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389. La parole est d’argent
Par une fenêtre du métro j’ai aperçu hier, à une station, une énorme affiche publicitaire proposant aux voyageurs masqués, les yeux fixés sur leur smartphone ou les doigts virevoltant dessus, de commodes consultations de psychologie en téléchargeant une application leur permettant d’y accéder dans les 24 heures pour le modique somme de 34 euros, si je me souviens bien. Le soutien psychologique vendu comme des savonnettes, une extension du type « amazonique » dans le domaine de la pensée et des émotions. Une désacralisation du colloque singulier entre humains en y introduisant la technologie qui annule les distances où elle s’invite dans l’entretien secret pour l'inclure dans ce monde virtuel habité de milliards d’intervenants, et bruissant de milliards de discours, tous exposés à ceux qui veulent et qui savent les écouter. Pourtant, à la réflexion, si l’on passe sur le côté mercantile de l’offre et sur son côté tapageur, dans le domaine de la psychologie ou de la psychiatrie, diagnostic et traitement sont essentiellement liés à la parole échangée, à laquelle il faut ajouter l’expression du visage et des attitudes de son vis-à-vis que la consultation à distance permet aujourd’hui. Alors, soyons moderne et cette proposition mercantile, si elle manque de noblesse, peut s’avérer utile pour ceux qui ont besoin de ce soutien psychologique très accessible, en espérant qu’il s’agit bien de psychologues et que ce ne sont pas des branquignols. En fait, la télémédecine qui s’est amplifiée avec la pandémie a bien montré que l’examen clinique se rétracte de plus en plus sur la parole, et que du quintette des instruments traditionnels de l’examen clinique : interrogatoire, inspection, palpation, auscultation percussion, le premier reste toujours indispensable, la seconde évidente, et si les trois autres sont utiles pour éviter une débauche d’examens complémentaires, ils sont bien moins performants que l’imagerie qu’ils ne peuvent seulement qu’orienter.
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Commentaires
Si je me souviens bien 34 € ça tombe pile-poil dans la fourchette du forfait offert par le gouvernement pour quelques séances "gratuites" de consultations chez un psychologue ?
Y'en a là d'dans...!
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Jeudi 14 Octobre 2021 à 16:03
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Pourquoi pas ? Ne dit-on pas qu'un bon confident remplace avantageusement le psy ? et que fait-on quand on est malheureux ? on téléphone à un ami. Désormais, si on n'a pas de confident, on téléphone à SOS-Psy.
PS : La télémédecine s'est amplifiée avec la pandémie mais aussi et peut-être surtout depuis quelques années avec l'utilisation de logiciels d'aide au diagnostic qui remplacent (et peut-être surpassent) l'expérience et le savoir-faire du médecin de famille qu'on a tous connu. La psychologie n'y échappera pas, l'être humain est tellement prévisible !
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Jeudi 14 Octobre 2021 à 16:23
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4Souris doncVendredi 15 Octobre 2021 à 09:05La télémédecine, et toutes les données personnelles que nous laissons sur Internet, les smartphones, les caméras de surveillance, la carte bancaire, sont récupérées et commercialisées par des sociétés qui revendent notre portrait actuel mais aussi futur (dessiné par des logiciels spécialisés). Aux assureurs, aux mutuelles, aux entreprises alimentaires, vestimentaires, immobilières.
Aux investisseurs. Madame Irma a fait faillite.
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Vendredi 15 Octobre 2021 à 09:41
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Mais sont-ce vraiment des psychologues ??? Là est toute la question ! Je veux bien moi aussi faire de la psychologie à 34€, multiplié par X c'est un travail juteux !
En tout cas ils répondent peut-être à un besoin ou sinon ils vont le créer.