• Baleines et culture

    Baleines et culture

    « L'interdiction des Nations unies n'y fera rien : Tokyo maintient que la chasse à la baleine fait partie de « la culture japonaise ». En dépit du verdict de l'ONU interdisant à son pays cette traque en Antarctique, le premier ministre japonais a indiqué, lundi 9 juin, que son « objectif est la reprise de la chasse commerciale par le biais de recherches sur les cétacés afin d’avoir les données scientifiques nécessaires à la gestion des ressources baleinières. » (Le Monde.fr du 9/06/14).

    Passons sur l’alibi de la recherche qui s’apparente – toute proportion gardée – à la recherche des médecins nazis sur l’homme dans les camps de la mort, tuer des baleines est une façon radicale de gérer les ressources baleinières, et affirmer que « les données scientifiques » tirées de ce massacre seraient nécessaires est évidemment de la plus grande hypocrisie. Cette hypocrisie : « RESEARCH » est inscrite en énormes lettres sur le flanc des baleiniers.

    Mais pourrait-on me dire, nous élevons du bétail pour le manger, justement nous élevons ce bétail et il ne risque pas de disparaître. Mais nous pêchons des poissons que nous n’élevons pas, justement, il est tenté en imposant des quotas d’éviter la disparition de certaines espèces menacées. La reproduction des poissons reste néanmoins foisonnante, mais regardez les baleines, ces énormes mammifères marins dont la reproduction est longue (10 mois de gestation) et difficile (intervalle d’un an avant une nouvelle gestation), leur disparition peut être imminente et ce pour satisfaire une culture.

    La chasse à la baleine fait en effet partie depuis longtemps des comportements des japonais et 60% d’entre eux ne veulent pas y renoncer. Les chasseurs après leur campagne y ajoutent même (pour satisfaire leur conscience ?), une cérémonie religieuse en l’honneur des baleines découpées.

    Lorsque l’on met le mot « culture » en avant, les critiques avancent en terrain miné. Les partisans d’une culture peuvent toujours dire que la culture qu’on veut leur imposer n’est pas la leur, et qu’il n’y a aucune raison pour eux de l’adopter. Cet argument est aisément tiré du postulat que l’on tend à répandre que toutes les cultures se valent. La culture peut donc couvrir toutes les exactions, du moins considérées comme telles par les occidentaux et en vertu de leur propre culture.

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  • Commentaires

    1
    Lundi 9 Juin 2014 à 20:46

    Et quand les Japonais auront tué toutes les baleines, il n'y aura plus de culture?

    Le seppuku appartient aussi à leur culture. Il est de moins en moins pratiqué: presque tous ses partisans en sont morts.

     

    2
    Lundi 9 Juin 2014 à 23:03

    La chasse à la baleine n'est heureusement pas la seule coutume de la culture japonaise, celle-ci pourrait bien s'en dispenser. Les cultures doivent évoluer et la baleine est un bien commun qu'il importe de préserver. La question est plus large : toutes les cultures se valent-elles et jusqu'où doit-on respecter une culture qui n'est pas la nôtre ? Ou est-il toujours licite de vouloir imposer la nôtre ? Vaste question.

    3
    Mardi 10 Juin 2014 à 08:48

    Oui, vaste question à laquelle la réponse serait aussi vaste. Cependant on peut se demander si le fait que ceux qui se réclament d'une culture adoptent les modes de vie, les techniques, quelquefois la langue et certaines valeurs d'une autre culture n'est pas en soi un jugement de valeur.

    4
    Mardi 10 Juin 2014 à 09:30

    Les cultures ont toujours emprunté aux autres de façon consentie et parce qu'elles y trouvent des avantages, mais parfois avec une réticence d'une partie de la population. La mutation la plus brutale a justement été celle du Japon.

    5
    Mardi 10 Juin 2014 à 13:25

    Tout est dit dans l'article et les commentaires sur la difficulté de trouver une solution à ce genre de problème. Je pense (mais peut-être suis-je trop naïf) que comme pour nos essais nucléaires dans le Pacifique et aussi, dans une certaine mesure, pour l'apartheid, la pression internationale finira par trouver des relais dans l'opinion publique japonaise pour réclamer l'interdiction de cette chasse. 

    Ceci dit, à la place des baleines, je ne serais pas très rassuré que ma survie dépende d'un revirement de l'opinion publique japonaise.

    Et pas du tout ému non plus par la cérémonie religieuse effectuée en mon honneur par mes meurtriers.

    6
    Mardi 10 Juin 2014 à 13:45

    Pour l'instant l'opinion japonaise est à 60% en faveur de la chasse à la baleine. Elle cessera sûrement quand il n'y aura plus de baleines à chasser.

    7
    Mardi 10 Juin 2014 à 14:51

    Si cette chasse est vraiment culturelle, 40% d'opposants c'est déjà la preuve d'une grande ouverture d'esprit de la part du peuple japonais.

    Si l'on compare avec un autre exemple de tuerie animale "culturelle", la corrida, je ne pense pas que le nombre d'opposants en Espagne soit aussi important.

    8
    Mardi 10 Juin 2014 à 15:45

    Pour la corrida, on peut considérer que "jouer" avec l'animal jusqu'à sa mort est un jeu cruel, avec, cependant, le risque pour le joueur d'y laisser sa peau. Mais pour la tuerie animale, il suffit de se rendre dans un abattoir pour en avoir l'idée la plus dépouillée (NB. je ne suis pas un partisan de la corrida et je ne suis pas végétarien).

    9
    Mercredi 11 Juin 2014 à 19:54
    Djef

    Un petit tag sur Paul Watson et la culture végan ?

    10
    Mercredi 11 Juin 2014 à 22:47

    Pourquoi pas.

    11
    Mercredi 11 Juin 2014 à 23:05
    Djef

    Parce qu'il est le seul humain a concrètement s'opposer au massacre. Pour le reste ce n'était pas une question, juste une manière d'augmenter la portée du billet. Pour l'industrie la baleine c'est de l'or en barre!

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