosexuels masculins subissent la moindre contrainte dans l'épanouissement de leur libido, a préféré annoncer le 23 novembre 2015, la promesse du remboursement à 100% de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) pour le début 2016, répondant ainsi aux attentes pressantes des associations de lutte contre le SIDA qui s’étaient récemment exprimées. Dommage que cette promesse ne se soit pas concrétisée avant les fêtes de fin d'année, période particulièrement propice pour s'envoyer en l'air.

    Soulignons que la ministre de la Santé, court-circuite ainsi la procédure officielle qui supposait l’intervention de l’ANSM et de la Haute autorité de Santé (HAS) avant de prendre une décision. A noter également que s'il est envisagé de rembourse une trithérapie particulièrement coûteuse, il n'a jamais été envisagé de rembourser le préservatif, bien plus efficace et bon marché.

    Et ça va faire du monde, même si l'on ne suit pas les recommandations de l'OMS qui préconise la PrEP pour tous les homosexuels (HSH). Selon un rapport récent : « 1,6 % des hommes de 18 à 69 ans déclarent avoir eu au cours des 12 derniers mois des rapports sexuels avec une personne du même sexe et, dans l’enquête presse gays et lesbiennes 2011, 16 % des HSH non infectés par le VIH et 55 % de ceux ignorant leur statut sérologique disent avoir eu au moins une pénétration anale non protégée avec des partenaires occasionnels et sans aucune pratique de réduction de risque discernable dans les 12 derniers mois ».

    Par contre, le comité d’experts qui s'était penché sur les indications de la PrEP n'a pas recommandé sa mise en place au sein des couples hétérosexuels sérodifférents, dont la prévention passe pour lui par l’utilisation du préservatif et un traitement bien suivi.

    Encore une discrimination : que les hétérosexuels en couple mettent des capotes (ce sont donc des gens responsables), mais surtout pas les homosexuels dispersés et menacés. Comme c'est mignon !

    Cependant, en étant réaliste, et comme il est impossible d'imposer l'utilisation régulière du préservatif, dans leur propre intérêt, à des gens irresponsables, si l'on met en balance le coût du traitement chronique de l'infection à VIH, et le coût de la prophylaxie pré-exposition qui permettrait d'éviter un nombre conséquent de contaminations, le traitement "à la demande", même remboursé, pourrait peut-être se révéler plus avantageux sur le plan économique que son absence. Comme quoi les calculs sont parfois vicieux, mais j'ignore s'ils ont été faits.


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    Que faire d'autre sinon « Laisser pisser le mérinos » pour le vulgum pecus que nous sommes en ces temps perturbés où chacun d'entre nous ne peut guère avoir d'influence sur les événements si nous ne sommes pas aux responsabilités.

    Mais puisque nous parlons de laisser couler l'urine, certains d'entre vous pourraient peut-être vouloir le recueillir si l'on en croit l'article paru dans Planetesante.ch. Et dont je reproduis le texte ci-dessous.

    « Des millions de personnes dans le monde boivent leur urine afin de soigner tous leurs maux. Cette médecine alternative en vogue en Asie notamment, ne repose sur aucune base scientifique et n’est pas sans danger. Son attrait ne date pas d’hier. Dans l’Antiquité, l’urine était déjà parée de multiples vertus thérapeutiques, au point qu’Hippocrate, le père de la médecine, prônait son ingestion. Suscitant à la fois dégoût et fascination, ce liquide biologique a toujours fait l’objet de multiples croyances, comme celle défendue par le naturaliste romain Pline l’Ancien qui prétendait que l’urine d’eunuque rendait les femmes fécondes.

    Plus tard, au XVIsiècle, "la boisson d’or", comme on l’appelait alors, servait à confectionner des remèdes variés. Ambroise Paré, le pionnier de la chirurgie moderne, utilisait d’ailleurs ce liquide stérile pour désinfecter et cicatriser les plaies.

    Aujourd’hui, le recours à l’urine à des fins médicales est remis au goût du jour et porte le nom d’urinothérapie. Cette médecine alternative aurait déjà des millions de partisans dans le monde –surtout au Japon, en Allemagne et aux Pays-Bas– et son influence ne cesse de s’étendre en Europe. A lire les témoignages des adeptes, l’urine serait la panacée. Il suffirait de la boire ou de se l’injecter dans un muscle pour traiter le sida, le cancer, le diabète, la sclérose en plaque, l’asthme et bien d’autres maladies. Ou encore de l’étaler sur sa peau pour soigner ses problèmes dermatologiques.

    Le pape de cette méthode, le Néerlandais Coen Van der Kroon, considère en effet que l’urine est un véritable «élixir de vie» (c’est le titre du Guide complet d’urinothérapie qu’il a publié aux éditions Jouvence). Selon lui, les reins produisent des substances qui, une fois réintroduites dans l’appareil digestif, auraient des effets bénéfiques. Notamment des produits qui fortifient le système de défense de notre organisme.

    "Il est vrai que l’urine renferme des composants du système immunitaire, comme des cytokines produites par les globules blancs, commente Olivier Bonny, médecin-associé au service de néphrologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Mais cela ne signifie pas que, lorsqu’on boit son urine, ces substances peuvent être réabsorbées par le corps".

    Les partisans de cette méthode partent aussi du fait que le fœtus qui se développe dans le ventre de sa mère est plongé dans le sac amniotique constitué à 80% d’urine et que celle-ci contient des sels minéraux, des acides, des hormones, des enzymes et des vitamines. Un argument qui ne convainc pas le néphrologue du CHUV. "L’urine présente dans le liquide amniotique évolue dans un milieu stable et fermé. Elle ne ressemble pas à celle que nous produisons, dont la composition varie sans cesse en fonction de notre métabolisme".

    Une chose est sûre: il n’y a aucune base scientifique prouvant les bienfaits de l’urine sur la santé. "Il y a bien eu une lettre de lecteur, publiée dans la revue médicale réputée The Lancet, rapportant deux cas de cancer du foie traité par l’urée, constate Olivier Bonny. Mais il ne s’agissait que d’observations qui n’étaient pas fondées sur des critères scientifiques". C’est un peu bref pour extrapoler et en déduire que l’urine guérit du cancer. "Si le corps élimine certaines substances par l’intermédiaire de l’urine, cela signifie qu’il n’en a pas besoin, souligne le spécialiste. Je ne vois donc pas l’utilité de les ingérer à nouveau".

    D’autant que cette pratique n’est pas sans risque. Certes, de nombreuses histoires circulent à propos de ces soldats perdus dans le désert et privés d’eau qui ont réussi à rester en vie en consommant leur urine. Cela leur a permis de tenir quelques jours. Toutefois, "si l’on réingurgite les déchets éliminés, on peut s’intoxiquer". En outre, remarque Olivier Bonny, "lorsque l’urine contient des agents pathogènes, elle devient une source d’infections potentielle". En prendre un verre de temps en temps, passe encore. Mais le faire régulièrement ou ne boire que cela peut avoir de fâcheuses conséquences.

    191. « Laisser pisser le mérinos »Pour prouver les bienfaits de l’urinothérapie, les partisans de la méthode soulignent que les laboratoires pharmaceutiques n’hésitent pas à tirer de l’urine certains médicaments. C’est vrai. La gonadotrophine (hormone utilisée dans la procréation assistée) a longtemps été extraite de l’urine de femmes enceintes. Ce mode de production est désormais abandonné car, pour éviter d’éventuelles contaminations, on préfère maintenant produire cette hormone à l’aide des biotechnologies. Quant à l’urokinase, elle doit son nom au fait qu’elle a, pour la première fois, été isolée de l’urine. Cette enzyme, employée pour dissoudre les caillots sanguins, est encore aujourd’hui parfois extraite de l’urine humaine.

    Toutefois, les laboratoires ne se contentent pas de séparer la substance qui les intéresse du liquide biologique. Ils prennent soin aussi de la purifier, ce que l’on ne fait pas en buvant son urine »

    François Boucher : « Toilette intime ou une femme qui pisse »


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    En avril 2015, le Comité Consultatif national d'éthique (CCNE) s’était déclaré favorable au maintien des restrictions pour le don de sang par les homosexuels masculins, restrictions qui datent de 1983 et étaient fondées sur la forte prévalence du VIH dans cette population (jusqu’à 70 % dans certaines cohortes américaines) et ont été maintenues en raison de l’existence d’une "fenêtre sérologique silencieuse" où les tests de dépistage peuvent s'avérer négatifs alors que le sang prélevé est contaminé. Cette « fenêtre » peut durer de 3 à 6 semaines, mais en cas de traitement prophylactique, elle peut durer 3 mois.

    On comprend la position du Comité Consultatif national d'éthique lorsque l'on jette un coup d'oeil sur l'encadré ci-dessous :

    En France, en 2011 :

    - Environ 6 100 personnes ont découvert leur séropositivité au VIH. Pas de diminution par rapport aux années précédentes.

    - L’infection au VIH touche 3 fois plus les hommes que les femmes.

    - Les deux groupes les plus concernés sont les homosexuels masculins (40%), les découvertes étant pour eux en progression depuis 10 ans, et les hétérosexuel(le)s né(e)s à l’étranger (40%), dans 75 % des cas en Afrique Sub-Saharienne. Il faut y ajouter les utilisateurs de drogues IV.

    - Pour les homosexuels masculins les comportements à risque ont augmenté de 32% en 2004 à 38% en 2011, et l’incidence (nouveaux cas) de l’infection à VIH est chez eux 200 fois plus élevée que chez les hétérosexuels. La prévalence (nombre de cas dans la population) est 65 fois plus élevée. 19% des transgenres seraient séropositifs (Lancet 2012) 

    - Pour la syphilis (comme pour les autres maladies sexuellement transmissibles), le nombre de cas récents est en augmentation chez les homo-bisexuels masculins, qui représentent toujours la grande majorité des cas rapportés.

    Les homosexuels masculins ne sont pas les seules populations à avoir plus de risque d'être contaminées. Ce n'est pas l'homosexualité elle-même qui est en cause (cela ne concerne pas par ex. les lesbiennes) mais les pratiques sexuelles (multiplicité des partenaires, rapports anaux) qui peuvent très bien être le fait des hétérosexuels.

    Le CCNE en avril dernier a tenu compte, pour conseiller le maintien de la prohibition, de travaux récents qui estiment que la levée de l’interdiction multiplierait le risque de transmission du virus du sida par 4 lors d’une transfusion.*

    Mais voilà, cette « réforme » était une promesse de campagne de François Hollande et une demande de longue date des associations LGBT.

    Et hier, le 4 novembre 2015 - Le ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, a annoncé, dans les colonnes du Monde, la levée progressive de l’interdiction du don du sang pour les homosexuels. Elle a expliqué vouloir « procéder par étapes » : « Dans un premier temps, le don du sang sera ouvert aux homosexuels n’ayant pas eu de relations sexuelles avec un autre homme depuis douze mois. Les homosexuels pourront donner leur plasma s’ils sont dans une relation stable depuis quatre mois ou s’ils n’ont pas eu de relations sexuelles sur la même période... » en concluant :« C’est la fin d’un tabou et d’une discrimination ».

    Evidemment, cette condition préalable d'abstinence pendant un an a bien fait rigoler les homosexuels (du moins, je le suppose) sur la toile. Voici quelques gazouillis relevés par le Huffington post :

    - "Si je comprends bien, c'est ok pour les gays qui seraient croyants mais pas pratiquants. Le ridicule n'est pas loin!"

    - "deux couples mariés monogames l'un hétérosexuel et l'autre gay pas traités de la même façon: discrimination"

    - "Proposons aux hétéros de faire aussi un pas en pratiquant l'abstinence 1 an avant leur don de sang"

    - "Un an d'abstinence !? Est-ce qu'ils peuvent ajouter ne pas avoir de moustiques dans sa chambre"

    - "[Dernière minute] Pour donner leur sang, les homosexuels devront au préalable avoir résolu le conflit israélo-palestinien"

    - "Conditions aux homos pour le don du sang : - 1 an d'abstinence sexuelle - Manger un nombre impair de grains de riz sur les 6 derniers mois"

    - "Seul les embryons clonés de moins de 12 mois et nourris au lait d'amande Bjorg pourront donner leur sang, d'après Marisol Touraine".

    Si ces gazouillis ne manquent pas d'esprit, ils dénotent une certaine confusion des problèmes.

    D'abord, de quoi s'est mêlé le candidat Hollande en promettant la levée de l'interdiction ? Quelle est sa capacité pour juger des modes de contamination d'une maladie infectieuse ? Depuis quand donner son sang est-il un droit ? Depuis quand prendre des précautions vis à vis d'une population pour éviter la propagation d'une pandémie est-il une discrimination de cette population ? Comme l'avait d'ailleurs déclaré l'association Aides en juin 2012 à rebours des réactions actuelles : « le don du sang n’est pas fait pour démontrer l’égalité des droits»**

    Le don du sang n’est pas un droit mais une offre généreuse et seul le corps médical devrait pouvoir juger de son opportunité, n’est-il pas ahurissant que les politiques et les groupes de pression ne cessent de s’en mêler ? L’interdiction est  largement étayée par les constatations actuelles (mais elles peuvent changer dans l’avenir) et ne cherche aucunement à nuire aux personnes visées. Il s’agit avant tout d’un problème médical : protéger la population contre une infection. Isoler un malade contagieux n’est pas une discrimination du malade en tant qu’être humain, mais une protection des autres. Un navire que l’on met en quarantaine n’est pas une discrimination des passagers, mais un isolement des porteurs possibles d’une maladie contagieuse, parmi ces passagers certains ne sont pas atteints mais ils risquent de l’être ou de transmettre la maladie, d’où leur isolement obligatoire. La situation est semblable pour les homosexuels masculins, environ 60% d’entre eux n’ont pas ou n’ont plus de comportements à risque, mais la difficulté est d’en être certain, et la prudence s’impose.

    Le principe de précaution n'est-il pas inscrit dans la Constitution ? Il semble qu'il soit à géométrie variable selon l'influence des groupes de pression.


    * D’après le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) qui avait consacré son numéro du 23 octobre 2012 à la sécurité des produits sanguins, si tous les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) s’abstiennent de donner leur sang le risque de transmettre le virus du sida serait de 1 sur 5700000 dons. Entre 2008 et 2010, 28 séroconversions sont survenues chez les donneurs réguliers, 23 étaient de hommes et 12 d’entre eux ont admis a posteriori leurs rapports sexuels réguliers avec des hommes, de ce fait, le risque actuel est estimé a 1 sur 2900000. En excluant du don de sang que les homosexuels multipartenaires au cours des 12 derniers mois, le risque pourrait s’élever au pire à 1 sur 700000, soit 4 fois plus élevé qu’aujourd’hui.

    ** Le président actuel de Aides a réagit de la même façon :« Le don du sang n’est pas un droit, c’est un geste de solidarité qui doit d’abord assurer la sécurité des receveurs. Or, cette avancée par étapes s’explique. Déjà par la prévalence du sida chez les homosexuels qui représentent encore 40 % des nouvelles contaminations chaque année. En outre, on ne dispose pas de données scientifiques suffisantes concernant le don du sang dans cette population ». Une réaction de bon sens.


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    En lisant un article de Pierre Barthélémy rapportant une étude récemment parue ICI, j'ai appris (il n'y a pas d'âge pour combler ses multiples lacunes) que des travaux auraient montré ICI qu'il existerait une zone particulière du cortex préfrontal impliquée dans l'identification des menaces et l'élaboration des réponses à y apporter. Devant une menace comme l'évocation de la mort, l'isolement ou le sentiment de ne pas comprendre la situation, cette région du cerveau s'activerait et serait associée à une réaction de repli identitaire sur son groupe social, ethnique ou religieux ou bien à un désir de punir ceux qui violent la norme.

    Que devant une menace, et chaque jour le montre, les individus cherchent refuge dans le groupe dont ils font partie, qu'il soit social ou ethnique et/ou se raccroche à une idéologie notamment religieuse est une évidence. Qu'ils cherchent à défendre cette identité est compréhensible, même si cette défense peut devenir meurtrière, mais qu'un groupe de neurones situé dans le lobe préfrontal soit spécialisé dans cette conservation de l'identité en tant que défense lors des conflits est tout de même étonnant.

    D'où l'idée qu'ont eu des chercheurs de l'université de Los Angeles et de l'université d'York (Royaume-Uni), de désactiver temporairement cette zone à travers le crâne par des impulsions magnétiques pour voir si, en présence d'un contexte angoissant ou de ce que les sujets testés considèrent comme une menace étrangère, ceux qui étaient "neutralisés" auraient moins tendance aux replis religieux et identitaires et à moins d'hostilité envers la menace supposée.

    Effectivement, en neutralisant la « zone identitaire » et de gestion des menaces, ces chercheurs ont obtenu des résultats allant dans ce sens, mais le faible nombre de sujets testés (une quarantaine) et une méthodologie critiquable invitent à la prudence.

    Quelles que soient les critiques que l'on peut formuler à l'égard de cette étude, elle est est tout de même troublante. Cette zone préfrontale est-elle le fruit de l'évolution, faisant partie des structures et des comportements liés à « l'instinct de conservation » ? ou s'est-elle spécialisée secondairement à nos comportements ? Et peut-on considérer la religion comme une défense ? Peut-être l'est-elle face à la mort (ce qui n'empêche pas les croyants d'avoir peur de la mort), mais l'histoire démontre que la religion est identitaire au point de se comporter davantage comme une idéologie agressive que comme une idéologie protectrice.


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  • 188, Ras le bol alimentaire

    L'écrivain américain James Salter avait écrit un livre intitulé : « Chaque jour est un festin » où il glorifiait l'art de la table. « Le repas est l'acte essentiel de la vie » disait-il, avant d'ajouter : « ...c'est le prélude à l'amour » (le sexe avait tout de même sa préférence).

    Par les temps qui courent (et ils courent vite) on pourrait paraphraser son titre en disant : « chaque jour est une ordonnance ».

    « Dans un document publié hier [le 26/10/15] dans la revue médicale The Lancet Oncology, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), annonce le classement de la viande transformée (par salaison, fermentation, fumaison...) comme "cancérogène pour l'homme" (groupe 1, c'est à dire au même titre que le tabac, l'alcool ou l'amiante), et de la viande rouge (viande de mammifères) comme "probablement cancérogène" (groupe 2A). Cette décision fait suite à des études épidémiologiques qui ont établi un lien entre la consommation de viande et de légères augmentations du risque de plusieurs cancers. » C'est moi qui ai souligné le « probablement » et le « légères » pour montrer la relativité de cette déclaration alarmiste diffusée par les médias.

    On a même eu droit à un calcul du nombre de décès par cancer - 50000 - provoqués annuellement par les régimes riches en viande rouge ( Global Burden of Diseases Project). 50000 sur 7 milliards de terriens ?

    Ne nous faisons aucune illusion, ce que nous mangeons, inconscients que nous sommes, nous donne soit le cancer, soit une maladie cardiovasculaire, l'un n'excluant pas l 'autre. Mais a contrario, ne rien manger, comme dans l'anorexie mentale, donne des os mais qui ne deviennent pas vieux.

    Nous sommes des omnivores avec un nécessaire équilibre entre les protéines d'origine animale et celles d'origine végétale. Est-on certain de vivre plus vieux en se transformant en herbivores ? Les végétaliens vivent-ils plus vieux que les non végétaliens ? On peut en douter étant donné le nombre de carences provoquées par l'exclusion de tout apport de protides d'origine animale et qu'il est nécessaire de compenser pour ne pas tomber malade.

    Ne pas manger de viande aurait surtout l'intérêt de supprimer en particulier les bovins et leur dégagement de gaz qui contribue au réchauffement climatique.

    Bien sûr, on peut manger de tout (sauf maladie spécifique) mais de façon équilibré. Manger un kilo de viande rouge par semaine ou ne manger que de la charcuterie est manifestement excessif. Mais de là à multiplier les messages sanitaires plus anxiogènes que sains ressort d'un interventionnisme médical qui finit par être intolérable et inutile. Manger et respirer sainement va devenir de plus en plus difficile.

    Il faut savoir que vivre est dangereux, la preuve est que l'on en meurt.

    Arcimboldo : "Cuisinier"


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    BOUGER

    Pour éviter les effets délétères de la sédentarité, l’OMS préconise de marcher environ deux heures par jour (10000 pas). Pas facile lorsque l’essentiel de l’activité quotidienne se déroule pour nombre d’entre nous assis devant un bureau.

    Des chercheurs du King's College de Londres ont analysé 38 études évaluant différentes stratégies pour éviter la position assise au bureau. Parmi les 23 interventions retenues signalons :

    - La mise en place de postes de travail permettant de rester debout.  

    - Enregistrer le temps passé assis et programmer un signal lorsque le moment est venu de se lever.

    - Installer des bureaux à pédales. Cette méthode testée par des chercheurs de l'Université de l'Université de l'Iowa a permis de constater que les participants pédalaient en moyenne 50 minutes par jour et le dispositif a été associé à une perte de poids. A mon avis on pourrait compléter ce dispositif par une dynamo permettant de produire de l’électricité propre.

    CHANTER (ou pour respecter l’entourage : ECOUTER)

    Le mieux serait de chanter (ou d’écouter, les nouvelles générations étant nées avec des écouteurs greffés dans les oreilles) en pédalant. Mais attention ! Pas n’importe quoi. D’après  le Dr Jacob Jolij, la recette d’une chanson qui met en forme et de bonne humeur serait : des paroles positives, un tempo très précis – de 150 battements par minute, et des notes en gamme majeure.

    (Voir également l’article « 97. Conseils agréables »)

    Voici le classement des 10 "feel good songs"

    1 – Don’t Stop Me Now, Queen (1978) 2 – Dancing Queen, Abba (1976) 3 – Good Vibrations, Beach Boys (1964) 4 – Uptown Girl, Billy Joel (1983) 5 – Eye of the Tiger, Survivor (1982) 6 – I’m a Believer, The Monkees (1967) 7 – Girls Just Wanna Have Fun, Cyndi Lauper (1983) 8 – Livin’ on a Prayer, Jon Bon Jovi (1986) 9 – I Will Survive, Gloria Gaynor (1978) 10 – Walking on Sunshine, Katrina & The Waves (1983)

    Les classiques des années 1970-80 – particulièrement du registre rock – semblent donc rassembler tous les suffrages.

    Bien sûr, cette étude étant britannique à partir du sondage de 2000 Anglais, les chansons sont anglo-saxonnes. Il est vrai que le bureau à pédales l’est également.

    187. Pour être en forme


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    Une étude parue dans la revue PLoS ONE avait pour objectif la comparaison des odeurs exhalées par des cadavres en décomposition de nombreuses espèces (porc, taupe, lapin, tortue, grenouille, divers poissons, oiseaux… et être humain).

    Les morceaux de chair avaient été enfermés dans des bocaux pendant plusieurs mois, bocaux nauséabonds que l’on ouvrait périodiquement pour l’analyse des gaz libérés.

    Les chercheurs sont parvenus à identifier plusieurs composés chimiques volatils propres à la chair humaine en décomposition, identification dont le but (car on pouvait à juste titre se poser la question) est de pouvoir repérer des cadavres humains lors des catastrophes naturelles afin de les exhumer et leur offrir une sépulture décente.

    452 composés organiques émis lors de la décomposition ont été comparés. Chaque espèce a son panel spécifique. Cinq composés sont spécifiques de la chair humaine, mais l’odeur la plus proche de l’homme mort est l’odeur du porc mort : huit composés ont été exclusivement trouvés pour la chair de l’homme et celle du porc.

    Il faut croire que nous avons quelques similitudes avec le cochon : pourcentage similaire de graisse corporelle et de poils, bactéries semblables dans les intestins, anatomie proche et les valves cardiaques porcines (un peu modifiées tout de même) peuvent être greffées chez l’homme.

    Cette étude montre que si le porc est semblable à nous dans la vie même lorsqu’il sommeille, il l’est également dans la mort en pourrissant comme nous. 

    En regardant un cochon, on peut  d’ailleurs constater  qu’il est aussi nu que nous.

    Je me suis toujours demandé pourquoi les textes fondateurs du judaïsme et de l’islam interdisaient de manger du porc.

    Ne serait-ce pas pour éviter le cannibalisme ?

    186. Notre cousin le porc


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    Nous baignons dans les champs électromagnétiques (CEM) d’origine multiple : radio, micro-ondes, téléphones portables, wi-fi… dont nous ignorons la nocivité réelle, mais jusqu’à présent elle n’a jamais été mise en évidence. Cependant, des gens se plaignent (et c’est une souffrance réelle) d’être « électro-sensibles » et de ressentir des troubles difficiles à cerner en raison même de leur profusion puisque 55 symptômes différents ont été recensés dans une étude en 2005, mais également de leur nature subjective, allant des sensations de picotements aux vertiges en passant, bien sûr, par la lassitude. 46 études portant sur 1175 volontaires n’ont pas permis d’établir un lien entre ces symptômes et les CEM, et dans certaines d’entre elles, les mêmes troubles ont été provoqués par des expositions simulées (effet nocebo). (Lire la suite de l’article « 107. Les ondes maléfiques »).

    Début juillet, pour la première fois en France, le Tribunal du contentieux de l'incapacité (T.C.I.) de Toulouse, se basant sur une expertise médicale (je serais curieux d’en connaître la teneur), a jugé qu’une plaignante, Marine Richard, souffrait d'un syndrome dont « la description des signes cliniques est irréfutable ».

    Le T.C.I., a évalué sa déficience fonctionnelle à 85%, et a estimé qu'elle ne pouvait pas travailler. Il lui a été accordé le droit à une allocation pour adulte handicapé - environ 800 euros par mois - pour trois ans, éventuellement renouvelable.

    La plaignante se disait électro-sensible et accusait les ondes électromagnétiques de provoquer ses troubles non spécifiques car retrouvés dans un grand nombre d’affections.
    Ceux qui se déclarent « hypersensibles » citent souvent les antennes-relais, portables, téléphones sans fil ou wifi comme causes directes de leurs maux, mais l'hypersensibilité n'est pas reconnue officiellement en France comme maladie et fait l'objet de controverses entre experts.

    A noter ici que la justice a statué sur le taux d’invalidité de la plaignante en raison de ses symptômes. Il ne s’agissait pas de juger si les symptômes en question étaient dus - ou non - aux ondes électromagnétiques.

    Même si la relation de cause à effet ne fait pas partie du jugement, il risque néanmoins de faire jurisprudence : « Cette reconnaissance par la justice est une grande première en France », a commenté Etienne Cendrier, porte-parole de l’association Robin des Toits qui milite pour la sécurité sanitaire dans les technologies sans fil. « C'est une percée », a ajouté Marine Richard.

    Mais il est à craindre que dans cette percée vont s’engouffrer les simulateurs à la recherche d’une pension d’invalidité puisque cet handicap peut fort bien être simulé, et les névrotiques à la recherche d’une cause précise à leurs troubles.


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    En cette période de vacances où des familles entières se déplacent loin de chez elles pour loger, pour un temps heureusement bref, dans des lieux bien moins confortables et en général plus réduits que ceux où elles ont l’habitude de vivre, je voudrais ici les mettre en garde contre une conséquence possible de la promiscuité imposée par l’exiguïté des locaux.

    Plus souvent que chez soi, les sanitaires se trouvent dans la salle de bains et de ce fait les brosses à dents sont proches de la cuvette des WC.

    Des scientifiques de l’université de Quinnipac (Etats-Unis) se sont penchés sur les implications de cette proximité, et ils ont conclu que les individus qui partagent la pièce auraient 60 % de risques d’utiliser une brosse à dents contenant des matières fécales, mais pas forcément les leurs : 80 % des matières fécales retrouvées sur les brosses à dents ne seraient pas celles de leur propriétaire respectif, et elles contiennent des bactéries, des virus et des parasites qui n’appartiennent pas à la flore du propriétaire de la brosse à dents. Ce qui aurait pour conséquence, d’après les auteurs de cette étude, la survenue possible de troubles divers comme de l’eczéma, des diarrhées, ou des otites

    En fait, l’explication est très simple. Lorsque la chasse d’eau est tirée, des microparticules se libèrent et vont se poser un peu partout dans la pièce.

    Inutile de protéger votre brosse à dents par un couvercle car ces abris de plastique seraient un environnement propice pour le développement des bactéries puisqu’ils empêchent les poils de sécher.

    La prévention est simple : baisser le battant des toilettes lorsque vous tirez la chasse d’eau !

    Mon devoir d’hygiéniste étant accompli, je vous souhaite de bonnes vacances.

    Le partage du « vivre ensemble »

    .

    Source : [Pourquoidocteur.fr]


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    Le Parisien révèle dans son édition du 10/08/15 que « Depuis mai, 300 médicaments s'affichent en rupture de stock sur les listings des fournisseurs… Selon l'Agence nationale de sécurité du médicament (ASNM), cette situation dure depuis 2008 et ne cesse de prendre de l'ampleur. Selon les chiffres de l'agence, les ruptures d'approvisionnement ont été multipliées par dix en sept ans »

    Serait à l'origine de cette pénurie, « la pratique du "contingentement", qui consiste à limiter volontairement le nombre de boîtes mises à disposition des grossistes pour les empêcher de vendre leurs médicaments à l'étranger. L'Académie nationale de pharmacie estime, quant à elle, que "14 % des ruptures de stocks de médicaments auraient pour origine une difficulté d'approvisionnement en matières premières ».

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    Il y a trois ans j’avais écrit l’article que je reproduis ci-dessous :

    Lorsque vous prenez un médicament vous pensez peut-être que celui-ci a été intégralement fabriqué et conditionné par le laboratoire qui le délivre et le vend. C’était en effet le cas autrefois où la fabrication était locale et totale (principes actifs, excipients, produits de conditionnement) et réalisée par un petit nombre d’acteurs connus et bien surveillés par les autorités sanitaires. Ce n’est plus le cas. Le médicament est devenu un produit de consommation comme un autre, soumis aux mêmes règles commerciales, où domine la rentabilité financière. Cette vision ultralibérale a abouti à une mondialisation où chaînes de production et de distribution se sont dissociées. Les principes actifs sont fabriqués là où la fabrication est la moins chère. C’est ainsi que pas un gramme de paracétamol (antalgique courant) n’est produit en Europe ! La Chine produit 40 à 50% des principes actifs des génériques destinés au marché européen. Heureusement, il existe pour l’Europe des inspections des sites mondiaux de production qui peuvent aboutir au retrait ou à la suspension des certificats de conformité à la pharmacopée européenne. Il est à noter que 75% de ces retraits ou suspensions ont concernés des sites chinois ou indiens. Toujours par un souci de rentabilité des médicaments anciens mais efficaces ne sont plus fabriqués car leur prix de vente est peu élevé et les bénéfices jugés insuffisants, surtout s’ils sont destinés à des maladies peu fréquentes.

    Cette mondialisation de la fabrication des médicaments et la concentration des lieux de fabrication ont une autre conséquence : la fréquence de plus en plus grande des « ruptures de stock ». En France, sur les 5 dernières années, ces pénuries de médicaments ont été multipliées par 10 et au premier semestre 2011, 31 bulletins d’alerte ont été lancé par l’Afssaps contre 4 en 2010 et 2 en 2009. Aux USA leur nombre est passé de 60 en 2006 à 220 en 2011. Ces ruptures ou arrêts d’approvisionnement concernent souvent des médicaments anciens et d’un coût faible et peu importe s’ils sont nécessaires ou au moins d’efficacité égale aux médicaments plus récents mais plus chers.

    A cela, il faut ajouter le commerce croissant des faux médicaments qui en 2010 a représenté 10% du marché pharmaceutique mondial, et 75 milliards de bénéfice pour les fraudeurs. Selon l’OMS, " 60% des cas de contrefaçon sont détectés dans des pays pauvres [où elle tue des milliers de personnes chaque année] et 40% dans des pays industrialisés" (50% des médicaments vendus sur internet seraient contrefaits : placebo ou produit toxique). En Europe, près de 3 millions de faux médicaments ont été saisis par les douanes en 2010 », 65000 boîtes ont été saisies en France en 2011 alors qu’auparavant la fraude était marginale. La fabrication de ces contrefaçons se fait de plus en plus à l’échelle industrielle, et un peu partout (Suisse, Inde, Chine…), alors qu’elle ne concernait que les produits dits « de confort », elle porte de plus en plus sur des médicaments destinés à des pathologies lourdes comme les cancers ou les maladies cardiovasculaires qui, elles, sont bien réelles. Un danger sanitaire en perspective surtout si les faux réussissent à s’infiltrer dans les réseaux officiels de distribution.


    Sources : « les Cahiers du médicament, la Revue du praticien de mai 2012 », Egora et AFP


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