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AINSI VA LA VIE VI
Edouard Vuillard "Deux écoliers, jardins publics"
MERVEILLESBulles de savon transparentes
Globes aux lumières d'arc-en-ciel
Danse d'essaims d'une grâce lente
Soufflés en un fugace carrousel
Kaléidoscope aux mille merveilles
Créations tournantes du hasard
Figures à géométrie sans pareille
Art de l'instant évanoui au regard
Cerf-volant flottant haut dans le vent
Carcasse multicolore avide de liberté
Retenue par la main ferme de l'enfant
Riant au ciel, fier de son autorité
Barbe à papa au toucher de laine
Blancheur fondante dans la bouche
Brandie comme un sceptre de reine
Pour que personne ne la touche
Barbe à papa...Barbe à papa...
Papa...Ai-je appelé quelqu'un par ce nom ?
Rappelle-toi...Voyons...
Je ne m'en souviens pas.
Paul Obraska
LES ENFANTS RÊVENT-ILS ENCORE ?Devant des boîtes de conserve en fer
Rêvent-ils d'une imprenable forteresse ?
Les hautes tours découpées sur un ciel lunaire
Où sont prisonniers un roi et une princesse
Qu'ils délivreront des hordes guerrières
Inventent-ils des monstres inconnus ?
Pour se prouver qu'ils n'ont pas peur
Les monstres seront bien sûr vaincus
Par l'enfant intrépide devenu gladiateur
Rêvent-ils devant un long bout de bois ?
Que par magie ils transformeront en galère
Lancée à la poursuite des méchants aux abois
Qui seront capturés par les enfants corsaires
Leurs rêves sont-ils déjà préfabriqués ?
Par le prêt-à-rêver des adultes commerçants
Par les boîtes électroniques d'images animées
Devant les lutins tout faits virevoltant sur l'écran
Devant des monstres de plastique déjà imaginés
Par des aventures que d'autres ont inventées
Les mêmes pour les enfants du monde entier
Enfin pour les enfants de ceux qui peuvent payer
Partout les boîtes de rêves industriels s'achètent
Pour gaver des enfants capables de tout imaginer
Eux qui ont des rêves pleins la tête
Des rêves à eux qui restent coincés
Par des machines sans vie
Alors laissons-les rêver
Ces petits
En liberté
Paul Obraska
RENTREEEtre l'enfant à la rentrée de l'école
Neige quadrillée des feuilles de cahier
Pouvoir nihiliste des gommes molles
Odeur du papier que personne n'a feuilleté
Pages vierges prêtes pour la défloration
Billes à encre, avortons des plumes d'antan
Savoir enfermé dans les coffres de carton
Boîtes à surprises à défaire lentement
Crayons neufs à tailler rondement
Petits outils pour apprentis savants
Sacs de savoir à porter sur le dos
Plus on est petit plus on les veut gros
Le passé s'efface pour tout recommencer
Promesse de prouesses à venir
Tout est possible, tout est immaculé
Les amitiés perdues sont des souvenirs
Les amitiés futures sont à conquérir
Douce anxiété de la nouvelle année
Paul Obraska
JEU DE TÊTES
Dans la clarté incertaine du crépuscule
Leur tête aussi ronde que le ballon
Un sextuor de petits funambules
Jouent leur partie sur le gazon
Dans l'aquarium vert
Six petits poissons colorés
Sous les trous de lumière
S'amusent à se heurter
Dans l'herbe féconde
Une poignée de fleurs éparpillées
Tiges grimpantes à têtes rondes
Plantes sauvages, fraîchement nées
De loin je vis avec eux
Les rires et les cris
Leur passion du jeu
Leurs courses sans répit
Et dans le miroir
L'enfant que je suis
S'étonne d'y voir
Une tête blanchie
Paul Obraska
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Commentaires
1Liza PeninonDimanche 27 Avril 2008 à 19:14Paul, après vos si beaux commentaires que j'ai pris en plein coeur, voilà que vous parvenez à m'émouvoir au point que j'en ai les larmes aux yeux . "Merveilles" est sans doute le plus bouleversant des poèmes qu'il m'ait été donné de voir . J'aime infiniment votre univers, tout en pudeur, intensité et profondeur, Paul, le Temps, invention des hommes, vous a sans doute appris beaucoup ( beaucoup plus qu'à bien des gens ... que je ne juge pas ) et ne vous a pas épargné ... il n'épargne personne, mais je lis entre vos lignes, et même "en" vos mots . Il en est ainsi des sages, ceux qui ont l'humilité, précisément, des grands . Votre plume est très, très belle, puissante, et si délicate ... Je n'ai pas les mots, il m'en faudrait de nouveaux . J'essaie de me remettre à écrire aussi ... parce qu'un homme tel que vous, que je respecte infiniment, apprécie ce que j'écris . Avec toute mon amitié, en toute sincérité . LizaRépondrePardonnez-moi si je ne peux me détacher de "Merveilles" . Un immense merci pour vos mots qui me touchent d'autant plus que mon plus grand regret est aussi de n'avoir pas persévéré dans la musique ... Elle est dans mes gênes et coule dans mes mots . Les vôtres chantent vraiment, ils sont mélodiques, harmoniques . Sourire amical de ma part en retour ! Lizamerveilleux poemes des mots qui s'enchainent a la perfection comme des notes de musique respect monsieur obraska amitiés didier jullien
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