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AINSI VA LA VIE VIII
Paul Cezanne "Jeune homme avec un crâne"
CRÂNESur la table trône une boîte crânienne.
La jeunesse est le temps tourmenté
Où un crâne sert de presse-papiers
Pour penser à la mort encore lointaine.
Un crâne dénudé - funeste miroir -
N'orne pas la table des vieillards
Hantés par leur mort prochaine.
Boîte nettoyée par la putréfaction,
Elle avait jadis contenu une cervelle :
Entrelacs serrés de fils à profusion,
Parcourus de bouffées d'étincelles,
Distillant entre eux des sucs subtils,
Pour crisper le corps et accoucher la pensée.
Coquille vidée, devenue inutile,
L'air s'est installé par les trous désertés
A la place d'un savoir patiemment acquis,
D'émotions, de désirs, d'images gravées,
D'un monde imaginaire et de regrets aussi.
Devant le reste dérobé d'un anonyme trépas,
Ton jeune cerveau rêve dans sa boîte crânienne,
La mort te fascine mais les questions sont vaines :
Personne n'y répondra.
Paul Obraska
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Commentaires
1lili-la-rebelleSamedi 3 Mai 2008 à 09:21La mort te fascine aussi je pense parfois tu m'as l'air tellement désabusé je le ressens au travers de tes mots, tes phrases mais peut être me trompè-je ? amicalement LiliRépondreNon, Lili, j'aime trop la vie pour être désabusé. Je suis simplement lucide. Il arrive un âge où la mort n'est pas théorique, lointaine, mais palpable. Alors j'en parle beaucoup pour l'amadouer, pour m'y faire petit à petit. Cette démarche elle-même est illusoire, mais ne vit-on pas d'illusions ?
Paul
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