• 22. Soins dissolus

    Dans le passé des médecins ont préconisé des thérapeutiques originales qui ont été appréciées par leurs patients.


    Les mordus de la danse.

    L'action favorable de la musique, utilisée de nos jours pour renforcer certaines psychothérapies, avait été remarquée par les napolitains qui faisaient danser la tarentelle aux victimes du tarentisme, troubles nerveux provoqués par la morsure d'une tarentule. Dans ses Souvenirs entomologiques, Jean-Henri Fabre, qui avait vérifié que la morsure pouvait tuer un moineau ou une taupe, suggère que la transpiration provoquée par la danse pouvait aider à éliminer le poison.


    Edgar Degas "Buveurs d'absinthe"


    Où il préférable de faire la guerre que de se soigner.

    Si musique et danse peuvent être bénéfiques et sans danger, il n'en est pas de même des traitements proposés au XVIIIe siècle par le chirurgien écossais John Brown. Il considérait que la maladie provenait soit d'une inhibition : l'asthénie, qu'il fallait traiter par des doses massives d'alcool, soit d'une sur-stimulation : la sthénie dont le traitement devait être l'opium. Sa théorie eut beaucoup de succès. D'après l'historien Johann Bass, cette thérapeutique auraient été responsable de plus de morts que la Révolution française et les guerres napoléoniennes réunies

    [1]. Cependant le laudanum, solution alcoolique d'opium, heureuse synthèse que l'on doit à Paracelse, a été largement prescrit et apprécié par beaucoup sans incident majeur.


    Le verre à moitié plein ou à moitié vide.

    Les vertus thérapeutiques du vin ont suscité de nombreux écrits de l'Antiquité à nos jours. C'est sans doute par hasard que dans les indications, les médecins privilégiaient plutôt les vins de leur terroir. Il était enivrant de devenir alcoolique sur prescription médicale, mais n'a-t-on pas entendu en 2004 un sénateur dire que le vin n'était pas de l'alcool ? il est vrai qu'il contient plus que de l'alcool et les phénols antioxydants qui l'accompagnent semblent  efficaces dans la prévention des maladies cardio-vasculaires. Mais comme il ne faut pas abuser des bonnes choses, passés trois verres par jour c'est l'inverse qui se produit. La Bible exprime à sa façon cette ambiguïté : « Ne regarde pas le vin... Il finit par mordre comme un serpent, piquer comme une vipère » (Proverbes 23/31.32), mais lui reconnaît des vertus dans les situations difficiles : « Procure des boissons fortes à qui va périr, du vin au cœur rempli d'amertume : qu'il boive ! qu'il oublie sa misère ! qu'il ne se souvienne plus de sa peine ! » (Proverbes 31/6.7)
    [2]

     
    Aimez-vous les uns les autres.
    L'orgasme a été proposé comme traitement préventif et curatif des névroses par le psychiatre autrichien Wilhelm Reich. Il eut beaucoup de succès auprès de la jeunesse, plus qu'auprès de ses collègues  qui l'exclurent de l'Association internationale de psychanalyse illico. Bien des gens,  névrosés ou non, appliquent le traitement à la manière de M. Jourdain, sans le savoir, et sous toutes les latitudes recourent à des méthodes non estampillées par la Faculté. Ainsi à Naples, il est conseillé en cas de difficulté d'avaler un marsala à l'œuf au bon moment et de porter une médaille de San Rocco.
    [3]
    La difficulté ou l'impossibilité pour une femme d'arriver à l'orgasme salvateur est interprétée par certains sexologues ou psychanalystes, comme une éjaculation précoce, une inhibition liée à l'angoisse de castration ou même une « impatience de la personnalité » (sic). Quoi qu'il en soit, c'est la maladie du monde la plus répandue, écrivait Gérard Zwang
    [4] en 1972. Cependant «  Bergher en 1944, estime que 90% des femmes sont frigides, Weiss quelques années plus tard avance le chiffre de 50% et Hélène Kaplan en 1979 seulement 10% »[5] . Les hommes font des progrès.


    Documentation réunie avec la collaboration de Jean Waligora


     

    [1] D'après Petr Skrabanek et James McCormick, Idées folles, idées fausses en médecine, éd Odile Jacob 1992.

    [2] trad. Ecole biblique de Jérusalem

    [3] Norman Lewis, Naples 44   

    [4] La fonction érotique, éd Robert Laffont

    [5] Ph.Brenot, Les mots du sexe, éd L'esprit du Temps.

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