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Bêtes techniciennes 4
Le téléphone portable est un bijou de technologie[1]. Qui n’a pas cet objet fétiche à portée de main ?...Les prisonniers. Ceux de la prison Danilo Pinheiro de Sorocaba au Brésil ont voulu réparer cette incapacité et ont fait appel à une bête : le pigeon. En mars dernier les gardiens ont découvert que des pigeons voyageurs apportaient dans des petites sacoches des téléphones mobiles en pièces détachées jusqu’au pénitencier et deux oiseaux ont été capturés en flagrant délit. Les prisonniers ont évidemment du temps pour apprendre aux pigeons nichant dans le pénitencier à transporter des paquets et il faut rendre hommage à ces volatiles pour l’aide, malheureusement interrompue, qu’ils ont apportée à l’humanisation des prisons.
Il est consolant de constater que dans un monde hyper-communicant, le pigeon voyageur est toujours là et ceci depuis sa promotion divine comme messager légendaire de Noé. Il a traversé les époques à tire-d’aile depuis l’Antiquité à nos jours, échangeant de la littérature épistolaire entre généraux ou annonçant quelque évènement aux gens impatients.
L’armée française, nostalgique, a, semble-t-il, conservé un colombier au Mont Valérien, à Suresnes et quelques colombiers mobiles. Des hôpitaux se serviraient du volatile véloce pour transporter des produits à analyser vers des laboratoires (de Granville à Avranches)[2]. La NASA lui ferait confiance pour transporter des « secrets-défense » (Il faut savoir que le pigeon voyageur ne sait pas lire, ceci explique cela) et l’US Navy, à Hawaï, a une école de pigeons héliportés, doués d’une excellente vue (les pigeons, pas les hélicoptères), pour le repérage et le sauvetage en mer.
J’interrompe ici ce survol sur le sujet pour aller chasser un pigeon qui se soulage sur le rebord de ma fenêtre. Personne n’est parfait.
[1] On ne dit plus « technique », mais « technologie », ça fait plus riche, comme on ne dit plus « problème » mais « problématique », ça fait plus savant.
[2] Je n’ai pas vérifié la véracité de cette information un peu étonnante, mais j’avoue que j’aurais aimé exercer dans un hôpital utilisant des pigeons voyageurs. Il y a là une confiance aveugle dans la conscience professionnelle du volatile. J’imagine l’échange suivant : « Et quel est le résultat de mes analyses ? » - « Nous ne l’avons toujours pas reçu, le pigeon n’est pas encore arrivé, que voulez-vous, c’est le printemps… »
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Commentaires
Merci pour ce complément d'information, mais je voulais rester souriant (pour un fois !). Pour parler des animaux sacrifiés (en dehors des hommes), il y avait aussi les chiens bardés d'explosifs que les Russes envoyaient sous les tanks allemands pendant la dernière guerre mondiale.
Dr WOFinalement, les bonnes vieilles méthodes peuvent encore être utiles ! L'idée du pigeon parti roucouler au printemps au lieu de faire son travail de livraison m'amuse beaucoup.De la supériorité des pigeons sur les téléphones portables. Les oiseaux peuvent acheminer des téléphones mais on ne peut envoyer un pigeon par téléphone.Autre élément de supériorité du pigeon sur le téléphone : un portable usagé, on le jette, un pigeon usagé, on le fait aux petits pois (vous allez d'ailleurs finir par croire que je veux passer à la casserole toutes les bestioles de la création, mais c'est faux : juste celles qui se mangent !)Pangloss a de superbes coqs ! (je ne peux m'empêcher de rire car je pense à ce que vous pensez... on ne se refait pas !)Suivre le flux RSS des commentaires
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Il y a quelque temps, les américains connaissant l'extraordinaire sens de l'orientation des pigeons, ont expérimentés des missiles guidés par pigeon. Ficelé, face à un écran, le pigeon pouvait en tapant avec son bec, diriger le missile vers son objectif. C'était bien sur une mission suicide pour les volatiles.
Il y eut aussi des expériences de dauphins bardés d'explosifs pour détruire les sous marins, mais c'est une autre histoire...
Cordialement