• 380. Fait ce que je dis, ne fait pas ce que je fais

    380. Fait ce que je dis, ne fait pas ce que je faisIl est normal que le public et les journalistes s’étonnent de la réticence d’une partie des professionnels de santé à se faire vacciner. Cette opposition à la vaccination paraît incompréhensible de la part des soignants qui sont en théorie les mieux placés pour juger de l’intérêt de la vaccination. Ils sont surtout responsables des patients avec lesquels ils sont en contact et qu’ils sont donc susceptibles de contaminer dans le cas où ils seraient porteurs de virus, une contamination d’autant plus grave qu’elle toucherait des malades et donc plus enclins à faire des formes graves de la COVID-19.

    C’est ce dernier argument que l’on met à juste titre en avant pour éventuellement imposer la vaccination obligatoire aux soignants. Notons cependant que s’il semble (je n’ai pas vu de résultats de grandes études à ce propos) que les vaccinés sont nettement moins contagieux que les non vaccinés contaminés, la contamination d’un vacciné à un non vacciné reste possible car le premier peut être porteur du virus dans le cas où la quantité d’anticorps Ig A est faible dans les fosses nasales, porte d’entrée favorite du virus. Un contre-argument pourrait donc se baser sur cette possibilité pour refuser le vaccin en arguant qu’un respect strict des gestes barrières suffirait à protéger le malade du soignant récalcitrant (en particulier en utilisant le masque FFP2).

    Les professionnels de santé constituent une population hétérogène où les médecins sont finalement minoritaires. Une étude multicentrique française, bien entendu parue en anglais (Janssen C et al. Hesitancy towards COVID-19 Vaccination among Healthcare Workers: A Multi-Centric Survey in France. Vaccines. 2021 May 22;9(6):547.), a enquêté sur l’attitude de 4349 professionnels de santé (non vaccinés) de décembre 2020 à mars 2021 devant plusieurs scénarios possibles tenant compte de la qualité des vaccins proposés, critères portant sur l’efficacité, la durée d’immunisation, le taux et la sévérité des effets indésirables, considérés comme très rares s’ils étaient sévères. Dans chaque scénario, il était supposé que l’épidémie de COVID-19 devenait annuelle et saisonnière.

    « Globalement, la volonté de se faire vacciner était de 53,2% et a augmenté avec le temps. Quatre groupes ont été identifiés : ceux souhaitant se faire vacciner quel que soit le scénario (18%), ceux ne voulant pas se faire vacciner du tout (22%), et deux groupes hésitant selon le type de scénario...l’acceptation de la vaccination augmentait avec l’âge, le degré de formation et était plus élevée parmi les hommes avec comorbidités. ». Notons que cette étude a été faite du 1er décembre 2020 au 26 mars 2021 et il est probable qu'aujourd'hui, avec l'expérience d'un grand nombre de vaccinés, l'adhésion des hésitants à la vaccination  serait plus forte.

    L’analyse a finalement montré, ce qui n’est pas étonnant, que parmi les soignants hésitant, la peur des évènements indésirables (et que les professionnels de santé sont à même d’apprécier) était la principale préoccupation et si la majorité acceptait la vaccination, moins d’un tiers des professionnels de santé se disaient enclin à accepter un programme de vaccination obligatoire.

    Nous ignorons si les 22% de soignants totalement opposés à la vaccination iront voter aux prochaines élections puisqu’une récente enquête a montré que c’est parmi les « antivax » que l’on retrouvait le plus d’abstentionnistes, les professionnels de santé par leur hétérogénéité étant en définitive, quoi que l’on dise, à l'image de la population générale.

    « Des Don Quichotte chargent des éoliennesLE SONNET DE L’ÉLECTEUR SONNÉ »

  • Commentaires

    1
    Samedi 19 Juin 2021 à 20:46

    J'ai lu un article qui disait que les médecins, se faisaient plus volontiers vacciner que les aides soignants ???

      • Samedi 19 Juin 2021 à 20:56

        C'est exact. Cette étude montre que l'adhésion des soignants à la vaccination augmente avec le degré de formation.

    2
    Souris donc
    Dimanche 20 Juin 2021 à 08:22

    Nouveau fantasme (fake) des antivax : le vaccin produirait des mutants de plus en plus létaux.

    Sur le mode darwinien de la sélection des espèces ?

      • Dimanche 20 Juin 2021 à 08:32

        Cela m'étonne - à ma connaissance - que les antivax n'aient pas inventé un effet des vaccins sur la procréation et l'apparition de malformations congénitales. Si ce n'est pas déjà le cas, ça viendra.

    3
    Dimanche 20 Juin 2021 à 09:36

    A noter que le crétin antivax est souvent, à l'instar de Francis Lalanne, par exemple,  anti-masque et anti distanciation. Laisser donc ces gens travailler auprès de personnes malades et affaiblis est une crime. De nombreux pays européens ont déjà décidé de licencier ces gens sans autre forme de procès. Macron privilégie le dialogue et la persuasion. Qu'avons nous  à  gagner à faire des concessions à  des imbéciles? 

      • Dimanche 20 Juin 2021 à 09:51

        Les antivax font partie d'une catégorie de la population ayant des traits communs. Macron est prudent à juste titre, la société française a montré qu'elle est plutôt nerveuse. Il a eu sa dose de manifestations incontrôlables et qui ne demandent qu'à reprendre si la pandémie marque le pas pour un temps.

    4
    Dimanche 20 Juin 2021 à 10:04

    Je suis inquiet. L'irrationnel gagne du terrain dans une société sans repères. Et ce, dans tous les domaines.

      • Dimanche 20 Juin 2021 à 10:14

        A commencer par les têtes "pensantes". L'université est devenue ubuesque, l'intolérance y est reine là où le débat devrait dominer. Il est vrai que les sujets qui occupent ce beau monde frisent la débilité.

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :