• « Fake news » au carré

    Il est certain qu’avec la meute en réseau, la vérité a de plus en plus du plomb dans l’aile. Certes, le mensonge en politique est de tous les temps notamment pour justifier une action douteuse, et ce mensonge a été officialisé sous le terme admis de propagande. Néanmoins la vérité existait en soi et constituait un étalon auquel des gens honnêtes et renseignés pouvaient se référer.

    Aujourd’hui cet étalon lui-même est remis en question. On parle de vérité relative, de vérité alternative, de vérité personnelle : « c’est ma vérité et elle vaut bien la vôtre ». Et puis nous avons les fausses nouvelles, les « fake news » et la vérité disparaît sous leur avalanche drainée par les réseaux. Cette désinformation vient alimenter la fabrication de complots qui permettent à leur tour la naissance d’autres fausses informations.

    Récemment j’ai été confronté à ce que l'on pourrait nommer une fake news au carré, c’est à dire à une information considérée comme montée de toutes pièces, accompagnée de ce fait d’un parfum de complot, mais qui se révèle en définitive exacte. Ce fut le cas de la remarque irrespectueuse d’un internaute brésilien qui comparait le physique et l’âge de Mme Macron avec ceux de Mme Bolsonaro, remarque relayée avec satisfaction par le Président brésilien. Rapidement, cette information fut considérée comme fausse,* provenant soi-disant de comptes bidons, sous-entendu que cette information n’étant pas à l’avantage de Mr Bolsonaro aurait été monté de toutes pièces peut-être à partir de l’Elysée pour déconsidérer le président brésilien. Il s’avère en définitive que la grossièreté bolsonarienne est authentique puisque le porte-parole du gouvernement brésilien a signalé par la suite le retrait du commentaire vulgaire de Jair Bolsonaro, ce qui prouve bien son existence préalable.

    Ce concept de fake news au carré consistera désormais à transformer une vérité en mensonge, ce qui permet de faire douter de la vérité elle-même, celle-ci ayant pris pour un temps les oripeaux du bobard.

    Illustration de Salvador Dali : « L’image disparaît ». Ce tableau recèle deux vérités : le portrait de profil de l’homme moustachu et celle de la femme lisant une lettre (référence au tableau de Vermeer). Ces deux vérités sont imbriquées, l’une n’existe pas sans l’autre ; elles sont relatives. L’image globale a deux significations alternatives et l’on peut opter pour l’une ou l’autre par choix personnel mais le choix d’une image fait disparaître l’autre. L'image, comme la vérité, dépend de celui qui la regarde.

    * Le blog "le Salon beige" qui a affirmé la fausseté de l'information, ulcéré par la passivité des médias, a laissé son texte en l'état en ajoutant au milieu cet addendum :

    "Addendum : Finalement, le compte utilisé serait bien un compte authentique de Jair Bolsonaro et c’est l’AFP qui aurait diffusé une fausse nouvelle, reprise par de nombreux médias comme BFM (cité ci-dessus) et donc également par le Salon beige. Nous vous prions de nous excuser d’avoir fait confiance à l’AFP (sic!). Nous aurions dû être plus prudent car le Salon beige dénonce suffisamment souvent cette tendance dans les médias à reproduire les dépêches AFP au mot près sans apporter de plus-value. Cette mésaventure n’en est qu’un exemple de plus et montre à quel point les médias institutionnels manquent de fiabilité. Voici les explications de Libération"


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    A quoi sert l'ONU ?

    A une époque où les frictions se multiplient dans le monde, où la Corée du Nord envoie ses pétards pour amuser son jeune dictateur, où les musulmans ne perdent pas une occasion de s'étriper entre croyants et de se suicider en groupe, histoire d'avoir de la compagnie au paradis, tout en propageant les bienfaits de leur religion de paix, et ceux escomptés de la fission nucléaire, où la Chine et les USA se disputent des parts de marché en montrant leurs muscles et leurs taxes, où l'Afrique qui croulent sous les richesses naturelles, va de viols en massacres, s'appauvrit au profit des dirigeants accrochés à leur fauteuil, et se vide de sa jeunesse en faisant de la méditerranée un cimetière marin, que fait l'ONU ?

    L’ONU se mêle le moins possible de ce qui devrait la regarder (en dehors de l’OMS pour la santé) et le plus possible de ce qui ne la regarde pas, comme de rectifier l'histoire de la Palestine en essayant d'effacer l'empreinte millénaire des juifs dans la région au profit des musulmans infiniment plus nombreux. Mais tout cela est accessoire.

    Elle vient de montrer l'importance de son rôle dans le monde en accueillant comme il se doit la présumée autiste à peine sortie de l'enfance, mais donneuse de leçons au service du climat, après sa traversée héroïque de l'Atlantique en voilier, et son arrivée triomphale à New-York sous les applaudissements. L’ONU a accueilli Greta Thunberg avec les honneurs : une flotille de 17 voiliers - un pour chacun des 17 objectifs du développement durable fixés par l’ONU à l’horizon 2030 - a accompagné son voilier pour la dernière ligne droite avant son arrivée à Manhattan. Des dizaines de journalistes et quelque 300 personnes l'ont vu miraculeusement accoster, après avoir recueilli pieusement son dernier tweet :   “Terre ! Les lumières de Long Island et de New York devant nous”.

    Ajoutons cependant que le « machin » sert tout de même à nourrir beaucoup de monde.

    Illustration : François Boucher : "St Pierre tentant de marcher sur l'eau"


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  • La diplomatie de l’insulte.Ce qui se passe dans le monde est tout de même étonnant. Non seulement de grossiers personnages se multiplient à la tête des Etats. Mais il me semble que c’est la première fois que le président de la République française est ainsi insulté en temps de paix, en l’occurrence par le président du Brésil Bolsonaro et par son entourage. Macron ayant été traité par un ministre brésilien de crétin ou de connard opportuniste (l’opportunisme consistant à défendre l‘agriculture française). A cela s’ajoute l’élégante comparaison physique entre les femmes de deux présidents au détriment de Brigitte Macron.

    Reste à savoir lequel des deux présidents pisse le plus loin. Notre président plus jeune de 23 ans que celui du Brésil a ici toutes ses chances.

    Nous avons toujours des relations diplomatiques avec le Brésil ?


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  • 297. « Le vin ce n’est pas de l’alcool », mais ce n’est pas de l’eau non plus

    Il est répété, à juste titre, qu’en période caniculaire il est nécessaire de maintenir une hydratation suffisante pendant toute la journée par des boissons diverses. Mais comme le disait notre ministre de l’agriculture si « le vin, ce n’est pas de l’alcool », ce n’est pas de l’eau non plus, et il vaut mieux boire de l’eau tout court, bien qu’insipide.

    Comme j’ai le goût des paradoxes, j’ai retrouvé le résumé d’un éditorial accompagnant les recommandations américaines de 2015 à propos des dangers d’une consommation trop importante d’eau, car rien n’est simple dans ce bas monde.

    « Dans un éditorial associé à ces recommandations, MH. Rosner (Université de Virginie, Etats-Unis) rappelle que dans le milieu sportif mais aussi dans le grand public, une idée-fausse règne très largement, à savoir celle des bienfaits d’une hyperhydratation. Mais celle-ci peut avoir des conséquences dramatiques, en particulier dans les sports d’endurance mais pas seulement puisqu’un cas est également décrit chez un adepte du yoga ! Parmi les cas décrits, on trouve celui, caricatural par l’importance de l’excès de consommation de liquides, d’un jeune ayant bu plus de 16 litres durant un exercice d’endurance dans l’objectif d’endiguer des crampes musculaires. Ce jeune est décédé d’une encéphalopathie hyponatrémique (taux bas de sodium – apporté par le sel – du milieu intérieur et notamment dans le sang, par dilution. Le cerveau dans ce cas n’a pas apprécié de baigner dans de l’eau pas assez salée).

    D’autres exemples aussi dramatiques existent sans que la consommation de liquides soit aussi disproportionnée par rapport aux besoins. Si bien que dans les recommandations publiées dans le Clinical Journal of Sport Medicine (de 2015), les experts s’insurgent contre les avis largement diffusés sur les sites internet consultés par les sportifs, où il est recommandé de boire abondamment avant même de ressentir le phénomène de soif. Les experts insistent sur le fait que chez de nombreux sportifs, notamment pratiquant des sports d’endurance tel le marathon, une telle recommandation peut être mal interprétée et conduire à des comportements totalement inappropriés. Pour ces experts, la meilleure recommandation qui puisse être faite à un sportif est de boire régulièrement avec la seule perspective d’étancher sa soif, phénomène physiologique de régulation des besoins de l’organisme en eau.

    Il en va bien sûr autrement chez la personne âgée exposée à une température caniculaire car chez celle-ci, le phénomène régulateur de la soif est souvent largement émoussé, exposant aux conséquences également dramatiques d’une déshydratation sévère »

    Illustration : Annibal Carrache : "Homme buvant"


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    Et Moix, et Moix, et Moix

    Nous assistons, un peu ébahis, au déballage dans les médias du linge sale de la famille Moix. Dans son dernier livre (que je n’ai pas lu), l’écrivain bien connu des plateaux TV, et pour lequel je n’avais guère de sympathie, accuse ses parents d’avoir été des bourreaux d’enfants - ce que son père récuse (mais il est attendu qu'il le fasse) - et son frère Alexandre de l’avoir torturé. Mais Alexandre se rebiffe, et vient d’accuser son grand frère d’avoir subi de sa part les tortures que Yann Moix décrit dans son récit autobiographique en tant que victime. Sans vouloir entrer dans cette querelle familiale et prendre parti, je note cependant que Yann, qui se déclare victime de son frère Alexandre, est plus vieux de 4 ans, ce qui laisse supposer que son petit frère qu’il accuse d’être le bourreau avait une force herculéenne. Je suppose également que Yann Moix dans son livre explique comment avec une tête de plus que son petit frère celui-ci ait pu la lui mettre dans la cuvette du WC (tirer la chasse est, par contre, plus simple) et qu’il ait eu la force nécessaire pour tenter de défenestrer son aîné. On finit par se demander si le livre de Yann Moix est une vengeance ou une confession par usurpation victimaire.

    Vous me direz, et vous avez raison, que cela n’a aucun intérêt, sinon celui de promouvoir un livre que je ne lirai pas, mais je me demande si Yann Moix ne recevra pas en pleine tête - hors cuvette - un retour de bâton après ce déballage de linge sale.

    Ce qui n’empêchera sans doute pas les lecteurs de la catégorie « voyeur » de se précipiter pour lire les malheurs de la famille Moix.

    Car la littérature française est très riche en livres de ce type, c’est à dire nombriliste, dont les auteurs sont plus volontiers des femmes que des hommes. Chacun et chacune y racontent, la larme à l’œil, sa micro-destinée en tentant de la faire passer pour exceptionnelle, ses petits malheurs en tentant de passer pour une victime plus persécutée qu'un concurrent, ses petites rancoeurs, en les étalant sur des pages et des pages comme une vengeance, de préférence quand les accusés sont morts.

    Là, les protagonistes sont encore vivants. Cette minable histoire va continuer à clapoter.

    Illustration : Bernardino Mei : "Les Atrides"


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  • Les ONG ne représentent aucunement la société civile« Greenpeace comme WWF, Oxfam France ou le Secours catholique dénoncent une mise à l'écart (du G7) : l'Élysée a accordé 25 accréditations aux ONG contre 100 les autres années » (la presse).

    J’ignore les raisons exactes qui ont conduit l’exécutif à écarter 75% des ONG (essentiellement environnementales) de la réunion des 7 chefs d’Etat qui vont entrer en conclave, et dont il ne sortira très probablement aucune fumée blanche. Je suppose que la crainte des manifestations hostiles et les obligations de la sécurité y sont pour quelque chose. Ces réunions de chefs d’Etat agissent comme des abcès de fixation qui attirent tous les mécontentements et les groupes violents. La réunion qui s’était déroulée à Gênes reste dans la mémoire de tous les ministres de l’intérieur.

    Au vu des conditions de participation de la société civile qui nous sont imposées par l’Élysée, le Réseau action climat a décidé de ne pas participer au G7 ce week-end… Cette décision est une atteinte à la liberté d’expression de la société civile que nous refusons pour ce sommet et pour les suivants”a expliqué la représentante du RAC qui fédère 32 associations nationales et locales (dont la ligue pour la protection des oiseaux).

    Ce que je remarque dans cette déclaration est que ces ONG se considèrent comme les représentantes de la société civile et même qu'elles sont la société civile. Or les ONG écologiques (quel que soit leur bien-fondé) ne représentent et ne sont qu’elles-mêmes. Ce sont des groupes de pression organisés pour la défense de leur point de vue qui n’est pas obligatoirement celui de l’ensemble de la société civile. Les ONG fonctionnent en fait comme des partis politiques, et en général comme des partis d’opposition, mais sans chercher à prendre le pouvoir (pas folles). Elles ne seront évidemment jamais satisfaites des actions gouvernementales. Cette insatisfaction est d’ailleurs leur raison d’être. On ne peut dénier leur rôle de contre-pouvoir, tout en demandant au pouvoir de les subventionner.

    La société civile s’exprime avant tout par les élections, même si le mode électoral introduit des biais dans la représentativité, mais quels que soient ces biais (en dehors des manipulations électorales), il se dégage toujours une majorité plus représentative que les ONG ou les groupes de pression. Les Verts ayant obtenu 13% des voix aux dernières élections européennes, Jadot qui a mené campagne à leur tête s’estime déjà apte à gouverner. Un peu de patience : le fruit est encore vert. La société civile peut aussi descendre dans la rue mais les manifestations n’ont une signification que si elles sont massives, sinon elle ne représentent qu'une petite fraction de la population. Restent les réseaux sociaux, je ne crois pas que ce qui se déverse, le plus souvent anonymement, dans ce tout-à-l’égout soit représentatif de la société civile, il s’agit plus d’humeur que de convictions, seule une fraction de la population les utilise, et à cela s’ajoute la facilité avec laquelle ils peuvent être bidouillés.


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    La musique n’adoucit pas les mœurs 

    Bien sûr, les sérénades, les chansons un peu sirupeuses, ou des mélodies peuvent faire rêver et calmer les ardeurs belliqueuses.

    Bien sûr, on connaît l'action favorable de la musique en matière thérapeutique, utilisée pour renforcer certaines psychothérapies. Action thérapeutique remarquée par les napolitains qui faisaient danser la tarentelle aux victimes du tarentisme, troubles nerveux provoqués par la morsure d'une tarentule. Dans ses Souvenirs entomologiques, Jean-Henri Fabre, qui avait vérifié que la morsure pouvait tuer un moineau ou une taupe, suggère que la transpiration provoquée par la danse pouvait aider à éliminer le poison, et dans ce cas la musique n’y serait pour rien.

    Mais la musique est toujours chargée d’émotions fortes. Les militaires l’ont bien compris, et la musique (ou simplement le tambour) a longtemps été utilisée pour faire marcher les soldats au pas, puis vers la mort. La musique symphonique, elle, n’est pas là pour calmer les esprits mais le plus souvent pour vous prendre aux tripes. La musique dite classique est rarement une musique sereine, et quand un mouvement se permet de l’être, la suite remet les choses dans l’ordre dramatique.

    Quant au rap, la violence et la haine lui sont consubstantielles, elles constituent sa matrice et sa raison d’être. Des paroles aux gestes, il n’y a qu’un pas, et les rappeurs, notamment issus du 93, mais vivant pour la plupart ailleurs, roulent sur l’or tout en exprimant leur révolte contre un monde qui les enrichit. Ils s’insultent entre eux, et vont jusqu’à se battre en utilisant parfois des armes létales. On ne sait jamais dans cette tragicomédie la part publicitaire qui lui revient, le rappeur peut vouloir se rendre authentique auprès de ses fans en jouant la violence dont il fait la promotion. Il s’agit de ne pas décevoir, le rap a une audience considérable (Booba, sur le réseau social Instagram, compte 4,2 millions d’abonnés !). Le rappeur avec sa gueule de voyou (un gage de succès) est d’abord un entrepreneur qui fournit un exutoire à son public, et celui-ci le diffuse à plein volume dans les rues en roulant vitres ouvertes.

    Vous allez me dire que si le rap n’est pas une musique qui adoucit les mœurs, c’est pour la bonne raison que ce n’est pas de la musique. Certes, le rap est en général fait de vociférations rythmées assorties d’images brutales lorsqu’il s’agit d’un clip, mais le parlé-hurlé est un mode d’expression qui s’apparente au parlé-chanté. Ce mode a été utilisé par Arnold Schönberg dans son « Pierrot lunaire » à partir d’une douzaine de poèmes d’un poète belge. Et il fut largement utilisé par des auteurs-compositeurs de chansons comme Léo Ferré ou Gainsbourg. Paix à leur âme, j’espère qu’ils ne se retourneront pas dans leur tombe.

    Illustration de Bernard Buffet


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  • Si pour les tenants de la « théorie du genre », le sexe n’est qu’un présupposé biologique, le sexe étant surtout façonnée par la société à partir de ce présupposé, il faut avouer qu’en matière de santé le sexe s’impose en dehors de toute pression sociale. En ce domaine la parité d’existe pas. La société ne peut rien faire contre le marquage génétique sexué de chaque cellule de l’organisme, même si l’environnement, qui peut être différent selon le sexe, est susceptible de modifier l’expression des gènes (épigénétique).

    Un article de Junien C et coll. paru en avril 2019 dans les Archives des Maladies du Coeur et des Vaisseaux [1] montre bien que la parité sexuelle n’existe pas en biologie. Les auteurs rappellent que « si la ressemblance, en termes de séquence d’ADN, entre deux hommes ou deux femmes est de 99,9%, la ressemblance entre un homme et une femme n’est que de 98,5% du même ordre de grandeur qu’entre un humain et un chimpanzé, de même sexe… ». Des études ont montré qu’il y avait une différence hommes/femmes statistiquement significative dans l’expression de nos gènes pour environ 30% des gènes exprimés.

    Même si l’on doit tenir compte des conditions de vie, les hommes meurent plus jeunes que les femmes avec 20% de cancers en plus. Ils se suicident deux à quatre fois plus, meurent deux fois plus après une fracture de hanche, ont plus de retards mentaux, ou encore d’AVC ischémiques… que les femmes. Mais celles-ci meurent plus souvent d’une maladie cardiovasculaire que les hommes, sont plus souvent atteintes d’une maladie d’Alzheimer ou d’une autre démence, sont plus souvent concernées par la sclérose en plaque, la dépression, ont 20% de cancer du poumon en plus à âge et consommation tabagique équivalents, et sont plus souvent atteintes d’anorexie, de dépression, d’ostéoporose que les hommes. En fait pour chaque maladie, et chacun le sait, il existe le plus souvent une prédominance masculine ou féminine. Les constantes elles-mêmes sont souvent différentes selon le sexe, et pas seulement biologiques : par ex. en électrocardiographie la durée de l’activité électrique périodique du cœur (intervalle QT) est en moyenne plus court chez l’homme (effet de la testostérone) que chez la femme

    Les auteurs insistent sur le fait que 80% des études faites chez l’animal pour tester les médicaments ne l’ont été que sur des mâles. Entre 1997 et 2000, sur 10 molécules retirées du marché, 8 l’ont été suite à des effets secondaires survenus chez des femmes qui ont donc une tolérance pharmacologique différente. Les États-Unis et plusieurs pays européens ont pris la décision de ne plus allouer de financements aux études qui n’incluaient pas les deux sexes lorsqu’elles le pouvaient, que ce soit sur l’animal ou l’humain. En France atteint d’un politiquement correct imbécile, le sujet est évité sous prétexte d’égalité des sexes. Selon les auteurs de l’article, la France aurait 10 ans de retard par rapport à certains de ses voisins européens qui mettent en place une médecine différenciée sans être accusés de discrimination.

     

    [1] Junien C et al. L'inextricable enchevêtrement du sexe et du genre dans la recherche et les études cliniques : le corps, ce grand oublié de la parité. Archives des Maladies du Coeur et des Vaisseaux - Pratique Volume 2019, Issue 277, April 2019, Pages 11-19.

     


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  • Corrida

    Je n’ai assisté qu’une seule fois à une corrida, il y a bien longtemps, à Barcelone. C’est un spectacle mortifère puisqu’il s’agit d’un jeu cruel entre un homme et un bovidé puissant qui se termine le plus souvent par la mort de ce dernier avant celle du premier. Mais ce n’est pas toujours le cas, le jeu reste ouvert, et c’est peut-être ce qui fascine les spectateurs, cousins lointains de ceux des cirques romains qui assistaient, comblés, à la mort des gladiateurs.

    Le cérémonial peut séduire, mais c’est tout de même celui de la mort. Ce qui révulse est l’action des picadors qui tournent autour du taureau sur un cheval aux flancs protégés en lui plantant des pics dans l’échine. Le sang coule, nappe le pelage, et imprègne le sable de l’arène. Le taureau se défend en cherchant à renverser le cheval et son cavalier. Les picadors ne sont guère appréciés, la torture qu’ils affligent à la bête contraste avec la chorégraphie qui suit où le toréro se met en danger face à elle. Mais si le taureau n’était pas fatigué, le jeu serait inégal, et la bête massive l’emporterait aisément sur l’homme armé d’une simple cape, l’épée ne servant qu’à la fin du spectacle.

    Ce taureau que l’on a choyé pendant plusieurs années va mourir, mais ce n’est pas la mort industrielle des abattoirs au milieu des cris des bêtes apeurées, car après s’être défendu, il sera foudroyé dans une mort instantanée par l’épée du toréro, et restera une seconde immobile sur ses pattes avant de tomber brutalement sur le flanc.

    Je n’ai jamais plus assisté à une corrida. Je n’aime pas que l’on puisse jouer avec la souffrance et la mort. Mais j’ai eu par ailleurs l’occasion d’entrer dans un abattoir et je pense que si le taureau avait conscience, et le choix, il préfèrerait peut-être combattre dans l’arène avant de mourir.

    Les protecteurs des animaux ont pleinement raison d’œuvrer pour que leur soit infligé le moins de souffrance possible. Mais nous sommes amenés à les tuer pour nous nourrir. Et dans le cas où nous cesserions de les tuer pour nous nourrir, nous serions obligés de les tuer (ou d’empêcher leur reproduction) pour nous défendre, qu’il s’agisse de moustiques ou de taureaux.

    Corrida

    Illustrations : Picasso : « La mort du taureau » (1934) / Photomontage dont j'ignore l'auteur (oeuvre figurant dans une exposition consacrée à Denis Robert)


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  • Les tics du langage sont probablement aussi vieux que le langage. Mot ou expression que l’on sort à la moindre occasion de façon appropriée ou inappropriée, et dans ce dernier cas de façon mécanique comme un pet involontaire.

    Si parfois on connaît les circonstances qui ont permis la formation et l’éclosion du tic, le plus souvent on les ignore. Un tic donné a une durée de vie limitée mais qui peut aller jusqu’à plusieurs années. Il disparaît en général lorsqu’un autre est capable de le remplacer en s’introduisant insidieusement chez les individus aux défenses immunitaires abaissées. Il arrive parfois que plusieurs tics coexistent, ce qui rend le contact avec autrui irritant.

    Le tic agit comme un virus, sa contagion se fait par voie aérienne, de bouche à oreille, en empruntant un circuit phono-audio-cérébro-phonique dans sa forme complète. Si le tic peut pénétrer dans tous les organismes, ceux pourvus d’anticorps résistent, et ne contribuent pas à propager l’épidémie car ils enkystent le tic, et ne le rejettent pas à l’extérieur, la phase phonique expectorante étant nécessaire à sa transmission.

    En ce moment je suis soumis à l’attaque récidivante d’un tic qui semble avoir diffusé largement dans les milieux de la restauration, mais pas seulement. Il s’agit du tic : « ça marche ». On ne dit plus oui ou non ou d’accord ou à la rigueur OK, mais : « ça marche », même quand ça ne marche pas. Ainsi quand la personne qui vous sert vous demande : « vous voulez du ketchup ? » et que vous répondez « non », elle réplique : « ça marche ». Bizarre, non ?

    Il faut souligner que ce sont les personnes jeunes qui sont le plus sensibles aux tics du langage. Ce sont également elles qui ont des trous dans leur jean. Est-ce que les trous dans les jeans favorisent la pénétration du virus ? C’est peu vraisemblable car la contagion se fait par le conduit auditif et non par les genoux.

    D’où est sorti ce « ça marche » ? Sans doute que l’expression donne une touche dynamique même si rien ne bouge. Si l’expression était utilisée en cuisine, il n’y a aucune raison pour qu’elle soit utilisée en salle, et dans les entreprises ou ailleurs. On est bien obligé de rapprocher ce tic pédestre de « La république en marche » d’autant plus que le tic est apparu (hors cuisine) – si je ne fais pas erreur – en même temps que les « marcheurs » de Macron qui ont porté leur idole au pouvoir. Ce dernier tic épidémique ne serait donc qu’un dégât collatéral des dernières élections présidentielles. Des études épidémiologiques sérieuses devraient être faites pour évaluer cette hypothèse si l’on veut mettre sur pied des mesures prophylactiques dans l’avenir.


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