• Ascension

     

    Salvador Dali "Le Christ de St Jean sur la croix"


    TRANSIT

     

    Qui suis-je ? Homme ou Dieu ?

    Diantre ! Les deux ?

    Où suis-je ? Entre la terre et les cieux,

    En transit, entre les deux.

    Difficile de trouver sa place dans l’univers.

    Où vais-je ? Comme tous : à la recherche du Père.

     

    Alors c’est décidé, je rejoins l’Eternel.

    Son regard pèse sur mes épaules,

    Je suis en route vers le ciel,

    J’ai terminé mon rôle.

     

    De Là-Haut, Il me voit, cloué sur ma croix, revenir.

    Dommage. Mais j’emporte de beaux souvenirs,

    En montant je regarde l’eau refléter les cieux,

    Les villes bruyantes et les déserts silencieux,

    L’argent des montagnes et l’or des plaines,

    Les mortels entre plaisirs et peines.

     

    Je me souviens de la douceur et du charme féminins,

    J’ai regardé vivre les femmes avec des yeux humains,

    Et je me demande si ce n’est pas d’abord l’homme

    Qui, emporté par son désir, a croqué la pomme,

    Et accusé la femme de lui avoir forcé la main.

     

    Enfin quel que soit le coupable, j’ai racheté leurs fautes,

    Mais ils continuent et pour pécher aucun n’hésite,

    Je ne peux pas descendre à chaque fois qu’ils fautent,

    Ne devrais-je pas, mon Père, rester en transit ?

     

     Paul Obraska

     

    C'est le tableau de Dali que je préfère. Lors de la première parution de ce poème en 2008, Souliko, blogueuse et peintre, avait fait ce commentaire : "Ce tableau de Dali est une vraie merveille : dans sa construction (la perspective aérienne est extraordinaire), les couleurs, la technique, le clair-obscur, la paix qui s'en dégage malgré la croix...difficile d'exprimer son ressenti. Reste l'émotion...Dali aurait peint ce tableau d'après un dessin effectué par St Jean de la Croix." Je ne saurais mieux dire.

    J'ajoute que Jésus de Nazareth monte au ciel, non pas ressuscité, mais toujours cloué sur sa croix comme pour montrer à son Père le sacrifice qu'il a du subir, et en quelque sorte lui reprocher de l'avoir abandonné. Reprocher à Dieu cet abandon est d'ailleurs assez paradoxal puisque le Christ serait Dieu, à moins qu'il ne se fasse des reproches à lui-même, ce qui n'est pas exclu.

    Enfin, montrer en même temps la Crucifixion et l'Ascension efface le mystère de ces quarante jours d'errance sur terre entre la résurrection et l'ascension.

     

    « Le goût de l'oppressionL'origine de la violence »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 5 Mai 2016 à 09:26

    Quel plaisir de relire ce merveilleux poème Doc !

    L'amie Souliko avait mille fois raison dans son commentaire de 2008. Si Jésus de Nazareth est monté au ciel, ce dont je doute, ce n'est certainement pas délivré de ses clous. Son soi-disant Dieu le père ne peut que contempler un fils "patenté" sacrifié !

    Je prends mon W-E, mais les articles seront programmés. Bon jeudi - ZAZA.

    2
    Jeudi 5 Mai 2016 à 09:53

    Et bien, je vous souhaite un bon WE prolongé. Cette année la date de l'Ascension est particulièrement bien tombée (si j'ose dire).

    3
    Jeudi 5 Mai 2016 à 09:55

    Très beau poème!

    J'aurai bien aimé qu'il revienne de temps à autre (sans se faire clouer), pour remettre de l'ordre sur cette maudite boule, dont les tours nous donnent le tournis à nous aussi...

     Souvenez-vous qu'il est quand même sorti de son tombeau le dimanche de Pâques,  il n'est donc pas remonter au ciel sur la croix! Mais je trouve ce tableau de Dali splendide!

      • Jeudi 5 Mai 2016 à 10:14

        Merci d'avoir apprécié ce poème dont la très discrète ironie ne vous a heureusement pas choquée.

        Pour les chrétiens le Messie est déjà venu, ce qui n'est pas le cas des Juifs qui l'attendent toujours. Je crains que s'Il revenait, Il ne serait guère entendu, peut-être même serait-Il enfermé.

        Bien sûr, selon le récit, Jésus fut descendu de sa croix, mais la force du tableau de Dali est justement la permanence de son supplice.

    4
    Jeudi 5 Mai 2016 à 10:06

    Admirable poème.

    Et Dali est vraiment immense!

    Amitiés.

      • Jeudi 5 Mai 2016 à 10:23

        Merci. Mais le tableau a une telle puissance !

    5
    Jeudi 5 Mai 2016 à 17:46

    Je suis touchée et même émue (si, si) que vous ayez reproduit mon commentaire, vieux de 8 ans ! Merci à vous.

    Votre poème accompagne admirablement bien ce tableau sublime !

    6
    Jeudi 5 Mai 2016 à 18:45

    Les paroles s'envolent, les écrits restent...quand ils sont bons. Votre commentaire l'était.

    7
    Vendredi 6 Mai 2016 à 15:31

    Tableau onirique et commentaires ironiques... beau mélange !

    8
    Vendredi 6 Mai 2016 à 17:24

    Alchimie téméraire. wink2

    9
    Souris donc
    Vendredi 6 Mai 2016 à 19:31

    Avida Dollar était quand même délirant. Dans ses "50 Secrets Magiques Pour Peindre", il établit 9 paramètres par rapport auxquels il note 11 grands peintres, Raphael, Velasquez...Picasso et Dali. Le vainqueur est...Dali. Aucune note sous la moyenne, 19/20 en génie, authenticité et mystère. Critères qui valent à Picasso 20/20 en génie,  mais 2/20 en mystère et un pauvre 7/20 en originalité. Et pan ! (Le but du tableau comparatif étant bien entendu de s'en prendre à son rival Picasso)

    10
    Vendredi 6 Mai 2016 à 21:36

    Certes, à la fin de sa vie Dali était délirant. Inégal dans sa production mais quel talent technique ! Et quelle imagination ! Dali fait rêver (ou cauchemarder), pas Picasso (sauf dans sa période bleue), enfin pour moi...

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