• 370. Un principe sans précaution

    370. Un principe sans précautionJ’ignore à cette heure la suite (probablement favorable) pour le vaccin AstraZeneca. J’ignore s’il existe une relation entre les thromboses observées et la vaccination, mais ce qui est certain est que 1° ces cas ont été rarissimes si l’on tient compte des millions de gens vaccinés avec AZ, et leur risque de survenue très inférieur à celui que nous prenons en nous déplaçant dans la ville ou sur les routes, 2° Que parmi les personnes qui devaient être vaccinées pendant les jours d’arrêt, certaines vont être atteintes de la COVID-19 alors qu’elles ne l’auraient pas été si elles avaient été vaccinées. Il est donc probable que le nombre de morts sera plus important que celui des décès éventuellement provoqués par ces thromboses dont la survenue est peut-être totalement indépendante de la vaccination.

    C’est ainsi que le principe de précaution a des effets pervers, et finit par aller contre l’intérêt de la population. Nous sommes de nos jours d’une prudence extrême, et les politiques vivent dans la trouille, ne serait-ce que devant les retombées judiciaires possibles. Leur attitude incertaine et les décisions prises à propos du vaccin AZ vont braquer la population contre lui, le mal est fait, et cela ne va pas encourager le personnel soignant à se faire vacciner, ce qui nous promet des foyers épidémiques hospitaliers supplémentaires dont on aurait pu se dispenser.

    Il est normal que les médecins prennent toutes les précautions pour exposer les patients au moindre risque dans leurs interventions thérapeutiques, mais quelles que puissent être ces précautions, le risque iatrogène existe toujours, et à l’échelle d’une population on est obligé de faire une estimation entre le risque couru et le bénéfice escompté, entre le risque individuel et le bénéfice pour la collectivité. Le principe de précaution, au contraire, consiste à s'abstenir d'agir quand on estime que cette action présente un risque potentiel même s'il est discutable. Cette abstention peut parfois avoir des conséquences plus délétères que l'action écartée.

    La médecine ayant été longtemps essentiellement empirique, on imagine ce que le principe de précaution s’il avait été appliqué dans le passé aurait eu comme conséquences, notamment pour la découverte de la vaccination qui consiste à provoquer volontairement une maladie légère pour en éviter une sévère, éventuellement mortelle.

    Ce fut une découverte des paysans chinois et turcs, exploitée par la médecine occidentale. Les paysans d'Anatolie frottaient le bras scarifié de leurs enfants avec du pus de varioleux convalescent pour les préserver de la petite vérole. Au XVIIIe siècle, Lady Montaigu Wortley, femme de l'ambassadeur d'Angleterre à Constantinople, fit ainsi inoculer ses enfants et ramena la « variolisation » en Angleterre. La pratique se répandit, notamment en France, où le médecin de l'aristocratie, Théodore Tronchin, inocula -  on disait « tronchina » - des milliers d'enfants. Mais la maladie provoquée pouvait se révéler dangereuse : un enfant sur cinq en mourrait. On finit par en interdire la pratique pour la reprendre après la mort de Louis XV et sacrifier un enfant pour en protéger quatre.

    C’est après bien des hésitations que l'Anglais Edward Jenner inocula, le 14 mai 1796, à James Phipps âgé de huit ans, la variole des vaches ou vaccine dont les pustules des pis transmises aux vachers semblaient les préserver de la variole. La vaccination fût heureusement un succès et conquit l'Europe, non sans oppositions, jusqu'à la lointaine Russie où la Tsarine adopta le premier enfant vacciné, qu'elle appela Vaccinof.

    Jenner avait découvert la vaccination naturelle, un siècle plus tard Pasteur mit au point la vaccination avec des germes de la maladie même. Ce sont encore des enfants qui essuyèrent les plâtres. Joseph Meister, neuf ans, puis Jean-Baptiste Jupille, berger jurassien de quinze ans, échappèrent par miracle à la rage alors qu'il n'y a pas de preuve certaine qu'ils en étaient atteints. Par la suite plusieurs vaccinés moururent de la rage. L'hygiéniste et Doyen de la Faculté de Paris Paul Brouardel, qui en avait la preuve, dissimula heureusement la vérité pour sauver la vaccination. Car Pasteur avait raison. Les vaccinations obligatoires, qui consistent à sacrifier quelques rares individus pour le bien du plus grand nombre, ont permis l'éradication de la variole et la quasi disparition des maladies infantiles les plus graves comme le croup et la poliomyélite.

    Illustration : Gaston Melingue « Edward Jenner, la première vaccination »

    « L’addition de l’addictionLICRASSE »

  • Commentaires

    1
    Mercredi 17 Mars 2021 à 19:50

    Le bon sens que vous exposez ne peut rien contre les complotantes irrationnels? Quel est l'imbécile qui le premier a fait courir la rumeur des effets néfastes de ce vaccin? Il mériterait de passer quelques jours en réanimation.

      • Mercredi 17 Mars 2021 à 20:47

        Il est parfois difficile d'expliquer à quelqu'un qu'il doit prendre un risque, aussi minime soit-il, pour le bénéfice de la collectivité.

    2
    Mercredi 17 Mars 2021 à 19:52

    J'avais écrit "complotistes" mais mon correcteur automatique a encore fait des siennes. Désolé!

      • Mercredi 17 Mars 2021 à 20:48

        Il est agaçant de devoir passer derrière le correcteur pour le corriger.

    3
    Mercredi 17 Mars 2021 à 20:34

    @ Pangloss :

    Sur Eklablog, tant qu'un commentaire n'a pas reçu de réponse, il peut être modifié par son auteur.  Je le fais souvent. 

    (Mais peut-être faut-il être soi-même membre d'Eklablog, A vérifier)

    4
    Mercredi 17 Mars 2021 à 20:48

    Les antivax et les adeptes de la secte des "traitements précoces" (nouvelle appellation de l'hydroxychloroquine) crient victoire trop vite.  Les gens continueront à se vacciner y compris avec l'Astra Zeneca. 

      • Mercredi 17 Mars 2021 à 20:58

        On se demande où est leur victoire. On a largement démontré que l'hydroxychloroquine et l'azithromycine sont inefficaces chez les malades atteints de la COVID-19, en tout cas guère davantage qu'une hostie.

    5
    Souris donc
    Jeudi 18 Mars 2021 à 08:57

    Une thrombose n'est pas forcément tragique. Un cathéter m'a envoyé un caillot dans la veine jugulaire. Stase. Qui m'a fait doubler de volume, a trouvé son exutoire dans les plèvres. Pleurésie drainée. Mise sous AVK pendant un an. Terminé.

      • Jeudi 18 Mars 2021 à 09:09

        La formation "inappropriée" d'un caillot dans un vaisseau a une large panoplie d'expressions qui va de la petite phlébite superficielle à la mort. Quand le sang fait un tour il est préférable qu'il soit complet.

      • Souris donc
        Jeudi 18 Mars 2021 à 10:17

        Je voulais apporter un argument au risque iatrogène au niveau d'une population par rapport au bénéfice escompté. Le risque de thrombose avec l'Astragrampiqueetpique est statistiquement minime. Et on a cet AVK qui, pour le règne animal s'appelle "la mort-aux-rats", et fonctionne sur les souris, donc. En fluidifiant la circulation. Circulez, y a rien à voir.

      • Jeudi 18 Mars 2021 à 11:06

        Ce n'est pas aussi simple. On ne peut pas évidemment donner un anticoagulant à titre préventif (les AVK sont à présent remplacées par les anticoagulants à action directe : AOD, de manipulation plus simple, dans la plupart des indications) et quand une thrombose s'installe elle peut parfois faire des dégâts selon sa localisation (thrombose veineuse cérébrale ou coronaire) ou si elle se complique (embolie pulmonaire) avant la mise en route du traitement anticoagulant. Rien n'est simple en médecine. Mais pour le vaccin AZ, à ma connaissance, il n'est pas encore démontré qu'il y a un rapport entre vaccin et thrombose et même s'il y en avait un la complication serait rarissime, et comme vous le dites, nous avons des médicaments pour la traiter.

    6
    Jeudi 18 Mars 2021 à 15:16

    Entendu à la radio: "L'effet indésirable du vaccin, c'est un peu de fièvre; l'effet indésirable du covid, c'est la mort".

      • Jeudi 18 Mars 2021 à 15:58

        Déclaration excessive. La mortalité est faible même si les morts sont nombreux en raison du nombre de contaminés.

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