• L’ONU, dont l’action est bloquée par les alliés de la Syrie et notamment par la Russie, est impuissante devant le merdier syrien malgré le dégagement de gaz dûment constaté. Dans cette guerre civile où les Syriens se suicident en se tuant les uns les autres, intervenir est bien délicat : empêcher quelqu’un de se suicider est toujours difficile et risque d’accélérer le suicide. L’état du malade est plutôt complexe : des sunnites qui plumeraient volontiers l’alaouite, chiite dissident mais tout de même chiite, des islamistes qui aimeraient remplacer la dictature actuelle par une autre dictature agrémentée d’une charia issue du début du Moyen Âge, des rebelles plus ou moins divisés dont on ne sait pas trop ce qu’ils veulent mettre à la place du Dr Bachar el-Assad qui est en train d’administrer à son peuple une purge radicale. Ajoutons que cela se passe dans une région du monde toujours prête à exploser.

    Obama avait brandi une ligne rouge, mais il s’est pris les pieds dedans car la plupart des Américains ne sont pas chauds pour revêtir à nouveau l’uniforme de gendarme du monde, pour ne  cueillir que de nouveaux déboires, en sacrifiant leurs boys, en engloutissant des fortunes, et sans récolter la moindre reconnaissance, mais en augmentant par contre le nombre de leurs ennemis.

    David Cameron a trouvé une parade astucieuse pour éviter d’y aller : obtenir l’aval de la Chambre des Communes. Je pense qu’il a été soulagé par le vote en défaveur d’une intervention militaire dans le merdier sus cité. Bien que les médias considèrent qu’il s’agit d’un échec, je trouve la manœuvre impeccable et démocratique. Il peut dire à son allié américain : sorry, Barack, nous en sommes là par la volonté du peuple britannique et nous ne sortiront pas les baïonnettes.

    Les Allemands n’obéiront qu’à l’ONU. Reste Hollande. Je ne dis pas la France, car il semble  qu’une majorité de Français soit contre. Alors pourquoi ne suit-il pas l’exemple de Cameron ? Il est curieux –pour ne pas dire plus – que les Présidents de la Vème République ne demandent jamais l’avis du Parlement quand il s’agit d’une chose aussi importante que de faire la guerre (hormis cas d’urgence). Hollande va décider seul, en autocrate, d’intervenir à l’extérieur du pays sans que celui-ci soit menacé, avec des conséquences imprévisibles et dans une situation économique plutôt mauvaise.

    Mais me direz-vous, c’est affreux d’utiliser des gaz sur sa propre population. C’est vrai. En sachant que les bombardements sont moins efficaces mais plus cruels.  Permettre de bafouer une convention internationale, c’est un mauvais précédent, mais ce n’est pas la première fois et on protesterait, mais sans intervenir, si  le coupable était un pays puissant. C’est avant tout aux instances internationales d’intervenir, l’ennui est qu’elles fonctionnent mal, voilà le problème.  


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  • HISTOIRE NATURELLE

    Par la fenêtre ouverte est entrée

    Une odeur verte de varech,

    Une senteur humide et salée.

    Dehors les barques sont au sec.

     

    Le cri dur des mouettes perce l’air.

    Elles volent dans une ronde affamée,

    Guettent les poissons qui digèrent,

    Et qu’elles saisiront dans leur bec.

     

    Par la fenêtre ouverte est entrée

    Une méchante mouche verte,

    Zigzaguant dans un vol alourdi,

    Gorgée du suc des poissons pêchés.

     

    Par la fenêtre ouverte est entré

    Dans cette cage aux murs gris

    Un petit oiseau noir égaré

    Qui gobe la mouche épuisée.

     

    Par la fenêtre ouverte est entré

    Un chat jaune aux yeux fendus

    Qui dans un saut d’acrobate

    Happe en l’air l’oiseau perdu.

     

    Par la porte le pêcheur est entré.

    Il ne mange pas le chat,

    Mais le prend dans ses bras

    Pour le caresser de la main.

     

    Le chat, le ventre rond, ronronne

    Dans les bras de l’humain,

    Et regrette de ne pouvoir

    En faire un jour son festin.

     

    Paul Obraska

    Henri Matisse : « Fenêtre ouverte »


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  • Les hommes et les femmes politiques sont les cibles privilégiées de la toile. Il y a une concurrence entre internautes dans le jet d’avanies, d’opprobre, d’insultes, voire de calomnies à la face des représentants de la Nation.

    Dans un sentiment de justice, je voudrais ici défendre la noble corporation politicienne tant décriée, tant critiquée et même – disons-le - tant vomie et pourtant nécessaire.

    D’abord, il est difficile de devenir politicien et de le rester suffisamment longtemps pour en faire une profession. Il faut être choisi par un parti, ce qui suppose qu’il est souvent indispensable d’écraser les pieds des copains, voire de médire sur leur compte. C’est sûrement la mort dans l’âme qu’ils sont obligés de le faire, mais – sachez-le - ils ne le font que pour être utiles au pays avec le sentiment proclamé qu’ils ont une mission à accomplir. Bien sûr si l’on a fait de hautes études, par exemple à l’ENA, les postes sont plus aisés à obtenir, mais vous n’allez tout de même reprocher aux politiques d’être fidèles en amitié !

    Les élections sont une torture. D’abord, elles sont aléatoires, ce qui est ennuyeux, la coaptation serait tellement préférable, mais heureusement, elle vient après. Ensuite, faire campagne n’est possible que pour des forces de la nature. Rendez-vous compte : il faut faire des réunions, parfois houleuses, du porte à porte, parcourir les marchés, se frotter au petit peuple, serrer des mains moites et parfois sales, écouter des âneries et bien pire, subir des reproches. Ne faut-il pas du courage ? Heureusement, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Après, il est préférable d’éviter les contacts avec les gens d’en bas si l’on veut avoir une hauteur de vue suffisante pour rester objectif dans ses décisions. Pourquoi leur reprocher d’être dans une bulle sur les cimes, bien à l’abri des aléas de la vie afin de conserver toute leur lucidité, le regard fixé sur des horizons invisibles au commun des mortels, entourés de petites bulles qui essayent de ne pas péter. Il faut flotter et s’accrocher aux hauteurs pour ne pas sombrer dans les remous de la vallée des larmes.

    Et les discours ! Dire toujours la même chose sans jamais se lasser, dire le contraire de ce que l’on pense avec une sincérité qui n’est pas donnée à tout le monde, faire des promesses la main sur le cœur et le portefeuille à droite, en sachant que l’on ne pourra pas les tenir (sauf pour l’augmentation des impôts qui est à la portée de n’importe quel imbécile, il suffit de remplacer le mot impôt, très indigeste, par celui de contribution). Vous pourriez réaliser de telles prouesses les yeux dans les yeux ?

    La vie des politiciens est trépidante, inhumaine, leurs fonctions multiples et parfois aux quatre coins de l’hexagone. Alors on leur dit pour leur santé, on les supplie : ne cumulez pas les mandats, c’est trop, vous allez y laisser votre peau ! Et bien non, ils refusent, ils iront courageusement jusqu’au bout quel que soit le prix à payer. Vous ne pouvez pas dire qu’ils n’ont pas le sens du sacrifice au service de la Nation.

    Malgré les confrontations endurées, les ambitions déçues, les amitiés perdues, les mensonges assumés, les promesses non tenues, et les échecs niés, regardez comme ils continuent à sourire et même à faire les pitres. Ne sont-ils pas admirables !

     

    Plaidoyer pour les politiques.

     

     


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  • « Cinquante nuances de Grey », roman sur la domination /soumission (que je n’ai pas lu) continue à connaître un succès faramineux : son premier tome est encore à la 2ème  place des ventes de la FNAC au bout de 42 semaines, et les deux autres tomes pour une durée moins longue sont à la 4ème et 5ème place ! Son lectorat serait essentiellement féminin.

    Un article de William Saletan paru dans Slate.fr le 16/08/13 semble bien documenté sur la « communauté » du BDSM, en clair : bondage, domination/soumission, et sadomasochisme.

    Les adeptes de la chose seraient environ 2% de la population sexuellement active, un peu plus d’hommes que de femmes, et nombre d’entre eux considèrent qu’il s’agit d’une orientation sexuelle comme une autre car elle peut être exclusive.

    La panoplie des pratiques offre du choix : bondage, flagellation, fessée,  et moins souvent : piercing, marquage au fer, suffocation, asphyxie érotique, chocs électriques, couteaux et lames de rasoir (lacérations et scarifications). Un amateur sur cinq se livrerait ou serait livré à des actes extrêmes et parfois à des abus sexuels.

    On peut évidemment se poser la question sur la santé mentale des amateurs de ces jeux spéciaux. Une étude néerlandaise avancerait qu’ils auraient un meilleur équilibre psychologique ! «Le groupe BDSM a obtenu de meilleurs résultats que le groupe de contrôle [adeptes du sexe traditionnel]  dans les catégories Extraversion, Ouverture à l’expérience et Application, et des résultats moins élevés dans les catégories Névrose et Amabilité». Pour l’amabilité, on veut bien le croire.

    Il est certain que les adeptes du BDSM aiment le sexe jusqu’à l’extravagance, et que c’est la femme qui est le plus souvent dominée. Cependant, les participants sont en règle consentants et la plupart restent dans les limites du….raisonnable.

    Si la recherche du plaisir par la souffrance se joue généralement à deux ou à plusieurs, les pratiques solitaires ne manquent pas et on est parfois étonné par leur diversité et l’imagination des pratiquants. Récemment l’International Journal of Surgery en a rapporté un cas intéressant. Les illustrations de ce cas se trouvent à la fin de l’article. Je ne conseillerais pas, surtout aux hommes, de les regarder, mais je peux toutefois reproduire ici la radiographie (qui n’a rien de sanglant).

    140. BDSM, est-ce bien raisonnable ?

    Il s’agit d’un homme de 70 ans qui s’est introduit une fourchette de 10 cm dans l’urètre pénien. Ne parvenant pas à la retirer, il s’est présenté, le pénis en triste état, aux urgences de l’hôpital de Canberra en Australie. Embarrassés par ce cas inhabituel (les corps étrangers introduits dans l’urètre sont connus de longue date, mais une fourchette !…). Je vous rassure, les chirurgiens, après discussion sur les techniques à employer, ont finalement réussi à la retirer en respectant l'intégrité du pénis. (An unusual urethral foreign body).

    Bon dimanche !


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  •  

    Vergès, bretteur malin et inutile

     

    Les médias ont annoncé avec une certaine complaisance que l'avocat Vergès était décédé dans l'appartement parisien où s'était éteint Voltaire, faisant ainsi un lien subliminal entre les deux. Certes le grand l'écrivain s'était parfois conduit en avocat comme l'avocat se conduisit parfois en écrivain, mais le lien s'arrête là.

    Voltaire avait défendu des causes apparemment perdues alors que les présumés coupables étaient innocents. Défendre des innocents injustement accusés par l'appareil de l'Etat, c'est prendre le risque d'échouer. Echec durement ressenti lorsqu'on est persuadé de l'innocence du condamné.

    Vergès était un malin. Il ne prenait pas ce risque. Il s’est fait connaître en défendant des coupables évidents, déjà condamnés par l'histoire, et dont il était lui-même persuadé de la culpabilité : Klaus Barbie, Carlos, Georges Ibrahim Abdallah, Milosevic, le Khmer rouge Khieu Samphan...En déclarant, grand seigneur : « Quand un homme traqué frappe à ma porte, c'est toujours pour moi un roi dans le malheur ». Certes, ces individus, aussi pourris  soient-ils, avaient le droit d'être  défendus, mais quand un avocat s'en fait une spécialité, on peut avoir quelque doute.

    Vergès était un malin. Il n'avait aucune chance de gagner un de ces procès et donc aucune chance de subir le moindre reproche de l’avoir perdu. Mais il s’agissait de procès à grand spectacle fortement médiatisé, ce qui lui permettait de se mettre en valeur en développant habilement des paradoxes et en attaquant les institutions en bretteur malin mais inutile pour ses clients.

    Daumier : « Un motif parfait »


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  • Après l’agression à coups de couteau d’un infirmier de l’hôpital de la Conception à Spectacle Marseille, un spectacle grandiose a été monté pour fêter l’évènement et que les Marseillais, fervents d’opérettes, ont du apprécier. Mais peu ont eu la chance d’assister à cette représentation unique du 21 août 2013.

    Le metteur en scène n’était pas présent car il cherchait sa route à la Lanterne. Il avait pourtant réussi à réunir une troupe exceptionnelle. Une affiche dont les Marseillais présents se souviendront longtemps. Jugez donc :

    Le premier ministre de la France : Jean-Marc Ayrault, dans le rôle vedette bien qu’à contre emploi.

    Le ministre de l’Intérieur : Manuel Valls, ténor à la prestance et à la voix énergiques.

    La Garde des Sceaux : Christiane Taubira, qui lui donnait la réplique dans un duo bien équilibré.

    La ministre de la Santé et des Affaires sociales : Marisol Touraine, en confidente un peu effacée par les autres membres de la troupe, alors qu’elle est une habituée de ces lieux de spectacle.

    La ministre du logement : Cécile Duflot, en soubrette virevoltante au débit vocal impressionnant que le metteur en scène avait réussi à loger dans un spectacle hors de son répertoire.

    La ministre des handicapés : Marie-Arlette Carlotti qui tenait pourtant la chandelle avec habileté.

    Nous ignorons les frais engagés pour monter un tel spectacle, mais la salle était comblée, surtout de journalistes.

    Bernard Buffet : "le clown et la ballerine"


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  • André Comte-Sponville (ACS) est un passeur de philosophie que j’aime bien[1]. Sa langue est claire et pédagogique. A propos de la prochaine sortie de la deuxième édition de son « Dictionnaire philosophique » (le 28 août d’après mon libraire) il a répondu aux questions d’un journaliste du Point (du 15 août 2013). Dans cet ouvrage il y aurait une nouvelle entrée : « politiquement correct » et à la question : « …estimez-vous que le politiquement correct a gagné du terrain ? » sa réponse a été la suivante : «Oui, malheureusement ! La politique est en crise ; la morale est à la mode. D’où la tentation, chez beaucoup, d’ériger les bons sentiments en projet politique. Le politiquement correct, en tout cas en France, est d’abord un moralement correct ! J’y vois un danger plus qu’un progrès. La morale et la politique sont deux dimensions essentielles de notre vie, mais on a toujours tort de les confondre. Il ne suffit pas d’être antiraciste, par exemple, pour définir une bonne politique de l’immigration. » En cela ACS s’oppose à Rousseau qui disait : «Ceux qui voudront traiter séparément la politique et la morale n’entendront jamais rien à aucune des deux ». Mais Rousseau vivait à une époque bien différente de la nôtre.

    Ce qu’on appelle le politiquement correct est avant tout un langage, des discours, des attitudes et des opinions. Obliger les gens à utiliser un mot plutôt qu’un autre, c’est suivre la tendance morale du moment et l’influence des groupes de pression. Le vocabulaire change jusqu’au ridicule pour ne pas heurter la susceptibilité exacerbée de telle ou telle fraction de la population. Le vocabulaire, c’est de la cosmétique, mais pas de la politique, c'est-à-dire gouverner.

    Cette morale est largement imprégnée du rejet de la négation des valeurs humaines observée pendant la IIème guerre mondiale, et dont on craint le retour. L’Union européenne est particulièrement vigilante au respect de ces valeurs. Elle est aussi une conséquence de la repentance de l’ère coloniale. C’est une prise de conscience nécessaire, mais ce n’est pas faire de la politique. Condamner (parfois devant les tribunaux) des opinions parce qu’elles heurtent l’opinion majoritaire ou des principes adoptés ou imposés au plus grand nombre, est-ce gouverner  ou niveler la pensée ? Il est vrai que niveler la pensée est un principe de gouvernement.

    Est-ce à dire que la politique ne doit pas tenir compte de la morale (je ne parle pas de la moralité individuelle) ? Il existe des opinions moralement incorrectes qui, dans leur expression, poussent à des exactions ou même au meurtre et les condamner pour maintenir l’ordre, c’est faire de la politique.

    Mis à part les opinions dangereuses qui propagent la haine, le politiquement correct, tel qu’il est imposé, est souvent une attitude d’évitement et en se substituant à la politique, car il est plus simple de faire de la morale que de la politique, il finit par cultiver les difficultés plutôt que de les résoudre. Se contenter du moralement correct risque d’aboutir à un politiquement incorrect.


    [1] Si vous ne l’avez pas déjà lu, je vous conseille de lire un de ses livres ; « L’esprit de l’athéisme » qui montre que l’athéisme a aussi sa spiritualité.


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  • Le sein symbolique

    Les seins féminins ne sont finalement que la forme hypertrophiée des seins masculins. A moins que cela ne soit l’inverse. Mais si les seins féminins sont porteurs de symboles, le téton masculin en est totalement dépourvu.

    C’est par le sein féminin que l’Homme, vertébré à sang chaud, appartient à la classe des mammifères. Source alimentaire pour le nourrisson, le sein lutte depuis des années contre le biberon. Les avantages du lait maternel sont sans cesse vantés, et pour le promouvoir la tétée publique est devenue courante jusqu’à exposer dans les médias une mère donnant le sein à son fils de 4 ans, debout contre elle,  en faveur de la tétée tardive.

    Il arrive que l’adulte cherche à récupérer le statut de nourrisson. Des fatwas ont circulé dans le monde arabe (Egypte et Arabie saoudite) permettant aux femmes de donner le sein à un homme pour qu’il acquière le statut de son fils. Ce qui permettrait à la femme, selon les règles islamiques, de se dévoiler devant un collègue de bureau ou même devant les amis de son mari, à condition qu’ils aient goûté au préalable au lait de la dame. J’ignore ou en est l’application de ces élucubrations.

    Critère de classification, source alimentaire, lien filial, le sein est également une source de plaisir. Cette faculté lui vient pour les femmes de sa sensibilité et pour les hommes de sa forme sphérique (dans les bons cas) et de sa douceur, à moins qu’il s’agisse pour eux d’un rappel de la prime enfance. Aucune étude, à ma connaissance, n’a été faite pour savoir si les hommes qui ont été nourris au lait maternel sont plus attirés par les seins que ceux qui ont été nourri au biberon. A noter qu’avec l’exposition banalisée des seins nus en Occident, ils tendent à être moins attractifs en perdant de leur mystère et subissent de ce fait une dépréciation regrettable.

    Cette dépréciation risque de s’aggraver en raison de la fréquence des contrefaçons. Les seins siliconés courent les rues et les hommes ne savent plus à quels seins se vouer en toute confiance, à moins qu’ils préfèrent ne pas connaître le secret de fabrication de l’objet de leur désir et n’apprécier que le résultat. Les Chebab somaliens, eux, ne supportent aucune falsification et font sauter les femmes voilées pour vérifier l’absence de soutien-gorge. Ce sous-vêtement peut donner une fausse idée de la forme réelle des glandes mammaires et risque de tromper le mâle en rut sur la marchandise.

    Le sein féminin a toujours eu une réputation de douceur, de protection, de paix, mais depuis quelques années il est devenu protestataire et militant. Des féministes se promènent les seins nus pour être à égalité avec les hommes à qui l’on permet de se montrer torse nu (ce que certains auraient intérêt à éviter). Mais ce sont surtout les Femen qui utilisent l’arme mammaire pour leurs protestations ou leurs revendications. Le sein devient alors un objet militant sur lequel est tracé un tract politique. Ce qui ne manque pas de courage quand il s’agit de la Tunisienne Amina qui veut donner au sein de la femme arabe un rôle sociopolitique en l’exposant aux yeux de tous, et en bravant ainsi un interdit séculaire pour dénoncer le patriarcat.

    Les Homen utiliseront-ils leur verge (car leurs seins ne sont aucunement provocateurs) comme arme politique pour dresser la liste de leurs revendications ? Je l’ignore, mais bien qu’extensible sa surface ne permettrait d’y inscrire qu’un slogan confidentiel.

    On ne connait pas l’auteur de ce tableau fort connu. On suppose qu’il représente Gabrielle d’Estrées dont la sœur pince le mamelon, geste interprété comme une allusion à la grossesse de la maîtresse d’Henri IV.


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  • Paradis artificiels

    Il y a quelques années, un Palestinien déclarait : « Nous vaincrons car nous aimons plus la mort que la vie, alors qu’eux [les Israéliens] aiment plus la vie que la mort ».  Récemment, un Egyptien, partisan des Frères musulmans qui s’opposent à l’armée, déclara à un journaliste, après une tuerie, qu’il était prêt à mourir pour leur cause et à tomber en martyr.

    Si le martyre semble être une clef couramment utilisée pour accéder au Paradis, la question est de savoir si un croyant tombé en martyr pour sa religion ou même pour défendre une politique (c’est le cas pour ceux qui se font exploser avec leur bombe pour tuer leur ennemis, en général totalement innocents)) est suffisant pour entrer au Paradis, si par ailleurs le postulant n’a guère vécu comme un juste tout le long de sa vie. La mort pour une « bonne cause » effacerait-elle les turpitudes de toute une vie ?

    Toutes les religions promettent aux croyants qu’après leur mort, s’ils ont mené une vie sans reproche (aux yeux des prêtres) et surtout s’ils ont été fidèles à leur foi, ils entreraient en un lieu indéterminé (mais céleste depuis la perte du regretté paradis terrestre où l’on devait tout de même s’ennuyer ferme) dans lequel ils pourront trouver éternellement une béatitude spirituelle et/ou physique. A quoi serviraient les religions si elles ne faisaient pas aux mortels une promesse d’éternité sous condition ? Promesse assortie de la menace pour ceux qui ne marchent pas droit d’être éternellement cuits !

    Mais parmi les Paradis proposés, celui des musulmans est incontestablement le plus séduisant, le plus précis et finalement le plus profane. Il est fortement inspiré du pairidaeza (palais et jardins entourés de murs) que fit construire le roi perse Cyrus le Grand (et qui inspira sans doute le jardin d’Eden de la Bible, ce souverain étant considéré comme un Messie par les Juifs pour les avoir libéré de Babylone).

    Comment ne pas vouloir donner sa vie pour accéder au jardin d’Allah, lieu clos où coulent « des rivières à l’eau incorruptible, des ruisseaux de lait à la saveur inaltérable, des ruisseaux d’un vin délicieux à boire, des ruisseaux de miel clarifié » [et où l’on trouve] « des fruits toutes espèces » (Coran 47, 15). Mais en dehors du décor hollywoodien et de l’épicerie fine, les croyants méritants auraient  droit à des épouses éternellement vierges[1] et jeunes, les houris « celles qui ont de grands yeux et dont les regards sont chastes ». Il y aurait même des éphèbes éternellement jeunes qui, apparemment, n’assureraient que le service, mais sait-on jamais ?

    L’avenir paradisiaque est la drogue la plus puissante qui soit. On peut en mourir même sans l’avoir goûtée.

    Chagall : « Le Paradis »


    [1] Il semble que d’après la parole attribuée à Dieu, le plus grand des plaisirs serait de défoncer un hymen. Si celui-ci se reconstitue sans cesse, on peut parler de miracle, mais peut-on encore parler de virginité et de chasteté ? Descriptions allégoriques chargées de frapper les esprits faibles pour les amener à se sacrifier.


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  • « Des chercheurs   britanniques viennent de mettre au point un laser qui permettrait de prévoir   le nombre d’années ou de mois qui nous reste à vivre, rapporte le Sunday   Times. Une simple impulsion du laser sur la peau permettrait de savoir   comment nos vaisseaux sanguins et en particulier l’endothélium vasculaire,   leur couche interne, réagit aux perturbations de l’organisme. »

    Le professeur Peter McClintock, de l’université de Lancaster, explique que "tout ce qui se passe dans notre système cardiovasculaire, par exemple l’arrivée d’une crise cardiaque, commence par un dysfonctionnement de l’endothélium".

    Si l’endothélium a un rôle important dans la physiologie et la pathologie des vaisseaux sanguins, ce n’est évidemment pas le seul acteur dans l’éclosion des maladies du cœur et des vaisseaux. Si, à la rigueur, cette technique permettait de prévoir des maladies cardiovasculaires, on sait que l’évolution des celles-ci est très différente d’un sujet à l’autre alors que la pathologie parait semblable, et que si elles sont la première cause mortalité, ce n’est pas la seule. Aussi les chercheurs britanniques prétendent également par extension pouvoir mesurer le vieillissement des cellules et d’évaluer ainsi la durée de vie restante et même la propension à être atteint d’un cancer ou d’une démence. Et ce, apparemment, sans le moindre recul et sans la moindre statistique sur son application dans la « vraie vie ».

    On voit que la confiance des promoteurs dans cet instrument pythique est grande. Ils estiment, en outre, pour la plus grande joie future des marchands, que ce test pourrait être prêt à équiper les cabinets médicaux dans un délai de trois ans, et même les particuliers pour quelques centaines d’euros. On reconnait bien là le sens pratique des anglo-saxons.

    On se demande ce qui a motivé ces chercheurs à présenter ce test de cette façon, c'est-à-dire comme un moyen d’estimer la durée de vie, et à envisager de le mettre à la portée de chacun. Il semble bien que ce soit pour terroriser les gens si l’on en croit le Pr Aneta Stefanovska co-créatrice de l’appareil qui a déclaré : « J’espère que cela encouragera les gens à prendre soins de leur santé » et son copain Peter d’ajouter : «manger moins de Mars frits et aller courir».

    Que dire de cette découverte quasi métaphysique sur la destinée humaine ?

    Si le test prévoit une mort prématurée, on ne voit pas pourquoi le condamné à une mort relativement proche se priverait de gâteries et passerait une partie précieuse de son temps à courir comme un dératé, il aurait plutôt tendance, s’il ne tombe pas en dépression, à profiter de ce qui lui reste comme vie. Il faut cependant noter que nous sommes tous dans une situation semblable, mais sans délai précis à respecter.

    Si les inventeurs du test prétendent prévoir la date de la mort et estiment en même temps qu’imposer des mesures de prévention la modifierait de façon radicale, cette double affirmation est assez contradictoire et plutôt présomptueuse. Nous n’avons pas encore le pouvoir de rajeunir une cellule vieillie ou de bloquer son vieillissement, même s'il est louable de tenter de le ralentir.

    Ce qui permet aux gens de vivre, c’est l’incertitude sur leur sort et sur la date de leur mort qu’ils espèrent la plus lointaine possible pour la majorité, et l'incertitude est encore plus grande sur la façon de mourir (on ne meurt pas toujours de la maladie dont on est éventuellement atteint). Il y a des précisions dont l’être humain, qui se sait mortel et qui tente de l'oublier, aimerait se dispenser.

    Terroriser les gens pour qu’ils prennent soin de leur santé est pervers et stupide. C’est passer de la prévention, souhaitable mais dont l’efficacité est relative, d’une maladie organique possible, à une maladie psychologique certaine : l’angoisse, qui, elle, rend la vie restante invivable.

    Les deux oiseaux de malheur, Peter et Aneta, perchés sur leur joujou dont ils semblent si fiers, seront donc amenés à faire ce genre d'oracle à leurs patients : « Monsieur ou Madame, le test montre que vous avez encore deux ans à vivre, mais si vous suivez un régime strict et si vous faites régulièrement de la marche rapide, bien que vous soyez gourmand et que vous n'aimiez pas le sport, vous pourrez, peut-être, aller jusqu'à deux ans et demi, voire trois si vous êtes vraiment sage...Alors, heureux ? »


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