• 85. Il est né le divin DMP

    Le Dossier médical personnel (DMP) doit être lancé dans les prochains jours (selon l’Asip Santé, l’agence d’état qui pilote le projet) « Facultatif, ce dossier virtuel doit offrir aux patients volontaires un accès effectif à leurs données médicales, le DMP devant rapidement devenir consultable de chez soi par internet. Côté médecins, le DMP est censé permettre une meilleure coordination des soins et éviter les examens inutiles » (AFP).

    C’est Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Santé, qui avait présenté ce projet en 2004 comme une des solutions majeures pour diminuer le déficit de l’assurance Maladie (l’estimation des économies avait été chiffrée à l’époque en milliards d’euros !..) tout en assurant les meilleurs soins. Depuis ce projet a eu bien des déboires et il est à présent envisagé comme facultatif et les économies qu’il pourrait générer sont mises en sourdine.

     

    Stocké par un hébergeur de données sécurisées, le DMP doit s’enrichir peu à peu, des prescriptions, comptes rendus de radiologie ou autres résultats d'analyses et chaque patient pourra demander à un professionnel de santé de lui en ouvrir un, que pourront ensuite consulter et compléter des confrères, en ville ou à l'hôpital, toujours avec l'accord du patient. Cette centralisation parait à priori séduisante (elle est faite habituellement par le médecin traitant), mais s’il ne s’agit que des prescriptions et des comptes rendus d’examens, ils ont été délivrés à chaque fois au patient et il suffirait pour lui de les conserver. Il est vrai que la forme informatique est plus commode et qu’il est parfois difficile d’obtenir le dossier hospitalier.

     

    Permettra-t-il de faire des économies ? Assurément non.

    D’abord l’opération a un coût, exige du matériel et l’ouverture comme le suivi d’un DMP exigent du temps, ce qui conduira à rémunérer le médecin (le dossier qu’il consacre habituellement au patient étant beaucoup plus rapide à établir et à mettre à jour).

    Ensuite faire des économies en évitant les examens inutiles est un peu illusoire, sauf s’il s’agit d’une redondance avec un intervalle de quelques jours, mais le DMP ne sera pas mis à jour aussi rapidement, si l’intervalle est de quelques mois, voire de quelques semaines, l’examen ancien est évidemment devenu obsolète et devra être refait (avant d’être malade, on est en bonne santé).

     

    Le DMP sera-t-il fiable ?

    D’abord, cela dépend comme toujours de la compétence des médecins qui fournissent les données. Espérons que les uns n’ajouteront pas leurs erreurs à celles des autres.

    Ensuite et surtout, le patient aura la possibilité de masquer certaines données (comme une maladie sexuellement transmissible), alors qu’elle est la valeur d’un dossier incomplet ?

     

    Le DMP peut-il être dangereux ?

    Déjà s’il manque des données ou si elles sont erronées, il peut le devenir. De façon paradoxale, on pourrait dire que plus on a confiance en sa fiabilité plus il existe un risque. Dans la pratique médicale, la remise en question doit être permanente : doute sur les conclusions des autres et doute sur ses propres conclusions antérieures.

    Le patient ne sera-t-il pas perdu et inquiet par la masse des informations qu’il ne sait pas interpréter ? Ensuite est-il souhaitable qu’un malade ait accès sans réserve au pronostic de sa maladie ?

    Enfin peut-on affirmer que la confidentialité du DMP sera garantie à l’avenir ? Si l’on s’en donne la peine, il sera sans doute possible de parvenir à y pénétrer et ces dossiers pourraient intéresser des journalistes, les compagnies d’assurances ou les employeurs (s’ils n’exigent pas un jour de les consulter). Jusqu’à présent il n’existait qu’un seul fichage de la population en matière de santé : celui de l’assurance Maladie.

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 16 Décembre 2010 à 18:27
    Pour ne pas perdre le dossier, une seule solution: implanter une puce sous la peau. Et si on refuse la puce? Pas de remboursement!
    2
    Jeudi 16 Décembre 2010 à 18:31

    A mon avis, ça viendra. Peut-être pas sous la peau, mais sur la carte vitale.

    Dr WO

    3
    Jeudi 16 Décembre 2010 à 18:39
    Etre malade va bientôt devenir une occupation à plein temps ! Autant rester en bonne santé...
    4
    Jeudi 16 Décembre 2010 à 18:42

    C'est la meilleure solution. Je vous encourage à l'adopter.

    Dr WO

    5
    Jeudi 16 Décembre 2010 à 19:30
    Les gens tracassés par leur santé ont toujours eu la possibilité et le loisir de tenir à jour leur carnet de santé sur lequel ils peuvent mettre tout ce qu'ils veulent.
    Les autres doivent faire confiance à leur généraliste, le problème c'est qu'il y a bien longtemps que celui-ci n'est plus le "médecin de famille". Conclusion, si l'on veut être correctement pris en charge par son médecin il n'est pas inutile de faire un petit effort intellectuel pour lui présenter (quand il écoute) les quelques éléments utiles susceptibles de l'aider dans son diagnostic ou sa prescription, le cas échéant, tout cela avec doigté. Hum, c'est beaucoup demander au patient lambda ? au médecin référant aussi ?
    6
    Jeudi 16 Décembre 2010 à 20:43

    Les médecins interrogent toujours leur patient, car comment faire si on ne connait pas ses troubles et le médecin tient toujours un dossier. Le problème c'est le temps disponible et celui qui devra être consacré à la tenue d'un DPM risque de l'amputer.

    Dr WO

    7
    Jeudi 16 Décembre 2010 à 21:01
    " ... offrir ... un accès effectif". Une analyse de sang détaillée, par exemple, est composé d'une grosse quantité de données chiffrées. Pour le malade qui n'a aucune connaissance médicale, elle est incompréhensible. La consulter ne lui apportera aucune information. Il est quand même plus simple de faire confiance au médecin qu'on va consulter!
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    8
    Jeudi 16 Décembre 2010 à 21:37
    Dès que l'informatique se mêle de questions vitales, il est bon de se montrer suspicieux... Rien n'est plus traître qu'un ordinateur, plus facile qu'une faute de frappe... Nous qui écrivons beaucoup le savons.
    Qui saisira les données ? Le médecin déjà au taquet ?
    Que deviendront ces données le jour où la tempête fait rage et prive un département d'électricité pendant plusieurs jours ?

    J'y vois surtout une volonté de tout mettre entre les mains des machines, de nous déposséder de notre santé : lorsque toutes ces données seront devenues informatisées, il sera très facile de se débarrasser des Julien Assange et autre empêcheurs de régner entre petits potes ! Un petit peu de jus de fraise dans le cachet de l'allergique et basta !
    Un ordinateur est, si sécurisé soit-il, une passoire.
    Compte tenu du fait que par ailleurs l'état souhaite vendre ses bases de données (cartes grises), que deviendront les patients , des clients en prise directe sur l'industrie pharmaceutique qui n'aura plus besoin de payer les formations de médecins indociles ?

    j'arrête, je n'ai pas très bon esprit en ce moment !
    9
    Jeudi 16 Décembre 2010 à 23:01

    Le "effectif" est en effet très théorique. Pour le corps médical, le DMP aura peut-être un intérêt (l'expérience le dira) pour le patient et l'économie, aucun.

    Dr WO

    10
    Jeudi 16 Décembre 2010 à 23:06

    Mais toutes ces remarques sont justes. Moi, j'aimais bien mon stylo et ma fiche pour chaque patient, avec mes commentaires, mes hypothèses et même mon autocritique.

    Dr WO

    11
    Vendredi 17 Décembre 2010 à 06:29
    C'est encore enrichir l'usine à gaz de l'administration. Mon dieu, mon dieu,mon dieu ..... comme l'aurais dit ma grand mère.....!!! Bonne journée
    ZAZA
    12
    Vendredi 17 Décembre 2010 à 17:15

    On n'a pas de gaz, mais on a des idées.

    Dr WO

    13
    Lundi 20 Décembre 2010 à 18:39

    Alors ne lui demandez pas de vous en ouvrir un.

    Dr WO

    14
    leonie
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:11
    Je sens que mon toubib va avoir du mal avec le DMP, lui qui n'aime pas l'informatique et je le comprend le pauvre (question de génération). Je sens que l'avenir va être "tout informatique" partout et les jeunes étant nés avec des manettes greffées aux mains ne vont pas s'en formaliser.
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