• 112. Sur le choix de l’identité sexuelle

    L’Argentine vient de voter une loi permettant aux transsexuels et travestis de choisir librement leur genre, de déclarer leur sexe auxquels ils désirent appartenir et de changer d’état civil en ne tenant compte que de leur vécu intérieur « tel que la personne le perçoit elle-même », sans nécessiter l’accord d’un médecin ou d’un juge et sans aucun changement physique préalable par un traitement chirurgical ou hormonal, mais en faisant simplement la demande au « Registre national des personnes ». A noter que le Conseil de l’Europe par sa résolution 1728 va dans le même sens en demandant aux Etats-membres de garantir aux transsexuels des papiers adaptés « sans obligation préalable de subir une stérilisation ou d’autres procédures médicales… » En France, le changement d’état civil nécessite la preuve d’une « réassignation sexuelle irréversible » constatée par des experts médicaux et judiciaires, mais le 29 décembre 2011, 73 députés socialistes ont déposé une proposition de loi allant dans le sens de la résolution du Conseil de l’Europe. (Source Le Monde.fr du 10/05/12).

    Ces informations m’amènent à faire quelques remarques.

    1° La théorie du genre, qui vise à séparer l’identité sexuelle vécue de la détermination biologique, progresse à la satisfaction des  LGBT, non, ce n’est pas un parti politique (quoique…) mais les groupes « lesbien, gay, bi et trans ». En France elle fait partie de l’enseignement et dans nombre de pays on tente de ne pas influencer les bambins avant qu’ils aient eux-mêmes choisi le sexe auquel ils veulent appartenir. En Suède, par ex. dans un livre pour enfants paru au début de l’année, le héros Kivi est neutre, ni fille, ni garçon et le pronom sexuellement trop marqué (han ou hon) est remplacé par un mot neutre : hen (utilisé dans les milieux féministes et gays depuis les années 1960 et privilégié aujourd’hui dans certaines crèches).

    2° La théorie du genre tente de sortir le transsexualisme de la pathologie par le libre choix de son sexe pour chacun, en dépit du marquage biologique. C’est une tentative de normalisation. Par  contre, les transsexuels revendiquent le maintien de leur cas dans le cadre pathologique afin que les transformations corporelles désirées soient prises en charge par la collectivité. C’est ainsi que, si le gouvernement français a supprimé le transsexualité de la liste des maladies mentales, il l’a maintenue comme affection de longue durée « hors liste ».

    3° La faculté de choisir son identité sexuelle en affirmant que l’on se sent du sexe opposé contre toute réalité (à moins d’admettre que cette sensation invérifiable qui ressort d’un autodiagnostic est plus réelle que son corps) et sans la moindre transformation vers le sexe que l’on désire adopter, brouille un des repères les plus importants de l’humanité. Si une personne poilue, à la voix grave et pourvue d’un appareil sexuel masculin se déclare être une femme, qu’est-ce qu’un homme ? Si une personne susceptible d’enfanter dit être un homme, qu’est-ce qu’une femme ? Doit-on reconnaître l’un et l’autre aux habits portés ? Il est vrai aussi que ce changement d’identité devrait en toute logique conduire à des changements corporels qui constituent, en principe, le traitement du mal-être, le seul état civil étant insuffisant.

    4° La théorie du genre a des implications, disons philosophiques. D’abord la libération du moi, le corps fourni par la nature cessant d’être un obstacle à son épanouissement, elle devient une revendication libertaire. La liberté est un choix fondateur, rejoignant ainsi des philosophes comme Alain ou Sartre (j’espère qu’ils ne se retourneront pas dans leur tombe). Ensuite elle met en exergue la séparation de l’esprit (certains diraient l’âme) et du corps comme deux entités indépendantes, avec la primauté de l’esprit sur le corps, dans une forme inattendue de cartésianisme.

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 13 Mai 2012 à 07:15
    Considérez-vous vous-même Paul, la transsexualité comme étant un état pathologique de longue durée, même "hors liste" ?
    Qu'elle ne soit pas assimilée à une maladie mentale , admettons, "dérive", me paraissant mieux approprié : Pour autant les collectivités doivent-elles prendre ces dérives en charge ?
    Quant à choisir son sexe, comme l'on choisit le parfum d'une glace, la chose est effrayante car cela peut tout aussi bien n'être qu'un effet de mode.
    Au sujet des crèches suédoises, je trouve le pays bien changé depuis mes 17 ans où j'ai assisté à la clarté du jour durant 24 heures !
    Nettpue
    2
    Dimanche 13 Mai 2012 à 09:59
    Cette loi argentine et cette résolution du Conseil de l'Europe me semblent confirmer une pathologie, non pas celle des "LGBT" mais plutôt celle des gens qui ont pondu cette loi et cette résolution.
    Quant à la reconnaissance par les autorités d'un "genre" à la suite d'une simple déclaration, je dois dire que mon ébahissement est à son comble.
    Le sexe biologique est un fait (hors les cas d'hermaphrodisme). Dissocier "philosophiquement" ce fait réel, matériel, de l'appartenance à un sexe au prétexte d'une dissociation du corps et de l'esprit est une régression qui nous ramène à cette ancienne dissociation du corps et de l'âme avec toutes les implications métaphysiques et religieuses (obscurantistes) que cela implique.
    Si on admet que l'on puisse choisir son sexe ou son "genre" sur simple déclaration en contradiction avec la réalité factuelle, pourquoi ne pourrait-on pas choisir aussi (et la faire reconnaître officiellement par l'état-civil) la couleur de sa peau? Allons plus loin: son âge (certains se sentent toujours jeunes et quand on aime n'a-t-on pas toujours vingt ans)?
    Il y a plus simple encore et pourtant inenvisageable: ne pourrait-on pas choisir sa nationalité sur simple déclaration? Il me semble que les "autorités" sont moins favorables au libre exercice d'un tel choix qu'à celui du "genre".
    Ne serait-ce pas parce que ces "autorités" se sentent un peu propriétaires de leurs "sujets" quel que soit leur sexe ou leur genre?
    3
    Dimanche 13 Mai 2012 à 10:37

    Il est difficile d'admettre que la discordance du corps et de l'esprit n'est pas pathologique. le déni de la réalité s'apparente à un délire. Mais les choses ne sont pas si simples, l'objet de ce "délire" ne porte que sur l'identité sexuelle et nous ignorons sûrement beaucoup de choses sur la détermination de celle-ci. Quoi qu'il en soit cela reste pour moi une pathologie plus qu'une dérive.

    4
    Dimanche 13 Mai 2012 à 10:47

    Vos remarques sont de bon sens. Il faut croire que les groupes de pression sont puissants pour imposer une généralisation de la théorie du genre qui vise à normaliser ce qui n'est pas normal.

    5
    Dimanche 13 Mai 2012 à 12:33
    Qui vise à normaliser par la loi.
    Cela me rappelle Tapie qui voulait "mettre le chômage hors la loi".
    6
    Dimanche 13 Mai 2012 à 13:19
    Réflexions de bon sens. La philosophie libertaire en matière de moeurs propres à l'Europe d'aujourd'hui qui est sous-jacente derrière tout cela est qu'on est d'abord ce que l'on est dans sa tête.
    Et pour ma part, je trouve cela globalement sympathique puisque le curé, l'imam, le rabbin , le facho et autres empêcheur de vivre heureux sont violemment hostiles à cette idée.
    7
    Dimanche 13 Mai 2012 à 13:26
    Les socialistes autoritaires aiment bien qu'on leur demande des autorisations.
    8
    Dimanche 13 Mai 2012 à 16:12

    La loi est une façon de faire taire les opinions.

    9
    Dimanche 13 Mai 2012 à 16:14

    Ce n'est pas parce que ceux que l'on n'aime pas ont une opinion, que l'opinion contraire est valable.

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    10
    Dimanche 13 Mai 2012 à 16:16

    Vous pensez qu'ils se sentent plus socialistes en les autorisant.

    11
    Dimanche 13 Mai 2012 à 19:34
    Oui, accorder une liberté présuppose qu'on pourrait la refuser.
    Un libertaire peut accepter de restreindre sa liberté individuelle pour l'intérêt commun.
    Un autoritaire accepte de restreindre son autorité; dans le meilleur des cas. Le plus souvent, il restreint les libertés publiques pour le bien du peuple.
    12
    Dimanche 13 Mai 2012 à 19:52

    Dans un usage idéal de l'autorité et de la liberté. Mais ceux qui ont acquis une liberté ne veulent pas qu'elle lui soit retirée et ceux qui restreignent les libertés le font le plus souvent pour maintenir leur autorité plutôt que pour le bien du peuple.

    13
    Lundi 14 Mai 2012 à 14:31
    Profondément débile et dangereux !
    14
    Lundi 14 Mai 2012 à 18:34

    On ne sait plus où vont s'arrêter les revendications des LGBT

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