• Casse judiciaire

    « Le pigeon » est un film italien de la fin des années 1950. Une comédie douce-amère comme les Italiens savaient le faire à l’époque, à la sortie de la guerre, marquée par une autodérision où le rire se mêlait à la tristesse avec une tendresse pour des héros à la dérive. Dans ce film, une bande de bras cassés font un casse cocasse pour ne trouver à la fin qu’un peu de nourriture, et je crois que c’est dans ce film, que je n’ai pas revu, qu’un des malfrats perce péniblement un trou dans un mur pour se retrouver face à face avec l’un de ses comparses qui, lui, est passé par une porte pour parvenir de l’autre côté du mur.

     Casse judiciaireJ’ai pensé à ce film après l’expédition d’une escouade judiciaire qui s'est livrée à une perquisition du bureau de Dupond-Moretti au ministère de la Justice, le 1er juillet, afin de mettre en examen leur ministre de tutelle, cherchant à le placer dans la position de coupable, peut-être pour s’en débarrasser et le secret désir de choisir un Garde des sceaux à leur convenance, alors qu’il fut apparemment victime d’écoutes téléphoniques litigieuses dans son activité précédente d’avocat. Une perquisition de 15 heures car il a fallu percer deux coffres-forts dont l’un était masqué et dont on ignorait l’existence, car personne n’avait leurs clefs, pour constater qu’ils étaient vides, sans la moindre nourriture pour consoler les pandores et les serruriers appelés à la rescousse. Le casse serait cocasse s’il ne s’agissait pas de l’institution judiciaire qui devrait rester au-dessus de tout soupçon et dont on attend la plus grande objectivité et la plus grande rigueur. Depuis le « mur des cons » sur lequel des magistrats avaient étalé sans vergogne leur subjectivité et leurs opinions politiques, on a l’impression que certains juges ne jugent pas, mais militent ou se vengent. Cette aventure un tantinet burlesque qui n’a pas soulevé de grandes vagues est tout de même un indice fâcheux de la déliquescence de nos institutions. Si personne n’est au-dessus des lois, il serait souhaitable que personne ne soit au-dessous des caprices judiciaires au point de ne pas s’en relever même si l'on est innocent. Illustration : Sébastien Schmitt : «Justice »

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 9 Juillet 2021 à 15:05

    Le pigeon m'avait beaucoup plu, mais j'avoue que je suis déçue qu'on n'ait pu trouver quelque chose contre ce gros plein de soupe arrogant !

      • Vendredi 9 Juillet 2021 à 15:11

        Arrogant, sûrement, innocent, peut-être.

    2
    Vendredi 9 Juillet 2021 à 16:40

    Oui je crois aussi qu'ils se sont fait pigeonner. Ca me rappelle un détail de l'affaire Clearstream. Les enquêteurs avaient saisi dans le bureau de Villepin un CD contenant des données chiffrées et Villepin affirmait (peut-être en feignant l'inquiétude)  avoir oublié le code. Persuadé qu'ils avaient là quelque chose d'important , ils ont mis de gros moyens en temps en hommes et en matériel pour réussir à déchiffrer... des poèmes de Rimbaud et de Verlaine. smile 

     

      • Vendredi 9 Juillet 2021 à 16:47

        De la poésie codée ? ça ne rime à rien.

    3
    Souris donc
    Vendredi 9 Juillet 2021 à 17:03

    Mais quelle idée d'avoir choisi Dupont-Moretti comme Garde des Sceaux. Un avocat, donc a priori antagoniste des magistrats (surtout des gauchistes du Mur des Cons). Un avocat brillant, qui s'est produit sur scène, où il a gagné ses galons de comédien en même temps que  300 000 € qu'aucun magistrat n'empochera jamais.

    Je suppose qu'il a un conseiller fiscal qui s'occupe de sa déclaration.

      • Vendredi 9 Juillet 2021 à 17:14

        Macron avait besoin d'un poids lourd au gouvernement.

      • Souris donc
        Samedi 10 Juillet 2021 à 10:22

        La réjouissante grande gueule caractérielle plait au Français moyen, justiciable potentiel, fan de Guignol. Tapant sur les petits pois politisés. 

      • Samedi 10 Juillet 2021 à 10:44

        Et les petits pois cherchent à renverser le gros poids.

    4
    Vendredi 9 Juillet 2021 à 21:14

    Quand Du Bellay écrivait: "France, mère des arts, des armes et des lois ...", on pouvait être fier.

    Maintenant, on a honte.

      • Vendredi 9 Juillet 2021 à 23:52

        Disons que c'est une mère prolifique pour ce qui concerne les lois.

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