• En lisant un article du biologiste J.F. Bouvet paru dans Le Point d’aujourd’hui, j’ai appris avec surprise qu’en France, en 2016, le nombre de femmes qui firent le don d’ovocytes fut plus du double de celui des hommes pour leur sperme (540/255). Surpris, car je pensais l’inverse puisque le don de sperme est simple et sans déplaisir, alors que celui d’ovocytes est plus complexe et ne comporte que des désagréments pour leurs donneuses. Cela confirme l’altruisme féminin car dans l’hexagone le don de gamètes est pour l’instant gratuit et anonyme, et ceci explique aussi la pénurie de gamètes françaises.

    Ailleurs, le commerce de la semence et l’œuf humains est florissant et obéit à toutes les lois du marché. En Amérique du Nord, les étalons et les pouliches sont choisis avec soin dans les banques sérieuses, les qualités des donneurs et des donneuses sont vantées et le prix est en rapport, on attire les consommateurs par des promotions, une banque américaine propose ainsi deux flacons de sperme d’un donneur renommé pour le prix d’un. Il existe même au Royaume-Uni une application pour smartphone qui permet d’avertir les clients que leur commande, selon le profil souhaité et enregistré en ligne, est à leur disposition.

    Dans un article de la Revue du Praticien de mai 2018, j’ai noté que chaque année plus 1000 Françaises se rendent en Belgique pour y bénéficier d’une insémination, non pas avec du sperme belge, mais pour la plupart avec du sperme danois car elles se procurent des paillettes en provenance de la banque de sperme danoise Cryos qui fournit en paillettes tous les pays d’Europe. Au Danemark les donneurs sont franchement rémunérés et il ne semble pas y avoir de limitation du nombre d’enfants né d’un seul donneur (ce nombre est limité à 10 en France). Une extension du nombre d’enfants par donneur augmente également la probabilité d’une rencontre entre des individus ayant le même père biologique.

    On voit qu’il faut s’attendre à avoir beaucoup de petits demi Danois à travers l’Europe, notamment en France où le bon sperme devient rare. On peut également se poser une autre question : en raison de la libre circulation des gamètes gelées en Europe que devient le « droit du sang » ?


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  • On sent que Mme Agnès Buzyn, notre ministre de la Santé, est très mal à l’aise avec l’homéopathie dont elle affirme qu’elle n’agit que comme un placebo, mais sans oser la dérembourser (128,5 millions € en 2016) car il s’agit d’un placebo manipulé par 5000 praticiens homéopathes et apprécié par de nombreuses personnes, y compris l’ancienne ministre de la santé, Roselyne Bachelot, dont le chien, selon ses dires (pas ceux du chien), semble avoir apprécié cette « thérapeutique ». Alors pour clore ce débat embarrassant, Mme Buzyn a fini par déclarer doctement qu’une évaluation de l’homéopathie serait nécessaire.

    Déclaration parfaitement ridicule car cela fait au moins un siècle que cette évaluation a été faite, que de nombreuses instances scientifiques en Europe ou aux USA se sont prononcées récemment et n’ont accordé à l’homéopathie qu’un effet placebo. Aux USA il a même été imposé de signaler sur les boîtes de granules l’absence de preuves scientifiques de l’efficacité du produit vendu.

    De plus, les quelques études qui ont comparé l’homéopathie à l’absence de traitement n’ont pas montré de différences entre elles ce qui jette même un doute sur l’effet placebo de l’homéopathie (Le Point).

    L’homéopathie illustre à la fois la nécessité pour un médecin d’agir, même lorsqu’il doute de l’efficacité de sa prescription, et du besoin du patient d’être traité, même lorsqu’il est amené à guérir spontanément.

    Par contre, c’est sans doute avec raison que la ministre de la Santé envisage le déremboursement des médicaments aujourd’hui prescris pour traiter la maladie d’Alzheimer (Ebixa, Aricept, Exelon et Reminyl). Leur l’efficacité n’est aucunement démontrée mais surtout ils sont susceptibles de provoquer de sérieux effets secondaires. Leur service rendu est donc des plus discutables. Cette perspective de déremboursement est évidemment critiquée par des médecins et les associations s’occupant de cette maladie avec trois arguments principaux :

    - Iniquité entre ceux qui auront les moyens et ceux qui ne les auront pas de se payer ces médicaments. On pourrait, à mon avis, parler d’iniquité en sens inverse, car les plus pauvres éviteront de dépenser de l’argent pour des médicaments peu ou pas efficaces et parfois mal tolérés

    - C’est au moment où la fréquence de la maladie augmente avec le vieillissement de la population (le nombre de cas est estimé en France à plus de 850000) que l’on dérembourse son traitement. Argument curieux : le nombre de malades ne rend pas le traitement actuel plus efficace et mieux toléré.

    - Comment pourra-t-on traiter les patients  si les médicaments ne sont plus remboursés ? L'ennui est que le traitement actuel ne change pas le cours de la maladie. Mais il est difficile, comme le disait François Magendie, d’essayer de ne rien faire, l’homme étant un imbécile actif ayant la passion de l’intervention d’après Fernando Savater (voir « Primum non nocere »)

    Alors, j’ai une idée : pourquoi ne pas utiliser davantage l’homéopathie pour traiter les troubles de la mémoire des patients atteints de la maladie d’Alzheimer puisque des homéopathes prétendent que les granules du laboratoire Boiron ont le souvenir des molécules actives disparues qui les ont traversés. Il s'agirait alors d'un transfert de mémoire.

    268. La difficulté de ne rien faire


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  • Un autre débat sur le voile islam-ique-isteEn ressemblant à une religieuse en rupture de couvent, la nouvelle présidente de l'Unef Paris-Sorbonne ne risque guère de provoquer les hommes. C'est étudié pour. Mais on peut se demander si sans voile elle serait néanmoins susceptible de titiller la libido de la gent masculine.

    On peut donc se poser la question : ce voile est-il superflu en tant qu'arme de dissuasion libidineuse ou au contraire est-il aguicheur en exprimant la soumission de la dame aux désirs du mâle ?  


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  • Ce matin, cette radio publique s’est fendue d’un joli cadeau pour la fête des mères en programmant une émission roborative que les mères, dont beaucoup sont d'un certain âge, ont eu la joie d’entendre : la fin de vie.

    France inter a droit à nos félicitations

    Picasso : "Science et charité"

     


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  • Emmanuel Macron a fait pendant la première année de son mandat 47 voyages à l’étranger en parcourant 17000 Km. Il a raison, les voyages forment la jeunesse. Dans chaque pays il a distillé ses sages conseils pieusement recueillis par chacun des dirigeants rencontrés, et lancé dans ses discours des projets pour modifier le cours du monde.

    Ses efforts furent récompensés par le sourire impénétrable du mastodonte chinois, le regard sibérien du tsar de toutes les Russies, et par le nettoyage affectueux du revers de sa veste par l’Ubu roi nanti du plus gros bouton atomique du monde.

    Aujourd’hui, des gens frustrés de ne pas recevoir de ses conseils éclairés à domicile descendent dans la rue pour lui en réclamer.

    Voyages au bout de l’impuissance

     

    Des bancs mêlés de poissons sans tête, dans une odeur de pourrissement dégagée par l’élévation de la température fiscale, des trains délaissés, des cerveaux universitaires en surchauffe, des banlieues en décomposition de plus en plus attirées par les effluves des dessous religieux inchangés depuis des siècles.

    Nul n'est prophète dans son pays mais espérons qu'il sera moins impuissant à domicile que chez les autres.


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  • La réalité insoumiseMaduro, qui vient d’être réélu président du Venezuela, semble avoir hérité de la tête de  Staline. Ce n’est qu’une apparence car pour la répression, avec les quelques dizaines de morts dont peut se prévaloir le successeur de Chavez, elle ne fait pas le poids comparée à celles exécutées par le « Petit Père des peuples ».

    Si Maduro ressemble un peu à Staline, les mélenchoniens ressemblent encore davantage aux communistes français de l’époque soutenant envers et contre tout la dictature féroce de Staline, balayant avec violence toutes les preuves et tous les témoins de ce qui se passait en URSS à l’époque stalinienne. Cet aveuglement n’épargnant ni les intellectuels, ni les artistes même après avoir visité le pays de leurs rêves.

    Les mélenchoniens utilisent dans leur rhétorique les mêmes arguments que les staliniens pour défendre le régime qui règne aujourd’hui au Venezuela, et qu’ils ont présenté comme un modèle. Pour minimiser les effets La réalité insoumisede la gestion marquée par l’idéologie et qui s’est révélée désastreuse dans ce pays pourtant riche mais où la population sombre dans la misère, ils avancent :

    Que ceux qui critiquent le régime et Maduro, sont des « larbins des Américains » (Mélenchon).

    Que la présentation faite par les médias de la situation au Venezuela est déformée (Corbière). Alors que les moyens de communication actuels ne prêtent guère à la déformation en raison de la multiplicité des sources.

    L’idéologie pousse au déni de la réalité. Mélenchon n’étant ni idiot, ni ignorant, on peut donc en conclure qu’il est malhonnête. Mais dans le domaine politique où la réalité est embarrassante, il est en bonne compagnie, mais en tête. Si les communistes invitaient tous les peuples à pleurer lors de la mort du "grand Staline", on se souvient de l'envolée lyrique de Mélenchon lors de la mort du petit Castro.


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  • A plusieurs reprises, en France, des réunions furent réservées aux « racisés » en excluant les blancs. Attitude éminemment raciste mais qui ne souleva, à ma connaissance, aucune plainte sur le plan juridique. Il est des plus probables que des réunions publiques interdites aux noirs auraient provoqué un scandale, et sans doute une plainte des associations de défense des minorités qui se disent « racisées ».

    Il est de notoriété que les races humaines n’existent pas, alors comment reconnaît-on une personne « racisée » ? A la couleur plus sombre de sa peau, mais il faut sans doute y ajouter un autre critère : le fait de descendre d’une famille d’un pays ayant été colonisé par des blancs il y a plusieurs décennies. Ce critère doit être pris en compte car si la « racisation » n’est basée que sur la couleur de la peau associée éventuellement à quelques traits morphologiques distinctifs, les blancs sont également « racisés », mais en blanc (c'est à dire atteint d'une "blanchitude" coupable).

    D’un autre côté, quand on voit des supporters de football, bas du plafond, (pléonasme ?), insulter salement les joueurs noirs de l’équipe adverse ou lorsque l’on constate que des policiers américains ont la gâchette plus facile lorsqu’ils appréhendent un noir, on peut comprendre ces attitudes de retrait. Mais ce retrait conduit paradoxalement instituer un apartheid de la part des noirs qui ne fera qu’aggraver les choses. Il est assez curieux de constater que ce sont des noirs qui ont particulièrement souffert du racisme qui introduisent à nouveau la notion de race dans la société, pour se « victimiser », mais aussi pour se valoriser, rejoignant ainsi la définition princeps du racisme, la hiérarchisation des groupes humains.

    On dit que si les races n’existent pas sur le plan biologique (les variations entre les populations n’excédant guère celles observées entre les individus, même si l’on observe des différences génétiques entre les populations pour les maladies), elles existent sur le plan social. Mais ce n’est pas la société qui est à l’origine de l’aspect d’une personne (le phénotype), c’est cet aspect ethnique, lié à quelques détails du génome, qui peut lui donner un statut favorable (si majoritaire) ou défavorable (si minoritaire) dans la société. Ainsi la société peut-elle se structurer (volontairement ou non) en fonction des caractéristiques morphologiques et/ou historiques des groupes humains qui la composent.

    Ceux qui veulent aujourd’hui se « raciser » le font volontairement tout en accusant l’Etat français d’être raciste alors que celui-ci s’est doté d’une législation pour lutter contre le racisme. Curieusement, des Français noirs et maghrébins, largement antisémites, voudraient ainsi endosser le statut des Français juifs sous le régime de Vichy, statut dont les modalités appliquées à l’époque semblent totalement leur échapper.


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  • Au début de ce mois a débuté un vaste programme espérant inclure un million de participants, recrutés dans sept villes américaines (Birmingham, Chicago, Detroit, Kansas City, Nashville, New York et Pasco). Ce programme élaboré et conduit par les Instituts nationaux de la santé (NIH) doté de 1,45 milliards de dollars alloués pour une période de dix ans par le gouvernement américain a pour objectif « de déterminer avec précision les différents marqueurs génétiques, sociaux ou comportementaux, qui favorisent le développement de certains facteurs de risque ou maladies ou au contraire qui semblent conditionner le maintien en bonne santé. »

    La médecine prédictive appliquée à des populations entières est en marche. Une gigantesque base de données va être constituée, ultra sécurisée (vraiment ?), qui recensera toutes les informations des dossiers médicaux, des questionnaires sur l'alimentation, le sommeil, l'environnement et d'autres aspects de la vie quotidienne. Les recherches s'orienteront dans des domaines très variés, allant de la sensibilité particulière à certains médicaments à la prédisposition à différents cancers

    Soulignons que l’on fera appel à des capteurs connectés et à des prélèvements ADN sur le plus grand nombre de participants, afin de mettre en place une des plus importantes « biobanques » du monde.

    Le secrétaire d'État américain à la santé est très fier de la mise sur pied de ce programme. Il a sans doute raison. Mais, pour ma part, je sens qu’une partie de mon cerveau est réticent, une rébellion synaptique qui me fait honte, aussi ai-je demandé à cette partie rebelle ce qu’elle trouve à redire à cette enquête monumentale qui touchera aussi bien les noirs (habituellement moins surveillés sur le plan médical) que les blancs.

    D’une façon générale, je n’ai pas trop de sympathie pour les surveillances collectives de la part d’une autorité quelconque surtout lorsqu’elle porte sur l’intime. Pourtant, là, elle peut être d’une grande utilité si elle précise les facteurs environnementaux susceptibles d’influencer notre santé car ces facteurs peuvent être corrigés, à condition que l’on n’oblige pas à ce qu’ils le soient. Aux USA des entreprises (dont peut dépendre l’assurance maladie) ont ainsi obligé certains de leurs employés à modifier leur comportement sous peine de rétorsions.

    La partie rebelle de mon cerveau se méfie des prélèvement ADN. L’ADN c’est vraiment un truc très intime. Et que peut-on y trouver ? Des gènes prédisposant à des maladies graves. Cela vous plairait que l’on vous annonce que vous risquez d’avoir une maladie grave et peut-être sans traitement efficace ? Une maladie qui n’apparaîtra peut-être pas, mais il va falloir vivre avec cette hantise. Cependant, me dira-t-on, le savoir permettra de mieux vous surveiller, de prendre des précautions et de vous traiter plus vite. Sans doute, mais allez-vous vivre mieux avec cette épée de Damoclès ? D’autant plus qu’elle peut ne jamais tomber.

    En fait, il est certain qu’une épée tombera, mais ce n’est pas forcément celle qui est prévue par les prédictions.

    Nous vivons dans le provisoire et dans l’incertitude, mais c’est cette incertitude qui nous permet de vivre le présent en attendant qu’une épée tombe. On se doute bien du moment où elle tombera, mais on n’est jamais sûr de sa forme.

    J’ai tendance à éviter les cartomanciennes, qu’elles exercent dans les foires ou dans la science.

    267. Plaidoyer pour l’incertitude


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  • « À l’occasion de la Coupe du monde de football 2018 qui débutera en juin, une brasserie allemande a eu l’idée d’imprimer les drapeaux des 32 pays participant à la compétition sur ses bouteilles. Dont celui de l’Arabie saoudite. » (Courrier international, le 12/05/18)

    Bien sûr cette initiative à visée publicitaire a soulevé des protestations outrées sur les réseaux sociaux, alors que le drapeau saoudien n’apparaissait que sur la capsule de 1 bouteille de bière sur 171.

    L’ambassade saoudienne en Allemagne a déploré “une provocation à l’égard des sentiments des musulmans”, elle a contacté le ministère des Affaires étrangères allemand en exigeant l’arrêt de la production de cette bière, son retrait du marché et des excuses de l’entreprise pour son comportement.

    Dans son communiqué, l’ambassade précise que le drapeau saoudien “contient l’affirmation de l’unicité divine” et son utilisation par la brasserie constitue donc “une atteinte à la sacralité de la profession de foi et un acte de mépris pour le drapeau du Royaume”.

    La brasserie a finalement décidé de retirer les lots déjà livrés, “sur les conseils de la police et des services du renseignement intérieur”

    L’alcool n’est peut-être pas la drogue la plus dangereuse.

    Foi sensible


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  • 266. Les inspecteurs des travaux finis

    Deux spécialistes de l’économie de la santé (Jean de Kervasdoué et Roland Cash) se sont penchés sur les sources d’économie possibles et donc sur les dépenses inutiles : "la pertinence des actes permettant d'améliorer la balance entre les bénéfices et les ressources".

    Il est vrai que les actes demandés par les médecins ne sont pas toujours pertinents, ne serait-ce que de demander de façon répétée le groupe sanguin d’une personne alors qu’il ne changera jamais au cours de sa vie (4,5 millions de détermination de groupe sanguin en France en 2015, soit 31 millions de dépenses, sans compter les tests effectués à l'occasion d'une hospitalisation ou de dons du sang).

    Sans vouloir défendre aveuglément ma corporation, cette approche rend les médecins seuls coupables de tous les maux, ni les patients, ni l’organisation de l’assurance maladie n’ayant apparemment la moindre responsabilité dans les dépenses qui leur paraient excessives.

    Dans leur analyse les deux compères trouvent qu’il y a trop d’évènements indésirables graves (EIG) durant une hospitalisation ou ayant induit une hospitalisation. Ils représenteraient 11 % des causes de décès. En 2009, la Drees a recensé entre 300 000 et 400 000 EIG. Les désordres physiologiques et métaboliques postopératoires (260 millions), les septicémies (155 millions), les escarres (137 millions) et les embolies pulmonaires post opératoires (71 millions). 

    Moi aussi, je trouve qu’il y a trop de complications graves chez les hospitalisés, mais j’aimerais que les « inspecteurs des travaux finis » me disent comment les éviter puisqu’ils sont si malins. On a vraiment l’impression que ces analystes accusent les médecins de provoquer délibérément les septicémies, les escarres ou les embolies pulmonaires. La maladie n’est pas un long fleuve tranquille se déroulant toujours sans complications. Mais peut-être pourrait-on en réduire la fréquence en augmentant le personnel notamment infirmier ? Ce qui serait une source de dépenses.

    Nos deux spécialistes soulignent que les médecins demandent trop d’examens d’imagerie. Un rapport de l'IRSN (Institut de radioprotection et de sureté nucléaire) estimait avec la CNAM, qu'à raison de près d'1 millions de radiographies du crâne annuelles, 24 millions d'euro ont été dépensés entre 1999 et 2012, pour un acte inutile dans la grande majorité des cas. C’est sûrement vrai, mais cela veut dire aussi que dans une minorité de cas la radio du crâne est pathologique, alors comment le savoir à l’avance avec certitude ?

    Pour l’imagerie ou les examens biologiques, seuls des examens qui se révèleraient pathologiques ne seraient pas demandés inutilement.

    D’un autre côté s’il est plus que souhaitable de demander des examens à bon escient, un tri trop sévère pourrait laisser échapper une anomalie que l’on pourrait par la suite reprocher au médecin. Celui-ci se trouve parfois dans des situations difficiles que ne connaissent pas nos deux spécialistes, comme, par exemple, un patient consultant pour un mal de tête qui paraît sans gravité, mais réclamant un scanner cérébral dont l’indication est très discutable. Imaginez les conséquences si l’examen refusé se révélait ultérieurement pathologique.

    En théorie et a posteriori on peut constater que des complications auraient pu être évitées, que des examens ont été inutiles, mais combien de maladies dépistées ou prévenues par des examens dont l’indication aurait pu se discuter ? La médecine n’est pas une science divinatoire et elle est parfois obligée de voir large pour ne pas faire d’erreurs, si bien, que pour la satisfaction du patient comme du médecin, les examens demandés sont le plus souvent normaux (donc inutiles) que pathologiques.

    Ceci ne doit pas empêcher le praticien de réfléchir, de raisonner, d’exercer son art et son bon sens plutôt que de se réfugier trop facilement derrière une pluie d’examens complémentaires. 

    Goya et son médecin  


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