• Marisol Touraine, la nouvelle ministre des Affaires sociales et de la santé, a une idée fixe et depuis longtemps, car elle serait une de ses motivations pour accéder à ce poste : encadrer les dépassements d’honoraires dans la perspective de faciliter l’accès aux soins. Quelques remarques :

    1° Il est certain que plus les honoraires seront bas, moins les patients hésiteront à consulter mais moins il y aura de médecins susceptibles de les recevoir.

    2° Les dépassements d’honoraires ne concernent qu’une minorité de médecins (plus les spécialistes que les généralistes) et s’ils ont été amenés à le faire, le secteur 2 et le futur secteur optionnel comportant des désavantages, c’est que les honoraires des médecins sont plutôt bas par rapport à leurs compétences et au travail fourni (y compris administratif qui finit par manger le temps qui devrait être consacré aux malades).

    3° Etant donné que la majorité des médecins respectent les honoraires imposés par l’assurance maladie, on peut toujours trouver un médecin qui les respecte et dont la compétence est égale à celle des praticiens qui effectuent des dépassements. Mais la nature humaine est ainsi faite et la santé étant un bien précieux, les patients pensent que celui qui prend plus cher ou dont la notoriété est plus grande est susceptible de mieux les soigner (ils n’ont pas toujours tort).

    4° Si Mme Touraine pense qu’il s’agit là d’un problème essentiel, elle risque de rencontrer quelques déconvenues. Mais il est plus facile de s’attaquer à une partie du corps médical, attaque dont le résultat ne peut être que superficiel, plutôt que de tenter de résoudre les problèmes de fond dont les solutions - il est vrai - ne sont pas évidentes. Mais il faut bien faire quelque chose, n’est-ce pas ?


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  • Buffet-Clown-et-ballerine.jpgJ’avoue que pour moi cela reste un mystère que des gens, qui paraissent doués d’une intelligence normale lorsqu’on les interroge, puissent rester debout des heures, parfois dormir à la belle étoile, pour être bien placés afin de voir défiler sur le tapis rouge du festival de Cannes des comédiens et des comédiennes devenus acteurs et actrices par la grâce du cinématographe.

    Certes, ces étoiles sont fort bien habillées et parfois déshabillées ; certes, elles ont pu nous distraire ou nous émouvoir, aplaties sur une toile en faisant semblant d’être ce qu’elles ne sont pas, en jouant les héros et les héroïnes et en finissant parfois par revêtir aux yeux du monde leurs exploits simulés. Mais quel est l’intérêt de les voir en chair et en os, derrière une haie de photographes le flash en folie, de faire tant d’efforts pour les entrevoir marcher sur un tapis en montrant au public ébahi leur prestance ou leur beauté et leurs atours de luxe, de se gargariser de les avoir vues pour en faire le récit ému à leur entourage envieux ?

    Ce sont nos héros modernes auxquels il faut ajouter les pousseurs de chansonnettes, les hystériques du rythme et les héritières plus ou moins dépravées.

    A propos, Roland Moreno l’inventeur de la carte à puce géniale qui a changé notre quotidien et mort fin avril, ne devait pas attirer grande foule avec sa tête un peu clownesque qui ne brillait que par son astuce. Et Einstein non plus, avec sa tête échevelée dont le génie avait pourtant changé notre vision de l’univers. Il est vrai que leur profession n’était pas de s’exposer, mais l’auraient-ils fait que peu de monde se serait déplacé pour les voir marcher quelques mètres et monter quelques marches, même sur un tapis rouge.

     

    Bernard Buffet : « Clown et ballerine »


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  • Watteau-l-amour-au-theatre.jpg 

    Hier, théâtre. J’y ai vécu un ennui ferme, aussi ferme que le fauteuil sur lequel j’ai passé une heure quarante à regarder discrètement le cadran lumineux de ma montre. Car si les théâtres parisiens ont le charme des antiquités, leurs sièges sont également spartiates.

     

    Curieusement, le cinéma donne l’illusion de la réalité alors que rien n’est réel lors de la projection d’un film. Sur la scène d’un théâtre, tout est bien réel, le décor comme les comédiens en chair et en os et tout parait artificiel. Alors pour que la magie puisse s’opérer il faut que la pièce soit bonne, que les comédiens aient des choses à dire et qu’elles soient bien dites, c’est ainsi que disparaissent artifices et conventions.

     

    Hier, les comédiens n’avaient rien à dire d’intéressant et le disaient mal. Des paroles précipitées dans une mélasse à moitié avalée, les femmes en particulier avaient le don de déglutir goulûment leur texte comme si elles avaient peur qu’on le leur dérobe. Des colères simulées pour des motifs futiles, des banalités qui se voulaient profondes mais qui n’avaient que la profondeur d’un vide abyssal, des réparties qui se voulaient drôles mais qui n’ont déclenché que quelques rires parcimonieux. Et pourtant, le spectacle – qui a d’excellentes critiques - fut applaudi, saluant ainsi les efforts des comédiens qui s’étaient tout de même démenés devant nous  pendant une heure quarante, en connaissant par cœur un long texte que j’ai trouvé sans intérêt, ce qui n’est pas donné à tout le monde.

     

    Watteau : « L’Amour au théâtre italien »


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  • «Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecins, mais les malades. » Jésus (Evangile selon St Marc 2/17). Bien que divine, cette affirmation est totalement dépassée.

    Pendant des siècles, la santé était définie de façon négative : l’absence de maladie déclarée. Pas de maladie, pas de médecine. Les choses ont changé, le sujet sain est également devenu l’objet de la médecine, ne serait-ce que par la prévention et les vaccinations. Mais la médecine, par ses connaissances du corps humain et les moyens qu’elle possède pour le modifier, offre des possibilités d’améliorer la vie du sujet en bonne santé apparente. En accédant à cette demande et parfois à cette exigence, la médecine se déconnecte des maladies, ne cherche plus seulement à rétablir la santé ou à la préserver, mais à modifier l’autre ou à influer sur son destin en utilisant les mêmes moyens que pour guérir. Elle  change sa nature en changeant ses objectifs. Cette orientation est plus due à la société qu’aux médecins eux-mêmes.

    En 1978, l’Organisation Mondiale de la Santé avait curieusement défini la santé comme « le bien-être complet, physique, mental et social », elle avait donné là une des définitions possibles du bonheur. En s’y référant, on peut conclure que l’Humanité entière est malade et considérer comme maladies : les désirs inassouvis, le manque d’affection, les peines de cœur, la solitude, la timidité, la pauvreté, le chômage, l’absence de talent, les incapacités, l’échec scolaire et bien d’autres raisons du mal-être. Pour suivre cette définition de l’OMS, la médecine devrait englober la santé individuelle et publique, les problèmes sociaux et intimes. Si le malheur est une maladie, la médecine se doit de contribuer à l’obtention du bonheur.

    C’est ainsi que la conception de l’enfant est devenue une affaire médicale : insémination artificielle en dehors du sexe, fécondation in vitro en dehors du corps. L’âge, la ménopause, l’absence d’utérus et même le décès d’un des conjoints ne sont plus des obstacles, mais on ne peut pas se vanter de ce que l’on peut faire sans qu’il vous soit demandé un jour de le faire. Certes, on peut arguer que la procréation est une fonction de l’organisme et le médecin aide à réaliser ce que le couple ne peut pas faire seul. En fait, ce qui est réellement du domaine médical est le traitement de la cause de la stérilité. La procréation assistée ne répond pas à une maladie mais au désir d’enfant. Aussi respectable soit-il, ce désir répond à une convenance personnelle et non pas à une altération de la santé de l’individu ou à un problème de santé publique. On traite une incapacité sans risque et non une pathologie, même si cette incapacité est mal vécue. On intervient pour le confort intellectuel et affectif des personnes. C’est une médecine du bonheur

    Les individus n’assument plus ce qu’ils sont puisqu’ils peuvent devenir ce qu’ils rêvent. La chirurgie esthétique (et non pas réparatrice) transforme des corps sains selon les critères de beauté du moment et les désirs personnels. « Il ne peut être porté atteinte à l’intégrité du corps humain qu’en cas de nécessité médicale pour la personne »[1]. Quelle est la nécessité médicale d’effacer les rides, d’enlever une bosse du nez, de recoller des oreilles, de relever des seins ou de supprimer des « culottes de cheval » ? Le seul argument est le mal-être, c’est à dire la recherche du bonheur, fournir à quelqu’un l’image qu’il veut donner aux autres c’est avant tout satisfaire son égocentrisme. A la décharge des personnes qui cherchent leur équilibre et pense que cet équilibre est perturbé par ce qu’elles estiment être un défaut dans leur corps et leur mental[2], les médecins ont trouvé les moyens de le corriger. Cette possibilité a suscité des besoins, la médecine est ainsi sortie de sa route, celle de la pathologie pour remodeler le sujet sain selon ses aspirations. Cela va jusqu’à la reconstruction de l’hymen réclamée par des Américaines pour assouvir un fantasme de leur conjoint, souvent associée à un resserrement du fourreau vaginal. « Qui doit décider de la limite à établir entre la convenance convenable et l’exigence inconvenante ? » (Claude Sureau)[3]. Mais contrairement au changement de sexe, ces interventions esthétiques ne sont pas prises en charge par la collectivité.

    S’il faut un certain courage pour se soumettre au bistouri, il n’en faut aucun pour avaler une pilule qui prétend lisser les aspérités de la vie, l’une d’entre elles n’a-t-elle pas été surnommée « la pilule du bonheur » ? La difficulté pour le médecin est de discerner ce qui est pathologique dans le comportement d’une personne de ce qui ne l’est pas. Entre la demande d’un « bonheur pharmacologique » et un traitement psychotrope nécessaire. Si la pilule ne résout rien, elle aide à supporter l’absence de solution.



    [1] Article 16-3 du Code civil

    [2] Une de mes connaissances ne supportant plus ses oreilles décollées (qui n’intriguaient personne), s’était décidée sur le tard à subir une intervention pour réparer l’outrage. Une seule personne a remarqué le changement : son coiffeur.

    [3] Dictionnaire de la pensée médicale (direction Dominique Lecourt) puf 2004.


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  • GargouillePour imiter la phrase de Staline : « Le Vatican, combien de divisions ? » où il ironisait sur l’influence que pouvait avoir le pape dépourvu d’armée. En France, ces jours-ci, nous sommes tranquilles, elle a ses divisions.

    Hier, une charmante Sénégalaise a été élue Miss Black France, en attendant l’élection de Miss Jaune France, Miss café au lait France et bien  entendu Miss Blanche France dans l’avenir, donnant à la couleur de la peau une importance qu’elle ne devrait pas avoir, car elle ne dépend que de la variation d’une quantité ridicule de mélanine qui suffit pourtant à diviser les hommes.

    Mercredi prochain les coqs de droite et de gauche vont s’affronter. Cette division existe dans les autres pays, mais en France il est impensable (sauf à l’issue de la deuxième guerre mondiale) d’envisager une union nationale comme cela se fait ailleurs quand la situation est préoccupante et aujourd’hui, elle l’est.

    Le bouquet est celui du 1er mai où l’on prévoit trois manifestations. Sarkozy qui prétend s’adresser à tous les Français a pris l’initiative de les diviser en organisant une manifestation des « vrais travailleurs » par opposition aux « faux travailleurs », évidemment de gauche, qui vont défiler comme d’habitude derrière les syndicats. Les chômeurs y seront présents  pour montrer à quel point ils sont heureux de faire partie des faux travailleurs.

    A ces deux défilés des vrais et des faux travailleurs va s’ajouter, la manifestation de l’extrême droite autour de la figure emblématique de Jeanne d’Arc à qui l’on doit le sacre comme roi de France d’un des rejetons d’une famille royale franco-anglaise. Il est possible que sans elle l’Angleterre et la France auraient été groupées sous un même roi avec une langue commune, le français selon toute vraisemblance, le territoire continental étant nettement dominant à l’époque. La Pucelle, fêtée par l’extrême droite dont les lunettes sont hexagonales, a peut-être changé le cours de l’histoire, mais pas forcément en mieux en contribuant à séparer l’Angleterre de la France.


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  • La politique est l'art de gouverner une communauté, mais elle est le plus souvent l'art de conquérir le pouvoir et de s'y maintenir. Dans les démocraties le pouvoir s’acquiert par les élections, ce pouvoir qui fascine les politiques, même s'ils ne savent pas toujours quoi en faire (en dehors de leur promotion personnelle) une fois qu'ils en disposent.

    Il est certain que les périodes électorales sentent mauvais. Il s'agit de séduire ceux qui sont susceptibles de vous donner le pouvoir en élevant le mensonge au niveau de l'argument, et  de tenter de détruire l'adversaire au besoin en le calomniant, l’assassinat étant formellement prohibé sous nos climats aux regrets de certains.

    Dans les démocraties, les armes sont verbales : désinformations, mépris, voire insultes, spécialité des seconds couteaux. Entre politiques c'est plus une joute oratoire, un spectacle théâtrale, dans une pièce écrite par d'autres avec le plus souvent de fausses manières, des postures tartarinesques qui visent à impressionner l’auditoire car les adversaires se connaissent depuis longtemps puisqu’ils naviguent dans les mêmes eaux et mangent à la même soupe.

    Il n'en est pas de même des partisans et des militants qui se dévouent pour leur champion et prennent la chose au sérieux. Plus que leur champion, ils expriment ce qui ressemble fort à de la haine : sifflets et huées devant l’image de l’adversaire, boules puantes glissant sur la toile, fausses informations ou informations tronquées et déformées que d’autres recueillent religieusement pour les diffuser, sans les vérifier, sans en connaître la source puisqu’elles vont à l’appui de leurs convictions. Tout est bon à prendre. L’amour est aveugle, la haine aussi.


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  • Le samedi 28 avril doit avoir lieu l’élection de Miss Black France. Cette manifestation a été mise sur pied par des organisateurs estimant que les jeunes femmes noires étaient sous-représentées lors de l’élection de Miss France. Cette nouvelle foire aux bestiaux humains m’incite à quelques remarques :

    1° Pourquoi dire black et non pas noir comme s’il était honteux de l’être ? Cela rappelle dans le passé l’utilisation du mot israélite  pour ne pas dire juif qui paraissait honteusement honteux.

    2° En suivant cette logique, si une  catégorie de la population s’estime sous-représentée à l’issue d’une sélection, il devient licite d’organiser son propre concours : Miss Arabe France, Miss Borgne France, concours d’entrée dans une école réservée aux noirs, etc…

    3° Cette logique peut être déclinée dans tous les domaines. Si une catégorie de la population s’estime sous-représentée dans un type d’entreprise, elle pourrait être amenée à créer une entreprise qui lui sera spécifiquement consacrée.

    4° Cette initiative est à mon avis mal venue, encouragement, non pas à l’égalité, mais au communautarisme, source de divisions de la société française, réalisant de facto un apartheid, alimentant le populisme entre les deux tours de l’élection présidentielle.


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  • « Moïse, Jésus et Mahomet étaient trois imposteurs ». Une telle déclaration est tout à fait déplacée en ce lundi de Pâques, fête qui commémore, par une divine coïncidence, aussi bien la sortie d’Egypte des Hébreux menés par Moïse que la mort et la résurrection de Jésus, environ 1300 ans après.

    Cette affirmation osée date du XIIIe siècle dominé par la toute puissance du Christianisme en Europe, et est attribuée[1]à Frédéric II de Hohenstaufen[2], empereur du Saint Empire romain de sa profession. Normand par sa mère et élevé à Palerme car dans la deuxième moitié du XIe siècle un petit seigneur du Cotentin (Roger de Hauteville) enlève la Sicile aux Arabes, prélude à la naissance du royaume normand de Sicile où l’on fait preuve d’une grande tolérance laissant à chacun pratiquer sa religion.

    Frédéric suivit ce principe incongru à une époque où l’on se massacrait allègrement sur la façon de concevoir le même Dieu (ce qui parait, bien sûr, invraisemblable de nos jours). Roi de contrées multiples, Frédéric s’intéressait plus aux sciences et aux arts qu’aux religions (il écrivit même un vrai traité de fauconnerie). Excommunié à deux reprises (ça se faisait beaucoup à l’époque lorsque l’on s’opposait aux intérêts temporels d’un pape), pour respecter une promesse, il monta cependant sa croisade, la sixième, où il réussit en 1229 à récupérer Jérusalem, mais sans combattre (ce qui scandalisa les bons chrétiens) et uniquement par la diplomatie en signant le traité de Jaffa avec le successeur de Saladin, celui-ci permit  même à Frédéric de se couronner  roi de Jérusalem, ce qui pour un mécréant (l’Antéchrist pour le pape Grégoire IX) est le comble de l’ironie.


     

    [1]Selon le manuel d’histoire de Malet-Isaac d’après François Reynaert

    [2] Né en 1194, règne en 1220, meurt en 1250


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  • Politique

    - Sarkozy et Hollande, lassés par les meetings et souffrant d’agoraphobie, ont décidé, dans un accord secret et selon des fuites autorisées, de se départager au 421. Ce qui permettrait au premier d’abandonner ses habits de comédien et d’éviter de se contredire et au second de revenir à ses tablettes de chocolat.

    - Mélenchon devenu aphone se livre dans ses meetings à une mimique très expressive qui séduit les sourds.

    - Marine Le Pen, pour achever de se dé-diaboliser, s’est revêtue d’un niqab, mais bleu-blanc-rouge, il ne faut tout de même pas exagérer.

    - Bayrou prend enfin son parti, celui d’en rire (agence Pierre Dac).

    Société

    - Dans un souci de transparence, les prostituées devront désormais porter un badge (y compris sur leurs dessous) afin qu’elles ne soient pas confondues avec des libertines dans leurs rapports avec les hommes (agence DSK).

    Science

     - Les astronomes prévoient que la Lune, qui montre toujours la même face à la Terre, doit se retourner lors d’une prochaine révolution pour lui montrer son derrière. Certains imams prévoient déjà de lancer une fatwa pour l’obliger à se voiler.

    Vie spirituelle

    - Le Guide Suprême de l’Iran s’est converti au judaïsme (information qui demande à être confirmée).

    - Dieu en feuilletant distraitement les textes sacrés qu’il avait inspirés s’aperçut qu’il devait être bon et miséricordieux. Depuis le temps, ça lui était complètement sorti de la tête (sources de la révélation : le Vatican et La Mecque).


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  •  

    Ce billet est une réponse à un commentaire d’une visiteuse qui revient fidèlement sur mon blog et me fait remarquer que les croyances semblaient me chagriner. Les croyances en elles-mêmes ne me gênent en aucune façon. Cela ne me chagrine pas que des gens fort nombreux croient qu’une entité qu’ils appellent Dieu et qui est à notre image (puisque nous sommes à la sienne, ce qui est plutôt valorisant) ait créé en peu de temps un univers sans limite (sinon, il serait dans un autre univers) et dont les dimensions observables seraient de l’ordre de 100 milliards d’années lumière. Cela ne me gêne pas que des gens croient que parmi les myriades de galaxies cette entité ait choisi la nôtre, que parmi les myriades de systèmes solaires il ait choisi notre étoile et la Terre pour créer l’homme et  pour se manifester à nous. Cela ne me gêne pas que des gens croient que ce Dieu ait éprouvé la nécessité de se cacher dans un buisson du Sinaï pour faire la causette à Moïse, qu’il ait eu la charité de se faire crucifier sous la forme d’un homme pour racheter nos péchés avec le succès que l’on sait, que sa mère toujours vierge ait la bonté d’apparaître de temps en temps pour nous rassurer. Cela ne me gêne pas que des gens croient que Dieu ait transmis les versets du Coran à Mahomet par l’intermédiaire de l’archange Gabriel.

    Toutes ces croyances et d’autres ne me gênent pas, chacun est libre d’y croire. Je serais même reconnaissant aux croyants d’avoir au nom de leurs croyances créé des œuvres admirables et même d’avoir ajouté quelques préceptes moraux qui, s’ils ne sont pas suivis, ont le mérite d’exister.

    Ce qui est effrayant, c’est qu’au nom de ces croyances, prises pour des certitudes, des croyants, aisément fanatiques, ont justifié et justifient encore leurs tueries : massacres d’hérétiques ou de juifs, tortures de l’Inquisition, bûchers, croisades, massacres d’indiens chez lesquels les bons prêtres niaient l’existence d’une âme, guerres de religions, destruction des tours de New-York, incendies d'églises et lapidation des femmes en pays musulmans, et sous nos cieux méséricordieux, assassinat d’une fillette tenue par les cheveux pour lui loger une balle dans la tête.

    Les croyances aussi déraisonnables soient-elles ne me chagrinent pas, c’est ce qu’elles risquent de provoquer qui me révolte.


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