• 11. Les médecins aimeraient choisir leurs malades

     

    Ce n’est heureusement ni souhaitable, ni possible. Mais les médecins aimeraient que certains les choisissent. Le rêve de quelques-uns est de soigner un haut personnage ou un personnage connu. C’est pour eux la meilleure façon et la plus rapide d’acquérir de la notoriété…à condition qu’ils réussissent et se taisent.
     
    Un record
    Ambroise Paré, grand chirurgien du XVIe siècle, surtout de guerre, détient le record puisqu’il a été le chirurgien de quatre monarques. Sa vie a été un roman d’aventures dont on a fait autant d’images d’Epinal : simple barbier, devenu chirurgien des rois Valois, bien avant de recevoir le titre, à 45 ans, en narguant les cuistres de la Faculté ; prisonnier, échappant à l’exécution et libéré grâce aux soins donnés à son geôlier ; acclamé par les soldats à son arrivée au siège de Metz ; le pied sur la tête du duc de Guise pour retirer la pointe de lance qui traverse l’orbite ; sauvé du massacre de la Saint Barthélemy, caché par Charles IX lui même, dans un placard, ou sous son lit, on ne sait pas trop, et même s’il n’était pas huguenot, peu importe… Il mourût à quatre-vingts ans, riche et honoré
     
    Le fondement d’un hymne national
    La fistule anale la plus célèbre de l’histoire est celle de Louis XIV. Après que tous les traitements médicaux aient échoué, c’est son premier chirurgien, chirurgien-barbier, Charles François Félix, qui l’opère avec succès. Il est grassement honoré et anobli. Pour célébrer la guérison, les demoiselles de St Cyr chantent un motet composé pour la circonstance : Dieu sauve le Roi. Haendel l’ayant entendu en fait un hymne pour l’Electeur de Hanovre qui devient le roi d’Angleterre George 1er : God Save the King !
     
    Le coup de pouce royal
    Au XVIIIe siècle, le roi d’Angleterre George II était affligé d’une douleur aiguë d’un pouce rebelle à tous les traitements. En désespoir de cause, on fit venir un certain Joshua Ward, devenu célèbre en France pour ses remèdes. Mis en présence du souverain, il examina le pouce et le tordit violemment malgré les véhémentes protestations royales, mais Sa Majesté pût enfin bouger son pouce sans la moindre douleur. Ward avait débuté sa carrière en salant et en fumant des jambons, puis voulant faire de la politique, il entra en 1717 à la Chambre des Communes comme représentant de Marlborough. Il en fût chassé car on s’aperçut qu’il n’avait obtenu aucune voix lors des élections. Le coup de pouce royal assura sa carrière  : il eut droit à une consultation dans Whitehall et trois maisons dont il fit un hôpital où il put appliquer ses remèdes aidé de dames de qualité. Malgré ses désirs, ce grand homme ne fût pas inhumé devant l’autel de l’Abbaye de Westminster.
     
    Une loupe qui rapporte gros
    Au début du XIXe siècle, le chirurgien anglais Ashley Cooper n’a pas été anobli pour ses innovations et notamment la première opération pour anévrisme de l’aorte, mais pour avoir débarrassé d’une loupe l’auguste crâne du roi Georges IV. La loupe n’étant qu’un kyste sébacé dont l’ablation est des plus simples.
     
    Si soigner un haut personnage permet d’atteindre la notoriété, c’est rarement une sinécure. La thèse de Jean Nicolas Corvisart des Marets était prémonitoire, son titre : «  Agrément de l’étude de la médecine et désagrément de sa pratique ». C’était le médecin de Napoléon 1er
    Soigner un personnage connu est un rêve qui risque de se transformer en cauchemar. La position du médecin est souvent difficile devant les exigences et dans la conduite du traitement d'un patient dont les décisions ont une grande importance

    Somme toute les médecins n'aimeraient pas choisir leurs patients. Ne soigner que des gens sympathiques, c'est aussi trop s'y attacher et ressentir encore plus douloureusement son éventuelle impuissance et leur perte. Les médecins accompagnent leurs malades parfois pour le meilleur mais souvent pour le pire.                                                                                

                                                                                   
    Documentation réunie avec la collaboration de Jean Waligora
    « MEUTES IIMECREANCES II »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 14 Mars 2008 à 15:06
    le reve de tout médecin??? ... j'ai du me tromper, je ne le suis pas ( médecin)... ou alors c'est un raccourci rapide...
    2
    Vendredi 14 Mars 2008 à 16:51
    C'est un raccourci, bien entendu ce n'est pas le seul rêve du médecin et sûrement pas le principal. Mes textes se veulent parfois impertinents. Mais si un personnage connu vous proposait d'être son médecin, ne seriez-vous pas un peu flatté ? Et vous savez fort bien que votre notoriété en serait grandie.
    Avec mes sentiments confraternels.
    Obraska
    3
    Samedi 15 Mars 2008 à 14:10
    euh... pour moi c'est surtout une source de problèmes potentiels, ça...
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