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81. Le blues des diabétologues
Demain est la journée du diabète[1] et les diabétologues ont le blues.
La prévalence du diabète croit dans le monde[2], on parle même « d’épidémie » et 90% des diabétiques sont du type 2 en rapport net avec le surpoids[3]. Ce type de diabète touche environ : 1 Américain sur 10, 1 Britannique sur 20 et 1 Français sur 23. Les patients se comptent par millions et le coût de leur prise en charge aussi. En Grande-Bretagne, le coût du diabète, en incluant les complications, est de 1 million de livres (£) par heure !…Et aux USA il a été estimé en 2007 à 174 milliards de dollars en précisant qu'un diabétique pesait 2,3 fois plus sur les dépenses de santé qu'un non-diabétique.
Bien que les traitements et la prise en charge de ces patients progressent, les médecins constatent leur échec, leur incapacité à enrayer cette « épidémie », « l’épidémiologie du diabète est une humiliation pour la santé publique » (The Lancet). Car les médecins se rendent compte que la médicalisation seule (l’abaissement pharmacologique du glucose dans le sang) a ses limites et même des effets pervers en déresponsabilisant les individus et en excluant les réseaux communautaires, les écoles, les urbanistes, qui ont la capacité potentielle de réduire l'incidence du diabète en intervenant sur ses causes sociales.
La progression de la maladie est liée au mode vie : sédentarité et type d’alimentation, l’un et l’autre dépendent de l’individu mais aussi de l’environnement. L’activité physique est aussi importante que le mode alimentaire, encore faut-il que les conditions sociales et l’urbanisme la permettent. Pour l’alimentation, les gens sont poussés à manger ce qu’on leur offre, surtout si l’offre est d’un prix abordable.
Et là on se heurte à des intérêts puissants qui s’occupent à bloquer les initiatives pour lutter contre le diabète.
Un rapport australien concluait que les mesures les plus efficaces contre l'obésité et donc le diabète, seraient la taxation à 10 % de la « junk food », la suppression de la publicité pour ces produits en direction des enfants et la labellisation des emballages alimentaires selon le système des feux tricolores, vert, orange et rouge. Le 15 juin 2010, Bruxelles a rejeté précisément cette signalétique sur les emballages, « après un intense lobbying des multinationales de l'alimentaire ».
La télévision française (et sans doute les autres télévisions), à côté des yaourts pour maigrir qui ne font que maigrir les femmes déjà minces, on ne cesse de vanter les produits qui font grossir comme les hamburgers les plus longs, les plus gros, les plus riches avec, pour calmer la conscience de l’Etat[4], un ridicule filet au bas du gigantesque hamburger pour inviter le spectateur à suivre quelques conseils d’hygiène de vie dont il finit par se moquer, surtout s’il s’agit d’un enfant occupé à saliver.
Illustration : Botero : « Une famille »
[1] Nous conseillons aux associations s’occupant d’autres maladies – et elles sont nombreuses – de retenir un jour de l’année, le nombre de jours n’étant pas extensible et leur disponibilité se réduisant de plus en plus.
[2] A noter que sur 285 millions de diabétiques dans le monde, plus de 200 millions vivent aujourd'hui dans des pays à niveau de ressource faible ou intermédiaire.
[3] Tous les obèses ne sont pas diabétiques : il y a en France 9 millions d’obèses et 2 millions 500000 diabétiques
[4] La conscience de l’Etat est une pure supposition.
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Commentaires
1PanglossSamedi 13 Novembre 2010 à 11:48Un contrôle plus strict de la composition des nourritures industrielles pourrait résoudre une partie du problème. Une interdiction de leur publicité ou -mieux- l'obligation pour les firmes vendant de la "junk food" de verser l'équivalent de leur budget pub pour financer les publicités "droit de réponse" des organismes chargés de la santé publique.RépondreLes diabétologues aimeraient bien que ces mesures soient appliquées, mais ils se heurtent à des groupes de presssion puissants (Cf Bruxelles) et sans doute à une réticence des intéressés eux-mêmes à changer leurs habitudes, certains par mesure d'économie.
Dr WO
Ce sont les groupes de pression qui gouvernent le monde et qui le mènent à sa perte.Excellent article. Mon père est devenu diabétique et finalement est mort des multiples complications provoquées par cette maladie.
Il n'était pas amateur de fast-food mais de bonne chère cuisinée certes à partir de produits naturels mais complètement déséquilibrée en sucre et en graisse.
Je crois que, dans nos sociétés, nous mangeons trop riche, trop gras, trop "bon", que la nourriture soit fast-food, du terroir ou gastronomique.Cela commence par la nourriture des nourrissons. Le diabète, hormis, les problèmes héréditaires sont en effet le phénomène de la mal bouffe. Excès de sel, excès de graisse, excès de sucre. Quant les parents auront compris cela, les statistiques s'inverseront peut-être. Bonne journée
ZAZAPlus puissants que les états, ils effacent la politique au profit de leurs intérêts en faisant chanter les gouvernements.
Dr WO
Comme je l'ai noté, le plus grand nombre de diabétiques ne se trouve pas dans les pays riches et dans ces pays la nourriture est loin d'être gastronomique. Aux USA l'obésité touche plus les pauvres que les riches.
Dr WO
Certains préconisent une mesure de lutte extrêmement simple : la non prise en charge des personnes obèses arguant du fait que l'on est libre de s'empoisonner à condition que cela ne constitue pas une charge pour la société. Qu'en pense le Dr Wo ?Quand je vois le prix des fruits et légumes, je comprends qu'une famille nombreuse avec de petites ressources ne puisse pas en acheter. Si on m'avait dit il y a quelques années que je paierai le kilo de poireaux plus de 3€ (20 francs), je ne l'aurai pas cru !Cette suggestion a été faite il y a fort longtemps par Michel Debré, auteur de la constitution de la Ve République, elle concernait l’alcoolisme et le tabagisme. D’une façon générale, il est difficile de culpabiliser les malades au point de refuser des soins à ceux qui ne peuvent pas les payer et en pratique un médecin ne peut pas le faire. C’est encore plus difficile pour les obèses, car nous sommes très inégaux devant l’apport calorique, certains ne seront jamais obèses, d’autres le seront au moindre écart et même sans écart en raison des facteurs génétiques.
Dr WO
C'est en effet une des raisons de la malbouffe et de la fréquence de l'obésité des pauvres dans les pays riches.
Dr WO
Il y en a qui se sucrent.Il faudrait déja tuer le mythe qui dit que manger sainement coute trop cher, c'est la facilité et non le manque de moyens qui fait qu'on cède à la junk food...après, le gouvernement -s'il est certe peu efficace sur le sujet-ne peut pas prendre la place de chacun et contrôler ce que nous mangeonsLa facilité joue un rôle, mais les jeunes cuisinent rarement et ont peu de ressources. Chacun est libre et les gouvernements n'ont pas à intervenir dans nos assiettes, mais ils peuvent intervenir dans l'environnement et résister aux groupes de pression qui se moquent totalement de la santé publique (ou font semblant de s'en préoccuper).
Dr WO
19leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:12Il y a aussi la mauvaise alimentation dès le petite enfance qui provoque l'obésité et sans doute le futur diabète.20leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:12Sans doute qu'un dérèglement du métabolisme peut avoir lieu à cause de la mauvaise ou / et suralimentation.
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