• 199. Un bienfait collatéral

     

    199. Un bienfait collatéralEn 1973, l’armée américaine s’est retiré du Viêt-Nam, laissant la place à l’armée dite populaire de Ho Chi Minh. Les Vietnamiens du Nord, finalement vainqueurs, avaient eu à combattre deux adversaires d’égale puissance : l’armée américaine, bien sûr, qui n’avait pas lésiné sur les moyens, et un parasite du genre plasmodium, minuscule bête responsable du paludisme, et qui aurait provoqué autant de morts chez les vietnamiens du Nord que les bombes et les assauts des Américains.

    199. Un bienfait collatéralUne des forces des communistes vietnamiens était la connaissance du terrain et leur faculté à se dissimuler. Mais en se cachant dans des réseaux de tunnels régulièrement inondés par la pluie, les soldats étaient attaqués par une armée de moustiques anophèles de sexe féminin, engins volants aussi redoutables que les avions US car transportant le parasite du paludisme pompé chez ceux qui en étaient déjà atteints.

    199. Un bienfait collatéralLa traditionnelle chloroquine étant devenue inefficace sur le redoutable plasmodium, Ho Chi Min voyant ses troupes décimées par une petite bête alors qu’elles résistaient aux grandes, se tourna vers son alliée, la Chine. Un programme de recherche fut lancé en 1967, il avait même un code secret (« 523 »), programme dont fut chargée Mme Tu Youyou férue de médecine traditionnelle chinoise. Elle découvrit l’artémisinine, molécule extraite du qinghao ou artemesia annua (l’armoise), connue depuis des millénaires en Chine comme fébrifuge.

    L'artémisinine (associée à une autre molécule sous le sigle ACT) est devenue, depuis une quinzaine d’années, avec ses dérivés, le traitement de référence du paludisme. Les traitements à base de cette molécule issue d’une plante utilisée depuis des siècles (comme l’était la quinine des Amérindiens) a permis de faire reculer le paludisme (sans le vaincre, encore 200 millions de morts ! surtout en Afrique) et de sauver des millions de vies.

    En octobre dernier la Professeure Tu Youyou, âgée de 84 ans, a reçu le prix Nobel de médecine (avec deux autres chercheurs : l’Irlandais William C. Campbell et le Japonais Satoshi Omura).

    Il faut constater que les guerres stimulent les recherches, car parallèlement à la découverte de l’artémisinine, les Américains, qui n’étaient pas épargnés par les moustiques anophèles femelles, découvrirent la méfloquine (encore utilisée pour la chimioprophylaxie)

    Source : La Revue du Praticien 01/16

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  • Commentaires

    1
    Lundi 1er Février 2016 à 18:35

    J'ai eu à 20 ans la dengue, j'ai cru que j'allais y rester, c'est à base de quinine d'abord puis (parce que je ne gardais rien) que l'on m'a finalement donné des piqûres d'antibiotiques qui ont réussi à vaincre cette dengue!

    Toutes les découvertes contre cette maladies sont sûrement les bienvenues, car c'est épouvantable! J'ai mis au moins 6 mois à me remettre!

    2
    Lundi 1er Février 2016 à 18:41

    Pas de pitié pour les moustiques, plus dangereux que les vampires. bad

    3
    Lundi 1er Février 2016 à 20:32

    Vivement la prochaine guerre qu'on découvre quelques nouveaux médicaments! Je me sens un peu faible.

    4
    Lundi 1er Février 2016 à 20:55

    En évitant de faire disparaître une maladie par un traitement..radical

    5
    Mardi 2 Février 2016 à 12:41

    L'adage qui dit "à quelque chose malheur est bon", se vérifie ici. L'urgence est finalement un bon stimulant même si je préfèrerais qu'il en soit autrement. La guerre est un triste moteur...

    6
    Mardi 2 Février 2016 à 14:37

    Il a fallu attendre 50 ans pour que la pénicilline soit fabriquée pendant la Seconde guerre mondiale (elle avait été redécouverte par Fleming en 1928).

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