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288. La désacralisation des soignants
Au siècle dernier, les corps de métier dont la fonction est de porter secours aux autres ou de rendre service à la population étaient respectés par tous, voire sacralisés. En dehors de gens ivres ou atteints d’une maladie mentale, qui ne respectait pas les médecins, les infirmières, les pompiers, la police lorsqu’elle venait vous protéger ou les enseignants chargés de sortir la jeunesse de son ignorance ? En France, tous ces corps de métier sont mis au service de la population le plus souvent plus ou moins gratuitement grâce aux impôts. On peut d’ailleurs se demander si l’état d’esprit de la population ne s’est pas modifié par le fait même que ces corps de métier sont à son service ce qui peut conduire certains à remplacer le respect par l’exigence.
J'ai eu la chance d’exercer mon métier de médecin pour sa plus grande partie au siècle (ou au millénaire) dernier et je suis donc effaré d’apprendre que les agressions de médecins se multiplient : 1126 en 2018, et ce chiffre ne concerne que celles qui ont été déclarées au Conseil de l’ordre. Seulement 46% des agressions sont suivies d’une plainte, les médecins hésitant à le faire dans la crainte de représailles.
Ce sont surtout les médecins généralistes qui sont touchés (70%), un peu plus souvent en centre-ville (54%), mais elles sont également observées en milieu rural, c’est ainsi que le département du Nord a connu le plus grand nombre d’agressions (123), et que la Lozère se distingue par la plus forte proportion : 6 agressions pour 161 médecins en exercice.
Les deux tiers des agressions ne sont heureusement que verbales et quand elles sont physiques la panoplie des armes éventuellement utilisées est riche : couteau, cutter, canne, arme à feu (3 fois) ), bombe lacrymogène et une fois un caddy !
Pourquoi tant de violence ? Les motifs d'agression sont toujours les mêmes : reproche relatif à la prise en charge, temps d'attente jugé excessif, mais le vol est en bonne place (18%) juste devant le refus de prescription (médicament, arrêt de travail) (16%) puis le refus d'établir un certificat de complaisance ou de falsifier une ordonnance (11%). "Lors d'une visite à domicile, une femme médecin a été séquestrée trois heures par le patient, qui réclamait son document".
Sans faire de parallèle, on observe une désacralisation des soignants dans les conflits récents. Jadis on ne tirait pas sur une ambulance, pendant la guerre de Syrie par ex. les cibles favorites furent, au contraire, les ambulances, les médecins portant secours aux ennemis et les hôpitaux susceptibles de les abriter d’autant plus facilement bombardés qu’ils étaient sans défense. Car quoi de plus démoralisant pour un combattant que de savoir qu’en cas de blessures personne ne pourra venir le secourir. Il est certain que le respect du blessé, du malade et de ceux qui les soignent est un concept plutôt judéo-chrétien.
Ne pas respecter la personne qui porte secours à un être humain, c’est ne pas respecter l’être humain lui-même et donc un indice de barbarie.
La sacralisation des soignants fait partie d’un système de valeurs universaliste qui semble reculer face à une autre échelle de valeurs basée sur l’assignation identitaire. Taper sur un soignant laisse les gens plus ou moins indifférents, taper sur un transgenre (ce qui est stupide), provoque un scandale et passe en boucle sur les médias.
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Commentaires
Mais oui, le connard de base (et la connasse aussi, pas de discrimination) a entendu dire que la société lui doit tout (bon, ça, admettons !) et il en a conclu que chaque représentant de la société, pris individuellement, lui doit tout.
D'ailleurs, avant de frapper l'instit ou le médecin urgentiste, il lui hurlera généralement "c'est avec mes impôts qu'on vous paye !"
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Samedi 13 Avril 2019 à 18:11
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Vous avez bien fait d'élargir la notion de désacralisation aux forces de l'ordre et à l'enseignement. On peut aussi ajouter tout ce qui est service public sous toutes ses formes. Et aussi une bonne centaine de fonctions et de professions dans tous les domaines. Et aussi les journalistes. Et aussi les politiciens. Mais dans ces deux derniers cas je crois que certains d'entre-eux ont tout fait pour se désacraliser eux-même en désacralisant la fonction, je n'ai pas d'exemple précis, mais en cherchant un peu, peut-être...
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Samedi 13 Avril 2019 à 18:18
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6SémaphoreDimanche 14 Avril 2019 à 01:007Souris doncLundi 15 Avril 2019 à 07:54Les passeurs et ONG, leurs alliés objectifs, relayés ensuite par les assos stipendiées, les conditionnent à considérer la France comme un guichet.
Le guichetier ne s'exécute pas assez vite ? On lui gueule dessus ou on lui casse la gueule. Logique.
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Lundi 15 Avril 2019 à 11:10
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Lundi 15 Avril 2019 à 13:51
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8BrindamourLundi 15 Avril 2019 à 09:37
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Je reçois justement ce matin un mail de ma fille qui est sage-femme au conseill général des Pyrénées Orientales et qui me dit ceci:
"J'avais donné rendez-vous à une dame à 10h elle était avec son ami dans la salle d'attente elle a manifesté bruyamment son mécontentement quand j'ai pris une dame avant elle et quand elles sont rentrés dans le bureau ils ont dit que c'était inadmissible. J'ai dit mais il est 10h10 où est le problème? Ça ne se fait pas de faire ce que vous me faites là. Chez le médecin ne me dites pas que vous êtes passés à l'heure pile exacte à la seconde près. Imagine-toi qu'elle ne voulait pas avoir une piqûre pendant le Ramadan parce que c'est quelque chose qui rentrait dans son corps moi je lui ai dit dans ces cas-là vous rattrapez le jour."
J'aurais été beaucoup plus cassante.
Anecdote significative. Donc pendant le mois de ramadan rien ne doit pénétrer dans le corps d'une femme. De ce fait, les musulmans doivent s'abstenir de tout rapport sexuel pendant un mois avant le coucher du Soleil.