• Heureux évènementsDans ce désert politique offert aux Tartares, l’actualité nous apporte tout de même deux heureux évènements.

    Le premier nous a été donné par les services du ministère de l’Intérieur chargés de surveiller étroitement Souad Merah, la sœur de celui qui eut le courage de tuer des militaires désarmés et des enfants sans défense. Ces services ont pris l’initiative heureuse de fermer les yeux pour de ne pas entraver le départ de la dame accompagnée de sa nombreuse marmaille, d’abord en voiture puis en avion, vers sa destination de vacances qui serait, selon les dires, la Syrie. Ce pays connait en effet un afflux de touristes sans précédent. Ceux-ci débarquent avec armes et bagages de tous les coins de la Terre pour visiter les ruines du XXème siècle, cependant moins conservées que celles de Rome. Nous souhaitons à la famille Merah un séjour percutant car les animations et les feux d’artifice se succèdent là-bas à un train d’enfer.

    Le second évènement heureux est la naissance d’une petite fille qui devrait se prénommer Maya. Elle se porterait bien. Mais sa mère, Meriam Ibrahim, médecin de 27 ans, est dans l’impossibilité de recevoir vos félicitations. Elle a été enchaînée au sol d’une prison soudanaise ces quatre derniers mois pour s’être convertie au christianisme après avoir épousé un chrétien, et avoir refusé d’abandonner publiquement sa nouvelle religion pour redevenir musulmane, ce qui lui aurait épargné la pendaison a laquelle elle a été condamnée par un juge de la charia islamique. L’islam étant une religion d’amour et de tolérance, la jeune femme devrait recevoir 100 coups de fouet avant d’être exécutée dans le courant des deux années à venir.

    Une des dernières sourates du Coran, la CIXème, intitulée « les incroyants » est ainsi traduite (par Jean Grosjean, éditions Philippe Lebaud 1979)  «  Au nom de Dieu le Miséricordieux plein de miséricorde. Dis : Vous les incroyants, je n’adore pas ce que vous adorez et vous n’adorez pas ce que j’adore. Non, je n’adore pas ce que vous adorez et vous n’adorez pas ce que j’adore. A vous votre religion, à moi la mienne. »

    Les musulmans lisent-ils le Coran jusqu’au bout ?

    Aux dernières nouvelles, un responsable des affaires étrangères aurait annoncé le 31 mai que cette Soudanaise serait libérée dans les prochains jours. L'écho international provoqué par cette condamnation a-t-il réussi a déboucher des cerveaux obstrués ?

     "Les autorités soudanaises ont nié dimanche 1er juin avoir annoncé que la chrétienne condamnée à mort pour apostasie serait libérée « dans les prochains jours », affirmant que les déclarations en ce sens attribuées la veille à un responsable avaient été sorties de leur contexte" (le Monde.fr).

     Les cerveaux resteraient-t-ils toujours obstrués ? J'apprends également que les 100 coups de fouet sont prévues pour la punir d'avoir commis un adultère en épousant un chrétien !

     


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  • Nourrir des serpents dans son seinDans le parlement européen issu des élections 2014, environ un eurodéputé sur sept y siégera avec l’ambition déclarée de le faire disparaître ou de donner aux institutions européennes un rôle fictif en plaidant pour la renaissance des nationalismes. Certains ont même déjà chaussé les bottes et s’entraînent à marcher au pas de l’oie pour être prêts à parachever l’œuvre destructrice du nazisme et du fascisme avec l’idée imbécile qu’il existe des races pures dont ils font évidemment partie. Je leur souhaite, par charité, que cela ne soit pas le cas car ce sont celles qui dégénèrent le plus vite jusqu’à disparaître totalement.

    Il y a tout de même une incohérence de vouloir accéder à une fonction dans le cadre de l’UE dont ils veulent la disparition plus ou moins complète, et la logique voudrait qu’ils la méprisent et refusent d’y participer. On peut cependant trouver trois raisons à ce paradoxe.

    La première raison est le mode de scrutin qui permet à des partis extrémistes d’apparaître sur la scène politique, alors que des modes de scrutin nationaux ne leur permettent pas toujours d’avoir une représentation parlementaire dans leur pays. C’est ce qui se passe notamment en France pour le FN. Dans le même ordre d’idée, le parlement européen est une belle terre d’accueil pour les recalés des scrutins ou des postes nationaux.

    La seconde raison serait une tentative de miner les institutions de l’UE de l’intérieur. C’est pour l’instant un objectif théorique étant donné la prépondérance des représentants partisans de l’UE.

    La troisième raison est purement intéressée, et que l’on ne vienne pas me dire que les convictions l’emportent sur le portefeuille, car les convictions devraient conduire à refuser toute rémunération de la part d’une institution tant haïe. En effet, bonne fille, l’UE rémunère largement ceux qui veulent sa mort parce qu’ils représentent une fraction de la population européenne, même lorsque leur présence et leur participation laissent à désirer. Un eurodéputé, s’il est assidu (indemnité forfaitaire de 304 euros pour chaque jour de présence aux organes du parlement), peut espérer percevoir 12255,87 euros brut par mois (la rémunération de base étant de 7956,87 euros brut par mois, mais deux fois moins s’il n’est pas présent à la moitié des séances pendant l’année. Il s’y ajoute une somme de 4299 euros par mois destinée à couvrir les frais parlementaires) et il peut se faire rembourser à hauteur de 4243 euros par an ses titres de transport (source : Gilles Gaetner dans Atlantico). (Cependant le coût annuel du parlement européen par habitant ne serait que de 3,10 €.) La soupe est bonne même lorsque l’on crache dedans.

    Gyula Benczur : « Le suicide de Cléopâtre »


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  • La potionD’après la vox populi, la majorité des habitants de la Gaule ne tient pas à rejoindre le village gaulois rebelle, mais leur nombre augmente. Le chef d’honneur du village entouré de barricades, Abraracourcix, juché sur son bouclier, tonne depuis des lustres comme un beau diable, provoque ses adversaires et maquille sans pudeur l’histoire, mais c’est sa fille qui, en déployant ses charmes, a su attirer à elle les Gallo-Romains déçus par le gouverneur de la Gaule et la marche de l’Empire sans en voir les bienfaits.

    Ce que ces habitants de la Gaule espèrent en se mettant sous le bouclier d’Abraracourcix et dans les bras de sa rejetonne, est de bénéficier de la potion magique tant vantée par elle, et dont les discours prétendent que son absorption, les yeux fermés, en toute confiance, leur donnerait la force de chasser les Romains et de vaincre le monde entier.

    Mais le druide est mort. La potion magique a vieilli depuis sa disparition, et risque fort de tourner en poison.


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  • Certes, les jeux du cirque sont la meilleure façon de distraire le bon peuple de ses préoccupations, et de détourner son regard des jeux du pouvoir ou de ses incapacités, mais cette manifestation comme d’autres manifestations sportives planétaires n’est-elle pas globalement négative ?

    La question se pose, car ces spectacles mondialisés coûtent souvent plus cher qu’ils ne rapportent, et ils servent d’abord à gonfler le prestige d’une classe dirigeante, surtout lorsque celle-ci a beaucoup à se faire pardonner.

    La question se pose lorsque les statistiques montrent que l’on observe chez les supporters pendant le Mondial une recrudescence de la consommation excessive d’alcool, des accidents de la route, des accidents cardiaques, des suicides et des dépressions. Une équipe qui perd entraîne chez ceux qui la soutiennent un stress émotionnel, cumulatif au fil des matchs, qui peut avoir davantage de conséquences délétères que lorsqu’elle gagne.

    « Selon une enquête réalisée dans la ville allemande de Munich, les admissions hospitalières pendant le Mondial 2006 ont augmenté de 266 % les jours où la Mannschaft jouait… Des chercheurs de l'Université de Birmingham au Royaume-Uni ont même préconisé que les séances de tirs au but soient bannies "pour des raisons de santé publique", après avoir découvert que les accidents cardiaques avaient bondi de 25 % le jour où l'Angleterre avait perdu contre l'Argentine lors de cet exercice au Mondial 1998. Les défaites de l'équipe anglaise lors de la Coupe du monde en 2002, 2006 et 2010 ont de même fait bondir de 38 % les violences conjugales dans le comté de Lancashire (Liverpool), selon des chiffres de la police. » (Weka.fr et AFP 2014). Certes, on peut considérer le football comme un dérivatif bénéfique à la violence, mais elle s’exprime très bien dans et hors du stade et parfois à la maison. Inversement un but vainqueur peut provoquer une recrudescence copulatoire (voir « D’un ballon à l’autre »).

    La question se pose lorsqu’au Brésil, organisateur du Mondial 2014 et une des patries du football, les pauvres, que le football semble de moins en moins amuser, protestent contre les énormes dépenses nécessaires pour construire les infrastructures qui seront consacrées à jouer à la baballe avec les pieds, alors qu’ils dorment dans la rue et demandent à la FIFA, que l’argent semble toujours amuser, d’aller ailleurs.

    La question se pose lorsque la FIFA désigne le four du Qatar pour organiser le Mondial de 2022. Choix suspect et discuté d’un pays dont l’activité principale est de vendre du pétrole et du gaz, et d’acheter les œuvres des autres pays, les hommes et les consciences, tout en jouant un double jeu en armant des groupes terroristes contre l’Occident, ce que chacun sait, mais qui semble laisser le monde indifférent, intérêts obligent. Choix révoltant lorsque pour construire les infrastructures dans la perspective du Mondial de 2022, les Qataris utilisent, comme pour tous leurs travaux du BTP, des migrants (80% de la population de la péninsule qui s’élève à environ 2 millions) entassés dans des conditions misérables, par une chaleur torride, esclaves modernes dont on interdit le départ (les entrepreneurs conservant leurs passeports). La préparation de la « fête » du football aurait déjà ainsi fait plusieurs centaines de morts, et quelques milliers sont prévisibles pour satisfaire la vanité d’une grenouille gonflée au gaz et qui veut se faire plus grosse qu’un bœuf.

     

    Faut-il supprimer le Mondial de football ?

     


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  • La vedette principale des séries télévisées, notamment américaines, est souvent le médecin légiste, de préférence incarné par une femme, peut-être pour introduire un peu de douceur dans la brutalité des images. Le figurant principal, qui a l’avantage de ne pas nécessiter de dialogue, est le cadavre que l’on autopsie, dont on expose les viscères, dont on pèse les organes et à qui l’on parle parfois sans redouter une réponse contrariante.

    La profusion des cadavres exposés sur le petit écran, de préférence éviscérés est tout de même une particularité de notre époque, dite postmoderne, bouleversée par le développement des technosciences et des mass médias.

    Aucune pudeur, aucune dignité, aucun respect, tout s’expose, jusqu’aux viscères, domaine qui était réservé aux médecins, et jusqu’à la merde, matière intime, éventuellement partagée par les gastro-entérologues, devenue à l’occasion objet « artistique ».

    Une société australienne n’a pas hésité à commercialiser (et avec succès) ce maillot de bain qui explose les stéréotypes féminins en matière de séduction.

     

    Autopsie sur plage

     

    L’image est tirée du Journal international de médecine du 19/05/14 et est intitulée « Demain, j’enlève les viscères »


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  • Hugo dans un discours de 1855 avait rêvé de l’Euro : « Une monnaie continentale ayant pour point d’appui le capital Europe tout entier et pour moteur l’activité libre de 200 millions d’hommes, cette monnaie une, remplacerait et résorberait toutes les absurdes variétés monétaires d’aujourd’hui, effigies de princes, figures des misères ; variétés qui sont autant de causes d’appauvrissement ; car, dans le va-et-vient monétaire, multiplier la variété, c’est multiplier le frottement ; multiplier le frottement ; c’est diminuer la circulation. En monnaie comme en toute chose, circulation, c’est l’unité » (cité par Michel Winock, historien).

    Il est vrai que l’on lit peu Victor Hugo sauf pour faire un film ou une comédie musicale d’une de ses œuvres. Lorsque l’on demanda à Gide quel était le plus grand écrivain français, il répondit : « Victor Hugo, hélas ! ». Je crois que l’on ne lit plus beaucoup Gide non plus.

    Evidemment, j’ai retranscris cette citation car nous sommes à la veille des élections européennes que les Français bouderont sans doute, et nombre de ceux qui iront voter, voteront pour les partis qui vouent l’UE aux gémonies, qu’il s’agisse des anticapitalistes génétiques qui ne savent pas trop par quoi remplacer le capitalisme honni et qui devraient se souvenir de la prédiction de Marx : « Ce qui survient une première fois comme tragédie se répète comme farce », ou les fervents de la ligne Maginot, symbole grandiose d’une France en retard d’une guerre , et qui refusent de voir que le monde a changé autour de l’hexagone.

    Mais ceux qui crachent sur l’UE, ne crachent pas sur les émoluments qu’elle leur accorde si généreusement, même s’ils ne mettent que rarement les pieds, après leur élection, au Parlement européen.

    On sait où mènent les nationalismes exacerbés, et sans l’UE qui pourrait-on accuser de tous les maux ? Le boche ou la perfide Albion ? Je les encourage donc à voter pour l’UE, bouc émissaire tout trouvé et moins dangereux, même si sa course est parfois un peu folle, qu’ils prennent soin – dans leur propre intérêt - de ne pas le tuer.


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  • 157. "Chronique d'une mort annoncée"

    Nicolas Bedos a récemment publié dans Elle une lettre adressée Marisol Touraine, ministre de la Santé, où il revendiquait sa liberté de fumer (notamment sur une plage), estimant que sa santé, ses poumons et sa vie lui appartenaient et qu’il était libre d’en faire ce qu’il voulait, tout en étant conscient des dangers du tabac que l’on ne cesse de lui rappeler. [http://www.lemondedutabac.com/nicolas-bedos-a-marisol-touraine-il-faudra-menvoyer-le-gign-pour-mempecher-den-griller-une/].

    Marisol Touraine lui a répondu sur son blog dans un billet bien tourné et qui ne manque pas de finesse [http://www.marisoltouraine.fr/2014/05/lettre-a-nicolas-bedos/] où elle montre sans difficulté l’intérêt de la lutte contre le tabagisme responsable de 73000 morts par an en France, et la nécessité de ne pas entraîner les jeunes dans cette dépendance (la chronique parue dans Elle n’est pas faite pour les dissuader de ne pas entrer dans le tabagisme, car s’il est facile d’y entrer, il est difficile d’en sortir).

    Il est certain que l’Etat intervient de plus en plus dans notre vie, imposant des modèles, et multipliant les interdictions contre lesquels Nicolas Bedos s’élève, arguant que cette lutte contre le tabagisme est peut-être un problème quasi secondaire (73000 Français tués chaque année, tout de même) par rapport à d’autres.

    N. Bedos revendique la liberté de faire ce qu’il veut de son corps. Fort bien. Marisol Touraine a eu la finesse de ne pas lui rappeler que cette liberté avait un prix et que ce prix n’était pas payé par celui qui s’était intoxiqué librement, mais par la société. Les soins pour traiter un cancer coûtent cher et malheureusement trop souvent en vain.

    Je le dis avec d’autant plus d’objectivité que je suis moi-même un tabagique (la pipe uniquement) et j’ai commencé à m’intoxiquer à une époque où les méfaits du tabac n’étaient pas démontrés (on lui reconnaissait même des vertus). Je suis bien placé pour juger des dangers de cette dépendance absurde que les jeunes devraient fuir et qui n’a rien à voir avec la liberté.

    Van Gogh : « Crâne fumant une cigarette »

     

     


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  • Timbré

    Non, vous n’êtes pas tombé sur un site homo-porno. Il s’agit d’un timbre représentant un motif érotique homosexuel de Touko Laaksonen dit « Tom of Finland » qui nous a quitté gayment en 1991. La poste finlandaise doit en sortir la série le 8 septembre 2014.

    On ne sait pas si l’on doit qualifier cette initiative de culottée ou de déculottée. Si elle provoque quelques remous en Finlande, elle semble susciter de l’intérêt hors du pays, notamment aux USA, en Australie et en Inde.

    Il y a des fessées qui se perdent.

    (Source : Courrier international)


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  • L’Empire du Milieu contre le milieu qui empire

    « Des policiers chinois envoyés en France pour rassurer les touristes. Des « patrouilleurs », policiers pour la plupart, seront présents cet été dans les sites touristiques de France pour « faire de la prévention » au bénéfice de leurs compatriotes, a indiqué le ministère de l’intérieur. » (Le Monde.fr).

    Souvent nantis de grosses sommes en liquide, les touristes chinois et japonais sont en effet des cibles privilégiées des pickpockets. Les autorités chinoises se sont inquiétées de la multiplication des vols et agressions sur leurs compatriotes et envoient donc leurs policiers.

    Curieux tout de même. Le ministère de l’Intérieur semble fier de cette mesure – qui sera peut-être efficace, ne serait-ce que pour une question de langue – alors qu’il s’agit manifestement d’un constat d’échec de sa part en révélant que les forces de l’ordre françaises sont incapables d’enrayer cette délinquance de rue et admet que des forces de l’ordre venues de l’étranger pourraient être plus efficaces.

    Néanmoins, cette idée est à creuser. Devant nos carences nous pourrions faire appel à des personnalités venues de l’étranger, notamment pour diriger la France. Mazarin, Italien choisi par Richelieu, n’a-t-il pas été le ministre fort compétent de Louis XIII puis de la régente Anne d’Autriche ?

    Georges de La Tour : « La diseuse de bonne aventure »


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  • Je ne suis pas distrait, mais je pense à autre chose. Lors de l’envoi par courrier du chèque réglant le premier acompte de l’impôt sur le revenu en février dernier, par suite d’une manipulation malencontreuse entre plusieurs lettres que j’avais à poster, celle destinée au centre d’encaissement des impôts de Créteil a été mise dans la boîte aux lettres, non affranchie. Panique. J’attends la levée du soir et l’employé chargé de la levée m’assure fort aimablement : « on va vous la retrouver votre lettre ». Que nenni. Après avoir sorti une à une les lettres du panier, la mienne n’y était pas. Re-panique.

    Que faire ? Je fais opposition sur ce chèque qui, accompagné du TIP, paraissait perdu, et j’en envoi un second accompagné d’une lettre d’explication. Les jours passent mais mon compte courant ne bouge pas. Je tente de joindre par téléphone le centre de Créteil qui est une énorme usine de réception des chèques. Manifestement le robot que j’ai eu au bout du fil ne me comprenait pas, et soyons honnête, je comprends à sa décharge, qu’il ne me comprenne pas. Il y a même des jours où je ne me comprends pas moi-même !

    Je décide de me rendre à mon centre des impôts qui, bien entendu, ne se situe pas dans l’arrondissement où j’habite mais dans un autre, alors qu’il en existe un à côté de chez moi.

    Surprise. Le responsable, après vérification sur son ordinateur, m’annonce triomphalement que le chèque n°1, celui qui est parti dans une enveloppe non affranchie et que je n’avais pas retrouvée lors de la fouille de la boîte aux lettres, a été encaissé. Je remercie donc la bonne âme qui a peut-être affranchi avec ses deniers une lettre destinée aux impôts, à moins que le Centre de paiement de Créteil ait eu la générosité de m’offrir un timbre en échange de mon chèque.

    Je lève l’opposition sur le chèque n°1 (opposition qui n’aurait donc pas fonctionné), mais je suis un peu inquiet de ne pas avoir de nouvelle du chèque n°2. Pour ne pas faire de bêtise supplémentaire, je ne fais plus rien.

    Les jours passent et aucune trace de débit sur mon compte courant. Inquiet du sort du chèque n°2, j’envoie d’abord une lettre à mon centre personnel des impôts (celui qui est loin de chez moi). Puis, ne voyant rien partir, je téléphone. Cette fois pas de robot, mais une femme, une vraie, elles sont même deux qui causent ensemble et dont j’entends la conversation. Elles paraissent perplexes. Je ne figure pas dans les impayés, mon chèque n°1 aurait donc bien été encaissé. Elles vont faire une enquête à la recherche du chèque n°2 et me contacteront.

    Fin mars je reçois les résultats de leur enquête : le chèque n°1 a bien été encaissé, par contre pas de trace du chèque n°2 et il m’est conseillé de faire opposition sur ce dernier.

    Discipliné, je fais opposition sur le chèque n°2, et j’attends la suite car mon compte courant n’a toujours pas été amputé de la somme, malgré les affirmations réitérées des fonctionnaires du fisc. Je n’ose croire à un tel cadeau, mais que pouvais-je faire d’autre que d’attendre, je n’allais pas porter plainte contre le fisc pour ne pas avoir encaissé un chèque qu’il prétend avoir encaissé…

    Début mai, je reçois une lettre comminatoire. On me reproche d’avoir fait opposition sur le chèque n°2 (sur leur conseil) et il m’est demandé de régulariser ma situation au plus vite « sous peine de poursuites contentieuses à mon encontre ».

    Je me déplace donc à nouveau et là, miracle, je vois de mes yeux les deux chèques : le chèque n°1 (perdu, opposé, libéré et encaissé sans l’être) et le chèque n°2 qui a fait sa réapparition (libre, opposé, et que le fisc voulait encaisser sans le pouvoir). Il me restait à rédiger un 3ème chèque remis en mains propres, devant témoin, après avoir récupéré et ramené les deux fugueurs dans leur foyer. Cette fois j’ai assisté tristement mais avec soulagement à l’amputation de mon compte bancaire.

    De ces péripéties abracadabrantesques on peut tirer les moralités suivantes :

    1. Le simple fait de ne pas coller un timbre sur une enveloppe peut provoquer une cascade d’évènements imprévus illustrant à une petite échelle « l’effet papillon ».

    2. Une lettre non affranchie et apparemment perdue peut parvenir à son destinataire.

    3. L’informatique permet de rendre vrai ce qui devrait être et non ce qui est.

     

    Petite mésaventure fiscale

     


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