•  

    Explication

     

    Les médias nous font avaler du ballon rond jusqu’à l’étouffement. Les images télévisées montrent avec gourmandise les réactions des supporters lorsque leur équipe marque un but et, bien sûr, lorsqu’elle gagne.

    Je trouve ces réactions hystériques, bestiales et même effrayantes. Hurlements, contorsions, visages grimaçants, bouche ouverte, peinturlurés aux couleurs nationales, danses frénétiques de possédés. Bref, un étalage de laideur provoqué par la joie.

    La qualification de l’équipe d’Algérie a été suivie par des actes de violence et de vandalisme dans les grandes villes françaises, alors qu’à Alger la foule massée devant un grand écran s’est contentée de manifester sa joie lorsque son équipe a marqué un but en lançant des fumigènes et quelques pétards de feux d’artifice.

    Certes, les quelques franco-algériens interrogés ont désapprouvé les casseurs et l’un d’eux a déclaré : « L’Algérie est ma mère et la France ma belle-mère ». Tout s’explique.

     


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  • 1914

    L’archiduc d’Autriche-Hongrie François-Ferdinand a été assassiné à Sarajevo le 28 juin 1914 par le Serbe Gavrilo Princip. Cet assassinat a été le détonateur de la première guerre mondiale, grande boucherie devant l’Eternel. Les conditions imposées à l’Allemagne après l’arrêt de ce premier conflit ont sans doute favorisé la survenue de la deuxième guerre mondiale qui a envoyé dans l’Au-delà plusieurs dizaines de millions d’êtres humains en laissant l’Europe dans un triste état. Cette deuxième guerre mondiale a permis de montrer qu’il suffit de quelques individus pour entraîner un peuple de grande culture dans la barbarie.

    Et que fait l’Union Européenne ? Elle commémore à Sarajevo le centenaire de la Grande Guerre. Que l’on fête la fin d’une guerre s’impose, mais que l’on organise une manifestation en grandes pompes pour marquer son début est pour le moins curieux.

    Une manifestation festive dans le lieu où le premier assassinat a été perpétré, détonateur d’une réaction en chaîne de meurtres patriotiques innombrables où des hommes se sont entretués tout en admirant pour beaucoup la culture de leurs ennemis. Ils ont été envoyés à la mort pour la conquête de quelques mètres de terre dans lesquels ont été ensevelis leurs jeunes corps déchiquetés, transpercés ou gazés dans un linceul de boue sanglante ou dans les tombeaux à ciel ouvert de leurs tranchées.

    Qui n’aurait pas, cent ans après, une pensée émue pour tous ces morts inutiles, pour toutes ces promesses anéanties, pour tous ces invalides, défigurés ou ayant laissé un membre entre deux tranchées. Mais pas à Sarajevo.

    Car le choix de ce lieu semble rendre hommage à un assassinat commis par un nationaliste aveugle à l’origine d’un engrenage fatal. Les Serbes de Bosnie, eux, considèrent Princip comme un héros et viennent de lui élever une statue de deux mètres de haut dans un square qui porte son nom. 50000 morts par cm.

    Otto Dix : « Flandre »


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  •  

    Dans le projet de loi sur la santé de Marisol Touraine une place importante est réservée à la prévention. L'idée que développer la prévention permettrait de diminuer les dépenses de l'Assurance Maladie est régulièrement émise par les politiques qui, devant les difficultés économiques du système de protection sociale, donne ainsi l'impression d'avoir trouvé un remède. Pour les médecins la prévention n'est pas une solution, elle fait partie de leur activité normale et la plupart ne prétendent pas qu'elle est plus économique que son absence.

    Prévention et dépistage sont souvent confondus, et diagnostiquer des maladies déjà existantes ajoute au prix du traitement des maladies dépistées celui du dépistage.

    Prévenir les maladies est à la fois l'idéal et la négation de la médecine. Une prévention universelle et réussie  doit faire de chacun son propre médecin. Mais en raison de notre finitude, la prévention ne peut être qu'un mythe, sauf pour les maladies que l'on provoque soi-même. Si l'on arrête une intoxication à temps, on évitera les maladies qui lui sont propres, mais même si l'on continue à s'intoxiquer la possibilité d'une mort prématurée ne laissera pas le temps aux autres maladies d'apparaître, réalisant une prévention par l'absurde et une réduction mortifère des dépenses.

    Le champ de la prévention réelle est en fait étroit, il concerne essentiellement les maladies infectieuses et les intoxications. Quant aux affections dégénératives (comme les affections cardiovasculaires), pour l'instant, on ne les prévient pas, au mieux on les retarde en traitant les facteurs qui semblent favoriser leur éclosion.

    La génétique viendra enrichir l’arsenal préventif. Une grande part de nos maladies sont inscrites dans notre génome et on se tourne de plus en plus vers lui pour lire notre devenir. Aujourd'hui, on détermine déjà pour nombre d'entre elles le profil génétique correspondant. Là encore la médecine prédictive s'appuie sur des probabilités et prévoir par des tests génétiques une maladie qui n'existe pas encore et n'existera peut-être jamais aura des conséquences imprévisibles et des dépenses certaines.

    Qu'elle soit économique ou non, la prévention, la vraie, celle qui empêche définitivement des maladies d'apparaître, comme la prévention par les vaccinations, sauve de nombreuses vies. Une prévention qui ne retarde que l'échéance fabrique des vieillards respectables que la société reconnaissante a le devoir de prendre en charge, mais il n'est pas certain qu'elle aide à mieux vivre. Aussi indiscutable soit-elle, la prévention n'est pas une solution pour faire des économies et ce n'est pas son but.

    Si la prévention est, en définitive, dépensière, est-elle au moins efficace sur le plan médical ? Elle l’est sûrement pour une personne donnée : contrôler les facteurs qui favorisent l’éclosion d’une maladie prolongera probablement sa vie. Mais qu’en est-il à l’échelle d’une population ? En dehors de la prévention des maladies infectieuses, organiser la prévention et y investir des sommes importantes comme le font les Instituts Interrégionaux pour la Santé (IRSA), qui, avec l’appui des Caisses Primaires d’Assurance Maladie, réalisent chaque année plus de 70 000 « examens de santé » systématiques, est-ce efficace médicalement? Ce n’est pas certain. Les dépenses risquent d’être élevées sans obtenir les résultats escomptés.

    Une étude danoise est récemment parue dans le British Medical Journal (Jørgensen T et coll. : Effect of screening and lifestyle counselling on incidence of ischaemic heart disease in general population: Inter99 randomised trial. BMJ 2014). L’étude avait pour but d’évaluer l’efficacité du dépistage et de la prévention dans les maladies coronariennes (infarctus du myocarde et angine de poitrine). Les Danois ont suivi 60000 personnes pendant une dizaine d’années. Un groupe de 11629 a été suivi de près. Outre le dépistage programmé, il a bénéficié des meilleurs conseils de la part des équipes spécialisées. Le devenir de ce premier groupe a été comparé à un second groupe de 47987 personnes qui n’entrait dans aucun plan de dépistage particulier et bénéficiait de l’accès habituel aux professionnels de santé.

    Résultat : aucune différence entre les deux groupes pour les maladies coronariennes, les accidents vasculaires cérébraux ou la mortalité ! Il semble bien que les partisans du dépistage et d’une prévention active à grande échelle risquent d’engloutir des sommes colossales pour un bénéfice nul sur le plan médical.

    Mme Touraine, comme les autres ministres de la Santé avant elle, se fait beaucoup d’illusions (ou communication oblige) sur l’intérêt d’une prévention active à grande échelle, source abondante de dépenses sans résultat bénéfique jusqu’à présent prouvé pour la population. Ne serait-il pas préférable de laisser les médecins faire leur travail à l’échelon individuel ? Cela éviterait à nos dirigeants des déclarations ronflantes qui ne reposent pour l’instant sur aucune preuve, et de prévoir des économies là où les dépenses augmenteront.


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  • « Nicolas Bonnemaison, urgentiste bayonnais de 53 ans, était jugé depuis le 11 juin pour avoir abrégé la vie de sept patients âgés et très malades, en leur administrant hors protocole des médicaments ayant entraîné leur mort. Après 10 jours de débats, il a été acquitté de la totalité des faits »

    « Empoisonnement » était le motif de l’accusation, accusation d’une sévérité qui ne correspondait pas aux circonstances dans lesquelles les actes de ce médecin avaient été commis puisque c’est la compassion qui l’avait poussé à les commettre.

    En l’acquittant, le jury a donc entériné son comportement et justifié ses actes. Pour ma part, je ne pense pas que ce médecin méritait une « punition » pour avoir fait preuve de compassion aussi bien pour les malades que pour la majorité des familles, mais je lui reproche néanmoins d’avoir pris seul ses décisions sans solliciter l’avis de l’équipe médicale et des familles concernées.

    Cet acquittement pur et simple aura évidemment des conséquences :

    Le conseil de l’Ordre des médecins qui s’était empressé de le radier de la profession se trouve ainsi en porte-à-faux avec la décision judiciaire, que va-t-il décider pour l’avenir du Dr Bonnemaison ?

    Des médecins dans les mêmes circonstances –et elles existent tous les jours et partout – ne vont-ils pas se croire autorisés à se comporter en démiurge, et décider dans leur coin de qui doit mourir et de qui doit continuer à vivre?

    La loi Leonetti qui s’efforçait d’encadrer la fin de vie est dépassée, en partie parce que les possibilités qu’elle offre ne sont pas toujours appliquées.

    Acquitter un médecin ayant abrégé, par sa seule décision, la vie de 7 patients, c’est aussi entériner cette forme d’euthanasie, et ouvrir le débat sur sa légalisation, alors que le gouvernement ne semble pas prêt à ouvrir pour l’heure un nouveau débat de société qui diviserait encore la population, ce qui est une spécialité française.


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  • C’est ce qu’a tenté de déterminer l’ONG américaine « Commonwealth Fund » en se penchant sur le système de santé de 11 pays industrialisés : Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie, Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle Zélande, Norvège, Suède, Suisse et France. L’étude porte sur la période 2011-2013.

    L’analyse est basée sur une dizaine de critères dont la qualité et l’accès aux soins, l’efficacité et l’équité du système, et le niveau de santé des populations.

    Contre toute attente, dans ce classement, le Royaume-Uni occupe le haut du tableau, les Etats-Unis sont bons derniers et la France est à la neuvième place ! Presque partout notre pays affiche de mauvaises performances : dixième en matière d’accès aux soins, qu’il s’agisse de leur coût ou de leur rapidité d’exécution. Selon le rapport, 13 % des patients de l’Hexagone rencontrent ainsi des difficultés à payer leurs factures médicales… Pourtant, le système français reste l’un des plus généreux, avec 4100$ (3000 euros) par habitant. Et, du coup, l’un des moins efficaces si on le compare à celui du Royaume-Uni qui apparaît comme le plus efficace du monde car les dépenses de santé n’y dépassent pas les 3400$ (2500 euros) par habitant, en restant l’un des plus égalitaire en matière de santé (2e sur 11, derrière la Suède).

    Le système de santé français est généreux mais apparaît comme un des moins efficaces (les USA en matière d’efficacité, d’égalité et de coût restant lanterne rouge).

    Pourtant tout dépend de la définition de l’efficacité. La France arrive, en effet, en tête pour le niveau de santé de ses habitants jugé selon trois critères (espérance de vie, mortalité infantile, décès évités grâce à des soins médicaux). Alors qu’en bas du tableau, on trouve …Surprise !... le Royaume-Uni. “Comme quoi, un système de santé efficient n'est pas forcément celui qui protège le mieux la population !” 

    Source : [ Pourquoidocteur.fr]

    Commentaires :

    Parler de système de santé, c’est parler autant de politique que de médecine. Ainsi l’accès rapide aux soins et leur égalité n’impliquent pas que les soins dispensés soient de bonne qualité. On peut très bien avoir un système de soins gratuits pour tous sans pour autant soigner correctement la population (c’est ce qui se passait dans la défunte URSS).

    Pour expliquer le cas de la France, je vois trois possibilités qui ne s’excluent pas :

    1° La qualité du corps de santé français, ce qui est une hypothèse présomptueuse.

    2° L’argent consacré à la santé permet de meilleurs soins en commençant par l’absence de restrictions dans la prescription des examens complémentaires (biologie et imagerie) qui permettent un diagnostic plus précoce.

    3° La population française est exposée à moins de risques. Pour donner un exemple, les maladies coronariennes (angine de poitrine et infarctus du myocarde) sont moins fréquentes en France que dans les pays nordiques de l’Europe et qu’aux USA.


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  • Aujourd’hui, il fait un temps superbe sur Paris. Un ciel bleu clair sans un nuage et une légère brise. Une caresse. Je me suis donc rendu dans un parc en apportant un petit livre dans ma poche. Des nouvelles de Gérard de Nerval sur lesquelles j’étais tombé en farfouillant dans ma librairie favorite, et comme je connais très mal cet auteur – j’ignorais même qu’il avait écrit des nouvelles – c’était une occasion de faire plus ample connaissance.

    Beaucoup de monde dans le parc, mais par miracle je trouve un banc libre. Première nouvelle : « Pandora ». Une histoire d’amour déçu, un style pompeux, des références itératives à la mythologie avec de temps à autre des rêves délirants qui ne manquent pas d’intérêt. Du romantisme exacerbé que notre époque trouve ridicule. Gérard de Nerval, dont la vie fut ponctuée par des crises de folie, a fini – dans le plus grand dénuement - par se pendre à l’âge de 47 ans en plein Paris couvert de neige par une température de – 18°.

    La lecture de cette première nouvelle étant pratiquement achevée, un homme jeune s’assoie sur « mon » banc. Il s’apprête à faire une petite sieste lorsque son téléphone portable sonne. C’est une fatalité : dans les rues, dans le métro, dans le bus, à une terrasse, la solitude et le calme sont devenus impossibles. Nous sommes obligés d’entendre des moitiés de conversation, le plus souvent à voix forte comme pour atteindre directement les oreilles de l’interlocuteur malgré la distance. Je suis donc en demeure d’écouter la conversation tronquée de mon compagnon de banc :

    "Comment tu vas ?…Tu a vu le match France/Suisse hier soir ?...J’ai été surpris…J’espère que l’Italie va gagner, d’ailleurs j’espère que tous les pays vont gagner, sauf la France…Je suis né ici, mais ce n’est pas mon pays…Tu vas à la fête de la musique ?...Elle ne me parle plus, même pas bonjour…Tu lui manques, son grand frère ! Elle doit partir en vacances, après le ramadan…"

    Je n’ai pas lu la seconde nouvelle de mon romantique Gérard. Je me suis levé en laissant "mon" banc pour que cet homme puisse faire, après sa conversation édifiante, une sieste bien méritée en goûtant les charmes d’un pays qui n’est pas le sien.

    Il fait toujours beau, un ciel sans nuage, et pourtant…


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  • La FIFA est une multinationale qui tire ses bénéfices de tous bords. Présidant un sport qui se joue avec les pieds, la santé n’est pas dans ses objectifs. Il est vrai que la santé ne rapporte pas de l’argent mais en coûte. Elle ne répugne donc pas à permettre une large publicité pour les vendeurs d’alcool, en particulier pendant le Mondial, une bonne occasion pour se saouler.

    Un article (rapporté par Jean-Yves Nau dans « Slate.fr ») est paru dans le British Medical Journal (BMJ) faisant état d’une enquête de Jonathan Gornall sur la façon dont les géants mondiaux de la bière ont investi l’industrie du football («World Cup 2014: festival of football or alcohol?»). La FIFA veille donc « honnêtement » aux intérêts financiers de ses partenaires (notamment Budweiser, l’un de ses sponsors officiels) et fait pression (si j’ose dire) sur les gouvernements organisateurs.

    La FIFA avait convaincu le gouvernement britannique de laisser les pubs ouverts plus longtemps pendant le Mondial 2010. Elle a obtenu de celui du Brésil que le texte « statut du supporter » qui interdit depuis 2003 la consommation d’alcool dans les enceintes sportives du Brésil soit suspendu pendant la Coupe du monde. Et mieux, la FIFA a exigé du Qatar, pays musulman où la législation sur l’alcool est sévère, l’autorisation de la vente d’alcool aux supporters en 2022.

    Ce mariage contre nature entre sport et alcool, l’encouragement pour les jeunes à boire n’est pas sans conséquences : pendant le Mondial 2010, les jours où l’Angleterre jouait, les services des urgences britanniques ont enregistré une augmentation de 37,5% des agressions souvent associées à la consommation d’alcool. D’ailleurs la ligue de football outre-manche et la plupart de ses clubs sont sponsorisés par l’industrie des boissons alcoolisées.

    Dans le football, les corps sont sains, mais l’esprit…


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  • 158. Les 343 fraudeuses

    Le 6 juin dernier est paru dans Libération « l’appel des 343 fraudeuses » réclamant le droit en France à la PMA pour les lesbiennes (parfois curieusement dénommé « PMA pour tous ») car obligées de se faire inséminer à l’étranger en contradiction avec la loi française actuelle, et ramenant leurs enfants dans l’hexagone où elles désirent les adopter légalement, ce qui fut récemment refusé pour un couple de lesbiennes. En effet pour les juristes «  on ne peut pas fonder un droit sur une violation de la loi. » « On peut légitimement être choqué de personnes se revendiquant comme françaises qui vont violer la loi de leur pays à l’étranger pour ensuite vouloir forcer les termes de la législation française en se retranchant derrière l’enfant conçu illégalement. » (Jean-Pierre Rosenczweig).

    Il semble que cet appel a plutôt fait un flop. D’abord, publier un appel qui se veut solennel le jour où l’on commémore en grandes pompes le débarquement allié en Normandie est une erreur de « timing ». Ensuite, mettre en parallèle cet appel avec celui fait en 1971 (« Manifeste des 343 salopes ») pour légaliser l’avortement, revendication qui intéressait toutes les femmes en réclamant la liberté de disposer de leur corps, c’est mettre en parallèle deux revendications qui n’ont rien à voir entre elles. Enfin, cet appel avait toutes les chances de ne pas être entendu de la part du gouvernement qui préfère aujourd’hui ne pas entamer un tel débat qui ne peut être que « clivant ». Avec tout le respect que je dois aux lesbiennes, il s’agit surtout, pour parler franc, d’une histoire de fesses (la façon de satisfaire sa sexualité) qui n’intéresse qu’une minorité d’individus.

    « L’appel des 343 fraudeuses » commence par les deux paragraphes suivants :

    «Chaque année, des milliers de femmes ont recours à une PMA à l’étranger dans le but de fonder une famille.

    D’autres le font dans des conditions dangereuses pour leur santé en raison de l’exclusion à laquelle elles sont condamnées alors que cette même intervention est autorisée en France pour les couples hétérosexuels. »

    Là encore mettre en parallèle la PMA pour les couples de lesbiennes et les couples hétérosexuels est une assimilation porteuse mais erronée. Assister médicalement la procréation d’un couple hétérosexuel, c’est pallier leur infertilité liée le plus souvent à une pathologie qu’elle vienne de l’homme ou de la femme, l’intervention médicale peut se justifier. Dans le cas d’un couple lesbien, il ne s’agit pas d’infertilité mais de convenance personnelle : le refus du rapport sexuel avec un homme, ce qui n’empêche pas les lesbiennes de simuler l’hétérosexualité en s’harnachant de sex-toys. On ne voit pas pourquoi cette convenance personnelle devrait être prise en charge par l’Assurance maladie.

    Dans l’extrait de l’appel reproduit il est souligné les « conditions dangereuses pour leur santé ». On ne voit pas à quoi il est fait référence. A moins d’infecter au préalable le sperme que l’on veut déposer dans le vagin, on ne voit pas où est le danger. Le seul problème pour ces dames est d’avoir du sperme et la PMA leur permettrait de s’en procurer de façon anonyme. Et voilà le fond de leur revendication.

    Comme l’avait déclaré le biologiste Jacques Testart en parlant de l’IAD (insémination avec donneur) dans une tribune publiée par le Monde en 2013 : « Si l’asepsie sexuelle est exigée, elle est à la portée de tous. Un réceptacle (un verre) pour recueillir le sperme, puis une paille ou un cathéter pour l’administrer si possible avec l’aide d’un spéculum, voilà à quoi peut se résumer « la technologie ».

    Sauf s’il est le donneur de sperme, un médecin n’est pas indispensable. Mais on se demande, en définitive, pourquoi le médecin s’est mêlé de la procréation au point de devenir un prestataire de service pour assouvir des désirs.

    Courbet : « Le sommeil »


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  • On parle de plus en plus du retour de Sarkozy dans l’arène politique. Plus il s’approchera de l’arène, plus tinteront les casseroles qu’il traîne derrière lui, et que ne manqueront pas de remplir les concurrents de son propre camp. Car Sarkozy ne semble pas avoir changé : il s’agite en accompagnant sa femme lors de ses concerts, par amour sans doute, mais aussi pour se faire voir en détournant une partie des applaudissements sur sa personne, qu’il tente de recueillir directement par ses conférences lucratives.

    Le 6 juin dernier, il a donné une conférence au « Swiss Economic Forum » et en marge de celle-ci, devant une vingtaine de personnes, dont Adolf Ogi ex-président de la Confédération, il s’est permis de donner des leçons à la Suisse, l’engageant à entrer dans l’Union européenne et considérant qu’un pays ne pouvait pas être gouverné en changeant de président chaque année et qu’un système avec sept conseillers fédéraux est inefficace et désuet (Le Matin et le Huffington post). Donner des leçons de gouvernance à la Suisse ne manque pas de culot pour quelqu’un qui a augmenté considérablement la dette de la France sans faire de grandes réformes, et ruiné son parti sans pour autant être réélu.

    Le bruit des casserolesJean-Marie Le Pen, en voilà un qui agite ses casseroles avec délectation, et n’hésite pas à en envoyer une dans les chevilles de sa fille (qui déplore la faute politique, et on la comprend, mais pas la signification du discours). Son papa ne manque pas une occasion de lâcher de temps à autre une petite crotte antisémite sous forme d’un calembour ou d’un jeu de mots, une incontinence qu’il ne faut pas attribuer à l’âge mais à sa judéo-phobie, héritière de celle du régime de Vichy et avant lui de l’Action française, phobie obsessionnelle qui ressort de la pathologie comme quand on a peur du noir (je parle de l’obscurité) ou d’un espace confiné.

    Il ne veut pas que son parti soit un parti comme un autre, et il a raison : ce n’est pas un parti comme un autre car on compte une bonne « fournée » de pétainistes parmi ses membres fondateurs comme, entre autres : « Léon Gaultier, membre fondateur du conseil national du FN, était un ancien Waffen-SS: il fut également collaborateur du secrétaire général à l’information et à la propagande du régime de Vichy, Paul Marion. Pierre Bousquet, le premier trésorier du FN, était un ancien caporal SS de la division Charlemagne. François Brigneau, membre fondateur et ancien vice-président du FN, fut membre de la Milice du régime de Vichy. André Dufraisse fut l’un des premiers membres du bureau politique du FN: il combattit avec la Wehrmacht dans la Légion des Volontaires Français du régime de Vichy. » (Thomas Guénolé, Slate.fr).

    Bien sûr, les dirigeants actuels diront qu’ils n’ont rien à voir avec les fondateurs du FN et que ce serait insulter leurs électeurs que de le révéler, mais la plupart vote pour ce parti sans en connaître la nature. Le père fondateur, lui, se charge de temps à autre de faire tinter cette casserole dans laquelle cuisine sa fille avec un certain succès.


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  • Baleines et culture

    « L'interdiction des Nations unies n'y fera rien : Tokyo maintient que la chasse à la baleine fait partie de « la culture japonaise ». En dépit du verdict de l'ONU interdisant à son pays cette traque en Antarctique, le premier ministre japonais a indiqué, lundi 9 juin, que son « objectif est la reprise de la chasse commerciale par le biais de recherches sur les cétacés afin d’avoir les données scientifiques nécessaires à la gestion des ressources baleinières. » (Le Monde.fr du 9/06/14).

    Passons sur l’alibi de la recherche qui s’apparente – toute proportion gardée – à la recherche des médecins nazis sur l’homme dans les camps de la mort, tuer des baleines est une façon radicale de gérer les ressources baleinières, et affirmer que « les données scientifiques » tirées de ce massacre seraient nécessaires est évidemment de la plus grande hypocrisie. Cette hypocrisie : « RESEARCH » est inscrite en énormes lettres sur le flanc des baleiniers.

    Mais pourrait-on me dire, nous élevons du bétail pour le manger, justement nous élevons ce bétail et il ne risque pas de disparaître. Mais nous pêchons des poissons que nous n’élevons pas, justement, il est tenté en imposant des quotas d’éviter la disparition de certaines espèces menacées. La reproduction des poissons reste néanmoins foisonnante, mais regardez les baleines, ces énormes mammifères marins dont la reproduction est longue (10 mois de gestation) et difficile (intervalle d’un an avant une nouvelle gestation), leur disparition peut être imminente et ce pour satisfaire une culture.

    La chasse à la baleine fait en effet partie depuis longtemps des comportements des japonais et 60% d’entre eux ne veulent pas y renoncer. Les chasseurs après leur campagne y ajoutent même (pour satisfaire leur conscience ?), une cérémonie religieuse en l’honneur des baleines découpées.

    Lorsque l’on met le mot « culture » en avant, les critiques avancent en terrain miné. Les partisans d’une culture peuvent toujours dire que la culture qu’on veut leur imposer n’est pas la leur, et qu’il n’y a aucune raison pour eux de l’adopter. Cet argument est aisément tiré du postulat que l’on tend à répandre que toutes les cultures se valent. La culture peut donc couvrir toutes les exactions, du moins considérées comme telles par les occidentaux et en vertu de leur propre culture.


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