• 34. Les passeurs

    La médecine arabe était la médecine gréco-latino-byzantine traduite en arabe et complétée par l'expérience des médecins arabes et  juifs au Moyen Age.

    C'est grâce au fanatisme et à l'intolérance religieuse des byzantins que les connaissances médicales des grecs et latins n'ont pas été perdues. La médecine byzantine continuait celle de Rome avec d'éminents praticiens, comme le clinicien Alexandre de Tralles au VIe siècle, un des plus importants de l'histoire de la médecine, et le chirurgien Paul d'Egine au VIIème, particulièrement inventif.  C'est au VIIIe siècle que des Nestoriens hérétiques chassés de l'empire byzantin se réfugient en Perse, à Goundi-Shapour où ils développent une école médicale. Ce sont eux qui vont traduire les ouvrages grecs et latins en arabe et permettre l'essor de la médecine en terre d'Islam d'où elle reviendra en Occident par Salerne et l'Espagne à partir du Xe siècle. Ce ne sera pas la dernière fois qu'une émigration forcée d'hommes de science est à l'origine d'un nouvel essor de celle-ci.

    Le premier livre de médecine  en arabe est la traduction par un juif d'un livre écrit en grec par un prêtre chrétien d'Alexandrie (M.Bariéty et C.Coury, Histoire de la Médecine). Au Moyen Orient, au XIe siècle, le plus célèbre des médecins arabes est Avicenne (à gauche, en haut), originaire de Boukhara. Dans une œuvre encyclopédique : le Canon, Avicenne fait le diagnostic par le pouls dont il distingue dix sept variétés, établit traitement et pronostic selon les astres, considère l'amour comme une maladie, dessine des schémas  abscons et naïfs qui pourraient évoquer les arbres de décisions et algorithmes à la mode de nos jours. Le Canon a encombré les études médicales pendant des siècles : «  un fatras obscur dont on ne peut tirer aucune déduction utile aux malades » (J-C Sournia, Histoire de la médecine). On comprend que Paracelse l'ait jeté au feu. En Espagne, un siècle plus tard, le grand médecin est à Cordoue, Averroès (à droite), qui s'intéressait plus à la philosophie et à la théologie qu'à la médecine. Esprit sceptique, c'était un musulman pas très catholique contesté par ses coreligionnaires orthodoxes, puis par les chrétiens. Egalement à Cordoue et son contemporain, le plus célèbre médecin juif, Maïmonide (à gauche, en bas), devenu médecin du Vizir au Caire,est lui aussi plus mémorable pour son œuvre théologico-philosophique que par ses traités médicaux , si appréciés fussent-ils à l'époque.



    Documentation réunie avec la collaboration de Jean Waligora

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 11 Septembre 2008 à 16:48
    Toujours intéressant!
    2
    Jeudi 11 Septembre 2008 à 17:32
    Quelques petites vérités impertinentes
    Dr WO
    3
    Samedi 13 Septembre 2008 à 10:49
    Puisqu'on est dans l'impertinence, le turban et la barbe semblent être les deux mamelles de la médecine de ces époques. Et si leur philosophie valait leur médecine?
    4
    Samedi 13 Septembre 2008 à 11:22
    Vous prêchez un converti.
    Dr WO
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