• Le poids du non-dit

    « Dans un rapport datant de 2012-2013, le Sirasco (service d’information, de renseignement, d’analyse stratégique sur la criminalité organisée. « Le Monde » du 14 décembre 2013) de la Police judiciaire dressait un panorama de la criminalité organisée sur le territoire.

    Constat : la montée en puissance des gangs issus des banlieues et des pays de l’Est. Qu’en est-il dans le Rhône ? Nous avons voulu savoir qui fait quoi dans le département et avons interrogé les services de police, de gendarmerie et des douanes qui nous ont donné les grandes tendances basées sur leurs observations (les statistiques par nationalité ne sont pas autorisées) »

    Tel est le début d’un article publié le 21/04/2014 dans "le Progrès" (de Lyon). Cet article illustré par une infographie a soulevé de vives protestations aussi bien à l’intérieur du journal qu’à l’extérieur car il contrevient au principe de ne pas mentionner la nationalité ou l’origine ethnique en matière de délit. Seul le FN semble se réjouir de cette publication.

    Montrer d’un doigt accusateur une population donnée est évidemment dangereux car les délinquants ne constituent  qu’une fraction de cette population et les autres, plus nombreux, risquent de leur être assimilés et d’être injustement rejetés. La généralisation est toujours source d’erreurs et d’injustices. Le passé a montré jusqu’où peut aller le rejet d’une population dans sa globalité. Parler tout de suite de racisme est la démarche habituelle. Si les délinquants, quelle que soit leur origine, s’attaque à la propriété des autres, ils ne sont pas pour autant leurs inférieurs (morale mise à part). Il faut noter que cette enquête est basée en particulier sur les arrestations, et comme le fait remarquer avec objectivité un policier dans l’article,« Pourquoi arrête-t-on surtout ces populations ? On ne sait pas si c’est parce qu’ils sont plus nombreux à commettre des faits ou qu’ils sont moins doués pour se cacher ».

    Cet article, et notamment son illustration, laisse en outre penser que la délinquance est le propre des immigrés ou de leurs descendants ce qui peut faire croire au public que immigration = délinquance, alors que l’immense majorité des immigrés cherche à travailler en France et non pas à voler les Français. Reste que proportionnellement la délinquance touche plus la population issue de l’immigration par rapport à la population générale (du moins je le suppose puisque les choses ne sont pas dites). Si les conditions sociales n’y sont sans doute pas pour rien, une partie du public a plutôt tendance à privilégier l’origine ethnique, ce qui peut conduire à un véritable racisme.

    La question est de savoir si dans une société qui se targue d’être transparente, le non-dit, mais que tout le monde connaît ou suppose et avec son risque d’amplification, n’a pas des effets pervers. Eviter de dire la vérité pour ne pas être taxé de (faux) racisme, est-il souhaitable ? Masquer des faits, s’ils sont véridiques, conduit à l’exaspération des victimes et à leur adhésion à des thèses extrêmes portées par ceux qui les dénoncent. On peut se demander si la publication de statistiques réelles, objectives et officielles ne serait plus saine.

     


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  • CENDRES

     

    Les bûches coupées dans l’âtre des souvenirs

    Ont crépité d’étincelles avant de mourir

    Pour retomber en amas de cendres grises.

     

    Ceux qui vivent encore laissés dans l’abandon

    Se couvrent de cendres pour implorer pardon

    D’être toujours là alors que la mort est passée.

     

    Des cendres légères emportées par la brise.

    Les yeux irrités par les poussières cendrées

    Versent quelques larmes pour les chasser.

     

    Les cendres légères se dispersent à la risée,

    Les souvenirs partent emportés par le vent,

    Et s’éloignent tel des oiseaux transparents.

     

    Puis vient l’âge où l’on retourne vers l’âtre d’antan,

    Et l’on remue les cendres que le vent a laissées,

    Elles sont terriblement froides et l’on se sent glacé.

    Paul Obraska

    Edward Munch : « Cendres »





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  • Une équipe de Barcelone a analysé les naissances survenues dans le comté de Solsones et Bages en Catalogne, d'où est originaire Josep Guardiola, l'entraîneur du FC Barcelone. « Les auteurs ont constaté un pic « anormal » de naissances en février 2010, 16 % au-dessus des normes attendues. Si l'on retranche de la date de ces naissances les 269 jours communément admis pour la durée d'une grossesse, on arrive grosso modo à la date du 6 mai 2009, une date historique pour la Catalogne, car elle correspondait au but marqué par Andres Iniesta pour le FC Barcelone à la dernière minute de la finale de la Coupe d'Europe des Champions ! ».

    Afin d’ouvrir la discussion pour expliquer cet accroissement copulatoire provoqué par un ballon rond pénétrant dans une cage, je fournis ici quelques hypothèses explicatives :

    1. L’euphorie de la victoire donne des idées pour terminer la soirée en prouvant sa virilité à l’exemple des exploits sportifs des footballeurs.

    2. Une victoire ça s’arrose.

    3. Dans un esprit nationaliste, faire des petits catalans dont la valeur venait d’être démontrée sur le terrain.

    4. La pénétration du ballon dans la cage de l’adversaire provoque chez celui qui l’a fait pénétrer un état d’agitation qui s’apparente à un orgasme, d’autant plus que cette pénétration est suivie par des étreintes et des effusions entre partenaires, spectacle qui ne peut qu’encourager le sport en chambre.

    (Montesinos J et coll. : Barcelona baby boom: does sporting success affect birth rate ? BMJ 2013 ; Publication le 17 décembre 2013.)

    D’un ballon à l’autre


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  • La sieste avait jusqu’à présent bonne réputation, à tel point que des entreprises japonaises encourageaient leurs employés à faire une courte sieste afin d’augmenter leur productivité ultérieure. Cette valeur sûre, qui me séduisait à l’occasion, vient d’être remise en cause par des chercheurs britanniques dans une étude parue dans l’American Journal of Epidemiology.

    En suivant 16000 adultes pendant 13 ans pour évaluer les effets de l’alimentation et du mode de vie sur le cancer, ces chercheurs ont remarqué que « le taux de mortalité était 14% plus élevé chez les personnes qui somnolaient moins d’une heure dans la journée que chez celles qui ne dormaient pas. Pour celles dont la sieste durait plus d’une heure, les risques augmentaient de 32%. » Et chez les habitués de la sieste le risque serait double de mourir d’une maladie respiratoire, association, il faut l’avouer, assez mystérieuse, à moins que les ronflements jouent un rôle délétère sur les poumons.

    La vie est décidemment dangereuse. Le travail risque d’abréger la vie par le stress, le burn out ou le suicide et dormir un peu la journée exposerait à un risque de décès prématuré !

    Travailler plus pour dormir moins ?

    Il serait charitable d’avertir ce gondolier des risques qu’il prend inconsidérément.


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  • Dans ses « conversations avec le Christ », prédications de carême de monseigneur di Falco, celui-ci invite chaque fidèle à discuter avec Dieu. Le Point rapporte : « Il évoque les aspects et les particularités de ces prières : les sujets abordés avec Dieu, le ton sur lequel lui parler, la façon de reprendre un dialogue inachevé ou encore les bienfaits que procurent ces conversations. Rien n'est tabou avec Jésus. Il faut tout lui dire, car il s'y intéressera toujours. Attention, Jésus a horreur du mensonge et de l'hypocrisie. Il faut bien sûr écouter le Christ, mais pas seulement » : "Écouter n'est pas seulement entendre, mais mettre en pratique." "Écoutez-le. Tout ce qu'il vous dira, faites-le". Impressionnant.

    Que Jésus soit devenu pour les chrétiens le Dieu de notre univers en expansion par la grâce d’une décision humaine lors d’un concile trois siècles après sa mort, pourquoi pas, peut-être que les pères conciliaires étaient-ils inspirés par le Saint-Esprit. Qu’un croyant adresse des prières à sa divinité est une démarche inhérente à sa croyance. Mais que l’on prétende avoir une conversation et même une discussion (ce qui sous-entend un désaccord) avec une entité aussi fabuleuse que celle qui a pu créer les milliards de galaxies pour le plaisir des astronomes, et que cette entité prenne la peine de répondre, de converser, d’argumenter avec les ultramicroscopiques particules évanescentes que nous sommes, n’est-ce pas, monseigneur, un péché d’orgueil ?

    Di Falco a peut-être été influencé par les films où Fernandel jouait le rôle du prêtre Don Camillo qui avait le privilège de converser intimement avec Jésus dans un village italien. Il posait des questions sur de menus conflits à la statue du crucifié, mais formulait lui-même les réponses, c’était plus sûr et plus en adéquation avec ses propres désirs, car si son idole le regardait avec une certaine tristesse du haut de sa croix, il ne lui répondait que rarement de vive voix.

     

    Don Camillo est de retour

     





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  • Les réactionnaires sont dans la rue

    De 25000 (selon le police) à 100000 (selon les organisateurs) réactionnaires ont manifesté hier contre la politique envisagée par le gouvernement. En effet, ils réclamaient «  l’égalité et la répartition des richesses ». Ne pouvant réclamer l’égalité en droit, puisque celle-ci existe déjà dans l’hexagone, il ne peut s’agir que de l’égalité dans la répartition des richesses, ce qui exigerait leur étatisation. En théorie cela s’appelle du communisme.

    Le communisme lorsqu’il a été appliqué a abouti à l’appauvrissement égalitaire de la population hormis des dirigeants qui ont largement joui des privilèges liés à leur position. L’appauvrissement étant un moindre mal en regard des inconvénients irrespirables et parfois sanglants d’un régime totalitaire dont la Corée du Nord est un exemple extrême. Seule la Chine a élevé le niveau de vie de sa population en introduisant dans son système une dose massive de capitalisme mais en creusant davantage les inégalités que dans les régimes capitalistes, sans cesser d’être totalitaire et parfois sanglant.

    Etre réactionnaire c’est s’opposer au progrès social. On peut discuter de la définition du progrès social. Est-ce avoir une population égalitairement pauvre (en enlevant tout espoir au pauvre de devenir riche, sauf en devenant dirigeant) ou est-ce avoir moins de pauvres sans pour autant avoir moins de riches ? Si l’on opte pour une pauvreté généralisée, est-ce un progrès social ? Certes on pourrait rêver d’une richesse généralisée, mais ce n’est qu’un rêve. Elever le niveau de vie des plus pauvres, ce serait déjà pas si mal, mais faire disparaître ou faire fuir les riches ou appauvrir les classes moyennes n’enrichirait guère les pauvres. L’imposition élevée en France (qui arrive juste derrière le Danemark) ne parvient pas à faire disparaître la pauvreté, même si diverses allocations de l’Etat-providence permettent d’en atténuer plus ou moins les conséquences.

    C’est pour toutes ces raisons que je dis que les 25000 (selon la police) à 100000 (selon les organisateurs) personnes qui ont défilé hier, avec les meilleures intentions, en réclamant l’égalité et la répartition des richesses, en escomptant naïvement leur génération spontanée, en reportant la dette de la France sur les générations futures, en voulant encore l'augmenter, s’opposent en fait au progrès social présent et à venir, et sont donc des réactionnaires.





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  • Nous avions lancé une "alerte disparition" en constatant que le ministère de la Santé avait avait été perdu et ne figurait pas sur la liste des ministères du gouvernement Valls. Nous sommes heureux de constater que lors de l'annonce des secrétaires d'Etat, la Santé a été retrouvée dans l'intitulé du ministère de Mme Touraine. Rendons ici hommage à la vigilance du petit personnel qui a permis de réparer la distraction de nos têtes pensantes dont l'une avait laissé choir la Santé dans la cour de l'Elysée.





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  • Quelle que soit la tendance politique, le remaniement d’un gouvernement consiste en général :

    1. A changer de premier ministre en se basant essentiellement sur sa popularité. Parfois le choix par le Président est plus pervers lorsqu’il espère en le nommant à ce poste difficile une baisse de sa popularité pour éliminer un futur concurrent. Cette difficulté a été aujourd’hui illustrée par les manifestations puériles de l’opposition pendant le discours de politique générale tenu par le Premier Ministre Valls, manifestations affligeantes et indignes, donnant une piètre image des députés français devant la nation et l’étranger.

    2. A faire entrer un très petit contingent de nouvelles têtes permettant aux médias de publier quelques biographies et de susciter un minimum de curiosité de la part d’une fraction de la population que la politique continue malgré tout à intéresser. Quand il s’agit du retour de têtes anciennes, cela risque de provoquer une certaine lassitude, c’est donc une recette à manier avec prudence.

    3. En l’expulsion (avec la prévision d’un fauteuil de réception) de mauvaises têtes soit auprès du boss, soit dans la presse. Il est plus rare que des ministres partent d’eux-mêmes comme ce fut le cas des écologistes pour le récent gouvernement, sans doute effrayés par la responsabilité du ministère sur mesure qu’il leur était proposé, ce qui prouve qu’ils font plus de politique que d’écologie.

    4. En fait, l’objectif d’un remaniement est de conserver les mêmes ministres mais en les changeant d’affectation. Manœuvre qui consiste à retirer un ministre d’un ministère où il avait fini par connaître les dossiers, et engagé des projets, pour le mettre à la tête d’un ministère où, le plus souvent, il ne connait rien. Quand il se sera mis au courant, il y a de fortes chances qu’il soit muté ailleurs. Ce jeu de chaises alternatives étant basé sur le postulat habituellement appliqué qu’un ministre est au départ compétent sur rien ou incompétent sur tout. Deux ministres dans le gouvernement Valls peuvent illustrer la recette n°4 : Bernard Cazeneuve et Benoît Hamon.

    Cazeneuve est omniscient. D’abord aux affaires européennes, il s’est retrouvé au Budget et maintenant à l’Intérieur. Il n’y a aucun rapport entre ces postes mais cette personnalité n’a pas fait pas d’impairs visibles (jusqu’à présent) et il est devenu le ministre à tout faire et accepté sans réticence.

    Hamon a hérité de l’énorme et périlleux ministère de l’Education Nationale, cadeau empoisonné qui brûle les ailes de tous ceux qui l’ont accepté. Hamon a comme seul bagage universitaire une modeste licence en Histoire acquise à l’université de Brest, et sa participation aux manifestations en 1986 contre le projet de loi d’Alain Devaquet. C’est dire que cet ancien ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire et à la Consommation (sic) connait la complexité de l’Education nationale ! Chargé de l’éducation des jeunes Français, on peut être inquiet de sa déclaration à propos des écoutes téléphoniques touchant le précédent président de la République : « Quand on a rien à cacher, on n’a pas à redouter d’être écouté ». Il avait pourtant le bon profil pour être un ministre de l’Intérieur tel qu’en rêvent les régimes totalitaires.


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  • Orientation d’outre-tombe

    Le Berliner Zeitung rapporte qu’aujourd’hui, le 6 avril, doit être inauguré près de Berlin un cimetière où les lesbiennes pourront reposer en paix entourées d'autres femmes aimant les femmes. Il y a des cimetières ou des carrés réservés aux fidèles d’une même religion leur permettant accéder à l’au-delà en bonne compagnie. Dans les synagogues et les mosquées les femmes sont habituellement séparées des hommes.

    Se faire enterrer selon son orientation sexuelle est plutôt nouveau. A croire que la promiscuité avec le sexe rejeté dans la vie est également insupportable dans la mort, alors que le cercueil ou l’urne, la pierre ou la terre constituent tout de même de sérieuses séparations, et les capacités sexuelles des cadavres, quel qu’ait été leur sexe, réduites à néant.

    L’orientation sexuelle devient de plus en plus un marqueur clivant. Les bars, les cafés, les clubs regroupant les tenants d’une préférence pour la manière de s’envoyer en l’air se multiplient, et des projets d’habitats communautaires ne manquent pas. S’isoler, même dans la mort ne me parait pas la meilleure façon de se faire accepter par la société et de s’y intégrer.

    Courbet : « Le sommeil »


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  • Cela fait plus de 48 heures que le ministère de la Santé a disparu. Les recherches dans les fourrés du nouveau gouvernement sont restées vaines. Aucune piste n’est exclue et on ne peut se livrer qu’à des hypothèses.

    La Santé a-t-elle été oubliée dans le supermarché des portefeuilles ?

    Considère-t-on que la santé des Français est si florissante qu’il parait inutile de consacrer à cette question tout un ministère ?

    Considère-t-on au contraire que « tout homme qui se croit en bonne santé est un malade qui s’ignore » et envisage-t-on dans un deuxième temps de créer un « ministère des Malades » en montrant ainsi le nouvel esprit de réalisme qui prétend vouloir régner au sein du gouvernement Valls ?

    Cependant, l’hypothèse qui semble malheureusement prévaloir est celle de la disparition du ministère de la Santé dans le trou de Sécurité Sociale. Sa profondeur laisse peu d'espoir à la Santé d'en sortir indemne.


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