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131. Comme on fait son lit, on se couche
Pour réaliser des économies, les autorités tentent depuis des années de réduire le nombre de lits dans les hôpitaux, l’économie venant essentiellement de la réduction correspondante du personnel (car un lit vide ne coûte rien). C’est ainsi que l’on a poussé des hôpitaux d’une même région à fusionner, que des hôpitaux de taille modeste ont du fermer ou se transformer en établissements de long séjour, que des services pourtant performants ont été supprimés ou même que l’on envisage « sérieusement » de supprimer plus ou moins un hôpital central de l’importance de l’Hôtel-Dieu de Paris quitte à surcharger les autres hôpitaux parisiens déjà pleins. On se demande d’ailleurs ce qui se passerait en cas de catastrophe exigeant l’hospitalisation urgente d’un nombre important de victimes (une planification sur le papier est sûrement prévue, mais qui, dans l’état actuel, exigerait peut-être de faire sortir les malades en chemise).
Le mieux serait de toujours d'avoir des lits disponibles. La première possibilité est d’éviter de les remplir, soit en éloignant les hôpitaux, ce qui peut engendrer quelques difficultés à les rejoindre à temps, soit de dire que l’hospitalisation n’est pas nécessaire et de renvoyer le patient chez lui au risque qu’il soit en désaccord avec ce diagnostic, et manifeste sa mauvaise humeur en décédant à domicile. C’est ce qu’un bébé in utero a eu le mauvais goût de faire récemment lorsque voulant sortir à la maternité de Port-Royal, on lui répondit que ce n’était pas l’heure. L’Assistance publique de Paris a diligenté une enquête effectuée par l’Assistance Publique de Paris et qui a conclu que ce n’était pas de chance mais qu’il n’y avait eu aucun dysfonctionnement dont l’Assistance Publique de Paris pouvait être accusée et notamment d’un manque de lits disponibles.
La seconde possibilité est de libérer rapidement des lits. Les patients ne sont d’ailleurs pas contre cette alternative, il est rare qu’ils prennent plaisir à rester longtemps à l’hôpital. Mais il faut espérer qu’une sortie prématurée ne conduise pas à une nouvelle hospitalisation rapide, toujours déprimante pour le malade, mais aussi pour le médecin, non pas que celui-ci préfère la nouveauté, mais parce qu’un malade qui revient vite est un constat d’échec.
Il existe une façon plus radicale de libérer des lits. D’après l’agence Reuters : « Selon le parquet, le docteur Virginia Soares de Souza et son équipe médicale au sein de l’unité de soins intensifs de l’hôpital évangélique de Curitiba, dans le sud du Brésil, ont administré à des patients des médicaments myorelaxants avant de réduire l’assistance respiratoire au point de provoquer un décès par asphyxie ». La femme médecin en question a été ainsi inculpée du meurtre de sept patients et on parle de 300 décès dont elle serait responsable avec des membres de son équipe. Elle agissait miséricordieusement pour libérer des lits pour d’autres patients qui, s’ils l’avaient su, se seraient probablement montrés réticents à les occuper.
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