• 234. La révolution culturelle de Macron

    Lors de son meeting à Nevers, Emmanuel Macron a développé son programme pour la santé (en parlant de « révolution culturelle »[1]) devant un millier de personnes qui semblaient enthousiastes à la fin de sa prestation.

    Bien sûr, beaucoup de généralités et aucune nouveauté sur l’hôpital, les maisons de santé pluridisciplinaires déjà nombreuses (qui ressemblent aux « dispensaires » de jadis), et sur le développement de la télémédecine. Cependant l’ouverture du numérus clausus est envisagé, ce qui évitera peut-être aux jeunes Français de faire leurs études de médecine en Roumanie ou en Belgique, et d’avoir des médecins roumains dans nos campagnes.

    Bien sûr, comme tous les politiques, Macron attend l’essentiel des économies de la prévention, car parallèlement les soins et même les petits seront mieux remboursés, ce qui va tout de même agrandir le trou bien connu.

    La prévention reste la « tarte à la crème » préférée des politiques en matière de santé (voir  «160. La prévention est-elle source d’économies ? »), la rémunération des médecins devant être en partie basée sur un mécanisme qui existe déjà la ROSP (voir 215. ROSP). La prévention est pleinement efficace (c’est à dire en empêchant l’éclosion de maladies) par les vaccinations, et le serait par l’arrêt des intoxications volontaires notamment par l’alcool et le tabac, l’un et l’autre grands pourvoyeurs de maladies mortelles. Jusqu’à présent tous les gouvernements ont plus ou moins échoué pour le tabac et l’alcool.

    Si Macron ne trouve rien d’original en préconisant une vie plus saine pour les Français, il le devient en proposant un service sanitaire de trois mois pour tous les étudiants en santé (40000 estime-t-il) qui iraient dans les écoles prêcher la bonne parole, et ambitionne ainsi de voir se lever la première génération sans tabac (on peut toujours rêver). La bonne parole serait également diffusée dans les quartiers défavorisés (je me suis toujours demandé en quoi) où circulent cependant d’autres drogues que le tabac, et même dans les Ehpad. J’avoue que la prévention ciblant les vieillards dépendants me laisse perplexe.

    J’ai toutefois relevé deux propositions intéressantes :

    - L’évaluation de la généralisation du 1/3 payant. Sur quoi Marisol Touraine, en bonne camarade, n’a pas manqué d’ironiser dans un tweet (véhicule privilégié de la politique) en déclarant que la chose avait déjà été évaluée puisque 73% de Français seraient pour. Notre ministre de la santé confond hardiment sondage et évaluation. Il est même étonnant que 100% des Français n’aient pas répondu qu’ils préfèrent ne rien payer en allant consulter un médecin. Evaluer l’impact de cette mesure, ce n’est pas faire un sondage chez les bénéficiaires, c’est, entre autres, évaluer son fonctionnement, l’éventuelle augmentation du nombre de consultations[2], son coût, le temps consacré aussi bien par l’assurance maladie que par les médecins (qui passent des heures à vérifier les comptes et s’aperçoivent qu’ils ne sont pas toujours rémunérés pour leur travail).

    - Une mesure proposée par Macron pourrait être une source incontestable d’économie : la généralisation de la vente à l’unité des médicaments (qui se fait dans d’autres pays). Que chacun ouvre sa pharmacie, il y verra de nombreuses boîtes de médicaments comprenant de nombreux comprimés non utilisés. Ce gâchis n’est pas sans intéresser les laboratoires pharmaceutiques.

     

    [1] « Il faut conduire une vraie révolution culturelle dans la santé. Nous nous appuierons davantage sur les personnels de santé et les patients. Il faut favoriser les initiatives de terrains plutôt que les décisions uniformes venant d'en haut, pour avancer en donnant du sens, il faut des mesures de long terme. »

    [2] Dans ma pratique j’ai rencontré quelques patients bénéficiant de la CMU et qui ne payaient donc pas leur consultation, venir me voir sans nécessité aucune.

    « Vincent Peillon est-il atteint de la maladie d’Alzheimer ?Hommage à Mitterrand »

  • Commentaires

    1
    Samedi 7 Janvier 2017 à 21:19

    Ils sont tous à mouliner du vent pour gagner!

    Une campagne çà ? Un désert oui!

      • Samedi 7 Janvier 2017 à 22:42

        C'est leur métier...

    2
    Samedi 7 Janvier 2017 à 23:57

    Dans sa précipitation, il a oublié la mesure révolutionnaire la plus importante :  se laver les mains très soigneusement plusieurs fois par jour ! smile

     

      • Dimanche 8 Janvier 2017 à 09:08

        En effet, et on se demande si la gauche ne devrait pas proposer que l'assurance maladie rembourse à 60% le coût du savon et à 100% pour les plus défavorisés. yes

    3
    Souris donc
    Dimanche 8 Janvier 2017 à 07:47

    La désinvolture avec laquelle la gauche dilapide l’argent du contribuable est sidérante. Même quand elle l’appelle "deniers publics", "redistribution", "solidarité" ou "réduction des inégalités". Nous avons une instance très pro, la Cour des Comptes, qui publie un rapport tous les ans, dont une publication sur la Sécu et les dépenses de Santé.  

    Notamment sur le "reste à charge", dans la partie appelée "Etude sur la participation des assurés au financement de leurs dépenses de santé".

    L’administration et le ministère concernés s’en tapent et continuent de gaspiller après comme avant, par pur clientélisme et crie au démantèlement du service public quand Fillon veut remettre un peu d’ordre là-dedans afin de pérenniser un système qui se casse la gueule.

    Quant au fumeur, qu'on lui foute la paix, il paie préventivement son traitement puisqu’il est taxé à 80% sur chaque paquet. De plus, il meurt jeune, et on n’a pas de retraite à lui verser.

     

     

      • Dimanche 8 Janvier 2017 à 09:23

        Il est certain que chaque année la Cour des comptes publie un rapport qui fait le régal du Canard enchaîné mais personne n'en tient jamais compte.

        Comme je le suggère dans ma chronique médicale 160, la prévention de masse me semble plus dépensière qu'économique. De façon cynique, la prolongation de la vie (qui me convient fort bien) entraîne des dépenses considérables puisque ce sont les gens âgés qui dépensent le plus pour leur santé.

        La taxe que paie le fumeur sur son paquet de cigarette n'arrivera jamais à payer les soins des complications éventuelles de son tabagisme qui sont toutes des maladies graves qui exigent des soins très coûteux et parfois prolongés

      • Souris donc
        Dimanche 8 Janvier 2017 à 09:38

        Avec la TVA, le tabac rapporte 14 milliards par an, soit l'équivalent de la moitié du budget de la Défense.

         

      • Dimanche 8 Janvier 2017 à 10:17

        Dans ce cas chaque fumeur français laisserait environ et en moyenne 1000 € de taxe par an, ce qui est beaucoup. Cependant le coût du cancer en France serait de 30 milliards par an et les cancers liés au tabac arrivent en tête. Il faut y ajouter les maladies cardiovasculaires et les insuffisances respiratoires favorisées ou provoquées par le tabac. je ne pense pas que la collectivité en sorte bénéficiaire. Mais n'étant pas spécialiste de l'économie de la santé, je peux me tromper.

    4
    Dimanche 8 Janvier 2017 à 11:37

    Il est gentil Macron mais la prévention ou la vente à l'unité des médicaments sont-elles au niveau d'un projet présidentiel pour la santé?

      • Dimanche 8 Janvier 2017 à 11:50

        Vous connaissez les réserves que je fais sur la prévention de masse. Aucun politicien n'y échappe parce qu'ils n'ont aucune solution et que des oppositions à toute tentative de réorganisation du système. Fillon en sait quelque chose. Les dépenses de santé seront de plus en plus élevées. Le système français n'est pas mauvais en soi par rapport à beaucoup d'antres pays et on n'ose pas trop y toucher, mais il faudra bien.

         

    5
    Souris donc
    Dimanche 8 Janvier 2017 à 19:19

     

    Macron a tellement honte d’être de gauche qu’il préfère se dire progressiste. A l’instar des mentions sanitaires obligatoires défilant au bas des écrans de télévision, je proposerais la révolution culturelle suivante : à chaque fois qu’apparaît le représentant d’une association, ONG, organisme, établissement public, syndicat, faire défiler la mention sanitaire : cher contribuable, cette association reçoit X millions de subventions par an. Consommer avec modération, attention à l’abus.

    En ce moment, on voit beaucoup une Madame Dounia, fondatrice d’un centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam, avec son protégé, "l’imam" des Buttes-Chaumont, incitateur des Kouachi. Combien ?

      • Dimanche 8 Janvier 2017 à 19:37

        Votre proposition de santé publique me convient très bien. Je crois que Mme Dounia a échoué dans sa tâche. De l'argent perdu pour une entreprise vouée à l'échec car partant d'une conception erronée du phénomène. Les autorités étant désemparées, ce sont des proies faciles (avec notre argent) à l'écoute des propositions les plus farfelues à l'avantage de ceux ou de celles qui les proposent.

    6
    JPADAL
    Lundi 9 Janvier 2017 à 21:09

    Macron se déclarant pour la prévention tient d'un humour douteux alors que son gouvernement à supprimé la visite médicale préalable à l'embauche et le suivi médical des salariés bi annuel par un entretien tous les 5 ans. Entrée en vigueur: ce 1er janvier!
    http://www.juritravail.com/Actualite/Visite-medicale/Id/258464

     

      • Lundi 9 Janvier 2017 à 21:53

        Mais pour être honnête, on ne peut pas le rendre responsable d'une décision qui ne dépendait pas de lui.

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