• Annonce publicitaire

     

    La moitié des suicides en France se faisant par pendaison, la société COULANT et fils vient de sortir une gamme de cordes avec nœud préfabriqué, un système de fixation garanti, un grand choix de couleurs assorties à l’environnement. Livraison discrète sur commande.

    Nous contacter après avoir pris connaissance du bulletin de décès ci-dessous.

    ***

    Frères humains, qui après nous vivez,
    N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
    Car, si pitié de nous pauvres avez,
    Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
    Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
    Quant à la chair, que trop avons nourrie,
    Elle est piéça dévorée et pourrie,
    Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
    De notre mal personne ne s'en rie ;
    Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

    Se frères vous clamons, pas n'en devez
    Avoir dédain, quoique fûmes occis
    Par justice. Toutefois, vous savez
    Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
    Excusez-nous, puisque sommes transis,
    Envers le fils de la Vierge Marie,
    Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
    Nous préservant de l'infernale foudre.
    Nous sommes morts, âme ne nous harie,
    Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

    La pluie nous a débués et lavés,
    Et le soleil desséchés et noircis.
    Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
    Et arraché la barbe et les sourcils.
    Jamais nul temps nous ne sommes assis
    Puis çà, puis là, comme le vent varie,
    A son plaisir sans cesser nous charrie,
    Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
    Ne soyez donc de notre confrérie ;
    Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

    Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
    Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
    A lui n'ayons que faire ne que soudre.
    Hommes, ici n'a point de moquerie ;
    Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

    Villon, Epitaphe Villon ou ballade des pendus

     Sur une suggestion de Souris donc

    « Des jeux et du cirqueComment retourner le voile »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 1er Avril 2016 à 21:33

    Nul doute qu'il existe une application smartphone permettant de contrôler la pression de la corde autour du cou et de prévenir la famille avec un décalage d'une heure happy

      • Vendredi 1er Avril 2016 à 23:22

        Il y a de l'argent à se faire. intello

    2
    Vendredi 1er Avril 2016 à 22:40

    Frères humains, qui après nous vivez,

    N'ayez les coeurs contre nous endurcis,

    Car, si pitié de nous pauvres avez,

    Dieu en aura plus tôt de vous mercis.

    Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :

    Quant à la chair, que trop avons nourrie,

    Elle est piéça dévorée et pourrie,

    Et nous, les os, devenons cendre et poudre.

    De notre mal personne ne s'en rie ;

    Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre.

    Personnellement, j'en commande une rose à la société Coulant, une qui porte bonheur.

      • Vendredi 1er Avril 2016 à 23:16

        "La ballade des pendus" de Villon. Belle corde poétique, épitaphe comme bulletin de décès.

        Rose, encore un stéréotype !

      • Samedi 2 Avril 2016 à 10:38

        Un stéréotype, en plus la vie en rose ne va pas faire les affaires de la société Coulant. Il faut des idées noires. Zut, encore un stéréotype.

        Dans la Ballade, c'est Plus becquetés d'oiseux que dés à coudre qui m'enchante le plus. Et le lancinant Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre.

    3
    Samedi 2 Avril 2016 à 09:43

    Le gibet de Montfaucon était familièrement appelé: l'abbaye de Monte-à-Regret.

    4
    Samedi 2 Avril 2016 à 10:05

    Ce petit billet du 1er avril m'a permis de relire (grâce au commentaire de Souris donc) ce superbe poème que je n'avais pas lu depuis une éternité.

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    5
    Samedi 2 Avril 2016 à 10:46

    SOURIS DONC. Et quelle ironie sur la mort, qui pour lui devait être prochaine.

    6
    Samedi 2 Avril 2016 à 12:39

    En allant me rafraîchir les souvenirs sur la toile, j'ai lu qu'il avait obtenu le sursis. Il a vécu encore 2 ans. Mort à 32 ans. Peut-être de maladie, mais pas au bout d'une corde. 

      • Samedi 2 Avril 2016 à 12:43

        Je n'ai pas vérifié (trop paresseux), mais je crois qu'il avait écrit ce poème comme un testament ou une épitaphe car il pensait être pendu, mais il ne l'a pas été de justesse.

    7
    Samedi 2 Avril 2016 à 14:48

    Sa peine de mort a été commué en dix ans de bannissement de la ville et du comté de Paris. Il a quitté Paris et personne n'a plus entendu parler de lui. 

    Ceci dit en toute modestie, c'est d'ailleurs un peu grâce à moi qu'il a échappé au gibet.

    8
    Samedi 2 Avril 2016 à 15:06

    Un texte astucieux que j'ai été relire avec plaisir.

    9
    Samedi 2 Avril 2016 à 16:55

    Un beau poisson qui a débouché sur l'une des ballades les plus connues de François Villon.

    Un véritable appel à la compassion de la part du poète, notamment au travers des champs lexicaux de la souffrance et de l’affectivité, puis par la présence de deux mondes, celui des morts et celui des vivants. François Villon, poète-truand, dépasse le stade de porte-parole des pendus, pour devenir véritable représentant des hommes en général, et finalement inciter la prière pour éviter l’Enfer et donc lancer un appel à la charité chrétienne.

    Il n'en était tout de même pas à son premier méfait :

    • une rixe qui entraîna la mort d'un prêtre en 1455,
    • cambriolage du Collège de Navarre dérobant 500 écus d'or en 1456,
    • en 1461 il est emprisonné à Meung-sur-Loire pour d'autres cambriolages et gracié par Louis XI selon la tradition, lors de sa venue à Meung-sur-Loire.
    • Il retourne en prison le 2 novembre 1462 pour un nouveau larcin et remis en liberté fin novembre 1462.
    • Lors d'une rixe il est de nouveau arrêté et cette fois-ci emprisonné au Grand Châtelet à Paris fin décembre 1462 et condamné à être étranglé et pendu au gibet de Paris.

    C'est donc à cette époque que fut écrite la ballade des pendus et également ce quatrain qui restera célèbre.

    Je suis François, dont il me poise
    Né de Paris emprès Pontoise
    Et de la corde d'une toise
    Saura mon col que mon cul poise

    « Je suis François, cela me pèse
    Né à Paris près de Pontoise
    Et de la corde d'une toise
    Mon cou saura c'que mon cul pèse »

    Il a aussi écrit pendant son incarcération Le Ballade de l'Appel qui lui servira à sauver sa tête puisque le 5 janvier 1463, le Parlement casse le jugement rendu en première instance. Il quittera Paris le 8 janvier 1463 et plus personne n'entendra parler de François Villon.

    Bonne fin d'après midi Doc

     

      • Samedi 2 Avril 2016 à 17:04

        Merci pour ce commentaire étayé. Vous avez moins de paresse que moi. wink2

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :