•  

    Après une longue discussion, deux rabbins aboutissent à la conclusion que Dieu n’existe pas. Le lendemain l’un d’eux voit l’autre prier et surpris lui en demande la raison puisqu’ils avaient conclu tout deux à l’inexistence de Dieu et l’autre lui répond : « que vient faire Dieu là-dedans ? ».

     

    Cette histoire est plus profonde qu’il n’y parait. Dieu peut s’absenter dans les religions monothéistes. Certes on en parle beaucoup, il intervient sans cesse dans le langage, dans les prières (surtout chez les Juifs et les Musulmans, car dans le christianisme, il existe une concurrence déloyale de la Vierge et des saints) et plus souvent dans les jurons, mais moins dans la pratique religieuse elle-même.

    Le christianisme a trouvé une solution inspirée de la mythologie grecque : incarner Dieu dans un homme, comme Zeus s’incarnait parfois dans une forme terrestre pour vaquer à ses occupations parmi les mortels. Ainsi le fils de Dieu a une histoire, un corps et un visage qu’on lui attribue, bien qu’on ait de lui aucune représentation. Et Dieu le Père a disparu au profit de son fils par le tour de passe-passe de la Sainte Trinité. La personnification du Dieu chrétien, après le meurtre du Père, assure sa présence sous forme d’une idole torturée, humanisation et représentation rejetées par les Juifs et les Musulmans où la présence de Dieu n’est pas palpable, mais menaçante.

     

    « Que vient faire Dieu là-dedans ? ». Les religions pourraient fort bien se passer de Dieu. Elles consistent essentiellement à culpabiliser le croyant (dès sa naissance pour les chrétiens), à lui imposer des pratiques diverses, parfois saugrenues, à faire des promesses invérifiables qui n’engagent que ceux qui les écoutent et cette trinité : culpabilité – pratiques – promesses, assure l’emprise des prêtres sur le troupeau. Les croyants, pour se sentir moins coupables et fournir des preuves de leur fidélité, se plient aux impératifs que l'on prétend d'origine divine, en faisant pour la plupart le pari de Pascal : Et si Dieu existait ? On ne sait jamais.


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  • Voilà longtemps, sur le Boulevard Magenta, je tentais de me frayer un chemin en voiture à travers une manifestation. Curieux, j’ai demandé au manifestant qui semblait mener la danse, quel était l’objet de cette démonstration et se penchant à ma portière, il me répondit que c’était pour que l’on respecte sa religion musulmane (déjà !) en réaction à je ne sais quelle provocation. Le manifestant qui m’avait répondu ne paraissait pas arabe et j’ai appris par la suite qu’il s’agissait du fils, converti à l’Islam, de Maurice Thorez qui avait été le secrétaire général du parti communiste français, comme quoi l’esprit religieux se transmet de père en fils.

     

    Et je me suis posé la question : pourquoi devrais-je respecter une religion, quelle qu’elle soit ? C’est en tant que personne, et non en tant que croyant, que je respecte celui ou celle qui croit. Le respect de la personne ne s’étend pas à ses croyances ou à ses opinions, par contre, il y a des opinions qui conduisent à ne plus respecter la personne qui les proclame.

     

    La croyance religieuse n’est qu’une adhésion à une légende et à une conception métaphysique indémontrable, placée confortablement hors de la raison et de l’erreur. Si elles ont évidemment du sens pour celui qui croit, elles n’en a aucun pour celui qui ne  croit pas, ce qui ne l’engage pas à les respecter.

    Par contre, le respect de la personne implique de respecter la liberté du croyant à pratiquer ses rites, à condition qu’il les suive dans la sphère privée ou dans un temple et sans les imposer aux autres. Il doit rester en accord avec les lois d’un pays laïc et celles-ci n’ont pas à être modifiées pour satisfaire la croyance personnelle en des légendes et des rites, même s’ils sont anciens et partagés par des millions d’individus. Le nombre, s’il n’est pas un critère de véracité, reste une force de pression à laquelle l’espace laïc et commun à tous doit résister.

     

    Mais lorsque le croyant affirme qu’il ne fait qu’un avec sa religion, c’est  une incarnation lourde de conséquences. Dans ce cas, ne pas respecter les conceptions métaphysiques de quelqu’un, aussi insensées paraissent-elles, serait ne pas respecter sa personne. L’ironie sur les croyances devient l’ironie sur la personne qui les incarne, ce qui soulève sa colère. Critiquer les excès d’une croyance revient à critiquer celui qui les admet et qui prétend alors être stigmatisé. Le rejet par un croyant d’une autre croyance aboutit au rejet ou à l’élimination de ceux qui croient différemment.

    Et c’est ainsi que les conflits naissent lorsqu’on ne peut plus séparer la personne de ses croyances.

     

    Imam prêtre rabbin JR


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  • Un des fils de Khadafi est fréquemment apparu au début de la guerre en Libye, ironisant sur l'absence d'insurrection. Je me suis peu intéressé à son discours car j'ai été distrait par son crâne chauve. Je sais, c'est pour le moins léger. Mais voilà, je comparais le crâne dégarni du fils avec la chevelure abondante et noire de son père en me posant la question de la véracité de cette dernière (le crâne du fils me paraissant authentique). En matière de dissimulation, il faut s'attendre à tout de la part du colonel. Quelqu'un peut-il répondre à cette question existentielle ?

     

    Je ne suis jamais allé en Libye, contrairement aux hommes d'affaires au risque d'être kidnappés et aux infirmières au risque d'être emprisonnées. Ce n'est pas non plus dans mes intentions. Je ne peux évidemment me faire une idée du paysage que pas photos interposées, évidemment choisies par les photographes.

    Il me semble cependant qu'il s'agit essentiellement d'un grand désert flottant sur une nappe de pétrole, agrémenté de  grandes stations-service reliées à de gros tuyaux et de petites ruines romaines reliées à l’histoire.

    Depuis peu, le paysage s'est enrichi de carcasses plus ou moins fumantes de véhicules variés qui donnent du relief à la platitude du désert en transformant celui-ci en une vaste décharge sous un ciel immaculé.

    Ma vision de la Libye est forcément superficielle et probablement injuste. Quelqu'un peut- il me retirer le sable que j'ai dans les yeux ?

     

    Les insurgés n'avancent guère. Ils sont peu expérimentés et manquent d'armes. Mais ils sont enthousiastes. Ils tirent en l'air pour le montrer. Quelqu'un pourrait-il me dire pourquoi sont-ils assez stupides pour perdre ainsi des munitions ?


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  • Chacun peut constater que la plupart des publicités sont stupides, mais une campagne publicitaire n’a pas à être intelligente, son but est avant tout d’accrocher une marque au cerveau du spectateur. Prenons la publicité de Free basée sur des séquences débiles mettant en scène des personnes choisies pour leur laideur, elle s’accroche bien au cerveau (y compris au mien) par sa nullité même.

     

    Les publicités peuvent être mensongères, elles n’abusent que les crédules. En cette matière, la publicité pour les cosmétiques est assez rigolote. Non pas que les crèmes de soin soient inefficaces, elles sont bénéfiques pour la peau comme le cirage permet de faire briller, d’entretenir et de protéger le cuir, mais c’est la façon de présenter et d’expliquer leurs actions qui est hilarante. On invente des molécules aux noms ronflants capables de modifier la physiologie de la peau par des mécanismes fantaisistes, de pénétrer et de régénérer un cheveu de l’extérieur, alors que sa seule partie vivante est le bulbe situé à l’intérieur de la peau. Mais expliquer les choses sans introduire du mystère et de la magie ne ferait pas vendre.

     

    Botero-la-petite-fille.jpgCe qui est moins amusant, c’est qu’il n’a pas de limites à la commercialisation (le terme de marketing est plus sexy) qui consiste souvent à chercher à vendre à quelqu’un un truc dont il n’a pas besoin et en créant ce besoin. C’est ainsi qu’il vient d’être lancée par Walmart (numéro 1 mondial de la grande distribution) une nouvelle gamme de soins et de maquillage antioxydants et antirides (GeoGirl) destinée…aux fillettes de 8 à 12 ans !?

    J’évite de ricaner pour ne pas creuser mes rides dont je n’ai pas assuré inconsidérément la prévention dès  mon enfance, sans doute avais-je alors les préoccupations de mon âge plutôt que celle de la hantise de vieillir.

     

    Fernando Botero : « La petite fille »


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  • Libye-freedom.jpgDes trois dictateurs arabes bousculés par leur peuple, deux sont partis, lâchés par leur armée, le troisième va probablement rester, le pire. Ceux qui sont partis étaient autoritaires et corrompus, mais on ne pouvait rien leur reprocher dans leur attitude à l'égard des autres nations. Le troisième, la tête un peu folle solidement amarrée par un couvre-chef, est non seulement autoritaire et corrompu mais dangereux. Il l'a été dans le passé, soutenant et fomentant des attentats hors de son pays et pas des moindres. Il s'était un peu calmé après avoir essuyé le bombardement américain sous Reagan, et fut finalement accepté dans la cacophonie des nations jusqu'à présider - comble de l'absurde - la commission des droits de l'homme à l'ONU ! Et par planter sa tente à Paris. L'argent du pétrole n'a pas d'odeur, ni les cadavres depuis qu'ils sont enterrés.

    Aujourd'hui,  ulcéré que son génie n'ait pas été reconnu par les siens, il se déchaîne sur son propre peuple en utilisant des mercenaires dans une répression qui mettra probablement un terme au « printemps arabe ».

    Bel occasion de perdue de se débarrasser d'un des fous au pouvoir sur la planète.

     

    Il est vrai que l'attention du monde a été détournée par la montée des eaux au Japon  recouvrant des milliers de Japonais et par l'envol des fumées atomiques qui risquent de mettre le désordre dans nos cellules et de soulever des questions dans nos têtes. Notre esprit shadockien ne comporte qu'un nombre limité de cases et les médias prennent soin de ne pas toutes les remplir à ras bords. En nombre de morts, la Libye ne fait pas encore poids égal avec le Japon, mais il suffit d’attendre.


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  • La France par l'intermédiaire de son président vient de reconnaître le Conseil national de transition comme représentant légitime du peuple libyen auprès duquel des diplomates ont déjà été envoyés.

    Cette décision a été critiquée, qualifiée de précipitée, d'improvisée, marque d'un amateurisme diplomatique dont le président français est assez coutumier.

     

    Certes, une politique réaliste, et sans risque pour l'avenir, consisterait à attendre que l'un des camps soit vaincu pour reconnaître l'autre et se regarder ensuite dans la glace, satisfait de son habileté et la conscience tranquille (option choisie par la plupart des Etats)

     

    Certes, on aimerait bien que le dictateur,  dont la raison est vacillante depuis des années, cesse de massacrer son propre peuple aux armes lourdes et en lâchant des bombes sur ses propres villes. Mais ce n'est pas notre affaire, n'est-ce pas ?

     

    Certes, nous avons des principes de démocratie et de liberté, dont nous nous gargarisons sans cesse, mais que nous défendons ici (alors qu'ils ne sont pas vraiment menacés) et pas ailleurs, surtout si cela peut avoir des conséquences pour nous.

     

    Certes, nous sommes le plus souvent impuissants devant des évènements dramatiques se déroulant dans d'autres pays. Mais quand il est possible de faire quelque chose, faut-il ne rien faire ? Et il n'est pas question d'envoyer un seul soldat français sur le sol libyen (les révoltés y sont d’ailleurs opposés) mais de reconnaître que ce Conseil de transition (quel qu'il soit) est plus représentatif du peuple libyen que le mégalomane qui l'opprime depuis une quarantaine d'années (et que l'on a malheureusement accueilli en grande pompe, en cédant à ses caprices de diva).

     

    Certes, on peut dire que Sarkozy a peut-être pris cette décision osée plus par intérêt que par conviction et que pour être le premier elle a été précipitée et improvisée. Croyez-vous ? Mais c'est maintenant qu'il faut soutenir, même de façon symbolique, ceux qui combattent à armes inégales contre un clown tragique qui essaye sur son peuple les joujoux meurtriers que tout le monde s'est empressé de lui vendre, maintenant et pas dans les semaines à venir pour éviter de se lamenter ensuite sur leur éventuelle défaite qui serait aussi la nôtre.


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  • picasso-portrait-d-une-femme-assise.jpgComme le christianisme a marqué chaque jour de ses saints de façon indélébile, le monde actuel tend à marquer les jours de ses questions non résolues, comme l'on va à confesse afin de libérer sa conscience et obtenir l'absolution.

    La « journée de » fait florès. Il s'agit, le plus souvent, de parler pendant une journée entière (tout de même) d'une situation épineuse ou de remettre en mémoire une tragédie passée. Ce sont des piqûres de rappel qui permettent d'augmenter les défenses de sa conscience.

    Le lendemain, les femmes continueront à être battues ou tuées, les grand-mères à rester seules, les sommes consacrées à la lutte contre le Sida  à être détournées et le préservatif à être préservé. Le lendemain, certains continueront à nier les évidences historiques ou à se dire excédés par leur rappel annuel de crainte d'encombrer pour quelques heures les quatre cases de leur esprit shadockien.

    Mais me direz-vous, on en parle pendant une journée entière (tout de même). C'est juste. Ce qui permet de concentrer les doléances sur un jour et de libérer ainsi les trois cent soixante quatre autres jours pour ne rien faire de plus ou de les consacrer à d'autres doléances que l'on n'a pas l'intention ou le pouvoir de satisfaire.

     

    Pablo Picasso : « Portrait d’une femme assise »


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  • Mon cher Dominique,

     

    Etant plus âgé que toi, je me permets de t'appeler par ton prénom et de te tutoyer, mais si cela te gêne n'hésite pas à m'en avertir.

    L'autre jour, j'ai assisté à ton interview dans le journal de 20 heures de France 2. J'ai bien aimé le côté corrida du spectacle. Bien que tu aies plutôt l'air d'un taureau, massif, à la démarche balancée, tu jouais le matador, alors que ton adversaire qui avait la minceur et la jeunesse  d'un torero jouait au taureau. Comme quoi, il ne faut jamais se fier aux apparences.

    Le taureau, crinière blonde et questions au vent, fonçait sur toi, parfois en faisant semblant d'aller ailleurs, pour tenter d'extirper de ton organe quelque cri du cœur et toi, tu jouais de la muleta en clignant de l'œil gauche pour esquiver ses assauts, mais en laissant toutes les passes ouvertes.

    Manifestement le public, surtout à droite de l'arène, voulait ta mort, mais même à gauche il y eut quelques sifflets pour ne pas te voir encorné. Tu vois ce qui t'attend de la part de tes amis du poulailler.

    Entre nous, n'es-tu pas bien où tu es ? Bien payé, des voyages à l'œil, attendu partout, un rôle mondial, des possibilités d'agir sur les choses, alors qu'un misérable Président d'un modeste pays comme la France n'est même pas capable de mettre à la porte un ministre pour faute professionnelle.

    Et ils ont l'air d'être content de toi là-bas. Certes, Anne en a marre de voyager et pense que les tentations sont bien trop nombreuses à travers le monde. Mais qu'est-ce que tu viendrais faire ici ? Passer de la puissance à l'impuissance ? Être mis sur le même pied que les picadors et les picadeuses ? Ils sont même assez cons pour te reprocher d'être circoncis (à vrai dire, je ne sais pas si tu l'es, dans le cas contraire, aurais-tu l'obligeance de me le faire savoir).

     

    En espérant que, malgré tes multiples occupations, entre deux urgences financières, tu prendras  le temps de lire ces quelques lignes totalement désintéressées, car si malgré mes conseils tu devenais Président de notre république bananière, ne songe surtout pas à moi pour un poste de ministre.

     

    Ton dévoué Dr WO


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  • Michael_Willmann-echelle-de-Jacob.jpgLe principe de Peter : « Tout employé tend à s'élever à son niveau d'incompétence » est bien connu. Il part du postulat que ceux qui sont incompétents restent à leur poste et que ceux qui sont promus en raison de leur compétence risquent de devenir incompétents à un niveau supérieur, pour aboutir à la conclusion que la plupart des postes dans une organisation sont occupés par des incompétents.

    Le principe de Peter est plus satirique que réel, car ce qui compte c’est l’adéquation entre une personne et son poste. Dans une usine, par exemple, celui qui fut un mauvais ouvrier peut devenir un bon directeur. Cependant, il se révèle parfois exact, non seulement dans le sens vertical, mais également dans le sens horizontal.

    Prenons, par exemple, les ministres d’un gouvernement. Le plus souvent ils sont désignés à un ministère pour des raisons politiques et non pour leurs compétences à ce poste, d’où l’armée de conseillers et de consultants dont ils s’entourent. Avec le temps le ministre, s’il n’est pas idiot, finira par devenir compétent dans ses attributions. Pour le récompenser de cette compétence acquise, au prochain remaniement, il sera promu à un ministère plus important ou plus délicat où il risque de montrer toute son incompétence.

     

    Le principe de Dilbert, décrit pas Scott Adams, est peut-être plus proche de la réalité : « Les gens les moins compétents sont systématiquement affectés aux postes où ils risquent de causer le moins de dégâts : ceux de managers. ». Les dirigeants n’ont même plus la compétence de leurs subordonnés (c’est sûrement vrai pour la technologie) et ceux-ci deviennent irremplaçables à leurs postes, seuls les incompétents sont promus.

    Prenons un exemple récent. Jean-Amédée Lathoud est devenu directeur de l’administration pénitentiaire, or c’est lui qui en tant que procureur général de Douai avait validé l’instruction du juge Burgaud sur l’affaire d’Outreau de triste mémoire. André Ride est devenu directeur de l’inspection générale des services judiciaires (IGSJ), or c’était le procureur général d’Auxerre au moment de l’affaire des disparues de l’Yonne où certains dossiers de victimes avaient été classés ou avaient disparus. L’un et l’autre  furent entendus par des commissions d’enquête (et Ride par l’IGSJ dont il est aujourd’hui le directeur) et c’est à ces brillants magistrats qu’a été confié l’établissement du rapport sur d’éventuels dysfonctionnements dans l’affaire du meurtre de Laëticia et par lequel les juges ont été blanchis.

     

    Illustration : Michaël Willman « Montée des anges le long de l’échelle de Jacob » (1691)


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  • L’orgasme a été proposé comme traitement préventif et curatif des névroses par le psychiatre autrichien Wilhelm Reich. Il eut beaucoup de succès auprès de la jeunesse, plus qu’auprès de ses collègues  qui l’exclurent de l’Association internationale de psychanalyse, comme il fut exclu du parti communiste (il est mort dans un pénitencier de Pennsylvanie en 1957).

    bonnard77.jpgBien des gens,  névrosés ou non, appliquent le traitement à la manière de M. Jourdain, sans le savoir, et sous toutes les latitudes recourent à des méthodes non estampillées par la Faculté. Ainsi à Naples, il est conseillé en cas de difficulté d’avaler un marsala à l’œuf au bon moment et de porter une médaille de San Rocco.[1]

     

    La difficulté ou l’impossibilité pour une femme d’arriver à l’orgasme salvateur est interprétée par certains sexologues ou psychanalystes, comme une éjaculation précoce, une inhibition liée à l’angoisse de castration ou même une « impatience de la personnalité » (sic). Quoi qu’il en soit, c’est la maladie du monde la plus répandue, écrivait Gérard Zwang[2] en 1972. Cependant «  Bergher en 1944, estime que 90% des femmes sont frigides, Weiss quelques années plus tard avance le chiffre de 50% et Hélène Kaplan en 1979 seulement 10% »[3] . Les hommes font des progrès.

     

    Le cardinal autoproclamé Carlos Bebeacua estime, lui,  que l’orgasme est divin et doit être vénéré. Il a donc fondé « l’Eglise de la Madone de l’orgasme » et son culte compte quelques centaines de fidèles, et uniquement des prêtresses. Mais la justice suédoise, en août dernier, a refusé d’enregistrer ce culte comme communauté religieuse et l’appellation « Eglise de la Madone censurée » a également été refusée. Le « cardinal » ne désespère pas de gagner son combat auprès de la Cour européenne des droits de l’homme.

     

    Illustration : Pierre Bonnard « Homme et Femme »



    [1] Norman Lewis, Naples 44   

    [2] La fonction érotique, éd Robert Laffont

    [3] Ph.Brenot, Les mots du sexe, éd L’esprit du Temps.


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