• 374. Liberté et santé

    Pendant cette crise sanitaire, il n’est pas certain que nos dirigeants aient manqué de compétence, mais il est certain qu’après avoir proclamé l’état de guerre, ils n’ont pas cessé de péter de trouille, n’osant pas prendre des décisions impopulaires ou risquer de rencontrer des obstacles ou des sanctions judiciaires. Car la justice de ce temps, proclamé - sans doute abusivement - de guerre, fonctionne évidemment comme en temps de paix. Elle s’est d’ailleurs illustrée à ce propos par la perquisition effectuée au domicile du ministre de la santé Olivier Véran à la suite d’une plainte imbécile.

    Velléité, indécision, contradiction se sont particulièrement exprimées dans le contrôle plutôt laxiste des frontières dès le début, en particulier avec l’Italie. Après avoir entendu, un ministre dire qu’il était impossible d’interrompre les vols en provenance du Brésil où l’épidémie prend des allures de catastrophe, les vols ont été finalement interrompus le lendemain de cette déclaration. Navigation à vue ou navigation erratique ?

    Si nous en sommes là (100000 décès provoqués par la COVID-19 avec un taux supérieur à bien d’autres pays) c’est aussi parce que le gouvernement, dont je conçois les difficultés de gouvernance, n’a jamais osé ou pu imposer l’isolement transitoire et obligatoire des porteurs de virus après les avoir repérés (l’application « TousAntiCovid » étant à mon avis une vaste plaisanterie), comme d’imposer une « quarantaine » aux voyageurs provenant de pays où circule largement le SARS-CoV-2, surtout lorsqu’il s’agit d’un variant nouveau (j’ai entendu dire que l’on proposait aux arrivants un isolement à leur convenance ! J'espère que Mélenchon acceptera de s'isoler après son retour d'Amérique du Sud située au-delà du périmètre actuellement permis ). Certes, on peut toujours avancer qu’il faut s’habituer à vivre avec ce virus, l’ennui est qu’il a tendance à se modifier et pas dans le bon sens, et il ne sera jamais le même (comme pour celui la grippe) tant qu’il a la possibilité de circuler.

    Les régimes autoritaires sont évidemment plus à l’aise pour imposer des mesures radicales et se sont montrés ainsi efficaces. De ce fait, ils ne manquent pas d’ironiser sur les pudeurs des régimes démocratiques où le respect des libertés individuelles finit, dans les circonstances exceptionnelles, par se retourner contre les individus. Cependant, certaines démocraties ont pu imposer des mesures efficaces que la population a acceptées pour leur plus grand bénéfice, avec cependant la réserve qu’il est toujours délicat de comparer des pays dont les situations, ne serait-ce que géographiques, sont différentes.

    Si une personne atteinte d’une maladie non transmissible est libre de se traiter ou non, cela ne devrait pas être le cas d’un individu contagieux en contact avec des individus non atteints, et il est nécessaire de tout faire pour le dépister et l’isoler, surtout quand il n’a pas de symptômes. La société doit se défendre et l’Etat est censé être là pour le faire. De ce point de vue, il me semble que les autorités françaises se sont montrées inefficaces ou trop lentes, si l’on compare les dispositions prises, quand elles ont été prises, avec celles d’autres pays.

    « NotesBis repetita placent »

  • Commentaires

    1
    Souris donc
    Mercredi 14 Avril 2021 à 18:16

    Pétés de trouille, alors : dîners clandestins...

      • Mercredi 14 Avril 2021 à 18:27

        Mais je n'ai pas lu ou entendu que la présence de ministres ait été confirmée.

    2
    Mercredi 14 Avril 2021 à 19:57

    Le plus ridicule (je parle de ridicule récent) est l'engagement sur l'honneur de s'isoler pour ceux qui, venant du Brésil, sont testés positifs.

      • Mercredi 14 Avril 2021 à 20:54

        Naïveté ? Bêtise ? Incapacité de faire autrement ? Inconscience.

    3
    Jeudi 15 Avril 2021 à 08:49

    J'aime me faire l'avocat du diable : avant la suppression des vols entre le Brésil et la France, les voyageurs devaient déjà arguer d'un motif impérieux (professionnel ou familial notamment) pour se rendre en France, puis  devaient effectuer un test avant de prendre l'avion puis un autre test en arrivant en France.  

    Alors je trouve aussi que la simple promesse sur l'honneur de se mettre en quarantaine était ridicule, mais on ne peut pas non plus affirmer, comme certains députés, que nos frontières étaient grandes ouvertes sur le Brésil de Bolsonaro.

    Je crois que cette crise aura montré les limites de nos démocraties : démagogies sans limite, fake news en abondance, exploitation éhontée du malheur des gens, plaintes ridicules traitées par des juges ivres de leur pouvoir... On n'en sortira pas indemne.

      • Jeudi 15 Avril 2021 à 21:23

        Si je trouve plus sûr l'isolement pour ne pas importer des variants dangereux, c'est que je me pose la question sur les tests. Un test PCR (le plus sûr mais qui nécessite encore du temps) est exigé 72 heures max avant, mais en 72 heures on peut très bien être contaminé. Et quand il s'agit d'un test à lecture rapide à faire à l'entrée, il existe une proportion notable de résultats faussement négatifs.

      • Souris donc
        Vendredi 16 Avril 2021 à 13:10

        On a interrompu les vols en provenance du Brésil, mais pas ceux en provenance de Guyane qui est quasiment enclavée dans le Brésil. Le porte-parole a dit qu'au nom de la continuité territoriale, les Guyanais pouvaient venir en métropole sans restriction.

        Le variant ne va pas tarder à tirer profit de la continuité territoriale

      • Vendredi 16 Avril 2021 à 13:31

        La continuité de l'inconscience. On pourrait respecter la continuité territoriale en isolant les arrivants pendant une semaine avec un test final pour dépister les formes asymptomatiques.

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