• 302. La préférence nationale pour le choix au « pifomètre »

    302. La préférence nationale pour le choix au « pifomètre »

    Embryon de 3 jours (8 cellules) que l'on ne veut pas stigmatiser

    A de nombreuses reprises nous avons constaté que les députés français avaient pris des décisions importantes alors qu’ils n’étaient qu’une poignée pour les prendre. Parfois le résultat du vote ne convenant pas au gouvernement, ils ont été amenés à revoter. L’absentéisme et ce genre de manipulation ont pour conséquence de décrédibiliser l’Assemblée nationale, le rôle et le vote des députés censés représenter la nation.

    Le député Modem et généticien Philippe Berta, lors de la révision des lois de bioéthique avait présenté un amendement permettant dans le cadre d’une fécondation in vitro, de proposer systématiquement un diagnostic pré-implantatoire (DPI). Mais le texte a été repoussé à la demande du gouvernement dans la crainte des dérives eugénistes.

    L’amendement a été rejeté par 89 votes et les représentants de la nation sont au nombre de 577 !

    Ce rejet de la part des députés présents (et du gouvernement) est lié à un contresens. Le DPI proposé dans cet amendement n’avait pas pour objectif de choisir un embryon particulier à implanter dans l’utérus mais à éliminer les embryons dont les anomalies chromosomiques risquaient fortement d’entraîner soit l’échec de l’implantation, soit des anomalies fœtales telles qu’elles conduiraient à un avortement provoqué. « Nombre d’embryons présentent des anomalies de nombre de chromosomes (aneuploïdies) qui sont la cause la plus fréquente soit d’échecs d’implantation, soit de fausses couches, soit mais dans une moindre mesure, d’anomalies viables qui amènent les couples à faire le choix difficile d’une interruption de grossesse ». Ces aneuploïdies embryonnaires sont fréquentes et d’autant plus que la femme est âgée (environ 2/3 des cas après 40 ans). Les dépister permettrait de réduire le nombre d’embryons à implanter, celui des grossesses multiples, et celui des tentatives souvent mal vécues pour en obtenir une. « Très clairement, il est difficile de concevoir qu’à l’heure des avancées scientifiques sur le sujet que nous connaissons, les équipes françaises n’ont que leurs doigts à croiser et peut être quelques prières pour essayer d’améliorer leurs résultats ». Car le choix de l’embryon à transférer dans la cavité utérine sur des critères purement morphologiques (au pifomètre) peut s’avérer totalement erroné. 89 députés sur 577, incompétents dans le domaine biomédical, ont donc pris une décision qui conduira de nombreuses femmes à continuer de « galérer » pour procréer.

    Voir également : 155. L'eugénisme doux

    302. La préférence nationale pour le choix au « pifomètre »

    L'oeuf de Magritte

    « Au-dessous de la ceintureQuand l’égalité homme/femme progresse »

  • Commentaires

    1
    Lundi 18 Novembre 2019 à 21:12

    Je ne voudrais surtout pas faire d'anti-parlementarisme primaire mais les députés (peut-être, sans vouloir les stigmatiser, essentiellement les nouveaux venus à la politique depuis la dernière législature) sont-ils à même de se prononcer valablement, en dehors de toute idéologie partisane sur des sujets aussi essentiels, mais très spécifiques et extrêmement pointus ?

      • Lundi 18 Novembre 2019 à 21:20

        Non, bien sûr, mais ils pourraient se rencarder. D'un autre côté on ne peut pas laisser les scientifiques faire ce qu'ils veulent. Il y a un équilibre à obtenir.

      • Lundi 18 Novembre 2019 à 21:58

        C'est pas faux... mais l'équilibre peut-il venir d'un débat entre des scientifiques et, disons, Danièle Obono et Fabienne Colboc ? même rencardées...? sarcastic

         

      • Lundi 18 Novembre 2019 à 23:45

        Ne demandez pas l'impossible.

    2
    Mardi 19 Novembre 2019 à 11:40

    Si ce diagnostic pré-implantatoire était accordé aux fécondations in vitro, les adeptes de la fécondation traditionnelle ne pourraient-ils pas demander à en bénéficier ?

      • Mardi 19 Novembre 2019 à 14:17

        Selon la bonne vieille méthode ancestrale qui a fait ses preuves, l'embryon se forme au chaud et s'implante tout seul dans l'utérus comme un grand et il n'est pas question d'y toucher (sauf en cas d'avortement), des examens indirects permettent de dépister ses anomalies éventuelles. Dans la fécondation in vitro, l'embryon se forme à l'extérieur du corps de la femme, son transfert dans l'utérus est donc artificielle et s'il est anormal il a moins de chances de s'y implanter et de s'y maintenir. La méthode naturelle  - comme vous le savez - est d'une extrême simplicité et sa réussite dépend peu de l'intervention médicale. La FIV, au contraire, tient du parcours de la combattante : traitement hormonal, prélèvement d'ovules, FIV proprement dite avec le sperme, transfert dans l'utérus de 2 ou 3 embryons  formés en dehors du corps ... Il serait donc justifié de prélever une cellule (ce qui n'a aucune importance) dans le petit amas cellulaire du 3ème ou 5ème jour que le biologiste a sous la main pour dépister des anomalies chromosomiques, ce qui éviterait des implantations inutiles et de tout recommencer à plusieurs reprises.

      • Mardi 19 Novembre 2019 à 17:05

        Merci pour ces explications scientifiques. 

         

        PS : Permettez-moi une petite digression pour préciser que, subissant les outrages du temps et n'ayant pas la santé (affichée !) d'Alain  Finkielkraut, la méthode naturelle devient pour moi de moins en moins d'une extrême simplicité. smile

      • Mardi 19 Novembre 2019 à 17:48

        Le chemin est droit, mais la pente n'est pas toujours raide.

    3
    Mardi 19 Novembre 2019 à 17:52

    J'aimerais connaitre les raisons de ce vote des députés. C'est faire preuve de très peu d'empathie pour les femmes ! 

      • Mardi 19 Novembre 2019 à 18:48

        Je crois que s'agissant d'une étude du génome, le rejet aurait été justifié par la crainte  de dérives eugénistes. Dans mon billet, je parle de contresens : il ne s'agit pas de choisir des embryons en fonction de leurs caractéristiques, disons favorables, mais d'éliminer des embryons malformés à un stade ultra précoce d'amas cellulaire, à ce stade, il est difficile de parler d'eugénisme.

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    4
    Mercredi 20 Novembre 2019 à 11:01
    Pangloss

    Un peu hors sujet (quoique ...): la PMA pour toutes et en particulier pour les couples de lesbiennes, institutionnalise l'absence du père. S'il est vrai que les circonstances de la vie peuvent priver un enfant de son père, c'est toujours considéré comme un malheur ou au moins comme un mauvais départ dans la vie pour l'enfant. Ce "droit à l'enfant" vient là en contradiction avec le droit de l'enfant.

      • Mercredi 20 Novembre 2019 à 11:21

        Comme vous le savez c'est l'argument principal des opposants à la PMA pour les lesbiennes avec l'élimination de l'homme (et du père) mais en disposant gratuitement de son sperme. Est-ce que les enfants élevés par un couple du même sexe sont plus malheureux que les autres ? Les premières études disent que non, et ce sont des enfants voulus, mais je pense que dans les cours des écoles, ils sont peut-être marqués vis à vis des autres enfants. Cependant avec le temps tout ça deviendra banal.

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