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    Réactions

    Si hors de l’hexagone la mer de Crète occupait mes journées, j’avais aussi la possibilité de me distraire le soir avec les débats et commentaires qui ont suivi les élections européennes. Je n’en ai pas abusé, les mêmes discours passant en boucle, il suffisait d’en saisir une pour se distraire.

    Quelques petites choses m’ont amusé (on s’amuse comme on peut).

    Les perdants ont tous eu les deux mêmes réactions :

    D’abord, s’ils ont perdu c’est la faute à Macron. On avait vraiment l’impression d’être dans une cour de récréation : « c’est pas moi, c’est lui ». Les perdants n’ont pas perdu, c’est parce que Macron a été déloyal qu’ils ont été privés d’un bon score.

    Ensuite, pour les perdants, c’est Macron qui a perdu. Sa liste a beau être quasi à égalité avec celle du RN en tête, c’est lui le vaincu, les perdants transformant en un tour de main l’élection des députés européens en un plébiscite pour ou contre Macron, et comme il n’est arrivé qu’à 0,9 point du RN, il l’a perdu. CQFD. A noter que dans cette perspective c’est le RN qui s’est vu porter leurs couleurs.

    Les choses se sont un peu rétablies par la suite, mais les perdants se sont rarement remis en cause eux-mêmes, ils ont plus volontiers parlé d’erreurs dans la façon dont ils avaient mené leur campagne électorale.

    Parmi les vainqueurs, la joie de Jadot faisait plaisir à voir. Son parti étant arrivé en troisième position on a vraiment eu l’impression dans sa réaction qu’il allait prendre les destinées de la France, sinon du monde, en main, projetant de convoquer les industriels, de créer des commissions etc…La planète est sauvée.


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  • D’une sécurité à l’autre

    Me voilà de retour à Paris. Cela fait un certain temps que je n’ai pas pris l’avion. C’est devenu plutôt pénible. On n’arrête pas de faire la queue pour les différentes étapes et celles-ci semblent s’être multipliées. L’identité est vérifiée à de multiples reprises et même au retour à Orly par un passage à la douane avant de récupérer ses bagages et où l’on est manifestement scanné.

    Je peux me vanter d’avoir été nourri au régime crétois pendant une dizaine de jours. C’est incontestablement un régime sain, le meilleur pour prévenir les maladies cardiovasculaires : crudités, légumes, céréales, fruits, huile d’olive et herbes, un peu de poisson, de laitages, d’œufs, et très peu de viande (à noter que le vin fait théoriquement partie de ce régime, mais il n’a plus la cote). Au début c’est bon (surtout les légumes grillés), mais au bout d’une semaine, c’est lassant.

    Je me tâte. Je me demande si au diner de ce soir, je ne vais pas opter pour un tartare.

    Salvador Dali : "Nature morte vivante"


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    Mystère

    A chaque fois que je suis au bord de la mer, que je passe sur une plage ou au bord d’une piscine, je rencontre toujours le même mystère, et je n’en trouve jamais la solution : pourquoi les gens restent-ils exposés au soleil pendant des heures ? Je conçois que l’on se sèche et se réchauffe après s’être baigné, mais pourquoi persister à s’exposer jusqu’à la brûlure avec un acharnement déraisonnable ? L’appétence pour les bains de soleil touche la plupart des gens qui partent en vacances, et ils s’y exposent souvent dans l’inconfort : positions biscornues sur des chaises longues avec barres traumatisantes, ou sur le sable qui s’insinue partout, en s’enduisant périodiquement de crèmes protectrices qui disparaissent dans l’eau dans laquelle certains ou plus souvent certaines se plongent uniquement pour se rafraîchir, plus enclines à prendre des bains de soleil que des bains d’eau.

    Pourtant ces personnes risquent leur peau dans le vrai sens du terme. Les rayons solaires vont rider la peau, provoquer des taches brunes et parfois la cancériser.

    Mais attention, il y a un but, le but est de bronzer, changer la couleur de sa peau, une nostalgie africaine en quelque sorte. Le but est d’avoir « meilleure mine » et c’est là qu’est le mystère : que d’efforts, que de persévérance, que d’ennui, que de risques, pour avoir « meilleure mine » pendant deux à trois semaines à tout casser après être rentré chez soi, alors que l’on masque par les habits de ville son corps bronzé obtenu à prix élevé et avec tant de patience. Seul le visage permettant pour un temps bref de narguer ses copines (plutôt que ses copains). Mystère.

       

    BAIN DE SOLEIL

     

     Des poupées aux membres écartelés

    Eparpillées sur le sable plastique

    Jouissent épanouies, leur corps relâché

    Sous la caresse des éclats atomiques

     

    Au bord de la mer à la peau ridée

    Plissée d’innombrables vaguelettes

    Parmi les arêtes aiguës des rochers

    Elles s’étalent en renversant la tête

     

    Poupées médusées, dos à terre

    Leurs têtes absentes ou alourdies

    Epinglées par les rayons solaires

     

    Elles resteront longtemps alanguies

    Exposant leurs anatomies solitaires

    Avec une étoile pour compagnie

    Paul Obraska  

     

    Salvador Dali : « Figures couchées sur le sable »

     


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    D’une île à l’autre

    En tant qu’homme de peu de foi, ce que j’aime dans les églises orthodoxes, ce sont les lustres. Ce lustre a été photographié dans une petite église de Réthymnon, la troisième ville de Crète. Curieusement, je suis entré dans des églises orthodoxes loin de chez moi : en Russie, en Grèce et même en Turquie, mais je n’en ai visité aucune à Paris ! Je vous l’accorde, c’est particulièrement stupide.

    Beaucoup de faste dans les églises orthodoxes, mais les vitraux sont plus sobres. J’ai travaillé jadis avec un médecin, ancien séminariste catholique, qui me disait être attiré par la religion orthodoxe uniquement en raison du faste qui accompagne toutes les cérémonies.

    Bien sûr, la ville comporte des mosquées. La Crète, comme la plupart des îles du bassin méditerranéen, a essuyé toutes les invasions : romaine, byzantine, arabe, vénitienne, turque (plus de deux siècles). Les Vénitiens ont laissé une forteresse pour défendre la ville contre les Turcs et les Turcs ont laissé des mosquées et un phare après l’avoir prise. Puis, brièvement, les Russes sont venus et plus récemment les Allemands.

    Les Crétois, eux, sont restés toujours Crétois. De hautes montagnes (en particulier les Montagnes Blanches) et des gorges profondes permettent de résister, mais après les massacres arabes et turcs, il a fallu repeupler l’île.

    D’une île à l’autre

    Je peux me tromper (je n’ai qu’une connaissance très superficielle de la Crète), mais je pense qu’il existe une analogie entre les Crétois et les Corses. A noter, cependant, que la Crète a été indépendante au début du XXème siècle pendant 15 ans, et a préféré finalement être rattachée à la Grèce.


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  • Petit salut de Crète

    Non, ce n’est pas une carte postale.

    D’ailleurs, poste-t-on encore des photos prises par des professionnels ? Jadis, je me faisais un devoir, je pense comme tout le monde, d’envoyer à chacun de mes voyages une carte postale à chacun de mes amis et à chaque membre de ma famille.

    Pour ce qui me concerne, c’était une corvée que je remettais à la fin du séjour. Le mot au dos de la carte se devait d’être original et si possible amusant. Il fallait faire attention de ne pas remettre le mot de l’année précédente et pas la même chose quand les destinataires se connaissaient.

    Voilà un passé révolu, bien qu’attendrissant, que je ne regrette pas. En revanche, je regrette – Ô combien - les destinataires de mes cartes postales qui, pour la plupart, ont disparu.


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  • En Arabie saoudite, le mardi 23 avril dernier, 37 Saoudiens accusés de « terrorisme » ont été décapités. Dans ce pays, à l’égal de feu l’Etat islamique, les exécutions capitales ont généralement lieu par décapitation au sabre, en place publique, après la prière de midi. Trente-sept d’un coup, mais ce n’est qu’une pâle imitation des révolutionnaires français des années 1790 qui avaient élevé la décapitation au niveau industriel en utilisant une machine à couper les têtes, introduite par le Dr Joseph Guillotin par humanisme, et peut-être par souci social pour épargner au bourreau le dur labeur de couper de façon artisanale une ribambelle de têtes, ce qui, par ailleurs aurait nui au rendement en épuisant l’exécuteur. N’oublions pas que la France a décapité pour la dernière fois un condamné (Hamida Djandoubi) le 10 septembre 1977. Ce n’est pas si loin.

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    Un herbicide décoiffant 

    Van Gogh : "Champ de blé" 

    Depuis des années l’utilisation du glyphosate préoccupe beaucoup de monde, notamment les agriculteurs qui s’en servent comme herbicide et les écologistes qui l’accusent de bien des maux et notamment d’être cancérigène pour l’homme.

    Je ne connais aucunement la question (je vais donc dire des bêtises), mais je m’interroge sur les positions contradictoires et passionnées suscitées par ce produit que l’on utilise depuis une quarantaine d’années, je crois, mais le temps ne fait rien à l’affaire, il a fallu des décennies pour que l’on tienne compte de la face noire (et pas tellement cachée) de l’amiante.

    Outre-Atlantique, Monsanto a perdu trois procès et doit verser des millions de dollars à des malades atteints d’un cancer qu’ils attribuent à l’utilisation du glyphosate, et même au dernier procès, Monsanto a été condamné à verser deux milliards à titre punitif !

    Ces jugements américains laisseraient donc penser que le glyphosate est incontestablement cancérigène, et Monsanto un tueur de masse (les plaintes semblent se multiplier à l’infini). Or l’OMS par un de ses organes a déclaré en 2015 que le glyphosate est probablement cancérigène. Ce probablement écarte toute certitude et il pourrait donc bien ne pas l’être. D’autres organismes ont déclaré qu’il est improbable que le glyphosate puisse être cancérigène par voie alimentaire.

    On s’étonne donc des sanctions judiciaires radicales aux USA. Mais la justice n’a rien à voir avec la vérité scientifique : une relation temporelle remplace trop souvent aux yeux des juges une relation de cause à effet.

    Plusieurs centaines d’études auraient été faites en faveur du glyphosate, mais sans doute financées par Monsanto, ce qui constitue un sérieux biais pour affirmer leur validité, mais on ne peut pas affirmer, à l’inverse, qu’elles ont été entièrement et toujours manipulées. Des études indépendantes (et de Mansanto et des écologistes) ont sûrement été faites, sinon il serait temps de comparer la survenue du cancer dans la population générale avec celle touchant la population utilisant le glyphosate.

    Et voilà qu’un rapport parlementaire du Sénat met en doute un effet cancérigène spécifique du glyphosate. Bien sûr les parlementaires à l’origine de ce rapport sont accusés d’utiliser l’argumentaire de Monsanto (« le glyphosate serait moins cancérigène que la charcuterie ou la viande rouge »). Un rapport qui « passe mal », surtout chez les écologistes. Mais la question est de savoir si l’argumentaire attribué à Monsanto (ce qui laisse supposer que les parlementaires à l’origine de ce rapport seraient malhonnêtes) correspond à la vérité ou pas, l’argumentaire est attaqué comme étant partisan mais pas son éventuelle valeur.

    A la suite de ce rapport j’ai été surpris par une réaction de José Bové se demandant si ces parlementaires n’ont pas été approchés par Monsanto-Bayer, lorsqu’il ajoute : « ils oublient que le glyphosate ne s’analyse pas seul, mais avec ses adjuvants [...] c’est ce cocktail qui en fait sa dangerosité »

    Nous voilà bien : on ne sait plus ce qui est dangereux. Il va falloir analyser tous les éléments du cocktail. On n’est pas sorti de l’auberge, à moins que l’on n’y entre pas car le glyphosate commence à coûter très cher à Bayer qui s’est payé à prix d’or une belle planche pourrie.

    Un herbicide décoiffant

     


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  • Jusqu’au 23 mars dernier, les personnes présentant un handicap mental ou psychique ou une déficience intellectuelle pouvaient se voir retirer leur droit de vote sur décision d’un juge de tutelle. On peut, en effet, observer tous les degrés dans un handicap mental et c’était au juge de déterminer si un handicap était léger ou au contraire profond au point de constituer un obstacle à la compréhension et au raisonnement permettant de faire un choix électoral.

    A présent, tous les handicapés mentaux, ils seraient près de 300000 (seulement ?) pourront bénéficier de la nouvelle loi.

    Bien entendu, la difficulté n’est pas de mettre un bulletin dans l’urne, un enfant de deux ans peut très bien le faire si on lui montre comment.

    La mairie de Paris a d’ailleurs édité une affiche pour faire comprendre aux personnes « en situation » d’handicap la marche à suivre.

    Le monde devient-il idiot ?

    La difficulté est de réfléchir puis de choisir le bulletin de vote à mettre dans l’urne.

    Mais pour les personnes handicapées tout devrait être clair car on utilise pour eux un nouveau langage : le langage "facile à lire et à comprendre" (FALC), censé leur permettre « d’accéder à l'isoloir », ce qui, FALC ou pas FALC, ne devrait pas être bien difficile, la difficulté est, en passant devant la table où sont exposés les bulletins de vote, d’en choisir au moins un, et pas au hasard.

    Mais c’est du tout cuit, car on va demander aux différents partis de retranscrire en FALC leurs professions de foi et leurs programmes en gardant le texte d’origine, mais avec une partie en FALC : « C’est une transcription du français, pour simplifier certaines notions et qu’elles soient comprises par les personnes déficientes intellectuelles », explique au HuffPost Isabelle Chandler de l’Unapei (association de parents d’handicapés intellectuels). « Si on leur donne les outils pour comprendre, elles ont bien sûr une opinion et peuvent voter. »

    On se demande alors où est leur déficit intellectuel si elles sont capables de se faire une opinion argumentée, mais on se demande aussi quelles sont les chances pour une personne dont l’intelligence est très limitée de ne pas faire le même choix que la personne qui s’occupe d’elle et qui la conduira par la main à toutes les étapes du vote si bien expliquées par la Mairie de Paris.

    Ainsi le choix électoral est à la portée de tous les déficients mentaux, je suppose que l’abstention aussi (ce qui à mon avis serait préférable). Je dois avouer que pour certaines élections, et notamment les européennes j’ai moi-même du mal à comprendre les professions de foi de certains candidats et souvent du mal à faire un choix raisonnable. Je me demande si, parfois, je ne devrais pas me mettre au FALC, puisque ce langage simplificateur serait si efficace.


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  • On ne peut faire confiance à personne.Pourquoi les islamistes ne prennent-t-ils pas connaissance des cartes éditées par le Quai d’Orsay délimitant les zones où ils représentent un danger ? C’est tout de même la moindre des politesses que de se conformer aux prévisions. A moins, au contraire, qu’ils en prennent connaissance pour cibler les zones où les touristes ont le plus de chances de venir et leur activité criminelle le plus de chances d’être rentable.

    Quand nos deux touristes partirent au Bénin pour rejoindre les sentiers abattus plutôt que battus, le parc de Bendjari où ils furent enlevés ne figurait pas encore dans les zones à risque élevé, celles-ci étaient signalées un peu plus au nord à la frontière avec le Burkina Faso. La manie de bouger des djihadistes devient agaçante, obligeant à remanier sans cesse les cartes éditées par le quai d’Orsay, et bien sûr avec un temps de retard : les zones à risque ne pouvant être déterminées qu’à posteriori, après la survenue de meurtres ou de prises d’otages rémunératrices.

    Quoi qu’il en soit le président de la République est venu accueillir, en personne, les deux touristes à Villacoublay. Un honneur que l’on réserve habituellement aux héros, pas aux emmerdeurs inconscients, qui ne furent délivrés qu’au prix de la vie de deux officiers mariniers.

    Mais quoi que l’on en dise, Macron ne pouvait pas faire autrement, car ne pas être présent lors de l’arrivée des otages délivrés par une opération couteuse, et dont il avait pris la décision, eut été minimiser l’acte de délivrance lui-même, et le sacrifice des deux militaires.


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  • Les prochaines élections européennes viennent de s’enrichir d’une 34ème liste ! Elle émane de l’Union des démocrates musulmans français : “Union pour une Europe au service des peuples”. Cette union se présente sur son site internet comme un “parti régulièrement taxé de communautaire par la classe politique française” mais qui “se revendique comme un mouvement non confessionnel, laïc et profondément républicain ». 

    C’est compliqué.

    L’Europe a connu et connait encore des partis politiques faisant référence au christianisme. Si ces partis tiennent sans doute compte des valeurs chrétiennes, à ma connaissance, ils ne défendent pas les chrétiens en tant que tels, mais l’intérêt général. Dès ses origines, le christianisme a séparé le spirituel du temporel en « rendant à César ce qui est à César », même si dans l’histoire, le sabre et le goupillon ont souvent fait bon ménage.

    L’islam n’a jamais séparé le spirituel du temporel et les musulmans font passer, dès qu’ils le peuvent, les lois religieuses avant les lois du pays où ils vivent.

    Il faut avouer que dans les déclarations de ce parti les oxymores abondent. Pourquoi créer un parti de « musulmans français » si ce n’est pas pour défendre spécifiquement les Français musulmans et/ou les musulmans vivant en Europe ? En ajoutant de surcroît que leur mouvement n’est pas confessionnel mais laïc et en s’étonnant d’être taxé de communautaire, ce qui frise le comique. Je risque peu de me tromper en pensant que cette liste a toutes les chances de ne recueillir que des voix musulmanes.

    Ce parti se déclare « profondément républicain ». Peut-être l’est-il si à aucun moment il n’a cherché à faire passer les lois religieuses avant les lois républicaines, mais il faut dire que, pour l’instant, en France, il n’en a pas vraiment l’opportunité. Il se déclare « démocrate ». J’ai du mal à trouver des pays islamiques vraiment démocrates. Dans les pays où l’islam est religion d’Etat on peut certes avoir des élections, mais en général bien ciblées comme en Iran. La Tunisie fait sans doute exception et peut-être que l’Algérie suivra-t-elle ce chemin. Mais on voit ce que devient la démocratie en Turquie, pays qui était laïc depuis Mustafa Kemal.


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