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143. « Connais-toi toi-même »
Les prisons étant archicombles, libérer les prisonniers en leur mettant la laisse un peu lâche du bracelet électronique est une option qui sera de plus en plus utilisée. Cependant, ce bracelet donne essentiellement des renseignements sur la géo-localisation de l’individu et non sur son comportement. On peut faire mieux.
Une mode qui fait fureur aux USA et adoptée par les gens honnêtes, sans doute frustrés de ne pas porter eux aussi un bracelet de prisonnier, consiste à enfiler volontairement un bracelet très sophistiqué, équipé de capteurs capables de tout mesurer sur soi-même (« Quantified Self ») : le rythme cardiaque, le stress, les moments d’émotion ou de détente, le sommeil, les calories consommées, l’activité physique (dont le nombre de pas) et bien d’autres paramètres permettant de faire le bilan de vos jours et vos nuits. Un espion auquel rien n’échappe de votre vie corporelle, et que l’on porte fièrement sur soi 24 heures sur 24 comme un appareil de contrôle d’une machine. Le but théorique de cette chose est d’avoir une évaluation chiffrée de vos dérives ou de vos succès par rapport aux recommandations d’hygiène de vie.
Mais ce n’est pas tout, ce bracelet peut être connecté à votre téléphone ou à un ordinateur (avec de belles courbes statistiques) et vous pouvez ainsi partager cette surveillance intime avec tout le monde sur les réseaux sociaux. Une servitude partagée, qui peut susciter une « saine » émulation exhibitionniste, mais aussi intéresser beaucoup de monde en dehors de votre médecin : votre assureur, votre employeur, votre banquier ou les commerçants, tout ce petit monde pouvant ainsi mieux vous cibler.
Vivre ne suffit plus, il faut se regarder vivre dans le miroir implacable d’un « small brother » portatif. Le comble de la liberté est d’avoir celle de s’enfermer soi-même. Il est dommage que ce bracelet ne puisse pas délivrer une décharge électrique à chaque fois que son porteur transgresse les recommandations. Cela viendra, l’autopunition venant compléter avec bonheur l’auto-enfermement.
Tags : bracelet électronique, surveillance, prévention, hygiène de vie, partage
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Commentaires
Il est vrai qu'un bracelet électronique perfectionné serait plus dissuasif et plus répressif.
Cela libèrerait des places de prison pour ceux qui souhaitent faire plaisir à Big Brother.
Cela limite forcément les petites sottises, de son quotidien, trop de surveillance conduit, à la morosité, laissons un peu de sel à la vie, sans la "diiscutailler" avec des outils indicrets ! Ne discutons pas nos petits excès voyons, sinon que nous restera-t-il, car il est évident que d'en connaitre le nombre de trop près conduit à la sagesse !
Bonne journée Paul !
7mamyours2Mercredi 11 Septembre 2013 à 18:49Bonjour Paul
Non je veux bien dire à la sagesse : Trop de sagesse coupe les petites joies du quotidien et devient ennuyeuse : Mais bien sur il y a sagesse et... sagesse ! Un petit grain de folie lorsqu'il ne nuit à personne, est d'une grande sagesse, car c'est faire plaisir parfois aux autres et souvent à soi-même !
Bonne journée
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Excellent Doc, comme toujours.
Effectivement, l'homme a besoin de se fixer des limites et de les transgresser à plaisir. Quand je parle de l'homme ces évidemment de l'être humain. Le progrès n’est pas toujours positif.
Bonne soirée. ZAZA