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62. La parole est d'argent
La multiplication des cellules
« Homme, ne tirez pas le chapeau sur vos yeux, / Donnez au malheur des mots : le chagrin qui ne parle pas / S’insinue au cœur surchargé et fait qu’il se brise. » (Malcom à son ami McDuff à qui on vient d’annoncer le meurtre de sa femme et de ses enfants, Macbeth A IV s 3)
Encouragés par Shakespeare, les psychothérapeutes sont partout, plus perspicaces pour les autres que pour eux-mêmes. Mais peut-être avons-nous plus de psychologues que d’amis.
Les psychologues sont parfois groupés en cellules et elles doivent se diviser pour se multiplier afin de d’intervenir rapidement dans des lieux imprévisibles pour des motifs non programmés mais dont le point commun est le drame.
Dès qu’une catastrophe survient (y compris le gain d’un gros lot), dès qu’un présentateur d’une chaîne télévisée l’annonce, il ne manque jamais de conclure sa présentation par « une cellule psychologique a été constituée ». Ceci pour bien montrer que les choses sont prises en main, que rien n’a été négligé et que, somme toute, l’affaire est réglée et que les victimes n’ont plus à se faire du souci : les psychologues les prennent en charge et leur malheur en sera forcément moins douloureux. Ah ! Que l’on aimerait que les choses soient ainsi, mais je crains que la cellule psychologique suit les catastrophes comme le tonnerre suit l’éclair. Du bruit pour rien.[1]
Recrutement dans les maternelles
Il est vrai que la dépression nous guette. Ce n’est pas étonnant à voir le monde tel qu’il boîte. Mais les enfants à la maternelle qui n’ont qu’une vision assez confuse de ce monde seraient également menacés selon certains psychiatres[2] qui avancent que la dépression – semblable à celle de l'adolescent et de l'adulte - peut frapper même les bambins et préconisent de dépister cet état dépressif proche du berceau afin de prévenir une aggravation ultérieure (comment ? Par des drogues ?! Par la parole ? Bon courage). Notre vigilance doit donc porter non seulement sur les futurs délinquants en couche-culotte, mais également sur les déprimés accro à leur tétine.
Il faut souligner, pour respecter la vérité historique, que dès 1498, Albrecht Dürer avait montré dans le tableau ci-dessus un enfant Jésus manifestement déprimé, non sans raisons.
[1] Des études américaines contestent l’utilité et même l’absence de nocivité du « débriefing ». Les Français pensent que leur personnel est mieux formé, mais l’on ignore s’ils en ont démontré l’efficacité (ce qui est d’ailleurs difficile)
[2] Luby JL et coll. : Preschool depression, homotypic continuity and course over 24 months. Arch Gen Psychiatry 2009; 66-8: 897-905
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Commentaires
1PanglossLundi 7 Septembre 2009 à 18:53Il savait ce qui l'attendait!RépondreIl a vraiment l'air de se demander ce qu'Il est venu faire dans cette galère ! Il faut dire que la tête de Marie n'est pas spécialement réjouie non plus.
Côté psys, je serais paut-être un peu plus nuancée que vous. Certains enfants ont vraiment besoin d'aide (pas forcément des cas graves) et les résultats peuvent être remarquables. Certains exemples dans ma famille proche tendent à aller dans ce sens...Bien sûr. Mais là il s'agit de médicalisesr systématiquement des bambins qui savent à peine parler.
Dr WODes catastrophes dont pas mal ont été causées par la folie des hommes seront traitées par des psys... ça me rappelle un peu ces guerres ou un même pays envoie alternativement des bombes puis des secours...
Quand aux dépressifs en couches culottes, ce n'est qu'un prétexte pour les ficher un peu plus tôt que dans la fameuse "base élèves" que tout enseignant est sommé de fournir...
Désolée, mais je n'ai plus confiance...En effet vous manifestez une suspicion généralisée. Il est vrai que les hommes sont responsables directement ou indirectement de certaines catastrophes. Je fais un peu d'ironie sur la généralisation et sur l'utilité peut-être dixcutable des cellules psychologiques. Quant à la dépression des bambins, elle est très discutée par les pédopsychiatres eux-mêmes. Plus que le fichage que vous évoqué, c'est la médicalisation qui me parait excessive.
Dr WOCes enfants maltraités ne sont pas toujours accessibles aux services sociaux et aux médecinx, mais parfois ceux-ci passent à côté comme on l'a vu recemment. Il est difficile de concevoir Dieu enfant.
Dr WOMais peut-on parler de cellule familiale ? On peut parler de cellule pour l'enfant maltraité.
Dr WOCes frères et soeurs non maltraités assistent impuissants à la maltraitance, en seront marqués pour la vie et rejetteront le plus souvent leurs parents. On ne peut pas appeler ce groupement de personnes une famille, même si elles ont liées par des liens génétiques.
Dr WO12sartanLundi 7 Janvier 2013 à 16:25Ah les psys dans les écoles... Tout un programme ! Les exemples et les expériences que j'ai pu avoir dans ce domaine ne m'inspirent guère de sympathie pour ces personnes. C'est vrai que Marie ne paraît pas très heureuse, que pouvez-vous lui prescrire poour qu'elle nous fasse un beau sourire ?13leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:25Ce qui est grave c'est qu'on épluche le comportement d'enfants qui vont tout à fait bien sous prétexte qu'ils ont un trait de caractère qui dérange et qu'on passe à côté d'enfants qui vont mal à cause de problèmes familiaux qu'on préfère ignorer. Cf. tous ces enfants qui meurent de maltraitances. Ps. on ne parle pas beaucoup de l'enfance de l'enfant Jésus.14leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:25Vous savez pourquoi ils passent à côté des services sociaux? tout simplement parce qu'ils apprennent à mentir par peur de réprésailles mais plus pour protéger la cellule familiale.15leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:25Si, si, il y a cellule familiale quand il y a d'autres frères et soeurs non maltraités, du moins dans la tête de l'enfant.16leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:25Effectivemnt, mais au nom de la loi c'est quand même le nom qu'on donne à ce type de groupement à défaut de pouvoir faire autrement.
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